Depuis que je suis parti, je ne cesse de penser à Nick. Je n'ai eu d'autres choix que de le laisser seul à la maison, en libre autonomie. Je crains le pire avec lui ! Depuis, qu'il a su qu'Alyssa était au courant, il a réussi à se calmer et à maitriser sa colère. J'en ai parlé avec lui, et il n'est pas prêt à lui dire la raison du pourquoi du comment.

Sinon, tout va bien de mon côté. J'ai quelques problèmes concernant, Alyssa et Alexis, qui ne m'a pas caché son enthousiasme. J'ai bien remarqué le jeu d'Alyssa et je me suis permis de lui faire la remarque, ce qu'elle n'a pas apprécié. Je vois clair dans son jeu, et je sais dans quel but elle le fait, mais cela n'est pas sympa envers Alexis.

Je descends de l'avion et sourit face au temps qu'il fait dehors. J'ai toujours voulu aller à Seattle, et grâce au lycée, mon "rêve" s'est réalisé. Ma famille a toujours été occupée et n'a jamais pris de temps pour moi, alors je savais que je pouvais arrêter de penser aux voyages en compagnie de mes parents. Alors, j'en ai toujours profité pour faire des voyages de classe car ce sont les seuls moments où je pouvais voir autre chose que les rues de Boston.

Nous revalidons nos passeports, et nous récupérons nos bagages avant de monter dans le bus qui nous emmènera jusqu'à nos familles d'accueil. Je regarde les paysages qui défilent devant mes yeux, jusqu'à ce qu'Alyssa vienne s'asseoir à côté de moi.

— Alors, qu'est-ce que ça fait d'être de retour à Seattle ?

— Bah, dit-elle, un peu hésitante de ma question, c'est très bizarre et je crains de retomber sur quelqu'un que je connais, et c'est ce qui me fait le plus peur.

— Tu connaissais beaucoup de monde avant ?

— Bah disons, que je connaissais la moitié des gens du collège, et mon père étant le grand PDG, je connaissais beaucoup de contacts extérieurs, mais c'est surtout tous les gens que j'ai dû abandonner et laisser derrière moi, sans aucunes nouvelles.

— Je comprends, mais de toute façon, tu ne pourras pas tout le temps éviter cette ville. Il fallait bien que tu reviennes un jour ou l'autre nan ? demandais-je.

— Oui je sais, mais je m'en sentais presque capable ! Maintenant j'en doute. dit-elle dans un murmure à peine inaudible.

Je la regarde en souriant. Je suis ravi qu'elle se donne du mal pour aller de l'avant, même si certaines de ses réactions restent injustifiables. J'essaie toujours de comprendre la raison pour laquelle elle sort avec Alexis. J'ai bien vu la différence de regard entre Aaron et Alexis, ils sont totalement opposés. Quand les deux sont dans la même pièce, ses yeux se baladent le plus souvent sur Aaron. Elle relève la tête à chaque fois que l'on mentionne le nom d'Aaron, alors je doute que les sentiments qu'elle a contre Alexis soient réels, à moins qu'elle cache bien son jeu.

— Ecoute Alyssa, je sais que j'ai tendance à forcer sur ce genre de choses, mais faudrait vraiment qu'on en parle !

— Parler de quoi ? demande-t-elle sèchement, changeant totalement d'humeur.

— D'Alexis, et n'esquive pas le sujet, tu sais très bien qu'il va falloir y remédier !

— Parce que tu penses que c'est le moment propice pour en parler ?

— Oui, et j'en ai envie, tu n’as pas trop le choix de toute façon ! dis-je tentant un regard autoritaire. Je veux juste que tu saches qu'Alexis tient beaucoup à toi et beaucoup plus qu'il ne le laisse croire. Donc évite de le blesser avec tes propos et tes actions s'il te plait. Je ne tiens pas à le ramasser à la petite cuillère.

Elle me regarde, interdite. Je pense qu'elle doit forcément réfléchir à la manière dont elle va devoir lui expliquer.

— J'ai eu une idée . . . me dit-elle pas trop sûre d'elle.

— Vas-y je t'écoute ! dis-je en l'intimant de continuer.

— je me suis dit que . . .

Mais elle n'a pas le temps de finir sa phrase que la prof nous appelle :

— Allez, nous sommes arrivés ! Le groupe 1, 2 et 3, vous descendez ici !

Alyssa se lève et descend du bus afin de chercher ses bagages. Je fais de même et rejoins Alexis et Aaron, qui, je pense, ont dû en profiter pour discuter de la situation qui a bien failli dégénérer dans l'avion.

La professeure nous accompagne jusqu'à l'habitation de notre famille d'accueil après s'être occupés des deux premiers groupes, et sonne à la porte.

— Bonjour, je suis Madame Hattée, responsable des premières du lycée de Boston ! Vous vous êtes bien présentés en tant que famille d'accueil ?

Une jeune femme d'une trentaine d'années nous ouvre la porte, l'air chaleureux :

— Oui, c'est bien nous, acquiesce-t-elle dans un sourire.

— Voici les quatre jeunes dont vous aurez la charge !

Elle opine de la tête et nous invite à rentrer pendant qu'elle signe les derniers papiers. Nous avançons dans le couloir menant au salon et posons nos sacs et nos valises au milieu de la pièce.

***

Six jours ont passés, et nous avons enchainés les sorties et les visites culturelles. Etant toujours en compagnie des garçons, je n'ai pas pu terminer ma discussion avec Alyssa. Je l'ai souvent vu s'absenter pendant une heure ou deux sans que personne ne sache quoique ce soit. On ne sait ni où elle va, ni ce qu'elle fait. Malgré cela, elle passe le plus clair de son temps avec Alexis, quand elle n'est pas avec moi, évitant un maximum la compagnie d'Aaron. Je pense qu'elle tient un minimum à lui, vu comment elle prend soin de lui.

Avec les gars, on voulait sortir dans un bar pour notre dernière soirée à Seattle :

— Et les gars, ça vous dit on sort ce soir ? nous propose Aaron.

Je hoche la tête, vite suivi d'Alexis. Alyssa quant à elle, ne sentant pas hyper bien, refusa, prétextant un mal de tête.

— Ne vous inquiétez pas, ça va aller ! Je profiterai du dernier repas avec nos tuteurs pour les remercier de leur accueil, puis je me poserais jusqu'à ce que vous reveniez.

Nous acquiesçons et nous nous préparons à sortir. Une fois prêt, je passe la porte, vite suivi d'Aaron et d'Alexis cinq minutes après. Nous prenons le bus pour aller au centre-ville et nous entrons dans le bar que j'avais déjà remarqué dans lequel je commande trois cocas. Aaron me dévisage :

— Je ne compte pas rentrer bourré la veille du départ et tu devrais faire de même !

Il souffle d'exaspération et lève les yeux au ciel.

Au bout d'une heure et demie à papoter, nous décidons de rentrer, voulant tous être en forme pour demain. Nous saluons nos tuteurs et montons à l'étage. J'ouvre la porte de la chambre, m'attendant à trouver Alyssa étendue sur son lit, en vain. Alexis l'appelle et vérifie dans la salle de bain mais celle-ci reste introuvable. Elle est partie, récupérant ses affaires, en ne laissant que pour seule trace, une lettre posée sur le lit.

A suivre !

Justin.&