Chapitre 19 – Ce que ça coûte d’aimer
J’ai voulu pleurer.
Mais rien n’est venu.
Juste un goût de métal dans la bouche, et cette fatigue dans le corps, comme si je venais de me battre toute la nuit.
C’est peut-être ça, aimer Nathan.
Une guerre douce.
Un combat sans bruit.
Et à la fin, on est toujours seul, même quand on croit qu’il reste.
J’ai marché jusqu’à la salle de bain.
Regardé mon reflet.
C’était moi, mais un peu moins.
Un peu plus flou.
Un peu plus vide.
J’ai pensé à tous ces moments où j’ai voulu croire qu’il changerait.
Et à tous les autres, où j’ai su qu’il ne changerait pas.
J’ai pensé à Franck aussi.
Pas pour lui en tant que tel.
Mais parce que c’est par lui que la vérité est arrivée. Brutale. Crue.
La preuve que Nathan ne savait pas choisir.
Ni moi. Ni personne.
Même pas lui.
Je l’aimais.
C’est ça, le pire.
Je l’aimais. Je l’aime peut-être encore.
Mais ce matin, j’ai compris ce que ça coûte.
Et je ne suis plus sûr de vouloir payer ce prix-là.
Pas pour un homme qui revient sans jamais rester.
Pas pour un homme qui touche mon cœur et qui part comme si de rien n’était.
Alors j’ai refermé la porte de la salle de bain.
Et pour la première fois, j’ai pensé à moi.
Juste à moi.
Et j’ai commencé à me demander :
Qu’est-ce que je veux ?
Pas lui. Pas nous. Moi.
Mais ce n’était pas si simple.
Parce qu’au fond, même en voulant me choisir, une part de moi voulait encore lui.
Encore Nathan, avec ses silences, ses absences, ses retours qui brûlent plus qu’ils n’apaisent.
Je savais que ce choix ne serait pas un point final.
Mais un chemin fragile, semé d’hésitations, de retours en arrière, d’éclats de colère et de souvenirs qui s’accrochent.
Aimer Nathan, c’était ça : une douleur tenace, une blessure qui cicatrise mal, un combat entre le cœur et la raison.
Alors, je ne savais pas encore si je réussirais à vraiment me choisir.
Mais pour la première fois, j’ai senti que c’était possible.
Juste possible.
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