Le Mont - 2

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Armand de Blancastel était à bout de patience. Il avait chevauché sans relâche le long des chemins montais – mais il y en avait tant, tant de détours étaient possibles, surtout si l’on souhaitait profiter du voyage pour visiter telle basilique ou telle source miraculeuse. Eût-il eu mille hommes pour quadriller ce réseau, il n’aurait pu être sûr d’y rencontrer ceux qu’il cherchait. Il avait eu espoir au début puisque Daniel et Amelina n’avaient quitté Saint-Benoît que depuis peu ; mais bientôt il avait fallu se rendre à l’évidence, il n’avait pas pris la route que les deux disparus avait suivie. Un homme avait cru reconnaître leur description, Armand avait suivi ses directions tambour battant, mais cela s’était avéré une fausse piste. Il s’était finalement décidé à chevaucher en ligne droite jusqu’au Mont et à y attendre les deux pèlerins. Mais il ne s’était pas attendu à une telle effervescence : en cette saison de plus en plus clémente, le flot des pénitents augmentait chaque jour. Des centaines et des centaines de visages défilaient sans qu’aucun arrête son regard. Il était à l’abbaye depuis deux semaines à présent et enrageait. Et voilà que des soldats inconnus – cinq en tout – avaient débarqué à leur tour et s’était attelé sans découragement à une tâche qui ressemblait un peu trop à la sienne : tous les jours, ils vérifiaient les lettres de créance des pèlerins nouvellement arrivés – pour y chercher, Armand le soupçonnait, un nom bien précis. Il n’était pas certain que ces soldats et lui poursuivent le même objectif – Victor était supposé croire ses proies en route vers Compostelle – mais la coïncidence lui paraissait trop fâcheuse. Au moment où il en arrivait presque à souhaiter que Daniel et Amelina ne parvienne jamais à l’abbaye au risque de tomber entre leurs mains, il les reconnut.

Il n’avait pas pris immédiatement garde au couple entouré de deux enfants, cherchant un homme seul et une petite fille. Mais, ce matin-là, son œil exercé à repérer le moindre reflet cuivré finit par se poser sur l’homme roux et son visage le frappa. Il le dévora des yeux jusqu’à n’avoir plus de doute : c’était là le chevalier qui, guère mieux habillé qu’en ce jour, était venu avec la fille de sa dame à Beljour il y a plusieurs années. Il avait dû arriver la veille sans qu’Armand ne le remarque. Il n’avait pas l’air serein, mais d’une façon ou d’une autre il avait échappé à l’inquisition des soldats. Il fut bientôt rejoint par une petite fille aux cheveux châtains qui vint se lover contre lui. Le cœur d’Armand se mit à battre à toute allure : l’enfant avait grandi, mais la ressemblance avec sa dame était encore plus frappante qu’autrefois et il n’eut plus de doute. Il fallait absolument qu’il atteigne les deux pèlerins avant toute nouvelle confrontation avec les hommes d’armes.

S’étant assuré de leur absence, il décida de ne pas attendre davantage. Du mieux qu’il put, il s’efforça de franchir la mer de pèlerins assis entre lui et sa cible ; certains commençaient à se lever mais la plupart étaient encore assis ou couchés, entravant sa progression. Ce faisant, il ne pouvait être ni discret ni rapide et Daniel vit son approche bien avant qu’il parvînt jusqu’à lui. Ses yeux s’écarquillèrent et son expression se tendit. Armand comprit avec désarroi qu’il était reconnu – et non comme un allié. Le fugitif se leva immédiatement, serrant la main d’Amelina, et commença à s’éloigner, fendant le flot humain sans se soucier des imprécations de ceux qu’il bousculait.

– Daniel, attends !

Mais le chevalier feudit n’attendit point et Armand dut forcer son chemin à sa poursuite. Débouchant à l’extérieur, il plissa les yeux sous les rayons rasants du soleil levant. Il crut avoir perdu sa cible mais repéra bientôt les cheveux si visibles qui ressortait du petit flux de voyageurs qui longeait les remparts. Il se précipita à sa poursuite ; mais quand il crut l’avoir presque rejointe, elle s’évapora comme par enchantement et il s’immobilisa, désorienté.

– Ne restez pas dans le chemin, bougonna un passant.

Armand se rencogna au flanc du mur, jetant des regards éperdus autour de lui. Une tête rousse accrocha son regard et il courut, le cœur plein d’espoir ; mais quand il arriva à hauteur de l’homme, celui-ci tourna vers lui un nez épaté et des petits yeux enfoncés dans leurs orbites – une figure qui ne ressemblait en rien à celle qu’il cherchait. Armand pesta et maudit mille fois sa malchance.

« Non ! Je ne peux pas les avoir perdus après avoir été si près de mon but ; divine Providence, mets-moi de nouveau sur le chemin, ou aide-moi d’une quelconque façon, je t’en prie ! »

Il fit cette prière de toute la ferveur de son cœur ; après tout, n’était-il pas sur un sol sacré, où l’archange régnait et favorisait les pénitents ?

Alors qu’il errait sur le chemin de ronde, il sembla que sa prière avait été entendue. Il ne retrouva pas Daniel mais celle qu’il avait aperçue à ses côtés, une forte femme aux cheveux blonds cendrés ; outre un jeune garçon, il aperçut la fillette aperçue plus tôt à ses côtés. Ils étaient accotés au rempart, au-dessus de la baie. Armand fondit sur eux. Il salua brièvement Bérengère et la délaissa presque aussitôt pour se pencher sur la petite :

– Bonjour, comment t’appelles-tu, enfant ?

L’interpellée ne répondit pas immédiatement ; une frayeur instinctive s’additionnait à la répugnance usuelle qu’elle avait à parler à cause de son bégaiement. Pris d’impatience, Armand avisa la petite chaîne au cou de la fillette et vint tirer le médaillon hors de son vêtement. Les larmes lui montèrent aux yeux quand il reconnut l’épervier gravé sur son revers.

– Amelina, murmura-t-il. Ecoute…

– Qui êtes-vous ? intervint Bérengère. Laissez cette enfant tranquille.

Armand se rappela avec étonnement son existence ; il constata que le garçon avait quitté son côté mais n’en tira pas immédiatement de conclusion. Ce ne fut que lorsqu’une main se posa brutalement sur son épaule qu’il se rappela que mieux valait ne pas approcher un ourson avant de s’aviser où était la mère ourse. Daniel le fit pivoter irrésistiblement vers lui et Armand se retrouva sous le feu de son regard.

– Tu es un homme de Stéphane. Es-tu avec les soldats ? Ne pouvez-vous donc nous laisser en paix ?

Armand s’aperçut qu’il tenait un couteau pointé contre son flanc, tandis qu’il le pressait contre le rempart. De son corps et sa grande cape, Daniel cachait partiellement la situation aux passants, mais ceux-ci devinaient qu’une altercation était en cours et loin de souhaiter s’en mêler, hâtaient leur pas pour s’éloigner.

– Daniel, je te jure que je ne suis pas ton ennemi. Ce n’est pas Stéphane qui m’envoie et je n’ai rien à voir avec ces hommes d’armes.

– Tu es là par hasard et tu t’intéresses à Amelina par hasard ? Fieffé menteur !

Daniel était à deux doigts de jeter Armand par-dessus le rempart, tant sa peur était grande ; cependant il hésitait. Il est plus facile de tuer un homme dans le feu d’une bataille que de l’assassiner froidement ; surtout le chevalier était réticent à verser le sang ici : s’ils avaient quitté l’abbaye, toute l’île n’était-elle pas sous la protection sacrée de l’archange ? Enfin, que faire ensuite ? Il serait contraint de fuir avant qu’on ne vienne demander des comptes sur la chute inopinée d’un pèlerin en sa présence ; or l’île était un piège, dont il ne pouvait s’échapper que lorsque la marée le permettait. Armand vit l’envie de meurtre dans son regard et la terreur le prit à son tour quand il réalisa qu’il était dans un péril beaucoup plus grand qu’il l’escomptait. Avait-il fait tout ce chemin pour mourir des mains de celui qu’il voulait protéger ? Armand était meilleur combattant que diplomate : ses réflexes guerriers reprirent le dessus. D’un geste rapide, il saisit le poignet qui tenait l’arme et le tordit pour l’éloigner de lui, puis asséna un rude coup dans le sternum de Daniel pour le repousser. Celui-ci recula d’un pas, le souffle coupé ; sa lame apparut clairement à la lumière. Quelques exclamations de frayeur retentirent dans son dos. Bien qu’il n’eût agi que pour éloigner un danger immédiat, Armand vit bien qu’il s’était déclaré son ennemi ; il devina que Daniel allait l’attaquer de nouveau et cette fois sans parlementer. Autour d’eux, les badauds s’éloignaient précipitamment du lieu de l’affrontement. La mission d’Armand tournait au désastre. Il cria :

– Arrête, je t’en prie ! Regarde ma main, regarde la bague !

Daniel réfréna un instant sa fureur pour l’observer ; son regard fléchit lorsque ses yeux tombèrent sur le joyau – un anneau d’or au chaton serti de deux topazes et deux émeraudes. Armand reprit espoir devant son hésitation.

– Comment as-tu eu cette bague ?

Mais avant qu’Armand ait pu répondre, il vit avec désarroi trois têtes casquées se diriger vers eux, trois des soldats aperçus la veille : qu’ils aient vu l’affrontement ou qu’un pèlerin effrayé les ait appelés à la rescousse, ils avaient attiré leur attention. Déjà ils étaient sur eux et il n’était plus temps de songer à fuir en espérant n’être point vus. Les trois soldats les entourèrent ; Bérangère se rapprocha de Daniel avec les deux enfants. Amelina serrait très fort la main de Léon qui se mettait devant elle dans une attitude protectrice de grand frère.

– Ce n’est pas le lieu pour se battre, messires, fit le plus âgé des soldats. Pouvez-vous me montrer vos lettres de créance ?

– Je possède celle de mon mari et moi, intervint Bérangère en attrapant le bras de Daniel. Mais vous n’avez pas l’autorité pour les examiner, il me semble : vous n’êtes pas soldats de l’abbaye.

– Ce n’est pas à vous de juger cela, fit sèchement le soldat en saisissant assez brutalement le document des mains de la marchande.

Il l’examina avec beaucoup plus d’attention que son jeune acolyte, puis inspecta Daniel de bas en haut et grinça :

– Un marchand avec une épée ?

Son regard aigu comme celui d’un faucon se posa ensuite sur Amelina, si bien que l’incriminé, qui eut bien préféré se taire, se sentit obligé de se justifier.

– Je l’ai prise sur un brigand.

– Vraiment ? Vous savez donc bien vous battre. C’est une qualité rare pour un marchand. Et quel est l’objet de votre litige avec ce chevalier ?

– Une querelle sans fondement, répondit Armand à sa place. Il pensait que je faisais la cour à sa femme. Mais le malentendu est dissipé.

– Allez-vous laisser mon mari en paix ? ajouta Bérangère avec indignation.

L’incident avait arrêté quelques curieux qui restaient tout de même à distance prudente ; ils s’écartèrent soudain pour laisser passer une silhouette courroucée en robe de bure.

– Que se passe-t-il ici ? N’avez-vous pas honte ? Vous n’êtes point ici ni à la taverne ni à la caserne. Mon fils, rangez votre arme, ordonna-t-il à l’adresse de Daniel, qui obéit aussitôt. Qui vous donne, ajouta-t-il en toisant les soldats, le droit de justice en ces lieux ?

– Nous sommes en mission, mon père. Nous cherchons un criminel qui se dissimule sous les habits d’un pèlerin.

– Eh bien, vous devez m’en rendre compte avant d’attenter quoi que ce soit envers mes pénitents ! Cette île est sous la protection de saint Michel ; c’est une terre consacrée, un lieu d’asile. Venez m’expliquer l’objet de votre mission.

– Mon père, nous ne pouvons laisser ces individus…

– Il vous est interdit de porter la main sur eux tant qu’ils sont sur l’île, est-ce bien clair ?

Le chanoine était seul, mais il émanait de lui une autorité souveraine ; surtout, l’ombre de l’abbaye les recouvrait, il semblait à tous que le bras armé de l’archange protégeait la tête tonsurée qui défiait les soldats. Ces derniers cédèrent et s’éloignèrent en compagnie du chanoine. Sans besoin de se concerter, Bérangère et Daniel entraînèrent les enfants et s’éloignèrent en toute hâte ; comme Amelina chouinait et les ralentissait, Daniel la prit dans ses bras et ils dévalèrent les marches des remparts jusqu’à trouver un coin où ils échappaient aux regards, à l’arrière des boutiques. Daniel avait noté qu’Armand était resté dans leur sillage, mais force lui était d’admettre que celui-ci n’était pas complice des soldats. D’ailleurs, la vision du bijou l’avait trop intrigué pour qu’il se courrouce de l’obstination de son poursuivant.

– Cette bague…

– Est celle de dame Jehanne, confirma Armand qui reprenait son souffle. C’est elle qui m’envoie, non sire Stéphane, chercher sa fille.

– La mère de cette enfant est morte ! intervint Bérangère avec vigueur.

Armand se tourna vers elle, surpris par l’interruption ; il n’était pas sûr de cette femme, mais il la devinait attachée à Daniel et ne pouvait guère que parler devant elle. Il répondit en regardant Daniel :

– Elle est vivante et cette bague en est la preuve. Elle me l’a confiée comme témoignage de ma mission.

– Ma maman ? fit Amelina, se rapprochant de l’inconnu mais restant prudemment un peu en arrière de Daniel, accrochée à sa jambe.

– Votre maman, oui, damoiselle Amelina. C’est ma maîtresse. Elle m’a confié cette bague comme elle vous a confié cette médaille. Vous en souvenez-vous ?

Amelina ne répondit pas mais se rencogna plus étroitement contre son oncle. Daniel avait un instant perdu le souffle, mais sa voix s’éleva de nouveau, un rien éraillée :

– Tu as pu la récupérer sur… elle ne s’en serait pas séparée.

– Non, sauf pour une mission aussi importante que chercher sa propre fille. Elle a survécu à sa chute mais a été blessée à la tête ; il en a résulté une perte de mémoire qui a duré deux ans. Mais ma dame est de retour à présent ; elle a repris son titre, son fief, elle veut récupérer sa fille si longtemps disparue.

Il voyait que Daniel commençait à le croire ; son visage changeait, ses yeux s’humidifiaient. Il décida de donner le coup de grâce :

– Voulez-vous une preuve supplémentaire que je suis votre allié ? Voilà des mois que je vous cherche, auparavant je n’ai pu trouver que ce que vous avez bien voulu laisser derrière vous ; je vous rends ce qui vous appartient.

Il défit son bagage et y extirpa un objet oblong ; un fourreau. Il le tendit vers le chevalier, qui le prit mécaniquement et s’absorba dans la contemplation des armoiries gravées sur la poignée.

– Je… j’ai vendu cette épée.

– Je l’ai retrouvée à la forge où vous l’avez vendue. Ces artisans étaient peu scrupuleux, à ce qu’il semble.

La voix de Bérangère claqua, tirant Daniel de son rêve.

– Cet homme a de belles paroles, mais rappelle-toi les soldats. Quelle coïncidence est-ce là, qu’il apparaisse en même temps qu’eux ? Il cherche à te tromper !

– Cela n’a rien de si extraordinaire, rétorqua Armand, courroucé de l’intervention de l’étrangère. Ils ont appris comme moi que vous vous dirigiez vers le Mont et vous y ont attendu comme je l’ai fait. Aurais-je…

– Messire, coupa Daniel.

– Armand de Blancastel, sire Daniel.

– Messire Armand. Vous êtes chevalier, n’est-ce pas ?

– Autant que vous, je le crois bien.

– Vous portez une croix au cou ; jurez sur elle que vous dites la vérité et ne cherchez pas à nous tromper.

Solennellement, Armand tira la croix, l’embrassa et énonça :

– Je fais le serment que je dis la vérité, que dame Jehanne de Beljour, ma maîtresse, est en vie et m’a envoyé auprès de vous pour vous ramener tous deux sous sa protection. Que je suis l’ennemi de vos ennemis et que mon épée est à votre service jusqu’à ce que vous soyez auprès de ma dame.

– Non ! cria Bérangère. Ne suis pas cet homme, Daniel ! Tu as promis, tu t’es promis à moi ; nous retournerons à Paris ensemble.

Elle s’agrippait à lui à présent ; elle avait surpris l’émotion sur le visage de Daniel à l’évocation de la comtesse. Une jalousie instinctive faisait son chemin jusqu’à son cœur. Mais elle n’était certainement pas femme à se laisser voler ce qu’elle avait fait sien. Le regard d’Armand se posa sur elle. Il commençait à comprendre pourquoi cette femme s’immisçait de la sorte dans leurs échanges.

– Vos engagements vous regardent, chevalier, dit-il. Vous êtes libre de votre vie et n’êtes point obligé de me suivre. Mais je dois remettre Amelina à sa mère.

Le visage de Daniel s’assombrit immédiatement.

– Jamais je ne vous laisserai emporter seul Amelina.

– Vous n’avez que ce choix ou celui de me suivre !

Les deux hommes se toisèrent ; Armand s’était crispé devant la difficulté. Il ne désirait pas se battre contre Daniel, mais il en viendrait là s’il s’opposait à ce qu’il ramène Amelina. Il ne la lâcherait pas maintenant qu’il l’avait enfin trouvée. À ses yeux, la fille de sa dame était l’objet principal de sa quête, Daniel n’était que secondaire : un ancien chevalier de sa dame, voilà tout.

– Ne te laisse pas entraîner par un mirage, Daniel, insista Bérangère. Allons à Paris comme nous l’avons décidé.

Sa voix s’était fait tremblante ; elle sentait qu’elle perdait du terrain. Daniel lui paraissait déjà lointain, l’esprit quelque part là-bas, en cette contrée mystérieuse sur laquelle régnait sa dame revenue d’entre les morts.

– Si la mère d’Amelina est en vie, dit-il, je dois la lui ramener.

– Et ensuite ? Reviendras-tu ?

Daniel hésita – cette hésitation fut déjà de trop. Bérangère eut un sursaut de douleur et le lâcha.

– Tu es prêt à m’abandonner ! Sur la foi des paroles de cet imposteur ! Tu t’es promis à moi ; n’as-tu donc aucune parole ?

– Laisse-moi aller là-bas, Bérangère ; je reviendrai.

Il le disait bien tard et sans conviction.

– Je ne suis pas femme à attendre, Daniel.

Daniel était sous le feu de tous les regards. Il fallait prendre une décision sans plus de délai. Il en était déchiré, mais dans le fond il savait déjà dans quelle direction balançait son cœur. Il s’efforçait de soutenir son choix par la raison : il ne pouvait abandonner Amelina aux mains d’un étranger ; il ne pouvait non plus décemment refuser de la ramener à sa mère, si une chance existait qu’elle en eût encore une. Sa mère… il tâchait de ne pas laisser un fol espoir envahir son esprit et oblitérer toute sagesse, mais il en était déjà trop plein. Jehanne était peut-être en vie, il pouvait revoir Jehanne ; quoiqu’il en eût, plus rien d’autre ne comptait. La culpabilité le meurtrit en regardant Bérangère, mais il articula :

– J’y vais pourtant.

La marchande était fière. Nulle larme ne fut autorisée à couler sur sa joue, mais elle laissa éclater son dépit.

– Maudite soit cette femme. Maudite ! Tu me regretteras, Daniel. Mais je trouverai mieux que toi !

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