Chapitre 12 — Après la chute

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Je ne reconnais plus mes nuits.

Avant, elles m’appartenaient. Elles étaient calmes, claires, encloses dans mes ritournelles de silence.

Depuis cette nuit-là, elles me mordent, me halètent au visage, me tirent vers un abîme que je croyais lointain.

Je revois encore son torse nu, assis sur cette table basse, ses paupières lourdes couvertes d’ombres, ce regard fuyard quand j’ai posé la question.

— Tu as couché avec Franck ?

— Peut-être.

Deux syllabes qui ont tout emporté : mes certitudes, ma fierté, mon image de l’amour.

J’ai senti le sol se dérober sous mes pieds et mes mots mourir sur mes lèvres.

Je suis resté figé, vidé.

Puis la colère est montée, sourde, crissante, comme un métal qu’on tord trop longtemps.

Elle a roulé dans ma poitrine jusqu’à m’étouffer, puis s’est transformée en immense tristesse.

Parce que ce n’était pas seulement la trahison qui me blessait.

C’était l’idée que je n’étais qu’une halte dans son chaos.

Une halte que même Franck pouvait interrompre.

Je suis rentré chez moi sans un mot.

Les rues étaient vides, mais j’entendais leurs battements résonner dans ma tête : ton cœur qui bat pour d’autres, ma vie qui vacille.

Je me suis effondré sur mon lit, les larmes piquant mes yeux, le goût salé de la honte et de la douleur.

J’ai voulu crier : pourquoi moi ? Pourquoi continuer ?

J’ai fermé les yeux, mais son visage était là, brillant d’une lumière que je ne saurais jamais rallumer.

Un cri a jailli de ma gorge, rauque, primal.

Mes poings ont frappé l’oreiller, encore et encore, comme pour tenter d’enfoncer cette vérité crue : il m’a fait mal.

Au matin, j’étais brisé.

Mes épaules ployaient sous le poids du silence, et chaque respiration me rappelait qu’il existait encore.

J’ai posé la main sur la couverture, effleuré le vide à mes côtés.

J’ai compris que, malgré tout, je ne pouvais pas abandonner.

Je me demande si l’amour, parfois, ce n’est pas juste ça :

Aimer quelqu’un jusqu’à se perdre soi-même.

Et espérer qu’un jour, il choisira peut-être de revenir, pour de vrai.

Car même dans cette douleur vive, une part de moi restait accrochée.

À sa peau, à son regard, à l’étincelle fragile qui nous avait unis.

Et malgré la plaie béante, je sentais mon cœur se tendre, prêt à garder la trace de cet amour.

aimer, parfois, c’est rester.

La Voix Qui Écrit

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