Chapitre 17 – Le feu sous la cendre

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Je n’ai pas bougé.

Il ne m’a pas touché davantage.

Et pourtant, dans cette distance suspendue entre nous, tout vibrait déjà.

— Je peux rester un peu ?

Sa voix était basse.

Pas suppliante. Pas arrogante non plus. Juste posée.

Comme s’il savait que je ne dirais pas non.

Et je n’ai rien dit.

Je me suis écarté.

Il a enlevé sa veste, comme s’il rentrait chez lui.

Il ne l’était plus. Mais une part de moi refusait encore de lui retirer cette place.

Dans la cuisine, il a ouvert le placard, comme avant.

Il a sorti deux verres. Il savait encore où ils étaient.

Moi, je ne savais même plus comment respirer.

Il a servi de l’eau.

Pas de vin, pas de thé. Juste de l’eau.

Comme pour effacer l’excès de tout le reste.

On s’est assis.

Lui en face.

Moi un peu de travers, comme un animal blessé qui craint encore la morsure.

Il m’a observé. En silence.

— T’as maigri.

— T’as couché avec quelqu’un d’autre.

Le silence est retombé. Brutal.

Mais il n’a pas fui.

Il a encaissé.

Comme on encaisse une douleur ancienne qui ne surprend plus.

— J’ai pas su gérer ce qu’on avait, a-t-il dit.

— Et toi, tu crois que moi, si ? ai-je répliqué.

Il n’a pas répondu.

Il n’avait rien à dire. Rien de propre. Rien de juste.

On est restés là.

Deux fantômes autour d’une table, liés par ce qu’il reste quand l’amour a trop saigné.

Puis il s’est levé.

Et il a approché. Lentement.

J’ai reculé d’un souffle.

Mais il a seulement posé ses doigts sur ma tempe.

Un geste infiniment doux. Tellement qu’il faisait mal.

— J’ai pensé à toi tous les soirs, Ariel.

Mon cœur s’est contracté.

Je voulais le croire.

Et je me détestais pour ça.

Sa main a glissé dans mes cheveux.

Pas pour séduire.

Pour se rappeler.

Pour reprendre ce qu’il n’avait jamais vraiment perdu.

Je me suis laissé faire.

Pas parce que j’avais oublié.

Mais parce que je n’en pouvais plus de résister.

Nos fronts se sont frôlés.

— Dis-moi de partir, Ariel.

Il l’a dit comme un défi.

Comme s’il savait que je ne le ferais pas.

Et il avait raison.

Je me suis levé.

Ma main a attrapé la sienne.

Pas fort. Pas longtemps.

Juste assez pour qu’il comprenne.

Qu’il comprenne que je l’aimais encore.

Et que c’était ça, ma vraie faiblesse.

Pas la douleur.

Pas la trahison.

Mais ce cœur-là, qui battait encore au nom du sien.

On n’a pas fait l’amour.

On s’est allongés, habillés.

Lui derrière moi. Moi contre lui.

Son bras autour de ma taille.

Son souffle dans ma nuque.

Et dans la nuit, j’ai compris.

Ce n’était pas un pardon.

Ce n’était pas un retour.

C’était juste une accalmie.

Une trêve dans la guerre.

Une nuit où je pouvais encore croire qu’il m’aimait, sans poser de questions.

Une nuit de trop.

Ou peut-être…

Celle qu’il me fallait pour vraiment commencer à guérir.

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