10 ~ Alyssa

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Je laisse Aaron me déposer et rentre chez moi. Dans l'entrée j'aperçois Louise qui s'affaire à préparer le repas dans la cuisine, Lou dans le canapé à côté de ma mère.

Je suis rentrée ! Dis-je d’un ton las.

Ouais bah monte dans ta chambre et va ranger tes affaires. Ensuite tu aideras Louise à mettre la table. Réplique ma mère.

Vive les dîners de famille. En toute honnêteté, je déteste ma famille, ce n’est pas contre eux mais ma mère rend les choses très difficiles. Ce qu'elle m'a montré à l'hôpital n'est qu'une façade qu'elle se crée devant les gens pour que sa famille ait l'air parfaite, mais elle ne l’est pas du tout. Alors si elle préfère se mentir à elle-même , rien ne l'en empêche, mais e ne compte pas rentrer dans son jeu.

Je monte dans ma chambre, vide mon sac et me jette sur mon lit. Je ne veux pas descendre alors je profite d'être seule, histoire de me changer les idées. Je préférais quand papa était là, il mettait toujours une bonne ambiance, si bien que je supportais plus facilement les dîners en famille, mais depuis qu'il est parti . . . Maman ne cesse de dire que c'est un connard, qu'il a fait une bêtise impardonnable et que de toute façon, il ne reviendra jamais. Mais je n'y crois pas, mon père est fidèle, et je pense plutôt que c'est maman qui a fait quelque chose d'impardonnable et que papa l'a mal pris et il est parti sans aucune explications. Dans tous les cas, j'ai toujours préféré papa à maman. Papa est quelqu'un de calme, patient, doux et compréhensif et ma mère une vraie acharnée, qui veut que tout soit parfait . . .

Mon réveil rose à côté de mon lit m'indique dix-huit heures cinquante- neuf. Je descends pour éviter de me faire gueuler dessus et me dirige dans la cuisine :

Salut Louise, tu veux que je t’aide à mettre la table ?

Non normalement c'est à Lou de la mettre, vas lui dire s'il te plait !

Je sens que je vais m'en prendre plein la figure, surtout que Lou est de loin la préférée de maman et même Louise l'avoue. En même temps c'est la première, et elles n'ont que douze minutes d'écart.

Lou ? Louise m'a dit de te dire que c'était à ton tour de mettre la table !

Nan, mais sérieusement Alyssa ? Réplique ma mère d'un ton sévère. Je te l'ai demandé à toi, et tu essaie encore de te débarrasser de cette corvée ? Bah tu sais quoi ? Tu la mettras toute la semaine !

J'adresse un regard implorant à Lou :

T’inquiète pas maman, je vais le faire. Après tout, Alyssa a fait pas mal de choses, et ce n'est pas elle a tout faire !

Je regarde Lou, surprise qu'elle m'ait défendu devant maman. Je lui adresse un regard rempli de remerciements et elle se retire du salon.

Tu as bien de la chance que Lou soit d'accord. Dit-elle simplement.

Je remonte donc dans ma chambre et attends qu'elle m'appelle.

Dix minutes plus tard, Lou et Louise m'appellent et je descends pour manger. Lou et Maman sont déjà à table et Louise est dans la cuisine pour chercher le repas. Ce soir c'est poulet aux noix de cajou. Pendant que Louise nous sert, je sens le regard de maman se poser sur moi et elle lui dit :

Ne lui en met pas trop, elle est déjà assez grosse comme ça !

Pardon ? Dis-je. Je suis là hein !

Oui bah regarde toi, tu manges beaucoup trop, si ça continue comme ça , je te retirerais de la cantine je suis sûre que c'est à cause de ça ...

Maman ! La coupe Lou. Ça ne se dit pas ! Tu te rends compte de ce que tu lui dis ? Tu n'as pas de cœur ou ça ce se passe comment ?

C'en est trop pour moi. Je monte les escaliers en courant et me réfugie dans ma chambre en claquant bien la porte pour bien montrer mon mécontentement. Je me jette sur mon lit et fourre ma tête dans mon coussin et pleure en silence ! J'en peux plus ! J'en ai marre de vivre ça tous les jours. Je suis sûre qu'avec papa, ça se serait passé différemment, il m'aurait défendu. Plus personne ne s'intéresse à moi, même si Lou et Louise commencent à me comprendre, et m'ont — pour la première fois — défendu devant maman. Je me lève, prends mon portable et fait défiler mes contacts, jusqu'à tomber sur Aaron. J'hésite à l'appeler, mais d'un côté, je ne me suis jamais sentie aussi mal, et j'ai vraiment besoin de quelqu'un . . . J'appuie sur appeler et j'entends le bip du téléphone.

***

Je ne sais même pas pourquoi je l'ai appelé, puisque ce n'est pas mon ami, et il est probablement chez lui, en train de manger en compagnie de sa famille. Je commence à regretter de l’avoir appelé. A la fin de son appel, je me sens déjà un peu mieux et m’active à ranger un peu mes affaires. Je ne veux pas qu'il rentre chez moi, et je sais très bien que le connaissant, il serait capable de venir jusqu'à chez moi. Je descends donc discrètement et passe par la porte de derrière pour sortir de chez moi. Je traverse le jardin et me retrouve sur le trottoir. J'ai juste besoin de soutien. Je décide donc de m'asseoir sur le bord de la route pour que je puisse le voir arriver. Finalement, c’est peut-être une bonne chose de l’avoir appelé. Même s’il est en incapacité de résoudre mes problèmes, il reste une source de distraction pour pouvoir oublier, ne serait-ce que le temps d’une soirée, les complications que m’infligent la vie. Je ne suis pas compliquée, et je demande seulement à me réconcilier avec ma famille. J’en ai marre de ressentir une boule au fond de mon ventre qui se sert à chaque fois que je dois franchir la porte. J’en ai marre de craindre les réactions de ma mère. Ce n’est pas normal et j’en suis totalement consciente. J’aimerais tellement être comme tous les autres . . .

A suivre !

Justin.&

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