Souvenirs que tu gardes
Je ne me souviens pas du rire
Que je laissais tomber dans tes bras,
Ni de mes premiers mots maladroits
Qui ont fait battre ton cœur.
Je ne sais plus si mes doigts tremblants
cherchaient les tiens dans le noir,
si mes yeux ensommeillés
s’ouvraient encore sur ton sourire.
Mais toi, tu te souviens.
Tu revois mes nuits éclairées de lune,
mes dessins faits avec les doigts,
mes phrases qui se mélangeaient comme des chants.
Tu te souviens du premier vélo,
des genoux écorchés et relevés,
du goûter partagé sur la table basse,
de mes yeux pétillants devant une glace.
Tu as gardé le parfum des matins calmes,
quand je courais pieds nus jusqu’à ton lit,
et les mots que je disais sans savoir,
comme des perles jetées au vent.
Moi, j’ai oublié.
Mais toi, tu portes ces instants-là
comme on porte une lettre précieuse,
dont on connaît chaque mot par cœur.
Et peut-être que c’est ça, aimer :
se souvenir à la place de l’autre,
retenir ce que le temps efface,
et continuer d’y voir la beauté du monde.
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