Chapitre 42
Les flammes vacillantes des bougies projetaient des ombres difformes sur les murs humides et froids de la pièce. Mathis, Tharah et Lina étaient assis à même le sol, les mains encore liées par des cordes rugueuses, les poignets endoloris. Le silence pesait, uniquement interrompu par les grincements du plancher et le souffle tremblant des trois adolescents. Chaque bruit, chaque mouvement extérieur les figait instantanément. Mathis sentait son cœur battre si fort qu’il avait l’impression qu’il allait éclater, et une chaleur humide lui collait la nuque, mélange de sueur et de peur.
Le temps semblait s’étirer indéfiniment. Mathis observait les silhouettes sombres des membres de la secte qui circulaient autour d’eux, leurs pas résonnant lourdement sur le sol de bois. Chaque visage, masqué ou encapuchonné, semblait presque irréel, les traits déformés par l’éclairage tremblant. Tharah tremblait silencieusement, et Lina serrait les dents, tentant de ne pas montrer sa panique. Mathis, lui, cherchait des failles, le moindre moment d’inattention, un objet qui pourrait servir à se libérer.
« Il faut qu’on bouge, maintenant, chuchota-t-il à voix basse, en inclinant légèrement la tête vers Tharah et Lina. Juste un instant, à droite, quand l’un d’eux tourne le dos. »
Lina hocha la tête, la peur se mêlant à la détermination. Mathis commença à desserrer lentement les liens de ses poignets, sentant la douleur cuisante du frottement sur sa peau fragile. Chaque seconde qui passait était un mélange de peur et d’adrénaline pure. Il croyait presque entendre le battement du cœur de la secte elle-même, comme si les murs respiraient autour d’eux.
Lorsqu’il réussit à desserrer suffisamment ses liens pour bouger ses mains librement, un bruit métallique retentit soudain, comme si le destin s’était moqué de lui. Un membre de la secte, à peine visible dans l’ombre, avait entendu quelque chose. Dans un souffle glacé, Mathis sentit une présence derrière lui, et avant qu’il n’ait pu réagir, un cri perçant résonna dans la pièce. Les trois adolescents étaient immobilisés, la peur les figea, et le souffle leur manqua.
Un long moment de silence s’ensuivit, seulement rompu par les ordres secs des membres de la secte. « Vous voyez ce qui arrive à ceux qui essaient de désobéir. » La voix était monotone, glaciale, et pourtant pleine de menace. La peur de Mathis s’amplifia lorsque l’un des adultes s’approcha, un regard dur posé sur lui, et murmura : « Si tu continues, ce sera ton ami ou ton frère qui paiera le prix… »
Mathis sentit une boule se former dans sa gorge. Chaque fibre de son corps voulait fuir, mais il savait que le moindre geste imprudent pourrait être fatal. Tharah, à côté de lui, serrait les dents, des larmes silencieuses roulant sur ses joues. Lina, quant à elle, respirait profondément, essayant de garder son calme, même si ses mains tremblaient légèrement. Le trio comprit brutalement que leur seule force résidait dans l’attente et l’observation, et non dans une fuite précipitée.
La secte les obligea ensuite à assister à une scène qu’aucun d’eux n’aurait voulu voir. Un membre, identifié par ses vêtements distinctifs, était attaché et montrait les séquelles de sa désobéissance. Chaque cicatrice, chaque marque semblait crier vengeance. Mathis sentit la bile remonter dans sa gorge. Son estomac se nouait, mais il ne pouvait détourner le regard. Cette vision lui imposait la terrible réalité : la moindre erreur ici avait un prix.
Alors que les flammes des bougies vacillaient, Mathis tenta de se concentrer sur un détail concret : le rythme des pas des gardiens, la distance entre eux et les portes. Chaque seconde comptait, chaque respiration devait être calculée. Mais l’angoisse était omniprésente, les yeux d’Elior, bien qu’absents physiquement, semblaient hanter son esprit. Il pensa à lui, à sa fragilité, à son courage silencieux, et cela lui donna un sursaut de détermination.
Leurs liens, encore partiellement desserrés, permettaient à Mathis de bouger subtilement. Il fit un signe à Tharah et Lina, leur indiquant d’attendre le moment opportun. Le cœur battant à cent à l’heure, il se prépara à un geste audacieux. Mais avant qu’il n’ait pu agir, un craquement derrière eux le fit sursauter. Les membres de la secte étaient revenus, silencieux, et leurs regards brûlants de menace le paralysèrent. La pièce sembla se refermer sur eux, étouffante et oppressante.
Mathis comprit alors que la fuite n’était pas une option pour le moment. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était observer, mémoriser, et chercher le moindre indice. Une fenêtre entrouverte, un objet qui pourrait les libérer… tout devait être noté dans son esprit, pour le moment où ils auraient réellement une chance. Mais chaque instant passé dans cette pièce, à respirer l’odeur âcre de la cire et du bois brûlé, chaque éclat de lumière projetant des ombres inquiétantes, renforçait la peur viscérale qui le paralysait.
La lumière tremblante des bougies ne permettait presque pas de distinguer les contours exacts de la pièce, mais Mathis pouvait voir ce qu’il devait voir. Au centre, une petite table basse était maculée de taches sombres, et des instruments qu’il ne voulait même pas nommer reposaient dessus. Ses mains tremblaient, sa respiration s’accélérait, mais il savait qu’il devait tout mémoriser. Chaque détail pourrait leur sauver la vie plus tard, à lui et à ses amis.
Lina, à côté de lui, pointa du doigt un morceau de papier à demi déchiré tombé sous un fauteuil. « Regardez… », murmura-t-elle. Mathis se pencha, son cœur battant à tout rompre. Le papier était griffonné de noms : Leo, Samy, Lisia… Trois noms entourés par des symboles étranges. Le frisson qui parcourut son dos fut instantané. L’un d’eux, pensa-t-il, pourrait déjà être parti trop loin pour être sauvé.
Tharah, silencieuse depuis des minutes, se pencha vers Mathis et murmura : « Ils… ils ont dit que l’un d’eux s’était “repenti”. Mais qui ? » Son visage pâle, presque livide à la lueur des bougies, reflétait la peur de tout ce qu’ils allaient découvrir. Mathis sentit un poids énorme sur sa poitrine. Chaque respiration devenait un effort, chaque battement de cœur un rappel de leur vulnérabilité.
Soudain, un bruit derrière eux fit sursauter les trois adolescents. Des pas légers, presque imperceptibles, venaient du couloir. Mathis tendit l’oreille, chaque fibre de son corps alertée. Il sentit une présence qui l’observait, un frisson glacé parcourant son échine. La peur, pure et viscérale, s’infiltra dans ses veines. Il n’avait jamais ressenti quelque chose d’aussi étouffant, d’aussi réel. Ses yeux cherchaient des issues, mais il n’y en avait pas. Chaque fenêtre était scellée, chaque porte verrouillée.
L’ombre d’une silhouette encapuchonnée apparut soudain dans l’encadrement de la porte. Le regard invisible derrière le masque semblait sonder leur âme, et Mathis eut l’impression que la pièce elle-même retenait son souffle. Il serra les poings, ses ongles s’enfonçant dans la paume, tandis que Tharah et Lina échangeaient un regard muet, une compréhension silencieuse de la gravité de la situation.
La silhouette fit un pas en avant et parla, la voix douce mais glaciale : « Vous savez ce que vous voyez… vous savez que vos amis sont déjà impliqués. » Les mots résonnaient dans la pièce comme un écho sinistre. Mathis sentit son estomac se nouer. Tout ce qu’il avait vu, tout ce qu’il avait espéré comprendre, semblait maintenant confirmé : Elior, Leo, tous les disparus… étaient liés à cette secte plus profondément qu’il ne l’avait jamais imaginé.
Alors que la silhouette disparaissait dans l’ombre, Lina fit un signe à Mathis pour qu’il regarde autour. Des bougies étaient éparpillées sur le sol, formant un cercle incomplet. Quelques instruments rouillés, tachés, gisaient au centre. La scène était un avertissement silencieux : ils étaient déjà entrés dans un monde où chaque faux pas avait un prix. Mathis sentit la colère et l’angoisse se mélanger : il devait agir, mais chaque seconde passée ici rendait l’action plus dangereuse.
« Il faut qu’on se souvienne de tout, murmura Mathis, la voix tremblante mais déterminée. Les noms, les symboles… tout. Même une seule information pourrait nous sauver… ou sauver quelqu’un. »
Tharah acquiesça, tandis que Lina sortait son téléphone, tremblante, et prenait discrètement des photos de chaque détail : les bougies, les instruments, les symboles, même la disposition de la pièce. Chaque cliché était un fragment de preuve, un espoir de justice, mais aussi un rappel brutal de leur impuissance. Mathis savait que ces images, une fois remises à la police ou à ses parents, pourraient déclencher une réaction, mais pour le moment, elles étaient leur seule arme.
Alors que les minutes s’égrenaient, la tension ne faisait qu’augmenter. Chaque craquement de bois, chaque souffle, chaque frisson dans l’air semblait annoncer l’arrivée d’un membre de la secte. Mathis sentit son corps se raidir, ses muscles tendus à l’extrême. Il avait conscience que tout mouvement imprudent pourrait déclencher une violence immédiate. Et pourtant, il devait rester lucide.
Un nouveau détail attira son attention : une fiole rouge, abandonnée sur le sol, à moitié vide. L’odeur métallique du liquide flottait dans l’air, et Mathis sut instantanément ce que c’était : le sang des sacrifices. Son estomac se tordit, la bile remonta, et il dut se détourner un instant pour ne pas vomir. Tharah posa une main sur son bras, lui transmettant un soutien silencieux. Lina, imperturbable malgré la peur, continuait de photographier chaque détail.
Le silence retomba, pesant et oppressant. Mathis sentait la sueur couler le long de sa nuque, ses mains moites s’agrippant au sol. Il pensa à Elior, attaché à cette même maison, à la merci des rituels et des ordres de “Père”. Son cœur se serra : il devait le protéger, mais chaque seconde ici le rapprochait du danger, et il savait que la secte était capable de tout.
Puis, un bruit léger, presque imperceptible, lui fit relever la tête. Une voix étouffée, un murmure venu de l’ombre : « Il y a ceux qui décident de se repentir… » Les mots, à peine audibles, résonnèrent dans son esprit. Trois noms lui vinrent immédiatement à l’esprit : Leo, Samy, Lisia. L’un d’eux avait trahi… ou choisi de se plier aux règles de la secte pour survivre. Le doute, la peur, et l’angoisse se mêlaient dans un cocktail étouffant.
Mathis comprit alors l’ampleur de ce qu’ils venaient de découvrir. Tout ce qu’ils savaient sur les disparus, sur la secte, sur les sacrifices, n’était que la surface. La vérité était beaucoup plus sombre, et chaque moment passé ici les rapprochait du point de non-retour. Il jeta un regard à Tharah et Lina : leurs visages reflétaient la même horreur, la même terreur, mais aussi la même détermination.
« On doit prévenir les autres, souffla-t-il. Mais pas maintenant… pas tant qu’on est ici. » Sa voix, bien que basse, tremblait malgré lui. Tharah hocha la tête, et Lina rangea précautionneusement son téléphone. Les photos étaient en sécurité, mais le poids de ce qu’ils avaient vu pesait lourdement sur leurs épaules.
Mathis sentit alors une présence derrière lui, plus proche, et son corps se figea. Le souffle de quelqu’un sur sa nuque, la certitude d’être observé : la peur le paralysa. Mais il devait rester concentré. Il fit un signe discret à Tharah et Lina pour qu’elles se préparent. Chaque muscle était tendu, prêt à réagir au moindre mouvement. L’angoisse, l’adrénaline, et la peur pure se mêlaient dans un mélange suffocant.
Puis, aussi soudainement qu’elle était apparue, la présence disparut. Le silence retomba, lourd et pesant. Mathis inspira profondément, essayant de calmer son cœur qui battait à tout rompre. Il savait qu’ils devaient quitter la pièce, mais chaque pas serait dangereux, chaque mouvement potentiellement fatal. Et pourtant, il sentait qu’ils ne pouvaient rester ici une minute de plus.
La fuite n’était pas simple : ils devaient trouver un itinéraire sûr, mémoriser les déplacements de la secte, éviter les pièges, et protéger Elior, même à distance. Chaque détail comptait, chaque décision pouvait signifier la vie ou la mort. Mathis comprit qu’ils étaient désormais des joueurs dans un jeu mortel, où chaque erreur était sanctionnée par la violence et la peur.
Alors qu’ils se rapprochaient de la sortie, Mathis lança un dernier regard à la pièce : les bougies éteintes, les instruments maculés, les symboles gravés sur le papier… tout cela resterait gravé dans sa mémoire. Il savait qu’ils avaient entre leurs mains des indices essentiels, mais aussi que chaque seconde passée ici les rapprochait de la folie, de l’angoisse pure, et d’une vérité qu’ils n’étaient peut-être pas prêts à affronter.
Mathis, Tharah et Lina avancèrent à pas feutrés hors de la pièce où ils avaient observé l’horreur. Leurs muscles étaient encore tendus par l’adrénaline, et chaque ombre semblait devenir une menace. Au détour d’un couloir faiblement éclairé, ils aperçurent Elior et Leo, tous deux attachés mais vivants. Le soulagement fut immédiat, mais la peur ne les quitta pas un instant : la secte pouvait surgir à tout moment.
Elior, les yeux hagards et le visage marqué par les coups et les longues heures de tension, les fixa. « Vous… vous êtes sortis… » murmura-t-il, sa voix tremblante. Leo, lui, semblait plus résigné, observant chaque mouvement avec prudence. Mathis sentit son cœur se serrer à l’idée de ce que ses amis avaient subi ici, mais il savait qu’il devait se concentrer.
« On doit savoir, dit Mathis d’une voix étranglée par l’émotion, quelles sont vos habitudes… comment vous… vous échapper, s’il y a un moment où vous pouvez… » Ses mots se perdaient dans le souffle court, mais Elior comprit immédiatement.
« Le seul moment où nous pouvons vraiment nous libérer, expliqua Elior, c’est lors d’un sacrifice. Deux jours… c’est dans deux jours. Après… nous n’avons aucune chance. » Il baissa la tête, incapable de soutenir leur regard.
La nouvelle frappa Mathis comme un coup de massue. Deux jours… et ils risquaient tous de perdre la vie. Mais pire encore, une peur glaciale s’empara de lui lorsque Leo murmura, à demi hésitant : « Julien… ils l’ont pris… il sera… ils vont le sacrifier. »
Mathis sentit ses jambes fléchir et tomba presque à genoux. Des sanglots incontrôlables secouèrent sa poitrine. Il allait perdre son meilleur ami, le seul qui avait été à ses côtés depuis toujours, pour que lui, Elior et les autres puissent survivre. L’angoisse, le désespoir, et la culpabilité se mêlaient dans un tourbillon insoutenable.
« On doit… on doit faire quelque chose ! » gémit-il, les larmes coulant librement. « Elior, cherche ton téléphone, vite ! Il faut envoyer les coordonnées à mes parents, ils doivent savoir où il est ! »
Elior hocha la tête, malgré ses mains encore liées. Ses doigts tremblants parcoururent chaque recoin de la pièce, fouillant les tiroirs et les meubles, jusqu’à tomber sur l’appareil. Il le tendit à Mathis, qui s’empara de l’objet avec une urgence presque désespérée. Le cœur battant à tout rompre, il entra rapidement les coordonnées géographiques, vérifiant chaque détail avant d’envoyer un message d’urgence à ses parents.
« Ils doivent venir… ils doivent… » balbutia Mathis, incapable de prononcer un mot de plus, sentant la peur et la tension monter à chaque seconde. Elior posa une main tremblante sur son bras, comme pour le rassurer, mais les blessures et l’angoisse qui transparaissaient dans son regard le rappelèrent brutalement à la réalité : le temps pressait, et chaque minute comptait.
Lina et Tharah, bien que tout aussi terrifiées, observaient en silence, prêtes à intervenir si nécessaire. Mathis sentit une vague de gratitude pour elles, mais elle fut rapidement éclipsée par la terreur de la situation. Tout dépendait maintenant de la réactivité de ses parents, de leur capacité à arriver à temps avant que la secte ne mette à exécution le sacrifice de Julien.
Leo, qui jusque-là était resté silencieux, murmura enfin : « On n’a pas beaucoup de temps. Même si vos parents viennent, la maison est piégée. » Ses mots firent frissonner Mathis de la tête aux pieds. Chaque seconde était un risque, chaque mouvement pouvait déclencher une violence irréversible.
Elior, les larmes aux yeux, fixa Mathis et murmura : « Je… je ferai tout pour protéger Julien. Mais il faudra être discret, Mathis… si la secte s’aperçoit qu’on bouge… »
Mathis, serrant son téléphone comme une bouée de sauvetage, hocha la tête, malgré l’angoisse qui lui tordait l’estomac. Il savait que tout devait être minutieusement planifié. Chaque geste imprudent pouvait coûter la vie de son ami, ou la leur.
Alors qu’ils s’apprêtaient à quitter la pièce pour se cacher davantage et préparer leur fuite, Mathis jeta un dernier regard à Elior et Leo. Il voyait dans leurs yeux le mélange de peur, de fatigue et de résignation. Mais il vit aussi une étincelle : l’espoir qu’ils puissent s’en sortir. Cet espoir, fragile mais précieux, serait leur moteur pour les prochaines heures.
La scène était étouffante, angoissante, et chaque mouvement devait être calculé. Mathis savait que la tension ne ferait qu’augmenter dans les prochaines heures, mais il était prêt à tout pour protéger Julien et ses amis, quitte à mettre sa propre vie en danger. La survie de ses proches et d’Elior dépendait désormais de chaque décision qu’il prendrait, et il n’avait pas droit à l’erreur.
L’attente fut interminable. Mathis serrait son téléphone contre lui, le cœur battant à tout rompre, écoutant les bruits de la maison comme si chaque craquement annonçait la fin. Elior et Leo étaient toujours à ses côtés, silencieux, les mains liées, les yeux fixés sur le moindre mouvement du couloir ou de la porte. Lina et Tharah, immobiles derrière lui, essayaient de contenir leur peur, mais Mathis sentait l’angoisse qui montait comme un feu qu’on ne pouvait éteindre.
Puis, un bruit sourd se fit entendre à l’extérieur, suivi de voix fermes mais rapides. Les parents de Mathis. Il les avait appelés en urgence grâce aux coordonnées envoyées par Elior. Chaque pas qu’il entendait résonnait dans sa poitrine comme un coup de canon. Son père entrait le premier, suivi de sa mère, visiblement en alerte, leurs regards balayant chaque pièce comme pour mesurer le danger.
« Mathis ! » s’écria sa mère, reconnaissant son fils et s’arrêtant un instant pour le serrer contre elle. Le soulagement de le voir vivant fut visible dans son regard, mais elle ne perdait pas une seconde. « Où sont-ils ? Où sont Elior et Leo ? »
Mathis, encore tremblant, désigna la pièce où ils étaient attachés. « Là… vite… avant que… » Sa voix se perdit dans un sanglot. Sa mère hocha la tête et sortit son téléphone pour appeler la police et coordonner une intervention. Son père, armé de détermination, se précipita à l’intérieur pour sécuriser la zone.
À peine avaient-ils franchi le seuil que Mathis entendit un bruit de pas précipités derrière lui. Les membres de la secte avaient senti la menace. Un frisson glacial parcourut son échine. Il comprit immédiatement que chaque seconde comptait, et qu’ils devaient agir vite.
La police arriva quelques minutes plus tard, mais chaque instant semblait s’étirer en une éternité. Mathis, la gorge nouée, sentit son cœur se serrer à chaque ombre qui bougeait dans la maison. Les officiers ordonnèrent à tout le monde de rester en retrait tandis qu’ils sécurisaient chaque pièce, vérifiant chaque recoin.
Mathis et ses parents purent enfin atteindre Elior et Leo. Les voir attachés, blessés et terrifiés, fit naître une rage sourde en lui. Elior, les yeux fixés sur Mathis, murmura d’une voix tremblante : « Ils… ils savent que vous êtes là… »
Mathis posa sa main sur l’épaule d’Elior, sentant les tremblements sous ses doigts. « Ça va aller… je te promets… tu es en sécurité maintenant. » Elior hocha la tête, mais les spasmes de peur et de fatigue ne le quittèrent pas.
Alors que la police commençait à fouiller plus en profondeur, des bruits dans une autre pièce attirèrent leur attention. Une jeune femme et un jeune homme, visiblement membres de la secte, tentaient de se cacher. Les officiers intervinrent rapidement, neutralisant les deux individus avant qu’ils ne puissent s’échapper. Mathis sentit un poids se lever légèrement de sa poitrine, mais il savait que la menace n’était pas entièrement écartée.
Les policiers commencèrent à poser des questions, et Mathis, bien qu’angoissé, raconta tout ce qu’il avait vu : les rituels, les sacrifices, les menaces, la lettre, et surtout l’état dans lequel ils avaient trouvé Elior et Leo. Ses mots étaient rapides, entrecoupés de sanglots et de tremblements, mais il sentait que c’était la seule façon de protéger ses amis et de mettre fin à l’horreur.
Elior, bien qu’épuisé, observa la scène en silence. Il n’avait pas besoin de parler pour que Mathis comprenne l’ampleur de la situation. Leo, quant à lui, hocha légèrement la tête, comme pour confirmer chaque détail.
Les parents de Mathis, furieux mais concentrés, aidèrent les policiers à sécuriser la maison. Sa mère murmura à son fils : « On va les sortir de là… tout ira bien… » Mathis, bien qu’essoufflé et tremblant, sentit une vague de soulagement le traverser. C’était la première fois depuis des jours qu’il se permit un instant de respiration.
Mais l’angoisse restait palpable. Les policiers leur annoncèrent qu’ils allaient devoir enquêter sur la secte, déterminer son étendue, et surtout protéger tous ceux qui pouvaient encore être en danger. Mathis comprit que ce n’était que le début d’une longue bataille.
Alors que la nuit tombait et que la maison était enfin sécurisée, Mathis resta près d’Elior et Leo, tenant leurs mains, les rassurant du mieux qu’il pouvait. Les blessures et les traumatismes étaient visibles, mais au moins, ils étaient vivants. Pour l’instant.
Et dans un coin de son esprit, Mathis savait que chaque décision qu’ils prendraient dans les jours suivants serait cruciale pour assurer la survie de Julien et des autres. La peur, l’angoisse et la tension psychologique resteraient avec eux, mais au moins, ils avaient franchi une étape majeure. Pour la première fois depuis longtemps, il sentit que l’espoir pouvait renaître, fragile mais réel.

Annotations
Versions