Chapitre 9 – À la limite

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Je suis revenu.

Pas pour réviser. Pas pour parler.

Je suis revenu parce qu’il m’obsédait. Parce qu’après cette nuit-là, son absence avait pris racine en moi.

Elle battait en sourdine, respirait entre mes silences, m’enveloppait.

Il n’a rien dit. Il m’a regardé longuement, puis a ouvert la porte.

J’ai su qu’il avait compris.

Pourquoi j’étais là.

Pourquoi je tremblais, malgré la brûlure de l’air.

La pièce vibrait.

Pas seulement de chaleur, mais d’une tension qu’on n’ose nommer.

L’air sentait la peau, l’encre, la nuit qu’on garde au creux de soi.

Il m’a pris la main, sans un mot, et m’a entraîné dans sa chambre.

Ses gestes étaient calmes, précis, chargés d’une intensité douce.

Il s’est assis au bord du lit, face à moi.

Puis, lentement, il a retiré son t-shirt.

Mon souffle s’est brisé.

C’était peut-être la première fois que je voyais un homme nu. Vraiment nu. Si près.

Pas dans un écran. Pas dans une histoire qu’on se raconte pour combler le manque.

Un corps vrai. Offert. Présent.

Sa peau mate, marquée des tatouages qu’il avait choisis, racontait plus que des images.

Ses épaules larges. Ses pectoraux fermes. Son ventre à peine creusé.

Tout était à sa place, vivant, respirant.

Un corps d’homme à la fois forteresse et faille.

Ses mains ont glissé vers son jean.

Un à un, les boutons ont sauté, sans précipitation.

Il s’est déshabillé sans un geste de trop.

Il ne portait rien en dessous.

Il s’est levé.

Nu.

Devant moi.

J’ai retenu mon souffle.

Son sexe pendait, tranquille et massif, entre ses cuisses.

Ni impudique, ni obscène.

Juste là.

Puissant. Simple. Vrai.

Je n’ai pas eu peur.

Mais j’étais traversé.

Un vertige. Un souffle.

Comme si je regardais quelque chose que j’avais toujours attendu sans le savoir.

Il n’y avait rien d’agressif dans cette nudité.

C’était une offrande. Une confiance.

Une vérité nue.

Je l’ai regardé.

Pas pour comparer. Pas pour juger.

Pour comprendre.

Pour ressentir.

Je le voyais comme on contemple un feu dans le noir : avec fascination, avec respect.

Je sentais sa chaleur m’atteindre, presque sans contact.

Il s’est approché.

— Je te veux, Ariel, a-t-il murmuré.

Mon cœur battait trop fort, cognant dans mes tempes.

Tout mon corps appelait le sien.

Mais je ne pouvais pas. Pas encore.

— Je… je ne suis pas prêt.

Il a cligné des yeux, sans colère.

Puis il a pris ma main, doucement, et l’a posée contre sa poitrine nue.

— Je voulais que tu saches. Rien de plus.

Sa peau brûlait sous mes doigts.

Son cœur battait fort.

Comme le mien.

On est restés là, longtemps.

Lui, nu. Moi, habillé.

Le silence entre nous, chargé.

Le désir suspendu, vibrant.

Mais rien n’a débordé.

J’ai levé les yeux vers lui.

Et je l’ai embrassé.

Une seule fois. Lentement.

Mais comme on respire enfin.

Je suis reparti seul.

Mais quelque chose en moi était resté.

Et ce n’était pas un refus.

C’était une promesse.

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