J'ai besoin de calme et de sérénité. Une fois mon carnet refermé, je sors de la cafétéria, tête baissée et passe devant toutes les tables. Je me réfugie dans les toilettes et clause le verrou de la porte. J'en ai marre, je suis à bout. Je ne veux plus me faire persécuter ! Je verse toutes les larmes de mon corps et me tais quand j'entends une voix, puis le bruit d'un lavabo qu'on ouvre. Je devine à la voix Krissy et son acolyte Mélanie. Elles représentent les pétasses du lycée. Je crois qu'elle sort avec Aaron mais je ne suis sûre de rien vu leur comportement. J'attends qu'elles sortent et me faufile à mon tour jusqu'à la sortie, pile au moment où les cours recommencent.

***

Une fois les cours terminés, je prends le bus et prends la direction opposée à chez moi. A la maison, je me sens de trop et y'en a toujours que pour mes sœurs. Je prends le terminus et me dirige toujours tout droit jusqu'à atterrir à la plage. C'est mon endroit préféré à Boston. Il n'y a jamais personne, c'est toujours calme et le soir, c'est magnifique. Je pose mon sac sur le côté, enlève mes chaussures, mes chaussettes, remonte un peu le bas de mon pantalon et cours vers la mer. Mes pieds trempent dans l'eau et cela me fait énormément de bien. Heureusement ce matin, j'avais pensé à mettre une serviette dans mon sac car une grosse vague vient se déverser sur moi et je me retrouve trempée, mes habits collant à mon corps. Je m'enfonce encore plus et ressens toute l'eau froide sur tout mon corps. Je pourrais rester là très longtemps. Je fais quelques longueurs, et retourne sur le sable. Je sors ma serviette et la pose sur le sable fin puis je m'allonge et fixe le ciel. Celui-ci est tellement sombre que les étoiles brillent encore plus. On peut même voir une ou deux constellations. Je regarde aux alentours, m'assurant que je suis toute seule et me met à chanter.

Je m'arrête, essoufflée, et reprend tout doucement mon souffle. Je pose ma main sur mon ventre et sens le mouvement de ma respiration monter et descendre. Je me calme et admire à nouveau les étoiles. Je suis bercée par la mélodie des vagues et je me sens faiblir. J'ai l'impression d'entendre des voix. Celle d'une petite fille mais je n'y prête pas trop attention ! Je sais pertinemment qu'il y'a des gens sur cette plage :

— Est ce que j'ai le droit d'aller dans l'eau, s'il te plait dit oui, supplie la petite voix.

— Bon ok allez vas-y Ellie mais fait attention ! crie une voix que je me rappelle avoir déjà entendu.

J'entends des pas qui se rapprochent et qui me heurtent. D'un seul coup je sens un corps tomber sur moi. Je sursaute et me relève subitement. Ce corps n'est qu'Aaron . . . mais que fait-il ici ? Il se relève à son tour et plante ses yeux dans les miens. J'y vois de l'incompréhension et de la surprise. Il secoue ses habits pour enlever le sable et me tends sa main. Je prends sur mes gardes et me relève moi-même, signe que je ne lui fais pas confiance. J'en sais assez sur lui pour savoir qu'il traine avec la bande que me harcèle et ça me suffit amplement.

— Désolé ! Dit-il froidement.

Ah, bah sois encore plus froid avec moi la prochaine fois !

— Oh euh ce n'est pas grave t’inquiète pas ! C'est aussi ma faute, je n’avais pas prévu de rencontrer des gens sur cette plage. Je baisse les yeux et aperçois ma tenue. Je suis trempée jusqu'aux os. Même mes cheveux que je n'avais pas l'intention de mouiller sont trempés à cause des vagues.

Je le regarde partir vers la mer en lui faisant un sourire forcé. Je sais que je ne suis pas très sympa envers lui, mais je déteste le fait qu'il sache ce que ses potes me font et qu'il ne bouge même pas le petit doigt pour m'aider, ou tout au moins améliorer la situation.

— Aaron, Aaron ! crie une petite voix.

— Oh non Ellie où es-tu ? Dit Aaron qui commence à paniquer.

Le voir paniquer me fait réagir et j'allume la lampe torche de mon portable afin de trouver ce qui je pense être sa sœur ! Je cours en direction des vagues où je la trouve en train de pleurer. Je pose mon portable et la regarde en lui disant :

— Qu'est ce qui s'est passé ? Tu as mal quelque part ? Dis-je de la voix la plus douce pour pouvoir l'apaiser.

— Je . . . j'ai glissé sur un coquillage coupant . . . me dit-elle entre deux sanglots.

— Montre- moi !

Elle me montre la paume de sa main qui a une entaille assez profonde. J'entends Aaron s'approcher :

— Ohhh Ellie, tu m'as fait tellement peur . . . murmure-t-il assez fort pour que je puisse moi aussi l'entendre.

Je me redresse :

— attendez moi là, j'ai une serviette que je peux nouer à sa main pour stopper l'hémorragie.

Je cours jusqu'à mon sac et récupère ma serviette afin de lui faire un garrot. Je lève la tête et la rassure en souriant :

— voilà, maintenant quand tu rentreras chez toi, il ne te restera qu'à nettoyer la plaie avec du savon et tu pourras mettre un pansement pour que ça ne s’infecte pas !

Elle me remercie et se relève, essuyant ses petites larmes avec sa main.

A suivre !

Justin.&