Chapitre 3 : Izare

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Dès que sa main fut dans celle de l'homme, elle s'empressa de sortir de la cage, aussi rapidement que possible, comme si la cage risquait de se refermer. Et si l'homme n'avait pas été là, elle serait effondrée. Dans son empressement, elle avait oublié les chaînes qui enserraient ses chevilles et ses poignets douloureusement. Elle avait oublié qu'étant immobile depuis plusieurs semaines, elle était tout ankylosée. 

L'homme la maintint debout sans aucun effort, ne semblant pas gêné par la crasse qu'elle avait accumulée ni son odeur surement peu agréable. Il l'aida à faire quelque pas avant de la faire s'asseoir sur un tabouret.

— Doucement petite, il serait dommage que tu te blesses alors que tu viens juste de gagner le droit de sortir de ta cage. Laisse-moi de défaire de tes chaînes et on pourra sortir de ce sordide endroit.

Ilona le regarda sans rien dire. Elle était déstabilisée par la gentillesse de cet homme. Gentillesse qui ne paraissait pas feinte. Quelque part dans son esprit, une voix lointaine essayait de lui crier de se méfier de ce monstre qui l'avait enfermé, la privant de sa liberté, l'exilant à jamais de son peuple. Pourtant, en ce moment, elle ne ressentait que de la gratitude. Elle lui était reconnaissante de pouvoir enfin sortir, oubliant qu'il était à l'origine de cet enfermement. Elle lui était reconnaissante de prendre soin d'elle et de lui enlever ses chaînes, oubliant que c'était lui qui lui avait mis. Et elle était si fragile, qu'elle n'arrivait plus à penser à autre chose.

Quand Thalgarion eut enlevé les chaines qui reliaient ses poignets et son coup, il ne fit qu'agrandir celle qui reliait ses chevilles tout en la laissant en place. Puis, avec toute sa grandeur et dignité, il se redressa. De nouveau, il tendit sa main, comme un noble gentilhomme tend sa main à une noble dame. Elle s'en saisit timidement, ne sachant ce que tout cela signifié. La voix lointaine se fit plus forte à ce deuxième contact, lui disant qu'elle ne devait pas accepter l'aide de cet homme. Mais Ilona était si lasse, si fatiguée de tout ça et surtout, si ankylosée que jamais, elle n'aurait tenu seule debout. 

Avec lenteur, Thalgarion la guida en dehors de la sombre cellule avec une prévenance qui ne convenait pas à son rang. Pourtant, il fut aussi patient qu'un père apprenant à son enfant à marcher. Il l'aida à faire un pas après l'autre sans jamais la brusquer. 

Ilona mit du temps à réussir à se tenir debout sans l'aide de cet homme. Dès qu'elle s'était levée, elle avait été prise de violant vertige et des nuées de point noir avait envahi sa vision. Sans le bras de cet homme, ses jambes douloureuses n'auraient pas réussi à la porter. Ses jambes tremblées plus que des algues dans les courants. Et l'homme l'emmena patiemment dans un couloir plus accueillant que sa cellule. 

Il y avait tant de gentillesse dans ses actes qu'elle ne put qu'en être plus reconnaissante, oubliant totalement le monstre qu'il était en réalité. Alors qu'il l'entrainait loin de cette horrible cage, un sentiment indescriptible de libération lui coupa le souffle. Bien qu’elle soit toujours aux bras de son geôlier, de son tortionnaire, bien qu'elle ait toujours des entraves aux chevilles et que de lourds bracelets enserraient ses poignets et son cou, elle ressentit une joie profonde et sincère quand la lumière réchauffa sa peau ébène pour la première fois depuis de très longues semaines. L'homme eut même la bonté de la laisser faire quand elle s'arrêta devant la première fenêtre qu'ils croisèrent. Son regard perçant fut ébloui un instant puis enfin, elle put voir le ciel qui était d'un bleu pur parsemé de nuage. La petite fenêtre ne donné que sur une petite cour peu entretenue, mais cela lui parut être le plus beau spectacle qu'elle eut jamais vu.

Devant une telle joie, un tel soulagement, elle ignora cette voix qui lui disait qu'elle n'était toujours pas libre. Cette voix qui lui chuchotait que finalement, elle ne serait guère plus libre que quand elle se trouvait dans sa cage ne parvint pas à faire taire cet émerveillement. 

Patiemment, sans aucune remarque malvenue, sans parole pressante, l'homme l'entraina à travers les dédales des couloirs. Il lui laissait reprendre son souffle et ses forces dès qu'elle en manquait. Les longues semaines d'enfermement avaient laissé des séquelles. Elle qui n'avait jamais était la plus endurante, parvenait même plus à monter un escalier sans cracher ses poumons et sans que tous les muscles de son corps soit en feu. Plus elle avançait, plus ses chaînes lui paraissait lourde.

Pour la distraire de ses souffrances, l'homme lui partagea des histoires sur les lieux qu'ils traversaient, sur les œuvres d'art qu'ils croisèrent. Il lui faisait régulièrement faire des pauses pour lui montrer un tableau, une porcelaine, une tapisserie. Les excuses étaient nombreuses pour permettre à la jeune fille de récupérer. Tant de gentillesse fit presque pleurer la jeune fille. Elle avait envie de se reposer sur cet homme qui avait la finesse de l'aider sans l'accabler. 

Finalement, après une longue et fatigante marche, Thalgarion fit rentrer Ilona dans son bureau. C'était une immense pièce dont deux murs étaient entièrement remplis de livre. Tout au fond, se tenait un bureau, juste sous la fenêtre dont la surface disparaissait sous les tas de paperasse. À ses côtés, une plus petite table destinée à l'assistant de Thalgarion débordé d'autant de parchemin. Au centre de la pièce, une table accueillait un immense plan de la ville annoté de beaucoup de symbole, couvert de sorte de figurine et bien d'autres bazars. Et à l'entrée de la pièce, un petit coin salon qui servait à accueillir des invités. 

Mais ce qui avait attiré les yeux de la fille de la mer, ce n'était rien de tout ça. Ce n'était pas non la grande tapisserie magnifiquement ouvragée et venant sans nul doute de l'atelier le plus célèbre du pays des chevaucheurs. C'était une tapisserie qui m'était sans nul doute en scène la vie de l'élu Astrius. Ce n'était pas non plus les nombreuses décorations pieuses qui encombraient les étagères. Non, ce qui ravit le regard de la jeune fille, c'est la splendide vue que donnait l'immense fenêtre. Une vue plongeante sur toute la ville avec l'église en premier plan. De la fenêtre, l'on pouvait voir jusqu'à l'océan dans lequel bateau de marchandise et bateau de plaisance rentraient et sortaient du port, profitant de la clémence du temps. Jamais dans ses souvenirs l'eau ne lui avait paru si belle, si enivrante. 

— Prend place, l'invita-t-il d'une voix autoritaire.

Ilona sursauta et se tourna vers lui. L'homme s'était déjà installé derrière son bureau. Il n'avait plus rien du sympathique homme qui l'avait conduit jusqu'ici usant de parole et de gentillesse. Maintenant, il était ce puissant zhikerhote qui avait sa vie entre ses mains. Un homme avec autant de prestance que de pouvoir. Il lui montrait trois chaises installées devant sa table de travail. Ilona ne sachant sur laquelle s'asseoir, redressa la tête pour observer de nouveau l'homme. Il se contenta de lui sourire sans se départir de sa prestance. 

Ilona comprit qu'il était en train de la tester et la peur la saisie. Une terreur qui lui mordit le ventre et coupa le souffle. Si elle échouait, il la renverrait surement dans la cage… La solitude, le froid, l'inconfort, tout lui revint violemment. Mais elle réussit, malgré sa fragilité, à garder contenance. Si elle ne voulait pas le décevoir, elle ne devait pas montrer sa détresse. Elle se concentra sur la situation.

En face d'elle se trouvait donc trois chaises. La première était un très joli fauteuil finement ouvragé. Sans aucun doute, il ne lui était pas destiné. Le suivant était bien plus quelconque, sans dorure ou gravure, mais cependant parfaitement convenable. Qu'en au dernier, Ce n'était même pas une chaise, mais un tabouret à trois pieds tel qu'on en voyait dans les étables, sale et branlant.

Son premier réflexe fut de se diriger vers le tabouret. Elle était après tout qu'une simple prisonnière et elle connaissait les croyances des zhikerhote à propos de son peuple. Mais elle changea d'avis et s'assit plus sur la chaise. Après tout, n'était-ce pas lui qui avait dit qu'elle était trop précieuse pour devenir une simple esclave ?

C'est toutefois avec la crainte dans le regard qu'elle releva les yeux pour vérifier si elle avait réussi le test. L'homme l'observait avec fierté. Même si elle ressentait encore beaucoup de reconnaissance, la peur de retourner dans la cage l'avait suffisamment bousculée pour qu'elle sorte de sa torpeur. C'était encore faible, mais un léger agacement monta en elle, protestant que cet homme n'avait aucune raison d'être fier. Mais elle ne dit rien, la peur de la cage était toujours présente. 

— Je suis heureux de pouvoir avoir une nouvelle discutions avec toi, finit-il par déclarer après l'avoir longuement observée.

Ilona aurait voulu protester, dire qu'elle ne prenait aucun plaisir à être en sa compagnie, qu'après tout, s'il voulait lui parler, il n'aurait pas dû l'enfermer. Mais cela aurait un mensonge. Malheureusement, le plaisir était réciproque. Son isolement lui avait tant coûté, elle avait tant souffert de sa solitude qu'elle aurait été contente d'échanger avec n'importe qui. Elle aurait trouvé une conversation avec un bébé babillant instructive. Elle aurait trouvé une discussion avec un vieillard sénile agréable. Elle était sincèrement heureuse d'échanger avec l'homme à l'origine de sa souffrance et ses malheurs. Et ce, même si elle était maintenant suffisamment conscience pour se rendre compte de la dangerosité de cet échange.

Ne sachant que répondre, elle se contenta de le regarder et il ne tarda pas à reprendre :

— Tu as eu beaucoup de temps pour réfléchir. Dis-moi donc, qui penses-tu que je suis ? 

Elle s'était effectivement longuement interrogée sur cette question.

— Pas un marchant, répondit-elle aussitôt.

C'était l'évidence à laquelle elle était arrivée. Puis, elle se rendit compte du ton brusque qu'elle avait utilisé. Ses grands yeux verts s'agrandir sous la peur ; lui répondre ainsi suffirait-il à la condamnée à la cage ?

— Ne t'en fais pas, déclara l'homme, se départissent de son air supérieur un instant pour reprendre un sourire rassurant. Ce que tu dis ici, en ma seule présence et tant que ce n'est pas insultant, en peut te renvoyer en cellule. En ce moment, je cherche à mieux de connaître. Et il est dans ton intérêt de briller à mes yeux, car de mon jugement dépend ton avenir. Et surtout, je veux que peu importe les circonstances, tu sois toujours honnête.

La capacité de cet homme à comprendre si rapidement ses peurs qu'elle cherchait pourtant à dissimuler inquiéta Ilona, mais elle se força à répondre :

— Je ne pense donc pas que vous soyez un marchant comme vous vous êtes présenté. J'ai bien un instant imaginé que vous soyez un marchant d'esclave. Si vous l'aviez été, vous auriez eu un lieu pour m'enfermer dédié. Or, j'ai la conviction que cette cellule et cette cage ont été préparés spécialement pour moi. Quand j'y suis arrivée, cet endroit était inutilement propre et neuf pour une prisonnière. Aucune mauvaise odeur, pas de bestiole, rien qui indique que cette pièce a déjà accueilli quelqu'un d'autre avant moi.

La voix de la jeune fille était de plus en plus nouée alors qu'elle déroulait ses observations. Il y avait quelque chose de douloureux de dire à voix haute ses constatations. Elles devenaient ainsi plus réelles. Mais l'homme demeura imperturbable :

— Tu me dis ce que je ne suis pas, tandis que je te demande ce que je suis.

Ilona frissonna. Elle n'était pas parvenue à trouver une ne serait-ce qu'une seule idée. Thalgarion était puissant et influant, mais à sa connaissance aucun noble zhikerhote, peu importe son rang, se serait déshonoré en se rendant dans les bas quartiers pour récupérer de lui-même une fille de la mer.

Elle essaya de réfléchir de nouveau à la question. Son regard se porta dehors sur l'immense bâtiment religieux, elle plissa les yeux. Puis, son regard papillonna entre les livres religieux savamment mis en avant, le chapelet en bois rare, ivoire et or qui trainait négligemment sur le bureau, les nombreuses représentations religieuses qui parsemaient la pièce. Une idée germa dans son esprit, une idée incongrue et impossible. Presque plus ridicule que l'idée qu'il soit un noble. Pourtant, elle perdait plus à se taire qu'à parler.

— Je crois que vous êtes un élu.

Voilà, c'était dit. Aussi improbable que soit son idée, elle était lancée. L'homme éclat d'un rire spontané et sincère :

— Je dois avouer que tu m'impressionnes. Je ne m'attendais pas que tu trouves toi-même la vérité. Tu viens de me prouver une nouvelle fois que tu es précieuse. 

Un soulagement envahit Ilona. Elle ne s'était pas trompée.

— Mais dis-moi plutôt ce que tu sais sur les élus ?

— Vos croyances disent que ce monde a été par un dieu unique, le grand créateur qui, une fois son œuvre accompli, s'est retiré, laissant le monde qu'il venait de créer à sa création préférée, les humains. Cependant, pour s'assurer que son monde ne sombre pas, pour aider les humains dans leurs tâches, il confia à de rares humains la tâche de guider les autres. Pour cela, ce dieu confia à ces humains exceptionnels des pouvoirs supérieurs, la magie. Seuls ces élus peuvent se servir de la magie. Voilà ce que représentent les élus pour votre peuple. 

— Bien que tu m'aies déjà expliqué que tu avais une grande curiosité pour le monde terrestre, je suis toujours aussi étonné de voir ton savoir, remarqua l'homme enthousiaste. Tu parles parfaitement le commun, tu te débrouilles avec le zhikerhote impériale et tu as d'excellente connaissance sur le grand empire de Zhikerhoz. 

— J'ai suivi tous les cours qui aurait pu me permettre de descendre sur le monde terrestre, précisa Ilona dans un murmure.

Le sourire de l'homme s'agrandit encore. Ilona avait la désagréable sensation d'être pour lui un objet qu'il avait chiné sur un marché et qu'il découvrait petit à petit que sa valeur était bien plus grande qu'il ne l'avait espéré.

— C'est pour cela que tu es encore plus précieuse, déclara-t-il comme lui donner confirmation.

Soudainement, sans prévenir, son sourire devint glacial, l'atmosphère du bureau se fit pesante, provoquant la peur latente de la jeune fille.

— Cependant, grogna-t-il menaçant, je ne souhaite plus entendre de ta bouche que notre religion ne serait qu'une croyance. À partir de maintenant, tu la prendras pour ce qu'elle est. La seule véritable vérité qui soit.

Ilona frissonna devant l'autorité naturelle de cet homme. Elle avait pourtant cru prendre les pincettes suffisantes et n'avoir porté aucun jugement de valeur. Mais visiblement, cela n'avait pas été suffisant, ce qu'il voulait, c'est qu'elle adhère à ces croyances. Mais comment pouvait-il s'imaginer qu'elle accepte une religion qui affirme que la quasi-totalité de son peuple sont des monstres œuvrant pour la perte du monde ? En effet, contrairement à beaucoup de peuple terrestre, la grande majorité du peuple de la mer était doué de magie. Et cela était la preuve pour la religion de l'unique qu'ils étaient tous des suppôts d'Attessus, un élu qui avait trahi leur dieu pour répandre la magie en dehors des élus de dieu, cela provoquant la déchéance de ce monde.

Alors même qu'Ilona ne pouvait comprendre en quoi être doué de magie fasse de nous un élu, il voulait qu'elle croie que sa propre magie serait maléfique et la condamnerait à l'enfer éternel. Pour les zhikerhotes, elle était un suppôt d'Attessus et cela justifiait de la déshumaniser, de faire d'elle une moins que rien serviable à merci ou un monstre que l'on avait tous les droits de tuer.

Pour la première fois depuis qu'elle avait mis les pieds en dehors de la cage, son envie de se rebeller était plus forte que sa peur de l'enfermement ou de la gratitude qu'elle ressentait pour lui de l'avoir libérée. Une sourde envie de protester, de se rebeller monta en elle. Elle se força toutefois à baisser la tête, car la puissance et l'autorité qu'il avait mis dans ses paroles étaient suffisamment fortes pour qu'elle n'oublie pas qu'ils étaient celui qui détenait sa vie dans les creux de ses mains.

La peur de la cage restait suffisamment forte pour qu'elle ait peur que la rébellion qui pouvait se lire dans son regard suffise à la renvoyer dans la pénombre et la solitude. Elle serra les poings, garda son regard bien bas, dissimulant de son mieux son envie de répliquer.

L'élu soupira :

— Je sais qu'il est encore trop tôt pour que tes pensées soient épurées de toutes idées hérétiques. Cependant, je te conseille de te contrôler au mieux. En plus de les garder hors de ta bouche, il va falloir que tu contrôles également ce que je peux lire en ce moment sur ton visage. Ce sont, en effet, le genre de chose qui pourrait t'amener à te retrouver de nouveau en cellule. Ce qui, nous en conviendrons tous deux, serait fort regrettable. Mais tu dois comprendre que je suis l'élu Thalgarion et en ce titre, je me dois de punir chaque parole ou acte impie.

Il fit une pause pour observer la jeune fille de l'eau. Il s'assura qu'elle a bien accepté ses paroles avant de poursuivre, prenant un air un peu plus sympathique :

— Finissons mes présentations. Je pense qu'il est peut-être utile de te préciser que je suis par ailleurs le seigneur de ces terres.

Ilona ne fut guère surprise par cette annonce, mais garda la tête baissée de crainte qu'il puisse encore lire de la défiance dans son regard. Elle n'avait pas l'intention de lui donner une raison de la renvoyer dans la cage.

— Je suis vraiment très heureux d'avoir pris la décision de venir à ton contact ce jour-là plutôt que laisser la garde se charger de toi comme cela aurait dû. Tu es aussi intelligente et forte, tu me seras d'une grande utilité une fois que tu auras reçu l'éducation nécessaire. Ce qui nous ramène à la dernière question que je voudrais te poser. À ton avis, qu'est-ce que j'attends de toi ?

La jeune fille de la mer garda son regard baissé et serra à s'en faire mal les poings. Elle s'était retournée la tête à la tête avec cette interrogation. Cette question avait grandement participé à sa folie. L'entendre l'évoquer avec tant de facilité la replongeait dans ses cauchemars. Toutefois, il fallait qu'elle se contienne, qu'elle ne montre pas sa faiblesse. Elle avait bien compris que cet homme s'intéressait à elle, car il la pensait forte. Alors, il lui fallait répondre. Elle se sentait également coupable de ressentir également le besoin de lui plaire et de le rendre fier. Elle se détestait pour ça.

Elle prit une bouffée d'air, redressa sa tête sans croiser son regard et répondit :

— Vous avez dit ne pas vouloir faire de moi une esclave et je vous crois. Pourtant, je sais par ailleurs que pour vous, en tant que zhikerhote et en tant qu'élu, vous ne pouvez pas non plus faire de moi une femme libre. Je sais ce que vous pensez de nous. J'ai eu pour première pensée que vous allez vous servir de moi pour comprendre d'où vient le pouvoir des choristes. Que vous vouliez m'étudier...

Ilona essaya de deviner la réaction de l'homme, mais il resta impassible, jusqu'à ce qu'il prenne un regard moqueur :

— Intéressante hypothèse, j'ai hâte d'entendre les autres !

La jeune fille n'en avait eu qu'une autre qui soit à peu près rationnelle, mais elle était quelque peu gênée de la révéler. Elle baissa légèrement le regard et rougit :

— J'ai remarqué que vous portez sur moi un certain intérêt. J'ai donc supposé que vous…

Thalgarion sourit devant son hésitation, amusé :

— Tu as supposé que je ?

— Que vous allez vouloir de moi, d'être une de vos servantes personnelles, répondit-elle à toute vitesse

— Qu'entends-tu par « servante personnelle » ? Demanda-t-il, son sourire moqueur s'agrandissant.

Mais Ilona ne sut répondre. Elle n'était même pas sûre de bien comprendre ce que c'était une servante. Elle avait bien croisé ce terme à plusieurs reprises lors de ses études et ses lectures, mais la notion ne l'intéressant pas vraiment, elle ne l'avait pas approfondi. Elle savait tout juste qu'un serviteur ou servante était au service d'une autre personne. Mais comme dans sa culture, personne n'avait besoin d'être servi, elle ne comprenait pas leur utilité.

L'élu s'amusait grandement de ses réactions et l'observait de cet air moqueur qui collait bien mal à sa grandeur. Au moins, cela avait l'avantage de faire disparaitre la reconnaissance qu'elle ressentait encore pour lui sous l'agacement qu'il puisse se rire ainsi d'elle. Toutefois, plus son agacement grandissait, plus sa peur suivait. Peur que cet homme remarque son changement d'humeur et décide que c'était un grand manque de respect vis-à-vis de son Excellence.

Alors, elle garda le silence, laissant l'homme rire de son inconfort dû à son manque de connaissance. Pourtant, dès qu'il remarqua que sa réaction faisait que sa captive se renfermait, il cessa de rire et repris un air sérieux :

— Encore une fois, tu me surprends. Tu as des connaissances poussées sur certaine chose et une ignorance naïve sur d'autre. Tu sembles ignorer ce qu'est une servante, pourtant ta déduction est presque juste. Je ne veux pas faire de toi une servante personnelle, enfin pas dans le sens dans lequel le comprendrait la plupart des gens. Par contre, je veux faire de toi mon izare.

Ilona fronça les sourcils. Ce n'était pas un terme qu'elle connaissait. Elle n'était même pas sûre que ce soit un mot qui existe en commun. L'accent plutôt lissé de l'homme c'était fait plus présent sur ce mot étrange. « isare » ? C'était peut-être un terme qui n'existe qu'en zhikerhote. Son zhikerhote était moins parfait que son commun.

— Ne sois pas aussi inquiète, la rassura-t-il. Même pour les zhikerhotes c'est un terme qui peut être obscure. Peu savent ce qu'izar signifie réellement.

Ses propos ne la rassurèrent en rien. Si c'était si obscur, cela ne pouvait être de bon augure.

— Mais du coup, qu'est-ce qu'un izar ? Demanda-t-elle, tâchant de dissimuler son inquiétude.

— L'on peut dire que les izars sont, en effet, les serviteurs personnels des élus. Soyons plus honnête. Les izars sont plus proches d'esclave personnel d'un élu. Les izars, comme les esclaves, appartiennent à leur maître. Ils leur doivent une totale obéissance et ne peuvent choisir de partir de leur plein gré. Toutefois, le statut d'izar est bien plus élevé que celui de serviteur. Un izar est au-dessus de n'importe quel serviteur, mais également de tout roturier, paysan comme bourgeois. L'on peut même considérer qu'ils ne doivent rien non plus à la plupart des nobles. Ils ne reçoivent des ordres que de leur maître qui, en échange de leurs loyautés, leur octroie de nombreux avantages.

— Mais pourquoi faire de moi votre izare ? Interrogea Ilona cachant de son mieux sont d'être asservie de la sorte.

Jamais cette jeune fille éprise de liberté accepterait de la troquer contre du confort et du pouvoir.

— Seuls les suppôt d'Attessus peuvent devenir izar. Avant de continuer, dis-moi, connais-tu la différence entre les suppôts d'Attesus, les suppôts de sirène et les sirèniste ?

À l'entente de tous ses noms injurieux, Ilona ne put s'empêcher de lui lancer un regard outré qui lui fit perdre immédiatement son sourire :

— Petite, aboya l'homme d'une voix basse et menaçante. Tu me dois le respect. Ce genre de regard ne serait être toléré longtemps.

Devant la menace bien présente dans la voix de son tortionnaire sans qu'il ne se soit donné la peine d'élever sa voix, le sang d'Ilona se glaça. Elle baissa aussitôt la tête, ne pouvant s'empêcher de trembler de tout son corps. Durant un cours instant, elle fut de retour dans la pénombre silencieuse et mouvante de la cage. Elle dût user de toute sa force pour ne pas fondre en larme et se replier sur elle-même.

Ce fut la voix grave et plus douce de Thalgarion qui la sortie de ses ténèbres :

— Connais-tu la différence ?

Ilona, tremblante, avala difficilement sa salive. Pour s'aider, elle fixa son regard sur le fin filet de sable qui coulait dans un sablier d'or magnifiquement ouvragé. Puis, elle répondit :

— Sirèniste est un terme méprisant utiliser par votre peuple pour désigner le peuple de la mer dans son entièreté. Il existe des termes semblables pour les chevaucheurs qui sont appelés dragoniste. Pour les féänoriens c'est naniste et le peuple de la forêt primordiale elfiste. C'est des termes qui font référence à la croyance que nous serions les esclaves de ces créatures. Pour ce qui est suppôt d'Attessus, cela désigne, plus particulièrement, les mages de ces quatre peuples. Cela concerne plus particulièrement les mages qui se servent de magie que vous considérez comme impie et hérétique. Ce terme peut s'adapter au peuple d'où vient le mage. Comme les êtres magiques sont censés être les créations d'Attessus et que les quatre peuples en question ont appris leur magie de ces créatures, ils sont également les suppôts de ses créatures. Pour votre peuple, les choristes de notre peuple sont des suppôts de sirène.

L'homme avait retrouvé son sourire en écoutant son explication. Ses changements d'humeur aussi fréquente qu'effrayante fatigué mentalement Ilona. Elle ne pouvait s'empêcher d'être anxieuse de son verdict.

L'homme, bien que toujours souriant, soupira :

— Je suis triste que tu ne puisses t'empêcher de faire des jugements de valeur.

Puis, il reprit plus enjoué :

— Toutefois, je dois admettre que tu as parfaitement défini ses expressions. Je ne cesse de me répéter, mais tes connaissances sont impressionnantes.

Et plus il se répétait, moins ses compliments atteignaient le cœur de la jeune fille. Si elle ressentait toujours un soupçon de fierté et de reconnaissance, l'appréhension et l'agacement avaient largement pris le dessus.

— Maintenant, que je sais que l'on se comprend, repris l'élu, je peux t'expliquer ce qu'est un izar. Pour un suppôt d'Attessus, il n'existe qu'un seul moyen de retrouver les faveurs de Dieu, qu'un seul moyen de purger son âme et d'effacer les erreurs qu'il a commises. En devenant izar, un suppôt rentre au service direct d'un serviteur fidèle de Sa Grandeur. Il se serre de son pouvoir, pour réaliser les desseins Du Créateur. Finalement, ce que je te propose, c'est ta liberté contre le salue de ton âme. Tu admettras que ce n'est pas cher payé.

De nouveau, Ilona baissa le regard, faisant de son mieux pour cacher son désaccord. Tout son corps se crispa cependant sous l'effort de garder un air impassible. Cet homme avait l'air de sincèrement penser qu'il lui venait en aide. Il y avait même un peu de bonté dans son regard. Mais peu importait ses bonnes intentions, jamais la fille de la mer ne pourrait être d'accord avec lui ! Sa liberté était bien trop importante pour rentrer dans ses délires…

Le peuple de la mer avait ses propres valeurs. Et l'une des premières choses qu'on leur apprenait était le respect des croyances de chacun. Jamais un fils ou une fille de la mer n'oserait imposer sa croyance comme l'unique vérité. Bien que la plupart d'entre eux étaient athées, aucune religion n'était rejetée sur une barge. Certains croyaient en l'ancienne religion, la vieille religion des ancêtres du peuple de la mer qui voulait que toute vie provenait de l'Océan. Mais chaque barge faisait des escales sur tout le continent et les archipels. Elle était confrontée à de nombreuses coutumes, de nombreux mode-de-vie, de nombreuse religion. Parfois certaines d'entre elle savait toucher le cœur d'un enfant de la mer, et il ramenait ses croyances dans la barge, sans jamais imposer ses croyances et sans que ses camarades le jugent.

Ne jamais porter de jugement sur les coutumes d'un peuple était l'un des plus importe règle du peuple de la mer qui navigué entre tous les ports du continent comme des observateurs impartial. Ils savaient qu'il n'existe pas qu'une seule vérité, comme il n'existe pas un seul bon mode de vie. Pour la première fois, Ilona douta du bien fondé de cette règle. Certes, elle n'était personne pour pouvoir juger les zhikerhotes. Cependant, était-ce vraiment mal de penser que cette civilisation était mauvaise et dangereuse ? Elle ne voulait pas imposer son jugement, mais elle commençait à se demander s'il était réellement problématique d'avoir son propre jugement. Elle avait, après tout, la certitude que l'esclavage ne devrait pas exister, elle ne pensait pas qu'il soit bien qu'une culture pousse à mépriser les autres. Comment pouvait-on penser que certains êtres étaient inférieurs à d'autre ? Non, elle ne pouvait pas juste être une spectatrice sans jugement, elle avait le droit d'avoir son jugement !

Bien qu'elle bouillonne, elle parvint à garder son regard baissait. Le simple fait d'être aussi révoltée la faisait trembler de terreur. L'homme en face d'elle était un élu, par conséquence un mage. Il n'était pas rare qu'un mage soit sensible aux émotions de ceux qui l'entourent. Si Thalgarion ressentait sa colère, cela suffirait-il à la renvoyer dans la cage ?

— Je sais qu'il est encore trop tôt pour que tu comprennes, soupira tristement l'homme. Bientôt, quand tu auras fini ta formation, tu comprendras et tu seras reconnaissance. En attendant, je sais que je dois me monter patient.

Son ton compatissant eu le don de calmer la tension et l'inquiétude de la jeune fille autant que de l'agacer. Elle était sûre que rien ne lui ferait changer d'avis, mais elle préféra faire diversion.

— Une formation ? demanda-t-elle avec inquiétude.

— Bien sûr, un izar ce doit d'être l'assistant parfait pour un élu. Un suppôt d'Attessus ne peut pas le devenir si facilement. Il faut lui enseigner de nombreuses choses, de notre culture à la religion, en passant par l'étiquette. C'est pour cela que dans une semaine, je t'emmène à l'institut. En temps normal, jamais je ne me serais déplacé en personne. Cependant, tu es ma future izare, et pour cela, tu es suffisamment importante pour que je te présente en personne. Je dois m'assurer que tu sois bien formée et qu'aucun autre élu essaye de te mettre la main dessus.

— Et si je ne veux pas être izare, répliqua Ilona sans réfléchir.

Dès qu'elle se rendit compte des mots qu'elle avait prononcés, elle pâlit. Face à elle, le regard de l'homme se fit d'un froid glacial, plus de compassion, plus de sourire. Il ferait peur à n'importe qui, il terrifia Ilona.

— Je ne pense pas que tu as encore bien compris. Dès l'instant où tes pieds ont effleuré le sol de notre empire, ton destin était entièrement tracé. Tu n'as aucun autre choix que d'être mon izare. Même la mort n'est pas un choix, je serai m'en assurer. Et remercie Dieu que tu sois tombée sur moi, la plupart de mes confrères ne sont pas aussi généreux envers un suppôt d'Attessus qui n'est pas encore formé à être izar. Si tu n'étais pas une choriste, tu serais sûrement déjà en partance pour un marché d'esclave.

— À vous entendre, vous ne souhaitez pas forcément avoir d'izare, alors pourquoi m'avoir choisi ! Protesta Ilona.

Le regard de l'homme se fit encore plus froid. Toute bonté en lui avait disparu. Une colère inhumaine assombrie son visage qui n'avait plus rien d'amical. Ilona, même privé de sa magie, sentit celle de son hôte agiter les courants magique avec force. Cet homme n'était pas un simple élu. Il était bien trop puissant pour cela.

Devant cette fureur, Ilona fut prise d'une peur bien plus grande que celle que lui inspirait la cage. Cet homme était dangereux. Tout son être le lui criait.

— Écoute-moi bien.

La voix grave de l'homme n'était qu'un murmure glacial et menaçant. Il s'était exprimé avec un calme inquiétant. Ilona se tassa, ne cachant plus sa terreur et ses tremblements.

— Je t'ai choisi. Une fois ta formation terminée, tu entreras à mon service et tu me seras entièrement dévouée. Jamais tu ne penseras à me trahir. Dieu t'a offerte à moi en t'amenant dans ma ville et en me poussant à venir à ta rencontre. Tu m'appartiens ! Tu ne peux penser à m'échapper ou me trahir !

La pression devint si forte qu'Ilona ayant perdu toutes ses couleurs, était au bord de l'évanouissement. Dans sa colère, l'homme avait placé du pouvoir dans ses mots, la maintenant dans un étau de terreur infinie dont elle n'était même pas sûre de comprendre l'origine.

Cette peur irrationnelle la poussa faire agir d'une façon dont elle ne se serait jamais crue capable. Elle se jeta au sol, à genoux, et se lança dans une litanie d'excuse incompréhensible dont elle-même ignorait le sens. Elle s'excusa dans toutes les langues qu'elle connaissait et même plus encore. Les larmes noyant pitoyablement son visage. Il n'existait plus à ce moment aucun esprit de rébellion ou de résistance.

La réaction de la jeune fille réussie immédiatement à calmer la colère folle qui s'était emparée de l'élu. Sortant de la brume de sa fureur, Thalgarion fut surpris de voir l'enfant suppliant pour sa clémence totalement abattue. Son regard se fit de plus en plus doux pour ressembler à celui d'un parent inquiet. Trop apeuré, Ilona ne remarqua pas son changement d'attitude et elle poursuivit sa litanie.

Ayant totalement retrouvé ses esprits, Thalgarion se leva et s'avança précautionneusement vers Ilona. Il s'agenouilla à ces côtés et la prit dans ses bras comme pour la réconforter. Il fut aussi qu'un père consolant son enfant. Ilona sursauta, mais resta complètement immobile, bien trop effrayée pour résister. Elle était tremblante comme une algue dans le courant, mais figée comme une poupée. Les sautes d'humeur de cet homme l'effrayaient à présent d'avantage qu'un retour dans la cage.

Thalgarion ressentait la frayeur de l'enfant. Il raffermit son étreinte et lui caressa les cheveux dans un geste doux et chaleureux.

— Chut, chuchota-t-il d'une voix empreinte de douceur. Je suis désolé. Je n'aurais jamais dû m'énerver. Tu me sembles tellement brillante et savante que j'en oublie que tu n'es pas encore formé. C'est ma faute. Rassure-toi, je ne te ferai pas de mal.

Il continua doucement à la bercer, chuchotant d'autre mot en un dialecte zhikerhote qu'elle ne connaissait pas. Il lui prodigua une chaleur douce et réconfortante. Peu à peu, elle prit conscience de cette chaleur. Sans qu'elle ne se veuille, son cœur fut touché par sa grande douceur. Elle le savait maintenant dangereux, mais elle avait également l'intime conviction qu'il ne lui fera pas de mal. Du moins pas pour l'instant, et pas si elle ne le provoquait pas.

Ilona finit par retrouver totalement ses esprits et ce n'est qu'à ce moment-là que Thalgarion l'aida à se relever et à se réinstaller sur sa chaise. À l'aide de ses pouces, il effaça les dernières trace de l'arme de son visage. Enfin, quand il fut sûr qu'elle fût suffisamment remise, il retourna s'asseoir de son côté du bureau. Il reprit la parole d'un ton désolé :

— Je sais qu'à présent cela va te paraître dur à croire, mais je suis sûrement le meilleur maître que tu puisses avoir. Tant que tu me serviras avec fidélité, je veillerais sur toi comme un père. Contrairement à beaucoup de mes pairs, je ne considère pas mes izars comme des suppôts d'Attessus. Je sais que vous n'avais pas choisi où vous êtes nés ni votre éducation. Je crois fermement que devenir un izar vous permettra de laver votre âme. Je souhaite sincèrement vous offrir cette seconde chance de revenir dans la grâce de Dieu. Malheureusement, beaucoup d'élu oublie que c'est cela les élus, des âmes qui doivent être lavées de leur péché. Certains n'hésitent pas à se servir de vous comme des esclaves, estimant que c'est la seule solution pour vous absoudre. Dieu seul sait comment Il choisit ses élus, mais certains profiteraient sans honte de ta douce naïveté. Au moins, auprès de moi, tu seras respectée et en sécurité.

Ilona sourit doucement à ses propos qu'elle savait sincère. Elle était cependant loin d'être convaincue, mais elle s'en cacha bien de lui révéler, bien trop effrayée de déclencher une de ses étranges sautes d'humeurs. Elle savait qu'une partie de son discours était vrai, elle avait entendu bien d'horrible rumeur sur les élus. Et si du temps où elle se trouvait sur Brise-vague, elle n'y avait guère prêté attention, suivant les préceptes de sa barge et se refusant à juger, maintenant, elle trouvait ses rumeurs fort vraisemblables.

Thalgarion voyait bien qu'il ne parvenait pas à la convaincre et estima qu'il était grand temps de mettre un terme à cette entrevue déjà bien mouvement :

— Tu as besoin de repos…

Aussitôt, le corps de la jeune fille de la mer se crispa, sa respiration s'affola. L'image de la cage la plongea dans un nouvel affolement.

— Du calme, chuchota-t-il, reprenant sa voix rassurante, je n'ai aucune raison de te renvoyer en cellule. Pour la semaine qu'il te reste, tu dormiras dans une chambre. Tu auras un emploi du temps assez charger jusqu'à ton départ, donc essaye de bien te reposer.

— Je vous remercie, Votre Excellence.

L'élu sourit en l'entendant l'appeler ainsi, mais répliqua tout de même :

— En tant que ma future izare, je t'autoriserais à ne pas user de ce titre. Pour l'instant, tu peux m'appeler Sir ou Maître.

— Bien, Sir.

Le choix de la jeune fille le fit sourire, mais sans rien ajouter, il fit sonner une petite cloche. Aussitôt, une immense homme pénétra dans le bureau. Jamais Ilona n'avait vu d'homme de cette carrure. Bien sûr, elle savait que son peuple comme les zhikerhotes était plutôt menu. Elle avait lu des textes expliquant que les peuples du nord et du sud était particulièrement grand. Et l'homme devant elle, avec son teint cireux et ses cheveux clairs, était sans nul doute originaire de Féänor, cet archipel tout au sud du continent sur laquelle nain et humain vive ensemble. Cependant, il était richement vêtu d'atour zhikerhote, portant de rares bijoux couteux. Il était vêtu comme un homme et pourtant autour de son cou, il portait un collier de cuir joliment ouvrager et décoré de différente pierre précieusement et gemme magique. Aussi beau que soit ce collier, il faisait toujours autant penser à une entrave d'esclave.

— Que puis-je pour vous, Thalgarion ?

Ilona fut surprise en attendant le nouvel arrivant, appeler le maître des lieux par son prénom. Comment se faisait-il qu'un type avec un collier d'esclave puisse appeler un élu par son prénom ? Ilona se tourna craintivement vers Thalgarion s'inquiétant à le voir de nouveau en colère. L'élu sourit au nouvel arrivant comme s'il était parfaitement normal que ce dernier le nomme ainsi. Cependant, la jeune fille trouva qu'il y avait bien moins de chaleur dans ce regard que dans celui qu'il lui lançait.

— Ilona, déclara-t-il. Je te présente ton ainé et pour l'instant mon seul izar, Roan. C'est lui qui va te guider vers tes nouveaux quartiers. Il te parlera de ton nouvel emploi du temps et notamment, c'est lui qui t'emmènera jusqu'à l'église pour tes cours de religion. En dehors des esclaves auxquels tu pourras demander ce que tu veux, ils seront ce qu'ils peuvent t'accorder, Roan est la seule personne à laquelle tu es autorisée à t'adresser. Tu as compris ?

— Oui, sir, répondit simplement Ilona.

Thalgarion la regarda avec sérieux avant de préciser tristement :

— N'oublie pas, toute transgression peu te faire perdre tous les avantages que tu viens de gagner. Ai-je été clair ?

— Oui, sir, répéta plus fébrilement Ilona.

Après l'avoir longuement étudier une dernière fois, il lui fit un grand sourire chaleureux qui la fit frissonner et il les congédia.

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