( Chapitre raconté par Jack).

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Lorsque je reprends conscience, mon corps me fait atrocement souffrir, j’ai l’impression d’être brisé en mille morceaux. Je suis branché à des machines de dernière technologie qui surveillent en permanence mes constantes vitales. Je suis perfusé, deux poches de chlorure de sodium sont accrochées au support et le produit coule lentement dans mes veines.

Alors que mes yeux s’ouvrent doucement, ma vue reste floue, je distingue à peine l’ombre penchée au-dessus de moi. Mon audition n’est guère mieux. La voix qui me parle me semble lointaine, les mots, les sons et les bruits sont assourdis, inaudibles.

Lentement, le temps que je sorte de cette profonde léthargie, je retrouve la pleine faculté de mes sens. Tout ce dont je me souviens, c’est un échange de coup de feu, sur le parking du supermarché me semble-t-il. Puis dans l’instant suivant, une douleur aigue, identique à celle d’un projectile de 9mm qui vous pénètre. Et ensuite un violent coup derrière la tête, un coup si fort qu’il m’a fait vaciller et perdre connaissance.

Mon acquittée visuelle retrouvée, je découvre le visage penché au-dessus de moi. C’est celui d’une femme, d’une très belle femme. Un magnifique rousse à la chevelure longue et ondulée, aux yeux d’un vert émeraude. Nos regards se captent intensément l’espace d’une seconde. Sur sa blouse blanche une abréviation, suivie d’une lettre et d’un nom. Cette sublime rouquine que je dévore des yeux est docteur.

La voix qui me semblait si lointaine et étouffée est la sienne. Elle est douce, suave, apaisante. Je ne me préoccupe aucunement de ses paroles, j’admire simplement la finesse de ses lèvres revêtues d’un gloss rose pâle.

J’ignore ce qui m’arrive et pourquoi cela m’arrive mais je ressens du désir pour cette parfaite inconnue, une puissante attirance physique. Mon trouble s’accentue lorsque sa fine main chaude, parfaitement manucurée et dont les ongles sont revêtus d’un vernis rouge, se pose sur mon torse dénudé.

Tout en dissimulant quelque chose sous le matelas de mon lit, elle mit son index sur ma bouche est me susurra à voix basse.

- Chut ! Ne dite rien, laissez-moi faire, je suis là pour vous aider. Faite-moi confiance.

- Anna! Anna! Lâche-le bordel, il arrive. Lança une deuxième voix féminine.

Ma doctoresse eut juste le temps de reprendre un semblant d’activité que la porte battante du box d’auscultation s’ouvrit et qu’un homme en costume noir, aux cheveux gominés fît son entrée.

Sans un mot, ni un geste pour la deuxième femme présente dans la pièce, il s’approcha de la doctoresse et déposa affectueusement une bise appuyée sur sa joue.

- Bonjour Anna ! diable que vous êtes belle et séduisante.

- Bonjour gouverneur Murphy, merci.

- Qu’avons-nous ici Anna ?

- D’après les papiers retrouvés, le patient s’appelle Randall Scott. Il présente un hématome cérébral ainsi que deux blessures par balles. Le scanner ne montre aucune lésion irréversible. Le sujet a reçu deux projectiles de 9 mm, un dans l’épaule et l’autre dans l’abdomen avec une hémorragie importante. L’opération d’extraction des projectiles s’est bien passée. Il est stable, mais la récupération sera fastidieuse. La prise de sang nous apprend que le patient est un donneur universel. Les analyses toxicologique sont en cours. En ce qui concerne les examens secondaires, le spermogramme est excellent.

- Merci Anna.

- Voulez-vous ses papiers pour vérification ? dit-elle en tendant le portefeuille.

- Non Anna, je vous fait confiance, vous les passerez à l’incinérateur.

- Très bien gouverneur.

- Quand pensez-vous le remettre sur pied afin qu’il rejoigne les rangs de nos combattants ?

- Ses blessures sont importantes, nous allons surveiller l’évolution de son hématome cérébral, ainsi que le risque d’infection. Il faudra certainement envisager de la rééducation. A ce moment précis, je ne peut rien vous dire, sa guérison dépend de sa vitesse de récupération. Si je peut me permettre gouverneur, le patient est un donneur universel, nous pourrions profiter de cette aubaine pour engranger quelques poches de sang et envisager un court séjour en centre.

- Je prends note de vos remarques. Et pour lui ? demanda t-il en désignant le deuxième patient.

- Mort à son arrivée. Un certain Jack Miller. Le corps va être incinéré et ses papiers sont déjà passés au broyeur.

- Docteur ! Je vous estime énormément, mais ne prenez aucune initiative sans mon aval. Dois-je vous rappeler votre statut et votre mission ?

Anna resta silencieuse. L’homme embrassa une nouvelle fois la joue de cette magnifique femme avant de quitter la pièce.

Elle donna à sa collègue ses recommandations me concernant avant de sortir à son tour. Nos regards se sont croisés à travers la vitre séparant le box du couloir. Répondant à son petit sourire par un signe de la tête, je venais de prendre conscience que je devais la vie à cette femme.

A suivre…