Description 1 : le village de Maroantsetra

Le cyclone a tout inondé. Il n’y a plus de route pour atteindre la ville, uniquement de l’eau à perte de vue. Je suis arrivée avec le petit avion du BNGRC, le bureau national de gestion des risques et catastrophes, avec toute la clique des ONG spécialisées dans les catastrophe. Depuis le ciel, on ne voyait que les toits des maisons en dur, toutes les cases en bois étaient invisibles. À Maroantsetra, on pouvait encore marcher, l’eau atteignait nos cuisses et nos hanches, mais les villages alentours étaient submergés. Les piroguiers navigaient entre les toits en falafa et les arbres déracinés. "Il faut faire attention aux crocodiles !" m'a averti le colonel du BNGRC avant de prendre la pirogue. Je ne sais toujours pas s'il blaguait ou non.

Description 2 : la prison de Tsiafahy

Le surveillant a fermé la porte dans un bruit de métal fracassant. 900 détenus sont incarcérés ici, dans la prison de haute sécurité de Tsiafahy, pour une capacité de 350 “places”. Ils s’entassent dans seulement deux dortoirs qui ressemblent aux images des camps de concentration que je voyais dans mes livres d'histoire. L’odeur, lorsque je me suis approchée de l’unique toilette du dortoir numéro 1 était insoutenable, mais ici, tout le monde se battait pour vider la fosse, car c’était, avec la préparation du repas, la seule corvée qui permettait de sortir de l’enceinte de la prison et de voir le ciel.