Le rapport de Clarisa Petipois

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Samedi matin, Agatha reçut le coup de téléphone promis par Jacky. Sa Grand-mamy venait d’accepter qu’elles puissent se réunir toutes les quatre au manoir. Il faudrait juste que la petite sorcière apporte son sac de couchage car il était prévu qu’elles dorment sous tente.

 Agatha était en train de préparer ses affaires pour la soirée quand on frappa à la porte. Sa maman étant occupée avec une potion, elle alla ouvrir la porte pour y découvrir Romulus. À la vue du loup-garou, Miss Marple s’enfuit en direction de la cuisine. C’est sûrement ce qui alarma Clarisa car, avant que sa fille puisse l’inviter à entrer, on l’entendit leur crier.

 — Si c’est Romulus, tu peux lui donner l’enveloppe sur la table, Agatha !

 — Oui maman, c’est lui, je m’en occupe !

 Elle fit signe à son camarade de la suivre et attrapa ce pour quoi il était venu : le rapport toxicologique effectué par Clarisa. Grâce à ses compétences en matière de poisons et de médicaments, la pharmasorcière avait été en mesure de découvrir ce qui avait provoqué la mort de Victor Minka. Comme le commissaire le lui avait demandé, elle avait tout mis par écrit.

 Cependant, il était hors de question qu’Agatha le lise. Sa maman avait été très claire là-dessus. Ce n’était plus la disparition d’une poupée ou d’un animal de compagnie. Il s’agissait d’un meurtre, cette fois-ci ! Rien dont une petite fille ne devrait pouvoir se mêler.

 Oh, bien sûr, Agatha avait tenté de l’amadouer toute la soirée. Mais rien à faire, Clarisa était restée sur ses positions, ajoutant que Mr Scotyard était du même avis qu’elle. Pour être sûre qu’elle résiste à la tentation, elle avait même glissé son rapport dans une enveloppe en papier kraft qu’elle avait refermée avec un gros morceau de scotch. Impossible de l’ouvrir sans tout déchirer. Aussi sa fille avait-elle abandonné la partie.

 Du moins, c’est ce que Clarisa croyait.

 — On va dans ma chambre deux minute !

 — Pas de bêtise, Agatha, je le saurai !

 — On va parler de nos livres, maman !

 Et elle entraina Romulus à sa suite dans les escaliers. Une fois dans la chambre, elle ferma la porte à clé, afin d’être sûre de ne pas être dérangée.

 — Tu sais, j’ai pas encore fini de lire, grommela le jeune loup-garou d’un air coupable.

 — T’inquiète, je m’en doute, mais tu peux quand même me dire où tu en es pour le moment.

 Romulus acquiesça et résuma ce que Théodore Pumpqueen avait déjà raconté quelques jours plus tôt. Au début, il ne fit guère attention à sa camarade, qui s’était assise à son bureau. Mais il faillit s’étrangler quand il remarqua qu’elle venait d’ouvrir l’enveloppe destinée à son papa avec des ciseaux. D’un coup, il sentit la panique l’envahir. Il se leva précipitamment.

 — Mais t’es folle ! chuchota-t-il plus fort qu’il ne l’aurait souhaité. Il y a pas moins discret !

 — Ouabaïne

 — Heu… À tes souhaits ?

 — Mais non, c’est le nom du poison qui a tué Victor Minka ! De ce que ma maman a écrit, c’est issu d’un arbuste, on s’en sert pour traiter l’insuffisance cardiaque.

 — La quoi ?

 — Les problèmes de cœur, enfin, je crois. C’est dit qu’il suffit de petites doses pour rendre ça mortel. Mmmh, je ferai des recherches sur la Toile plus tard…

 Elle prit un post-it et nota quelques mots dessus sous le regard toujours sidéré de Romulus. Ce dernier recula et se laissa tomber sur le lit. Il était de plus en plus blafard à l’idée d’imaginer la réaction de son père quand il lui apporterait l’enveloppe découpée…

 — Cela va peut-être nous aider à y voir plus clair dans cette affaire ! clama Agatha avec enthousiasme.

 — C’est super de l’apprendre, oui, répondit Romulus avec un rire nerveux. Mais ça ne nous apportera pas grand-chose si les adultes nous tuent en retour !

 — Pourquoi devraient-ils nous tuer ?

 — Parce que tu as lu un document top secret !

 — Et comment pourraient-ils le savoir ?

 — En regardant l’env…

 Romulus s’interrompit et écarquilla grand ses yeux. La petite sorcière venait de sortir d’un tiroir une enveloppe en papier kraft, exactement la même que celle qu’elle venait d’ouvrir aux ciseaux. Sans plus attendre, elle glissa le rapport de sa maman à l’intérieur. Une fois fait, elle arracha un gros morceau de skotch et la scella. Elle tendit ensuite le tout à son ami, médusé. S’il n’avait pas été témoin de ce qui venait d’arriver, jamais Romulus n’aurait deviné.

 — Je peux compter sur toi pour garder le secret, je suppose ?

 — Motus et bouche cousue !

 — Dis, avant que tu partes, est-ce que je peux te demander de surveiller quelque chose pour moi ?

 — Je peux essayer, mais je ne te promets rien, répondit Romulus avec méfiance.

 — En fait, j’ai cru comprendre que ton papa suspectait que le Comte Carotide soit mêlé au crime.

 Romulus déglutit. Son père aurait donner cher pour faire tomber Lestat Carotide, c’était connu. Mais le vampire était un adversaire tenace. Un jour, Agatha les avait entrainés, lui et Lisa, dans la demeure du Comte, sous prétexte d’interroger le fils de ce dernier. Y repenser lui donnait encore des sueurs froides.

 — Je te demande juste d’ouvrir l’oreille, le rassura Agatha en voyant sa réaction. Déjà pour confirmer que c’est bien de lui qu’il s’agit, et puis, qui sait, s’il se vante de l’avoir coincé sur quelque chose à la maison…

 — Je vais essayer… Mais Agatha, tu te souviens, jeudi, en sortant de la bibliothèque, justement ? Il était là.

 — Oui, je m’en souviens. On ne le voit quasiment jamais, mais le jour où il y a un crime à deux pas, il vient rechercher son fils. Mais ton papa ne le sait pas, il a donc eu des soupçons par rapport à autre chose. C’est ça que j’aimerais savoir.

 — Bon, faut que je file, soupira Romulus en attrapant la nouvelle enveloppe. On se revoit lundi, je suppose. Tout ira bien ?

 — Bien sûr ! L’opération Lune de sang va pouvoir démarrer !

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