Chapitre 7

7 minutes de lecture

Maria et Willy décidèrent d’un commun accord de quitter leur domicile familial pour prendre un grand appartement à Munich. De plus, Maria avait rompue avec Jochen. Ils avaient fini par comprendre au fil des mois qu’ils étaient finalement bien plus que deux amis proches, c’était devenu un couple. Tous les deux gagnaient bien leur vie, ils avaient droit à des cadeaux généreux de la part de leur producteur et de l’argent pour quitter de temps en temps l’Allemagne pour se rendre à l’étranger pour des vacances. Tous les deux pouvaient difficilement rêver mieux que leur condition de vie actuelle ! Et en plus, Moser prévoyait de venir les voir afin de leur réserver une petite surprise.

Le producteur vint passer prendre le petit-déjeuner chez eux, un matin d’avril. Il était heureux d’apporter des petits pains et les journaux du matin. Maria s’était occupée de préparer le café et de préparer un plateau de fromage et de charcuterie, ainsi que des œufs à la coque. De sa serviette, Jürgen sortit un numéro de Auto Bild, un magazine auto, pour présenter à Wilhelm les derniers modèles.

- T’as encore ta vieille Golf, Wilhelm ? Demanda l’homme, en lui montrant la photo d’une sublime Audi 80 rouge.

- Oui, bien sûr. Pourquoi devrais-je m’en débarrasser ? Répondit, d’un air surpris le jeune homme.

- Parce qu’un homme de ta trempe doit rouler dans une voiture qui fasse sérieux, professionnel et qui montre que tu sois fier de ta classe social !

- Vous voulez que je roule dans une Audi 80, c’est ça ?

- Si t’avais la possibilité aujourd’hui de rouler dans une Porsche, tu accepterais ?

- Bien sûr que oui !

- Alors dans ce cas, ma secrétaire t’enverras un document avec des voitures et tu feras ton choix. Cadeau de la maison.

Le visage de Wilhelm s’illumina soudainement.

- Vous êtes sérieux, vous allez me payer une nouvelle bagnole ?

- Vous méritez tous les deux d’être dans une jolie voiture, à la hauteur de votre statut social. C’est fini la Golf.

Maria resta de marbre en servant le café. Cela ne l’intéressait pas du tout cette idée d’avoir une nouvelle voiture, car elle préférait un modèle répandu et pas un nouveau d’une marque haut-de-gamme. Sa voiture était une Ford des années 70 qu’elle gardait précieusement parce que c’était un souvenir de ses premières heures de conduite, de la fin de son adolescence et de nombreuses soirées en boîte passées avec ses amies. De toute façon, la Ford roulait encore très bien ! Jürgen laissa sous-entendre qu’il lui offrait volontiers une voiture, car il adorait faire plaisir à tout le monde. Mais la jeune femme ne céda pas. « Si tu changes d’avis, tu as mon numéro » lui dit-il avec un clin d’oeil en quittant l’appartement.

Wilhelm regarda d’un air rêveur les voitures dans le magazine que venait de lui laisser son producteur. Il avait raison, sa Golf n’était pas faite pour un homme ambitieux et si ce n’était pas une Audi qu’il allait prendre, ça serait peut-être une Mercedes ou une BMW. Les Porsche étaient très tentantes, mais pour le moment il ne pouvait pas se faire la folie d’avoir deux voitures en sa possession. Sa compagne vint s’asseoir à ses côtés, et lui retira délicatement des mains le magazine.

- Willy, j’ai remarqué que peu importe ce que Jürgen te proposera, tu seras toujours partant pour, commença-t-elle. Demain, il nous propose de partir aux Bahamas, je suis sûre que tu accepterais sans hésiter.

- Et c’est normal, car on a qu’une vie et qu’il faut en profiter parce que dans dix ans on tombera dans l’oubli, répondit Willy.

- Ce que tu comprends pas, c’est que ses cadeaux sont un lien entre lui et nous.

- Il est notre ami. C’est normal.

- Dès qu’il aura plus besoin de nous, il nous fera tomber. Je crois que tu as du mal à réaliser à qui nous avons à faire. En plus, t’es vraiment un abruti d’accepter de larguer ta Golf alors qu’elle roule très bien et qu’avant que la célébrité nous monte trop à la tête, il faut pas qu’on oublie trop notre ancienne vie.

- Tu veux pas en profiter pour larguer ta caisse ?

Elle laissa tomber. Maria n’avait aucune confiance en ce Moser qui en faisait trop pour se faire aimer par eux. Cela la chagrinait de voir son compagnon être sous l’emprise de cet homme. Une dizaine de jours plus tard, ils étaient attendus à Eze où ils retrouvèrent Harald qui était heureux de les revoir. Le parolier les invita dans un restaurant, et il passa son après-midi à leur présenter des textes qu’il avait écrit. Il avait même des idées de tournages de clips, dont un en Australie ! Le lendemain, il organisa une session d’écoute musicale pour montrer les rythmes musicaux qu’il voulait et il les prévint que des journalistes viendraient pour parler de ce phénomène d’Outre-Rhin. « Avant de la fin de l’année, vous ferez un tour à la télé française. Ils ont envie de vous voir, mais ils ont pas envie de parler d’un groupe éphémère » leur annonça Harald.

Les journalistes décrétèrent que le meilleur endroit pour faire rêver le public était de donner l’interview sur la terrasse qui donnait sur la mer. Tous les deux passèrent au maquillage et en sortant, Willy était épaté de voir en face de lui cette jeune femme, blonde aux yeux bleus, vêtue d’un polo bleu marine, d’un pantalon blanc et des escarpins noirs. En regardant ses mains, il remarqua qu’on lui avait mit du vernis rouge, alors qu’habituellement elle n’en mettait jamais. Quand ils s’installèrent dans le canapé, le journaliste leur donna quelques consignes, puis il commença à poser ses questions.

Ce fut Maria qui répondait en français, et parfois Willy répondit en anglais. Tous les deux se prêtèrent volontiers au jeu, et le journaliste demanda alors.

- Vous avez sorti en janvier un album s’intitulant « Folies parisiennes » - que nous avons eu la chance d’écouter au studio -, et est ce que cette année vous avez un nouvel album de prévu ?

- Certainement, oui, répondit Wilhelm en anglais. On a envie d’aborder tout un tas de sujets avec Maria, on veut cette fois s’adresser à un public d’adolescents.

- On va essayer de s’inspirer de ce qu’on trouve en Italie, renchérit en français Maria. Je suis très touchée par leurs chansons romantiques, et ça sera un hommage à ce pays.

- Et comme tous les artistes, je suppose que vous avez prévu une tournée européenne.

- Ca, on en parlera en temps voulu, lâcha Maria.

Lorsque la caméra se coupa, le journaliste prit Maria par le bras. Ils se regardèrent tous les deux. Lui la regardait avec des yeux de braise, l’autre le regarda choquée par une attitude pareille. Willy se tourna vers sa compagne, et le journaliste lui dit qu’il avait quelques mots à lui dire.

- Vous voulez quoi, putain ? Demanda Maria, qu’il escortait vers sa voiture. Vous êtes un grand malade !

- Je ne pensais pas que l’Allemagne pouvait pondre des femmes aussi sexy que toi, tu sais ? lui déclara-t-il.

- J’espère que vous n’essayez pas de draguer des femmes en disant des saloperies pareilles.

- Avec mon équipe, on rentre demain à Paris. J’aimerais que tu viennes avec moi au resto ce soir, et on pourrait peut être passer une nuit à l’hôtel. T’en penses quoi ? Ajouta-t-il en faisant un geste salace.

Maria lui donna une violente gifle sur la joue. Les collègues du journaliste arrivèrent quelques secondes plus tard, ne comprenant pas pourquoi il l’insultait de tous les noms en se tenant la joue. Certains firent un regard amusé en le voyant comme ça. Willy et Harald virent son air furieux et elle leur annonça qu’elle partait se coucher dans sa chambre. En s’asseyant sur son lit, elle se mit à pleurer. Elle se sentait humiliée, car elle ne l’avait pas vu arriver cette agression. Pendant qu’elle serrait son oreiller sur son ventre pour se consoler, subitement elle voulut arrêter sa carrière. La leçon qu’elle devait retenir était que ce monde du divertissement et de la presse n’avait rien de sain. En parler à Moser serait probablement une erreur, car il refuserait certainement de continuer à travailler avec une artiste qui avait peur du comportement de salaud de certains !

Willy s’inquiéta de ne pas la voir sortir de sa chambre, et frappa à la porte avant de rentrer dans la pièce. Maria était assise sur son lit, les yeux encore rouges de larmes et elle lui raconta ce qui venait de la mettre dans cet état-là. Son histoire le choqua profondément, un comportement pareil était intolérable et il le lui fit remarquer.

- Je sais bien, mais je ne veux pas ouvrir ma bouche parce que sinon, on peut dire adieu à notre carrière, rétorqua-t-elle en se remettant à pleurer. J’espère juste que cela ne se reproduira plus, ou alors que je saurais me défendre si jamais cela recommence.

- Mais non, on ne se fera pas virer du label pour ça, tenta de la rassurer Willy. Si tu veux, je peux en parler à Moser.

- Non, ça sert à rien.

Maria ne quitta pas la chambre de la soirée. Willy mentit à Harald en lui disant qu’elle se sentait malade, mais refusa qu’il appelle un médecin. Les deux hommes passèrent une partie de la soirée à discuter jusqu’au moment où Jürgen appela pour prendre des nouvelles. Moser arriva à Eze lorsque Wilhelm et Maria rentrèrent en Allemagne. Tous deux se laissèrent tomber dans le canapé de leur appartement, fatigué par leur séjour. Quand leur producteur appela chez eux, il avait été mit au courant de ce qui s’était passé à la fin de l’interview.

- T’aurais dû m’en parler, Wilhelm, lui dit Moser. Je ne minimise pas des choses pareilles, tu sais. J’ai appelé ce matin la chaîne et ils vont m’envoyer un papier pour me dire qu’ils s’engagent à ne plus nous refourguer ce François quelque-chose pour un prochain entretien.

- Parce que ça veut dire qu’on va à présent aller sur le plateau d’une chaîne de télé étrangère ? S’exclama Willy, d’un ton enjoué.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Vallerand ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0