Clarisa Petipois est étourdie

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 En rentrant à la maison, mère et fille firent une halte au Grand Cric qui croque, l’épicerie. L’homme-calamar empaqueta dans un sachet toutes leurs courses : Du chocolat, des galettes, un paquet de sucre, de la farine, du dentifrice et deux gros pots de glace. Ce jour-là, Clarisa avait prévu de se contenter d’une Dame blanche comme souper, ce qu’Agatha ne pouvait qu’approuver.

 Une fois à leur domicile, elles se séparèrent pour vaquer à leurs occupations habituelles. Clarisa s’installa à son chaudron tandis qu’Agatha s’exilait dans sa chambre. Là-bas, elle attrapa son livre. Elle devait encore terminer son devoir pour le lendemain. Il lui restait une dernière nouvelle à lire, qu’elle avait mise sur le côté jusqu’ici. Et pour cause, celle-ci mettait en action le dentiste de son détective préféré, ce qui avait le don de la faire frissonner.

 Une fois lancée, et assurée que le dentiste ne jouait qu’un rôle minime dans l’histoire, elle s’abandonna à sa lecture. Comme les précédentes, elle dévora la nouvelle de la Reine du crime. Elle commençait tout juste à rédiger la fin de son devoir quand sa maman l’appela pour manger. En descendant les escaliers, une agréable odeur sucrée la laissa à la fois surprise et ravie. Sa maman préparait du pain perdu !

 — Tu n’avais plus envie de glace ? demanda-t-elle en prenant place à table, couverts en main.

 — Tu vas rire. On est rentrées et j’ai oublié de mettre les pots dans le congélateur…

 Effectivement, sa fille s’esclaffa. Quelle étourderie ! Mais si cela signifiait plus de son plat préféré, alors c’était une gaffe qui avait du bon, se dit Agatha. D’un geste de baguette magique, elle fit s’envoler le sucrier au-dessus de son assiette. Quand il y eut suffisamment de grain à son goût, elle attaqua son repas avec grand plaisir.

 Le ventre bien rempli, Agatha poussa un soupir de satisfaction. Elle se sentait d’attaque pour terminer son devoir puis pour se pencher sur son enquête une dernière fois avant d’aller au lit. Armées de leur baguette, débarrasser la table fut un jeu d’enfant, littéralement car mère et fille se livraient bataille pour emporter le plus de vaisselle d’un coup. Une fois le lave-vaisselle magique enclenché, elles retournèrent chacune de leur côté.

 Agatha terminait sa rédaction. Comme elle avait choisi un recueil de nouvelles, elle avait en quelque sorte multiplié le travail qu’elle devait rendre. Faire un résumé, la belle affaire quand il y a plusieurs histoires ! Elle ne s’en était pas rendue compte tout de suite. Heureusement, les lectures avaient été particulièrement agréables. Elle pouvait même se targuer d’avoir découvert la clé du mystère à plusieurs reprises.

 Mais alors qu’elle mettait un point final à son résumé de Le mort avait les dents blanches, elle se figea, les yeux aussi grands que des cucurbitacées. Ses petites cellules grises venaient de lui souffler une idée. Était-ce le sucre ou ses récentes lectures qui en étaient la cause ? Peu importe, car elle touchait peut-être là une solution aux mystères entourant les morts de Germaine Pumpqueen et Victor Minka.

 Agatha écarta son devoir d’un geste de bras et attrapa une feuille blanche. Sous le regard curieux d’une poupée vaudou, elle gribouilla des noms, des mobiles, des alibis, puis toute une succession d’évènements. Elle y avait assisté, ou simplement eu vent grâce aux témoignage ou aux récits de ses amis. Le Comte Carotide, le studio de dessin animé, le bar à jeux de société, la croisière maudite, le livre, les photos de jeunesse. Toutes ces choses, elle y avait déjà pensé. Elle avait eu beau retourner le problème dans tous les sens, elle n’avait pas vu de solution satisfaisante. Jusqu’à maintenant. Ce détail pouvait bien tout changer, et pointer du doigt un unique coupable.

 Mais elle avait besoin d’une dernière confirmation afin de corroborer son hypothèse. Elle s’enfuit de sa chambre et dégringola les escaliers en vitesse. Sa mère, qui était installée dans le fauteuil, détourna le regard de son film en l’entendant débarquer.

 — Oh, du calme, Agatha ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

 — Maman, maman ! Vite, j’ai besoin de l’ordinateur, s’il te plait, s’il te plait, s’il te plait !

 Clarisa fronça les sourcils. Il était rare que sa fille demande un accès à la Toile. Elle préférait largement passer ses soirées dans ses bouquins. Peut-être avait-elle fini par virer folle avec la quantité de sucre ingurgitée aujourd’hui ? N’ayant pas de raison de lui refuser ce privilège, elle se leva et lui alluma l’ordinateur familial. Aussitôt installée devant, Agatha entama une recherche. Curieuse, sa maman surveilla le tout par-dessus son épaule.

 — Ça n’a pas l’air très récent. Qu’est-ce qui t’intéresse là-dedans ? Et pourquoi est-ce que tu va à la fin, comme ça ?

 — Ça doit être ici… Voilà !

 Agatha se leva en sursaut. Excitée comme une puce, elle fit quelques bonds en levant le poing en signe de victoire. Enfin, elle se tourna vers sa maman qui l’observait avec stupéfaction.

 — Ma chérie, tu vas me dire ce qui t’arrive ?

 — Oui maman ! Ne te fâche pas, mais… J’ai découvert qui avait tué Victor Minka et la Grand-Mamy de Jacky ! Et ça, c’est grâce à toi !

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