Je le vois récupérer Ellie dans ses bras, et la porter comme une princesse. Je me retourne vers mes affaires et le laisse en compagnie de sa sœur. Je ne veux pas m'imposer surtout avec lui. Je ne lui fais pas confiance. Je salue sa petite sœur en lui donnant un chocolat que je stocke toujours dans mes poches. Je récupère mes affaires, les fourre dans mon sac et marche jusqu'à l'arrêt de bus le plus proche. Je rentre chez moi, exténuée par les événements. Je rentre par la porte de derrière en évitant les regards curieux et les questions insistantes de ma mère. Je monte dans ma chambre et une fois fermée, je peux enfin être seule. Je me déchausse, me change, met le premier vêtement que je trouve dans mon armoire et m'allonge dans mon lit.

***

Une sonnerie m'indique l'heure de me réveiller. Malgré mon manque de motivation, je m’oblige à me lever de mon lit et ouvre lentement mon volet, mes yeux ayant du mal avec la lumière du jour. Je vais chercher une tenue dans mon armoire. Un jean marron et un grand pull fera parfaitement l'affaire.

Je descends silencieusement et me rend dans la cuisine. Je prends une pomme et remplis ma gourde d’eau avant d’enfiler mon manteau et ferme ma porte d’entrée. Je parcours les quelques mètres qui distancent de ma maison à l’arrêt de bus et patiente. Je monte dans le bus, tête baissée, ne voulant voir personne, et encore moi les garçons. Je sors mon portable et écoute de la musique. Une fois descendue, je pars aux toilettes pour changer mon pantalon puisqu'on fait sport et que la prof va me râler dessus si je ne porte pas une tenue adéquate. Quand je sors, j'aperçois la bande à côté de la sortie, je les contourne et rejoins mon rang. Je sens qu'ils me fixent et des éclats de rire s'entendent. Putain, ils se foutent de ma gueule ou quoi ? Mais j'ignore. J'ignore tout le temps de toute façon. Avec eux c'est tout le temps la même chose.

La prof de sport arrive et nous amène dans la salle :

— bonjour à tous, pour ce premier trimestre, nous allons faire du demi-fond. Cela se fera sur le terrain à côté du lycée, et il vous faudra faire des groupes de deux. Et pour que cela soit plus facile, les groupes sont déjà fait. Je vais donc vous appeler.

Nan, mais nan, moi qui aimais le sport, je n'en ai plus envie. Je suis solitaire dans ma classe, personne ne veut de moi, et c'est tout aussi bien car je ne veux de personne. Malheureusement je ne suis pas sûre que la prof l'entende de cette oreille. Et puis demi-fond ça se fait tout seul normalement non ?

— William et Krissy !

Franchement si je devais être en groupe avec quelqu'un, j'espère que se sera Aaron, ça a l'air d'être le plus gentil de la bande. Bien qu’ Alexis soit aussi une bonne personne. Ils sont toujours fourrés ensemble. Pendant ce temps, je marche en direction du fond de la salle, près de la porte de sortie, afin de prendre un peu l'air. Je déteste être entourée d'autant de gens. Après ça j'ai un peu la tête qui tourne, j'ai l'impression d'étouffer dans ses lieux. Je ne suis pas du tout sociale, contrairement à mes sœurs, à ma famille. Ils ne comprennent pas pourquoi je n'ai pas d'ami(e)s mais franchement je n'en ai pas besoin. Si c'est pour qu'on me pose des questions, qu'on me colle tout le temps, et qu’au bout de dix mois, on m'abandonne, ce n'est pas la peine. Moi si j'ai une amie ou un ami (ce qui pourrait être le cas) je veux qu'il soit là dans les pires moments comme dans les meilleurs, je veux compter pour lui comme il comptera pour moi. Je veux qu'il soit fier de dire « Alyssa c'est ma meilleure amie » et pas qu'il ait honte. Je veux ressentir du bonheur en le voyant. Vous voyez, comme vous, comme vos ami(e)s. Je ne veux pas un fils (ou fille) de pute qui traîne avec moi pour de la pitié. Alors je reste seule, car je n’ai pas confiance en eux, pas encore en tout cas. Je veux éviter tout ça. Je subis déjà la bande alors je ne veux pas subir les autres...

— Alyssa et . . .

Ohhh non on m'appelle, je m'avance mais je n'ai pas encore entendu mon coéquipier. Je panique, oui je panique à ce point-là. Je tourne la tête, à la recherche de la potentielle

personne. Je regarde tout le monde mais personne ne bouge, et moi je suis là devant le professeur, les yeux dans le vide. Ma tête tourne, mes jambes succombent et c'est le néant.

A suivre !

Justin.&