Chapitre 52 : L'éveil
Maintenant, allongé sur un lit dans une pièce étrange, il se trouvait entouré d’hommes en blouse blanche. Il cherchait à comprendre ce qui lui était advenu.
Il entendit alors une voix familière.
— Hé ! Copain, il est temps de se réveiller.
C'était Alain, l’ami fidèle.
— Où suis-je ? Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce un hôpital ? Cela ressemble à un hôpital, demanda Georges.
— Tu as raison. Tu as perdu connaissance et l’on t'a amené ici.
— Mais, je ne me souviens de rien.
— Tu as subi un petit choc. Ne t'inquiète pas, tout va bien aller. Tu as juste besoin de te reposer.
Son ami, un peu groggy, leva la tête et essaya de retrouver ses idées. Il regarda autour de lui avec curiosité.
— J'ai seulement ressenti un moment de vertige, puis tout est devenu flou.
— C'était pendant l’enterrement que tu as perdu connaissance. L'émotion et la fatigue ont été trop intenses pour toi. Maintenant, tu as uniquement besoin de récupérer un peu physiquement et moralement.
— Que suis-je censé faire ?
— Tu vas rester en observation ici, juste pour être sûr que tout va bien. Les médecins vont passer te voir et s'assurer que tu n'as pas besoin de plus de soins.
— Merci. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, répondit-il, la voix empreinte d’émotion.
Alain, posant une main sur l'épaule de son ami :
— Tu n'as pas à me remercier. On est ici l'un pour l'autre, comme toujours. Rock 'n' roll mec.
— Bon, je suppose que je dois demeurer jusqu'à ce que je me sente mieux.
— Oui, c'est ce que le médecin a dit.
Georges ne réagit pas. Son esprit vagabondait déjà dans un autre temps, un autre lieu. Il se revoyait contourner la baie vitrée pour entrer dans la pièce où gisait Jessica. À peine franchi le seuil, il avait poussé un « Nom de Dieu ». Cette réaction, bien que profane, était la manifestation d'une émotion intense mêlant choc et douleur. Son regard s'était arrêté sur le visage de sa fiancée. Il rayonnait d'un majestueux éclat mortuaire. Il se revoyait alors poser sa main sur le front de la jeune fille, un geste teinté de tendresse, mais aussi de l'angoisse face à la froideur de la mort qui se révélait à lui. Les souvenirs se mêlaient à la réalité du lieu, créant un tourbillon d'émotions qui le plongeait dans un état de confusion momentané. Il a regardé le ciel par la fenêtre de la chambre. Puis, il ajouta :
— Il paraît que pour soigner les déficiences physiques, on peut utiliser l’urine de taureau.
— Ce n’est pas trop engageant comme idée.
— Tu as raison. À la rigueur, celle des vaches.
Alain réagit avec une pointe d’humour et de scepticisme à la remarque de Georges. Celui-ci ferma les yeux et s’assoupit. Son ami, avec délicatesse, posa sur lui une couverture tel un voile protecteur de solitude. Par ce geste, il symbolisait que son camarade n'était pas seul dans sa peine : un compagnon au passé tumultueux veillait sur lui.

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