Chapitre 13 – Les jours sans couleur

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Les jours sont devenus longs.

Pas vraiment tristes. Juste… sans saveur.

Comme s’ils s’étiraient sans but, à l’image de ce que je suis devenu.

Depuis cette nuit-là, quelque chose s’est cassé.

Je vais en cours, mais je n’apprends rien.

Je m’assois, je griffonne des mots sans lien.

Mon corps est là, mon esprit reste ailleurs — dans cette pièce, ce salon, ce regard.

Nathan.

Il ne m’a pas écrit. Il ne m’a pas appelé.

Il m’a laissé avec ce peut-être en travers de la gorge.

Un mot acide qui me revient sans cesse, comme une lame qu’on rouvre tous les matins.

Je fais semblant.

Même à Aurélie, je n’ai rien dit. Elle m’a regardé, ses yeux pleins de lumière inquiète.

— T’as changé, Ariel.

Et j’ai simplement haussé les épaules, comme si je ne savais plus parler.

Mes notes chutent. Ma concentration s’effondre.

J’ai perdu le fil des chapitres, des attentes, des échéances.

Même lire m’est devenu difficile.

Comme si les mots des autres me faisaient trop mal à côté de ceux que je n’ai pas su dire.

Ce n’est pas seulement lui que j’ai perdu.

C’est un bout de moi. Celui qui croyait. Celui qui voulait croire.

Et qui, malgré tout, croit encore.

Je me surprends à guetter ses messages, à espérer le bruit d’un pas derrière moi.

Et je me déteste pour ça.

Parce que je sais que je vaux mieux que cette attente.

Mais mon cœur, lui, n’a pas encore compris.

Je me demande si l’amour, parfois, ce n’est pas juste ça :

Offrir tout ce qu’on est, même quand l’autre ne prend rien.

Et rester là, à espérer en silence que ça finisse par compter.

Alors je marche, souvent, sans but.

Je traîne dans les couloirs, j’écoute le vent sur les vitres comme si une réponse pouvait s’y glisser.

Et ce jour-là, c’est une voix que j’ai entendue.

— T’as mauvaise mine, mon beau.

Franck.

Il était adossé au mur près du hall, un café à la main, son regard posé trop droit sur moi.

— Ça te dit de venir respirer un peu ? On oublie les cours, juste une heure.

J’ai hésité.

Tout en moi criait non.

Mais quelque chose d’autre, plus sourd, plus blessé, a murmuré : pourquoi pas ?

Peut-être que dans le vide, même les mirages réconfortent.

La Voix Qui Écrit

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