Prologue
Le lycée venait de rendre son verdict quotidien : des portes claquaient, des rires éclataient dans les couloirs et le parfum de la cantine flottait encore dans l’air chaud et collant. Mathis traînait son sac sur l’épaule, le dos courbé sous le poids des cahiers, mais son regard s’échappait par la fenêtre. Les rues calmes de son quartier s’étendaient au-delà du portail, baignant dans la lumière orangée du soleil couchant. L’odeur de bitume chauffé et de fleurs fanées qui bordaient les trottoirs lui arrivait jusque dans le nez.
— Eh, Mathis ! Tu descends ou tu restes là à rêver ?
— J’arrive… répondit-il sans se retourner, la voix étouffée, un sourire absent sur les lèvres.
Il laissa échapper un léger rire, moitié pour lui-même, moitié pour ne pas paraître ailleurs. Mais son esprit, comme toujours, vagabondait ailleurs. Sa mère avait parlé d’un nouveau voisin ce matin, mais il ne s’était pas vraiment intéressé à l’idée… jusqu’à ce qu’un frisson traverse son échine. Quelque chose, dans la simple phrase de sa mère, avait allumé une étincelle de curiosité. Une intuition qu’il n’aurait pas su expliquer.
Le vent glissa entre les arbres du parc voisin, faisant bruisser les feuilles, et Mathis crut entendre un petit craquement métallique, quelque part au fond de la rue. Il fronça les sourcils, humant l’air légèrement humide mêlé à l’odeur de bois et de poussière des maisons alentour. Il y avait un parfum particulier ce soir, étrange et inattendu, comme si la nuit elle-même apportait un secret.
— Tu rêves encore, toi ? râla son ami Théo, en le secouant légèrement.
— Peut-être… murmura Mathis, pensif. Il détourna le regard, et son esprit s’emballa. Il se demandait quel genre de personne pouvait bien s’installer dans la maison voisine. Silencieuse, immobile, presque invisible.
Le soleil disparaissait doucement derrière les toits, projetant des ombres longues et mouvantes sur le bitume. Mathis sentit son cœur battre un peu plus vite. Il ne savait pas encore que l’arrivée de ce nouveau voisin allait changer son quotidien, éveiller sa curiosité et le plonger dans un monde où chaque geste, chaque regard, pouvait receler des secrets… et des dangers.
Dans le silence qui tombait peu à peu, il entendit le souffle du vent, le cliquetis lointain d’une balançoire et le ronronnement d’une voiture qui passait au loin. Tout semblait normal, et pourtant, quelque chose de différent flottait dans l’air. Comme un murmure qu’il était le seul à percevoir, fragile et insistant, qui disait : “Fais attention… quelque chose arrive.”
Mathis inspira profondément, captant l’odeur de la terre humide et des fleurs fanées. Il ne le savait pas encore, mais cette soirée marquait le début de quelque chose d’inattendu. Et dans cette étrange anticipation, un mélange d’excitation et d’inquiétude prit possession de lui.

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