Chapitre 31
Mathis n’avait pas entendu la voiture s’arrêter. Le bruit sec de la porte d’entrée claquée le fit sursauter. Ses écouteurs glissèrent de ses oreilles et son cœur battit à tout rompre. Ses parents n’étaient censés rentrer que dans trois jours. Pourtant, là, debout dans l’encadrement du salon, ses père et mère le fixaient, le visage fermé, le souffle court, comme s’ils avaient couru depuis des kilomètres.
— Mathis. La voix de son père claqua, grave, coupante. — Explique-moi ça.
Il brandissait son téléphone. Mathis reconnut aussitôt les photos que Tharah avait prises : Elior attaché au radiateur, le visage maculé de sang, les fenêtres de la maison couvertes de journaux. Un frisson glacial parcourut son échine.
— Où as-tu trouvé ça ? souffla sa mère, blême, les yeux brillants d’horreur.
Mathis sentit ses jambes faiblir. Il aurait voulu disparaître sous le sol. Ses lèvres s’entrouvrirent, mais aucun son n’en sortit.
— Réponds, insista son père, plus fort.
— C’est… c’est chez Elior, réussit-il à articuler dans un souffle.
Sa mère porta une main à sa bouche, suffoquant. Son père échangea un regard rapide avec elle avant de poser son téléphone sur la table basse avec un bruit sec.
— Tu te rends compte de ce que tu nous as caché ? dit-il, les sourcils froncés. Ce garçon… Il est en danger. Et toi aussi, Mathis !
Les larmes montèrent aux yeux de l’adolescent.
— Je voulais pas… je… je pensais pouvoir comprendre ce qui se passait, aider…
Sa mère s’approcha de lui, s’agenouilla pour être à sa hauteur, posant ses mains sur ses épaules tremblantes.
— Mon chéri, écoute-moi bien. Ce que tu viens de nous montrer, c’est grave. Trop grave pour que tu portes ça seul.
Elle le serra dans ses bras. Mathis enfouit son visage dans son cou, retenant difficilement ses sanglots. Il aurait dû leur parler avant. Mais il avait eu peur qu’ils ne le comprennent pas, peur de trahir Elior.
Son père sortit son téléphone et composa un numéro sans attendre.
— La police, déclara-t-il d’une voix ferme. On ne peut plus attendre.
Moins d’une heure plus tard, deux policiers en uniforme frappèrent à la porte. Mathis observait depuis l’escalier, crispé, tandis que ses parents les faisaient entrer dans le salon.
— Nous avons reçu votre appel. Vous dites avoir des preuves de maltraitance, confirma le plus âgé des deux, un homme aux cheveux poivre et sel et aux yeux perçants.
— Oui, répondit son père en tendant le téléphone. Regardez.
Les policiers défilèrent les photos une à une. Le silence tomba dans la pièce, pesant.
— Ces clichés ont été pris par qui ? demanda le second, plus jeune, le regard se posant sur Mathis.
Le cœur de l’adolescent manqua un battement.
— Par une amie de mon fils, expliqua rapidement sa mère, lançant un coup d’œil protecteur. Ils étaient inquiets pour leur camarade.
— Vous étiez présents quand elles ont été prises ? demanda le plus vieux en s’adressant cette fois directement à Mathis.
La gorge nouée, il hocha la tête.
— Oui… répondit-il dans un murmure.
— Et depuis combien de temps vous soupçonnez qu’il se passe des choses anormales chez vos voisins ?
Mathis sentit ses doigts trembler. Il jeta un regard à ses parents. Ils attendaient, eux aussi, la vérité.
— Depuis… un moment, admit-il. J’ai entendu des choses, vu… des bougies, des… rituels.
Le plus jeune policier nota rapidement.
— Quels genres de rituels ?
Un poids lui écrasa la poitrine. Devait-il parler de la fiole rouge, du sang versé dans les coupes ? Ses parents l’écoutaient, les yeux agrandis par l’angoisse. Mathis inspira profondément, mais sa voix se brisa.
— J… je sais pas exactement, dit-il, fuyant leurs regards. Mais ça ne ressemblait à rien de normal.
Un silence lourd s’installa. Les policiers échangèrent un regard entendu.
— On va vérifier ça, dit enfin l’aîné. Mais vous devez comprendre que pour l’instant, il nous faut plus que des photos prises de l’extérieur.
— Mais regardez-le ! s’emporta la mère de Mathis en montrant l’écran. Il est couvert de sang, attaché ! Vous n’allez pas me dire que ce n’est pas suffisant ?
— Madame, je comprends, répondit le policier d’un ton plus doux. Mais les procédures sont strictes. On va organiser une visite, et vous serez tenus informés.
Mathis sentit une bouffée de colère et de désespoir l’envahir. Ils allaient perdre du temps, et Elior… Elior allait souffrir encore.
— Non ! Vous comprenez pas ! Ce garçon… il est en danger de mort, lâcha-t-il, la voix étranglée.
Son père posa une main ferme sur son épaule.
— Mathis, calme-toi.
— Mais papa ! On peut pas attendre !
Ses yeux se remplirent de larmes brûlantes. Les policiers le fixèrent avec gravité, mais sans répondre davantage.
Après quelques dernières questions sur la famille voisine — combien ils étaient, ce que Mathis avait pu observer d’eux, leurs horaires —, ils prirent congé.
La porte se referma, et un silence étouffant retomba sur la maison.
— Tu ne nous caches plus rien, dit son père d’un ton qui n’admettait aucune discussion. Plus jamais.
Mathis baissa les yeux, honteux.
— Je voulais protéger Elior… souffla-t-il.
Sa mère se rapprocha, caressant doucement sa joue.
— Et qui va te protéger, toi ? murmura-t-elle.
Il n’eut pas de réponse. Son cœur était broyé entre la peur et l’amour. Il savait une chose : il était désormais mêlé jusqu’au cou. Et quoi qu’il arrive, il ne laisserait pas Elior sombrer seul.
La maison baignait dans un silence pesant. Depuis leur retour précipité, les parents de Mathis allaient et venaient dans le salon comme des fantômes, parlant bas, jetant des regards inquiets par la fenêtre. Mathis, lui, s’était réfugié dans sa chambre. Mais même sous sa couette, les images revenaient sans cesse : Elior attaché, le corps marqué de blessures, les bougies autour de lui… Son visage livide, et ce regard qu’il lui avait lancé par la fenêtre, si différent de ses sourires habituels.
Un grincement dans le couloir le fit sursauter. Puis un cri.
— Mathis ! Descends tout de suite !
La voix de sa mère, aiguë, étranglée d’une panique inhabituelle. Son cœur bondit. Il sauta de son lit et dévala l’escalier à toute allure.
Dans le salon, sa mère était debout, blanche comme un linge, une feuille froissée dans ses mains. Son père, derrière elle, la fixait avec la même expression d’effroi.
— Regarde ça…
Mathis prit le papier. Ses doigts tremblèrent quand ses yeux parcoururent les mots tracés d’une écriture nerveuse, presque rageuse :
« Vous croyez pouvoir cacher Julien ?
Vous croyez pouvoir nous empêcher ?
Nous savons. Nous voyons.
Si vous persistez, vous paierez. »
Ses mains devinrent moites. Son estomac se contracta si fort qu’il faillit en vomir.
— Julien… ? répéta sa mère, la voix brisée. Ton… ton meilleur ami ?
Elle le fixait avec une intensité qui le paralysa. Il baissa les yeux, mais elle insista :
— Réponds-moi, Mathis. Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi ces gens parlent de Julien ?
Il resta figé. Un silence terrible emplit la pièce, seulement troublé par la respiration haletante de sa mère.
— Mathis, dit son père d’une voix dure, tu nous caches quelque chose. Et ça a un rapport avec ces disparitions. On ne va pas supporter que tu joues avec ta vie. Parle.
Il sentit ses jambes flancher. Sa gorge était sèche, ses pensées s’entrechoquaient. Tout ce qu’il avait caché depuis des semaines revenait comme une vague prête à le submerger.
Il secoua la tête, désespéré.
— Je… je voulais pas…
— Tu voulais pas quoi ? hurla presque sa mère. Tu vois bien qu’on est en danger, que Julien est en danger, que toi aussi tu l’es ! Tu nous dois la vérité, Mathis, maintenant !
Son regard. C’était ce regard qui l’acheva : mélange d’amour maternel, de peur viscérale et de colère impuissante. Il ne pouvait plus reculer.
Sa voix se brisa quand il lâcha les premiers mots :
— C’est… Elior. Sa famille. Ils… ils font partie d’une secte.
Un silence brutal suivit. Ses parents le fixaient, incrédules. Mais une fois les mots sortis, le barrage céda.
— Ils font des rituels, avec du sang, des bougies, des symboles. J’ai vu Elior… attaché, dans leur maison. Ils appellent ça des « purifications ». Mais c’est pas ça… C’est… c’est des sacrifices.
La main de sa mère glissa lentement contre sa bouche. Son père, lui, serra les poings.
— Sacrifices ? Tu veux dire… des meurtres ?
Mathis hocha la tête, les yeux brouillés.
— Oui. Et Julien… il est visé. Je l’ai entendu. Je sais qu’il est sur leur liste. La lettre le prouve. Ils veulent lui faire du mal.
Ses mains tremblaient si fort qu’il faillit déchirer la feuille. Mais il n’avait pas fini. Une vérité plus lourde encore pesait sur sa poitrine. Il inspira profondément, comme s’il se noyait.
— Maman, Papa… c’est eux. C’est eux qui ont pris Matheo. Et Julien D. Et les autres.
Sa mère recula d’un pas, le souffle coupé.
— Quoi… ?
— Tout vient d’eux ! hurla Mathis d’une voix étranglée. La secte… elle décide qui doit disparaître, qui doit être sacrifié. J’ai pas de preuves que je peux montrer… mais je le sais. J’ai vu, j’ai entendu, j’ai compris. Chaque disparition, c’est eux. Chaque mort. Tout est lié.
Un silence effroyable suivit ses mots. Ses parents restaient immobiles, les yeux écarquillés. Son père finit par secouer la tête, comme pour chasser une pensée impossible.
— Tu… tu te rends compte de ce que tu dis, Mathis ?
— Je m’en rends compte ! cria-t-il, les larmes aux yeux. C’est pour ça que j’ai rien dit avant. Parce que j’avais peur que vous me croyiez pas, que vous pensiez que je devenais fou. Mais c’est la vérité !
Il serra la feuille dans ses mains tremblantes.
— Elior… il est coincé au milieu de ça. C’est sa famille. Il m’a dit qu’il a jamais tué personne, jamais participé aux rituels. Mais il sait. Il vit avec ça chaque jour. Et maintenant… ils savent qu’on protège Julien. Ils savent qu’on est contre eux.
Ses jambes cédèrent, et il tomba assis sur le canapé. Ses sanglots secouaient son corps entier.
Sa mère s’agenouilla aussitôt devant lui et le prit dans ses bras. Elle caressa ses cheveux comme quand il était petit.
— Oh mon dieu… mon pauvre Mathis…
Il s’accrocha à elle comme à une bouée.
— J’ai tellement peur, maman… peur qu’ils fassent du mal à Julien, peur qu’ils… qu’ils s’en prennent à Elior… ou à moi.
Son père resta debout, figé, les traits marqués par la colère et la stupeur. Il finit par s’asseoir à son tour, posant une main lourde sur l’épaule de son fils.
— On va pas te laisser porter ça tout seul. Ni toi, ni Julien. On va prévenir la police. On va trouver un moyen. Mais toi, Mathis… tu dois plus rien nous cacher. Plus jamais.
Mathis leva les yeux, noyés de larmes.
— Je vous promets… plus jamais.
Un silence apaisé suivit, malgré la gravité des mots échangés. Pour la première fois depuis le début, Mathis n’était plus seul. Il avait dit la vérité. Et même si l’avenir restait terrifiant, il sentait un poids immense se lever de sa poitrine.
La lettre trônait encore sur la table basse. Une menace. Une preuve. Et surtout un rappel cruel : la secte savait.
Mais désormais, ses parents savaient aussi. Et Mathis n’avait plus à affronter ce cauchemar en secret.
Mathis tremblait encore, incapable de lever les yeux vers ses parents. La lettre était posée sur la table basse, maculée de ses doigts moites. Sa mère ne la quittait pas du regard, comme si les mots pouvaient à tout instant prendre vie et surgir du papier.
— Mathis… murmura-t-elle d’une voix tremblante. Quand tu dis que Matheo et Julien D. sont… morts à cause d’eux… qu’est-ce que tu veux dire, exactement ?
Il déglutit, sentant sa gorge se nouer.
— Ce que je veux dire, c’est qu’ils n’ont pas disparu au hasard. Ce n’est pas des accidents, ce n’est pas des fuites. Ils ont été choisis. Par « Père », le chef. Ils appellent ça des sacrifices… pour purifier, pour apaiser leur dieu, Lumen Aeterna.
Sa mère porta une main à sa bouche, horrifiée.
— Tu veux dire… que Matheo…
— Oui, coupa Mathis, sa voix brisée. Ils l’ont tué. Comme Julien D. Comme les autres. C’était prévu, organisé… comme une cérémonie.
Ses yeux se remplirent de larmes et il dut détourner le regard.
— Oh mon dieu… oh mon dieu, souffla sa mère en vacillant.
Elle chancela si fort que son mari dut la rattraper. Son père, lui, avait les traits tendus d’une colère froide, une colère qui le consumait mais qu’il tentait de contenir.
— Et Elior… il savait ? demanda-t-il, la voix basse mais ferme.
Mathis hocha la tête.
— Il sait tout. Mais il n’a jamais participé, il me l’a juré. C’est pas lui… C’est sa famille. Lui, il est prisonnier. Comme… comme nous maintenant.
Il étouffa un sanglot et porta ses mains à son visage.
Sa mère s’approcha et le serra dans ses bras comme si elle voulait le protéger du monde entier.
— Mon fils… comment tu as pu porter ça tout seul ? Comment tu as pu vivre avec ça sans rien dire ?
— Parce que j’avais peur, sanglota-t-il. Peur qu’ils s’en prennent à vous, peur que vous me croyez pas. Mais maintenant… maintenant je peux plus me taire.
Son père, resté debout, finit par frapper du poing sur la table, faisant trembler la lettre.
— Ça suffit. On ne va pas rester là à attendre qu’ils frappent encore. Ils ont déjà fait trop de victimes. Mathis, écoute-moi : tu as bien fait de nous parler. On va se battre. Et si la police n’agit pas assez vite, je jure qu’ils n’approcheront jamais ta mère, ni toi, ni Julien.
Mathis releva des yeux pleins d’espoir et de peur mêlés.
— Vous… vous me croyez ?
Ses parents échangèrent un regard lourd de gravité. Sa mère hocha la tête en caressant sa joue.
— Oui, mon cœur. On te croit. Et on va te protéger.
Pour la première fois, malgré l’horreur de ses aveux, Mathis sentit une chaleur douce l’envahir. Ses secrets ne l’écrasaient plus seul : ses parents savaient. Ils étaient avec lui.
Mathis se tenait dans l’entrée, le sac sur l’épaule, le cœur battant à tout rompre. Le silence de la maison, malgré le soleil qui filtrait par les volets, semblait écrasant. Sa mère, debout près de la table, le regardait avec une intensité douce mais ferme. Lina, assise sur le canapé, lui adressa un petit sourire encourageant.
— Mathis… tu voulais me parler, hein ? demanda sa mère, sa voix pleine de patience.
Mathis inspira profondément, les doigts crispés sur les bretelles de son sac. C’était le moment de tout dire, de se libérer du poids qui lui comprimait la poitrine depuis des semaines. Il baissa les yeux un instant, rassembla son courage, et la voix lui trembla légèrement :
— Maman… je… je crois que je suis amoureux d’Elior.
Le silence qui suivit sembla durer une éternité. Lina retint son souffle, tandis que la mère de Mathis s’approchait doucement. Elle posa une main sur son épaule, lui offrant un contact rassurant.
— Merci de me le dire, Mathis. Tu sais… je savais que tu étais très attaché à lui. Mais entendre ces mots… je comprends à quel point c’est sérieux pour toi.
Mathis releva enfin les yeux, surpris par la douceur et l’acceptation dans le regard de sa mère.
— Écoute, continua-t-elle, mon chéri… ce que tu ressens est important. Et je vais faire tout ce que je peux pour que ton amoureux soit protégé. Je te le promets.
Un poids énorme se déposa sur les épaules de Mathis. Les semaines de tension, l’angoisse pour Elior, les menaces, les disparitions… tout semblait pour un instant moins oppressant. Il sentit ses yeux s’humidifier, et il murmura presque sans voix :
— Merci… merci, maman.
Lina se leva et lui tapota doucement l’épaule.
— C’est beau de voir que tu peux lui faire confiance, Mathis. Et je suis là aussi, tu sais.
— Je sais, répondit-il en esquissant un sourire timide. Merci, Lina.
Sa mère s’accroupit légèrement pour se mettre à sa hauteur et lui prit les mains.
— Écoute, Mathis… on sait déjà pour la secte, les disparitions, tout ça. Mais maintenant que tu m’as parlé d’Elior… il faut qu’on reste vigilants. Je veux que tu saches que tu n’as pas à affronter ça seul. Et si quelque chose devait arriver, je serai là pour lui, pour vous protéger tous les deux.
Mathis sentit son cœur battre plus vite, un mélange de peur et de soulagement. Il était terrifié pour Elior, pour Julien, pour tous ceux pris dans ce cercle infernal. Mais il avait enfin partagé son secret le plus intime, et sa mère lui assurait qu’elle serait à ses côtés.
— Je… je voulais que tu le saches avant le lycée, murmura-t-il. Je ne pouvais plus garder ça pour moi.
— C’est bien, Mathis, dit-elle en souriant doucement. C’est courageux de ta part. Et tu as raison, il faut protéger ceux qu’on aime.
Il inspira profondément et sentit une étrange chaleur dans sa poitrine. Pour la première fois depuis des semaines, il eut l’impression que malgré les menaces et l’angoisse, une lueur d’espoir existait. Sa mère et Lina étaient là. Il n’était plus seul.
— Alors… qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Mathis, la voix encore tremblante.
— On continue de surveiller Elior, on reste prudents, mais on avance. On protège ceux qu’on aime, et on ne laisse personne nous intimider, répondit sa mère, déterminée.
Mathis hocha la tête, serrant les mains de sa mère. Une énergie nouvelle parcourut ses membres. Même face à la peur, au danger et à la gravité de la situation, il se sentait un peu plus fort. Il avait fait le premier pas pour protéger Elior, et il savait que sa mère et Lina seraient à ses côtés pour l’aider.
— Merci… vraiment, murmura-t-il. Je… je vais faire attention, et je… je veux qu’Elior le sache aussi, qu’il puisse compter sur moi.
— Il le saura, Mathis, dit sa mère en souriant. Il pourra compter sur toi. Et toi, tu pourras compter sur nous.
Mathis sentit un mélange de soulagement et d’excitation. L’amour qu’il éprouvait pour Elior n’était plus un secret, et surtout, il savait maintenant qu’il n’était pas seul face à la secte, aux menaces, et à tous les dangers qui planaient autour d’eux.
Il attrapa son sac, prêt à partir pour le lycée, mais le regard qu’il lança à sa mère était plein de gratitude. Une promesse silencieuse se formait entre eux : quoi qu’il arrive, Elior serait protégé, et Mathis ferait tout pour que cette semaine de retour au lycée ne devienne pas le théâtre d’une tragédie.
— Et surtout, Mathis… ajouta sa mère en le regardant dans les yeux, protège ton cœur aussi. Tu as le droit d’aimer, et tu as le droit de te battre pour ceux que tu aimes.
Mathis sourit, un sourire timide mais sincère. Oui, il allait protéger Elior. Oui, il allait se battre pour lui. Et pour la première fois depuis longtemps, il se sentit capable de faire face à ce qui l’attendait.

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