Mon ami René

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Mon personnage principal vivait un quotidien banal à ses yeux jusqu’au jour où René est venu frapper à sa porte. Il était encore tôt. Le soleil se levait avec timidité, les voitures des voisins étaient aux portes des garages et le facteur n’était pas encore passé. Comme chaque matin, la même scène se répétait, qu’on le remarque ou non. Tout allait bien, diront certain : mais René est venu frapper à ma porte. Alors que René est mort. Ce genre de chose, contrairement au soleil qui se lève au matin, n’arrive que très rarement.

Il était face à moi, mon René. Aucun bus n’a pu l’emmener jusqu’ici à cette heure matinale. Le facteur aurait pu le déposer là, en même temps que mon journal et d’une lettre de ma mère. Mais non, c’était impossible. Le facteur n’était pas encore venu. Pas de voiture à ma vue, pas de vélo. Le bougre de René était mort et avait réussi l’exploit de venir ici à pied et de frapper à ma porte. Sacré René.

" Tu es venu jusqu’ici a pied mon René ?

— Non, on m’a déposée juste devant ta maison ! Je peux rentrer ? "

Ah, voici qui explique tout. On peut très bien prendre un mort en stop et l’amener jusqu’ici. Peut-être il y a eu des soucis pour le mettre dans la voiture. Rien d’impossible, il suffit d’être deux pour cela. Deux et costauds. Sans doute des rugbymans allant à un match ou un tournoi. Mais si tôt le matin ? Le ciel est bleu, les oiseaux chantent, oui, mais il n’y a pas de match de Rugby si tôt. Quelques choses ne va pas.

" Entre mon René. Mais dis-moi, il y a un match de Rugby de si bon matin pour que tu sois ici ?

— Ah, il y a un tournoi de Rugby ? Ça me plairait de voir ça moi ! "

Hmm. Il ne répond pas à ma question. Étrange. Mais s’il avait vraiment été dans une voiture de Rugbyman il serait au courant du match. De plus, pourquoi venir ici s’il pouvait aller directement applaudir les joueurs ? Surement qu’il me préfère-moi au Rugby… Ah, sacré René !



" Ah mon René, veux tu quelques choses à boire ? Un petit thé peut-être ? Le facteur va bientôt passer !

— Oh, non, ça ira. Tu sais depuis que je me suis fait renversé par une ambulance il y a deux semaines, je n’ai plus très soif.

— Hmm, je comprends. Ce serait gâcher du thé que de l’offrir à un mort.

— Tout à fait. Tu as raison sur ce point ! Mais on peut encore parler en attendant le facteur ? "



Nous nous miment à nous parler comme avant. Il commença par me raconter sa mort et sa vie de mort permis les vivant.

" Tu sais, le plus dur quand on est mort, c’est de réaménager sa maison. Plus besoin d’aller aux toilettes, ni de se laver, ni de cuisiner. Quel cafard ! Mais au final, j’ai été philosophe pour une fois : j’ai pris une contrainte comme une opportunité ! Alors, ni une, ni deux, ni trois, ma baignoire est devenue un lit pour mes invités, mes toilettes un abri pour poissons rouges orphelins et ma cuisine une grande et belle bibliothèque !

— Tu as fait quoi de tes assiettes alors ?

— Je les ai peintes pour faire une exposition artistique monochromique. En fait, je n’avais plus qu’un seul pot de peinture. Du rouge pétant. J’ai pu finir l’exposition en une demi journée !

— Oh, bel exploit ! »

La vie d’un mort, finalement, c'est pas si mal. Il lisait des livres policiers pour passer le temps, téléphonait a sa mère pour prendre des nouvelles et il avait même trouvé un travail :

" Oui, tu te rends compte ? J’ai postulé sans espérer. Et pourtant, je l’ai eu, ce job !

— C’est quoi comme boulot ?

— Je suis développeur informaticien dans la publicité et la communication pour des startups spécialisées dans la robotique ménagère et l’aide à la prise de décision quotidienne. Au début, c’était compliqué. Je ne comprenais rien au code et à l’informatique embarqué. Mais dès la première réunion de brainstorming, j’ai su me rendre indispensable en énumérant précisément l’ensemble des taches que devraient accomplir des robots dans l’avenir.

— Tu avais étudié cela avant ? Comme un fou j’imagine ? Sacré René !

— Héhé, même pas. Tu veux mon secret ? Je me suis rappelé de ma journée de mort. Juste en mettant bout a bout toutes les difficultés que j’ai pu avoir, ça a marché du feu de Dieu. Mon patron m’a alors dit « tu as une vision lumineuse, ingénieuse et profonde de l’avenir et de la place de la modernité dans le cœur des hommes du futur ». Et oui ! Et oui ! C’est fou non ? »


Incroyable oui. Il me raconta encore plein de choses dans le genre. Comme ses histoires d’amours avec de véritable pipelettes, dont il avait conquis le cœur grâce à Facebook.

" Au début, tu crois qu’il faut les écouter pour être aimé. Mais non, tu n’as même pas besoins en vérité. Je ne disais rien. Elle m’invitait à diner, je ne disais rien. On allait dans la chambre, je ne disais rien. Tu te rends compte, sans un mot, je fus marié et divercé 3 fois en moins de 15 jours ! Pour un mort, c’est un score plus qu’honorable ! »

Ou encore, comment il a réussit à devenir un des acteurs majeurs de la télévision nationale :

« C’est arrivé comme ça. À la gare, un journaliste m’a interviewé à propos des grèves. Moi, je suis resté sans rien dire. Puis, plusieurs chaines, aillant remarqués ma prestation, m’ont contacté pour travailler avec eux. Maintenant, je suis sur le service public, de 12 h à 14 h et pour le journal de 20 h. Je reste sans rien dire, puis on fait du montage et hop ! Le pain est cuit et bien monté ! J'ai signé un contrat de 95 000 € par mois grâce à ça. Je vais bientôt pouvoir m’acheter d’autres pots de peinture ! "



René est génial. Il y a encore quelque temps, je ne l’aimais pas. Il restait toujours chez lui. Quand je l’invitais à prendre un thé, il trouvait toujours une excuse. Mais là, il est fascinant !

Le bruit de la sonnette retenti alors soudainement.

« Le postier ! criais-je !

— Le postier, le postier ! "

Je m’empressais d’aller vers la porte. Puis j’ai pris mon temps pour me calmer, me recoiffer et reprendre mon souffle. Je ne devais pas laisser paraitre que je fus pressé de le voir. Enfin, après 10 bonnes secondes, j’ouvris la porte.

" Bonjour M. le postier !

— Une lettre pour vous, bonne journée !

— À vous aussi ! "

Je fermai la porte sans un sourire. Finalement, ce ne fut pas aussi intéressant qu’espéré. René s’agitait devant moi :

" Ouvre-la ! Ouvre-la !

— Une seconde… Voilà. C’est de ma mère !

— Ah ! Belle surprise ! Elle a toujours su surprendre ! Que dit-elle ?

— C’est une carte postale de l’hôpital ! Tu vois, là c’est ses pieds. Et là sa perfusion. Et là une boite de chocolats !

— Oh !

— Je te la lis : « Salut fiston. Je viens aux nouvelles, tu en donnes si peu ! Comment vas-tu depuis la mort de ton René ? Je pensais te rendre visite dans les jours à venir ! Courage ! Bisous, Man »

— C’est court !, repondit René

— Mais bien écrit ! Mais qui est se René !

— Mais c’est moi !

— Mais tu es mort non ? »


Mais il n’y a pas eu réponse.

Pas de réponse, car il est mort.

Il est mort donc absent.

Absent, mais qui dont est là-devant moi ?

Devant moi, il n’y avait rien.

« René ? »





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