Je lève le nez, et aperçois Aaron, debout devant moi. J'en conclus donc qu'il était là depuis le début avec sa bande, en train de squatter l'aire de jeux. Je ne sais pas pourquoi mais le simple fait de le voir ici ne m'étonne même pas.

— On m'a trop posé cette question, répliquais-je sèchement. Si je gagnais un euro à chaque fois qu'on me posait cette question, je pense que je serais tellement riche que je serais déjà partie dans un pays lointain dans une villa avec une piscine.

Je sais qu'après cette question, j'ai tendance à me renfermer et à ne plus partager ce que je ressens.

— Bon, bah je vais y'aller ! dis-je avec un sourire crispé avant de regarder Hayden et de baisser les yeux. Je passe devant lui et sert ma veste contre moi. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression d'être de trop dans leur équipe et très franchement, ça ne m'enchante pas de rester avec des gars qui m'harcèlent depuis ma petite enfance.

***

Avec tout ça j'ai un peu de mal à comprendre que ces paroles sortent de la bouche d'Aaron ! Je savais au fond de moi qu'il avait ce côté affectif, mais pourquoi moi ? Sans un mot, je relève la tête et fixe mes yeux dans les siens avant de le prendre dans mes bras. Je ne sais pas ce que je fais, ni pourquoi mais je le fais. Il répond à mon étreinte et ses mains se posent dans mes cheveux qu'il caresse. C'est la deuxième fois que je me retrouve dans ses bras, et la mauvaise nouvelle, c'est que je m'y sens bien ! Je me sens en sécurité et ne me préoccupe d'aucuns de mes problèmes, c'est comme s'ils s'étaient tous envolés ! Et puis je repense à mes parents, et surtout à mon père. Cela fait déjà une semaine qu'il est parti de la maison et j'avoue qu'il me manque terriblement. Sans le vouloir, une larme s'échappe et coule le long de mon visage jusqu'à finir sa course sur le T-shirt d'Aaron, puis c'est au tour de toutes les autres de suivre le même chemin. Au bout d'un certain temps, j'inspire, avant de dire :

— Merci ! lui dis-je en chuchotant entre deux sanglots, je ne sais pas ce que je ferais sans toi, tu as un grand cœur !

Je relâche mon emprise mais lui ne desserre pas pour autant. Je le sens se détendre au contact de mon corps, et me réjouis un peu à l'idée de comprendre que je ne lui suis pas indifférente ! Je me détache de lui à contre-cœur et lui fais un signe de tête comme quoi je dois rentrer chez moi. Je me retourne sans un mot.

Arrivée à mon point de départ, je récupère mes affaires que je n'avais pas récupérer, et repasse devant les garçons quand j'entends :

— Bon allez Hayden, laisse le tranquille, il ne t’a rien demandé ! dit Alexis à Hayden.

Je vois Aaron regarder Alexis avant de dire :

— Mais de toute façon, elle ne signifie rien pour moi, c'est juste une meuf comme les autres qui ne mérite pas mon attention. Et puis bon, on ne va pas se le cacher mais pour une Hiller, on a vu mieux. J'aurais préféré me taper Lou ou encore Louise, mais sûrement pas Alyssa ! lance-t-il en éclatant de rire.

C'en ai trop pour moi ! Je me fonds dans le paysage pour ne pas attirer l'attention sur moi, et me réfugie jusqu'à chez moi, où je repasse par la porte de derrière afin de rejoindre ma chambre. C'est vraiment un enculé de premier service. Et moi, comme une conne, j'ai cru à ses belles paroles. Mais au fond de lui, il ne pensait aucuns de tous les mots qu'il m'a dits. Ces paroles à deux balles comme quoi il serait toujours là pour moi, même pour pleurer, il peut se les mettre là où je pense. Et puis d'ailleurs, pourquoi je réagis comme ça ? Peut-être parce que tu commences à l'aimer connasse ! Ohhh et puis la ferme ma conscience, je n'ai pas besoin de toi pour m'enfoncer encore plus ! Je fais mon sac pour demain en claquant mes cahiers dedans sous l'effet de la colère. Combien de fois, je m'étais jurée de ne pas m'attacher aux gens parce qu'ils finissent tous par te trahir. Et combien de fois j'ai totalement échoué ? Et puis forcément, quand j'échoue, je tombe de très, très haut. Encore heureux qu'il n'y'ait rien eu d'autre. Mais la simple idée de le revoir demain ne m'enchante pas du tout. J'ai peur de lui dire des choses que je ne pense que su le moment car ce sera ma colère qui parlera. Et puis parler à Aaron, ce n’est pas comme parler à Nick, car Aaron ne me fait pas peur, même s'il a l'allure d'un Bad boy, car je sais qu'il ne m'a jamais rien fais, et qu'il ne me fera jamais rien. Or Nick, pour sa part, m'harcèle tous les jours et c'est pour cette raison que je n'ose pas m'interposer, pour dire quoi que ce soit. Car je n'ose imaginer le nombre de coups que je pourrais recevoir par la suite. Oui je ne suis peut-être pas courageuse mais auriez-vous eu le courage de riposter contre l'un de vos harceleurs ? Parce que bien évidemment, ils ne sont jamais seuls !

Une fois mon sac fait et ma lumière éteinte, je pars me coucher, très déçue de cette journée qui avait si bien commencée !

A suivre !

Justin.&