Le donjon

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Toulouse & Lanta, 11 janvier


La nuit était déjà bien avancée. Les bouteilles continuaient à apparaître comme par magie. Julia sentait que sa tête commençait à tourner légèrement. Les jeux sexuels s’étaient enchainés, alternant avec les épisodes de danse. Kevin était lui aussi au bord de l’épuisement. Ils se laissèrent tomber tous les deux dans un canapé. Camille s’approcha avec deux verres d’eau.

« Vous avez l’air fatigués, il n’est peut-être pas prudent de faire une longue route pour rentrer chez vous.

— Ça va aller, répondit Kevin, un petit coup de barre, mais ça va passer.

— Un peu d’eau fraiche vous fera du bien, il fait très chaud dans ce salon. »

Kevin et Julia burent avidement la boisson proposée. Un peu à l’écart, Léonard observait le manège. Il laissa passer quelques minutes avant d’aborder Kevin.

« Nous avons un pied à terre pas loin d’ici, nous n’allons pas rentrer à Buzet. Si vous voulez, on vous emmène avec nous, il y a toujours une chambre d’amis préparée. On reviendra demain matin pour récupérer votre voiture.

— Non, non… c’est bon, balbutia Kevin.

— Allons, c’est le médecin qui parle, ce n’est pas raisonnable.

— Tu as peut-être raison, je me sens un peu vaseux !

— Ne t’inquiète pas, on va prendre soin de vous. Moi, je n’ai pratiquement rien bu. »

Léonard fit un signe à Camille qui alla chercher les manteaux et le sac de Julia.

« On va les emmener à Lanta, déclara Léonard à Francis, je crois que ça fait beaucoup pour une première fois.

— Oui, tu as raison, ils ne peuvent pas rentrer tout seuls et on ne peut pas les laisser ici. »

Léonard s’approcha de Camille.

« Je vais aller chercher la voiture, je vous attendrai en bas. Descends dans dix minutes. Débrouille-toi pour récupérer leurs téléphones. »

Le médecin salua les derniers convives et sortit. Sa Porsche était garée dans une rue adjacente. Il ne lui fallut pas longtemps pour revenir rue Monplaisir. Il se présenta devant le 9 en même temps que Camille, qui soutenait Julia, et Kevin qui les suivait avec peine. Il descendit pour ouvrir les portières. Lorsque le couple fut installé à l’arrière, Camille lui tendit les deux mobiles. Léonard démarra en douceur et tourna deux fois à gauche pour revenir vers le canal. Il s’arrêta quelques secondes, le temps de jeter les deux appareils dans l’eau brune.

« Le GHB n’a pas tardé à faire son effet, déclara le médecin.

— Ils étaient déjà bien partis, commenta la jeune femme. On aurait peut-être pu s’en passer cette fois.

— Il vaut mieux prendre toutes les précautions, comme pour les téléphones ! La dernière fois, nous avons été imprudents. »

À cette heure avancée de la nuit, la circulation était quasiment nulle, mais Léonard conduisait prudemment. Il ne tenait pas à attirer l’attention d’une patrouille de police trop zélée. Il se laissa aller une fois sorti de Balma. Il leur fallut tout de même une trentaine de minutes pour atteindre leur destination. La propriété, héritage de Camille, était principalement composée d’un corps de bâtiment ancien, ancienne résidence campagnarde d’une famille de négociants désireux de profiter de l’air pur. Les générations successives l’avaient agrémentée d’un court de tennis et d’une grande piscine. L’ensemble trouvait place dans un parc de plusieurs hectares boisés. Léonard arrêta la voiture devant une petite dépendance, qui avait dû servir de remise et d’écurie.

« Il va falloir les réveiller ! Je n’ai pas l’intention de les porter à l’intérieur, déclara Léonard.

— Pas de souci, répondit Camille. Regarde ! ils reviennent à eux.

— On est arrivés ? demanda Julia d’une voix mal assurée.

— Oui, on y est. Descendons de voiture, l’air frais va nous faire du bien. »

Quelques instants plus tard, ils se dirigeaient tous les quatre vers la petite construction.

« On ne va pas dans la maison ? demanda Kevin, étonné.

— Pas tout de suite, lança Léonard, on va encore profiter un peu de la soirée, on a une surprise pour vous !

— Une surprise ? demanda Julia. Qu’est-ce que c’est ?

— Tu vas voir, répondit Camille, on y est ! »

Léonard ouvrit une porte et alluma une faible lumière. Ils pénétrèrent à sa suite dans un espace entièrement agencé en bois brut. Un petit bar, sur la droite, supportait quelques verres et plusieurs bouteilles. En face, un banc revêtu de velours rouge. Sur le mur du fond étaient accrochés divers accessoires, en cuir et métal. Au milieu du panneau, une croix de bois sombre semblait leur tendre les bras.

« Où sommes-nous ? demanda Julia soudain inquiète.

— Bienvenue dans mon donjon, lui répondit Camille. »

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