Chapitre 42 : Mystère d'un Amour Caché

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Un jeudi, alors que Jessica était sortie pareille à son habitude sans rien dire, Georges décida de fouiller discrètement dans ses affaires pour trouver des indices sur ses mystérieuses disparitions. Dissimulés dans le tiroir de la commode, un petit ruban et un coffret en cuir patiné attirèrent l'attention du jeune homme. Il saisit le frou-frou d'un rose tendre et clair, rappelant la douceur des pétales de fleur fraîchement éclose. Sa texture satinée et lisse réfléchissait la lumière, créant des reflets chatoyants qui captaient la curiosité. Chaque bord de la boucle était soigneusement ourlé, attestant d'une avidité minutieuse de s’attaquer aux détails.

Puis, Georges examina de plus près le coffret. Il était fait de coutures parfaitement travaillées témoignant d'un artisanat de qualité, tandis que son aspect vieilli suggérait une longue histoire. Le petit fermoir en laiton poli ajoutait une touche d'élégance discrète à cet objet qui semblait renfermer des secrets bien gardés.

Alors qu’il allait ouvrir la cassette, il entendit la porte claquer. Il referma le tiroir. C’était Jessica qui revenait plus tôt que prévu.

— Bonjour, où étais-tu passée ? demanda Georges, le regard empreint d'une curiosité mêlée de préoccupation.

La fille esquissa un sourire énigmatique, ses yeux verts pétillant d'une lueur mystique.

— Juste une promenade, rien de particulier, répondit-elle d'une intonation douce, mais qui dissimulait une chose plus profonde.

— C’est bizarre que ce soit chaque fois à la même période du mois, réfléchit le garçon.

La jolie rousse, laissant percer une pointe de colère dans sa voix, répliqua :

— Tu devrais probablement te préoccuper un peu plus de tes propres affaires. Ma liberté de mouvement ne te regarde pas.

Le jeune homme sentit une tension palpable s'installer entre eux, comme si l'air était chargé d'électricité. Il scrutait sa bien-aimée, cherchant des réponses dans ses yeux qui paraissaient dissimuler un mystère bien plus profond que ses simples paroles ne le faisaient croire.

— Je pense que je devrais me contenter de cette version, reprit le garçon courroucé.

Mais, quelque chose dans l'attitude de sa fiancée lui disait qu'il devait creuser davantage pour découvrir ce qu'elle cachait réellement. La jeune fille quitta la pièce, abandonnant derrière elle un parfum de silence. Le compagnon, tel un détective en quête de réponses, se promit d’examiner la situation en profondeur. Malgré l’engagement qu’ils s’étaient fait, il allait l’espionner, scruter chaque geste, chaque attitude et ainsi percer le non-dit qui se dissimulait au fond de l’affaire. Les rideaux de l’intrigue se refermaient doucement, mais la scène n’était pas encore terminée.

Un mois après, déterminé à trouver la vérité, il décida de suivre Jessica discrètement lors de sa sortie hebdomadaire. Georges quitta son appartement avec une démarche rapide se fondant dans le flot des passants, pareil à un acteur changeant de costume en coulisses. Arrivé au bar Le Balto, il s'installa à une table stratégique, sa vue couvrant à la fois l'entrée de son deux-pièces et une partie de la rue. Son regard scrutateur se posa sur chaque silhouette qui passait. Malgré l'ambiance animée du café, il resta concentré, tel un détective déterminé à obtenir des réponses. Son cœur battait au rythme de cette traque silencieuse, mais essentielle à la résolution du mystère qui l'obsédait.

L'air était empreint d'une odeur d’alcool, mêlée aux effluves âcres d’une viande que l’on grillait en cuisine. Le bruit des voitures qui passaient était comme une symphonie cacophonique, se mélangeant au fond sonore d’un poste de radio. L'atmosphère était chargée d'une tension palpable.

Le serveur aux petits yeux, pareils à ceux d’un sanglier, accoudé au comptoir, écoutait la radio. Alors, un hippie s’est approché d’un juke-box et a mis à plein volume « After Angle Of Incidents[After Angle Of Incidents, Van der Graaf Generator-1971] » de Van der Graaf Generator. Le barman chauve s'est redressé comme par magie, ses oreilles captant chaque note discordante de la musique industrielle. Les clients ont interrompu un court moment leurs conversations, surpris par ce changement soudain dans l'ambiance. Le lieu était devenu un théâtre d'ombres, où les discussions des poivrots se mêlaient aux arpèges disgracieux de la beuglante, créant une harmonie chaotique. Georges, concentré, a senti son pouls s'accélérer, sachant que le moment crucial approchait.

Le jeune homme fit signe au garçon de café :

— Un Monaco, s'il vous plaît.

— Bien, monsieur, pas d’alcool dur aujourd'hui ?

— Je passe pour un ivrogne à vos yeux.

— Pas du tout, c’est ce que vous commandez en principe.

— Non, pas aujourd’hui, cela m'empêcherait de réfléchir.

Le personnage, aux pupilles de cochon sauvage, acquiesça et prépara le Monaco. Le verre étincelait sous les lumières tamisées. La vieille horloge au mur semblait ralentir, comme si elle aussi retenait son souffle. Le serveur s’avança vers la table du jeune homme. Son crâne chauve paraissait briller d’une lueur mystérieuse et ses pupilles noires pétillaient d’intérêt. Il posa son regard sur Georges, Un sourire énigmatique étira ses lèvres :

— Et un Monaco pour le "môssieur", un !

La couleur légèrement rousse sur les bords du cocktail rappelait à Roche les cheveux de Jessica. Le jeune homme leva son verre, perdu dans ses pensées. Il but une gorgée. Il était partagé entre l’intrigue, la mélancolie et la détermination. Le ruban qu’il avait découvert avait bouleversé sa vie. Il était maintenant plongé dans un tourbillon d’émotions contradictoires. L’amour qu’il ressentait pour sa fiancée se mêlait à la confusion, à la tristesse et à la curiosité. Qui était cette femme mystérieuse ? Quels secrets dissimulait-elle ? Georges savait qu’il ne pouvait plus reculer. Il devait connaître la vérité, même si cela signifiait s’enfouir dans l’obscurité qui entourait la jeune fille.

C’est alors qu’il vit Jessica sortir dans la rue, sa silhouette altière arpentant le trottoir. Georges se leva, laissant son Monaco à peine entamé. Il se glissa dans la foule, déterminé à suivre la femme qui avait volé son cœur et qui, présentement, lui cachait tant de mystères. Elle était vêtue de jeans et d’un tee-shirt démodé. Ses cuissardes noires et son blouson en cuir ajoutaient une note rebelle à l'ensemble, créant une mélodie visuelle qui captivait l’attention. Les hommes qu’elle croisait se retournaient sur son passage. Les ombres des piétons dansaient sur les murs. Chaque coin de rue sombre masquait peut-être un indice crucial. Le vent soufflait, agitant les feuilles des arbres, puisqu’il portait avec lui les non-dits qu’elle dissimulait. Georges se demandait ce qu’elle faisait, où elle allait. Ses émotions étaient en ébullition : inquiétude et espoir se mêlaient tandis qu’il poursuivait sa quête de vérité. Pataud, il utilisait les mouvements des gens pour se fondre et éviter d'être repéré. Il restait toujours à portée de vue, se faufilant entre les promeneurs. Soudain, une cohue impromptue le fit trébucher, sa vision se brouilla un instant alors qu'il cherchait frénétiquement la silhouette familière de sa bien-aimée. Il la vit de nouveau. C'était bien elle. Il soupira, prêt à plonger plus profondément dans l’obscurité qui entourait cette fille mystérieuse. Durant cette filature délicate, le jeune homme réfléchissait aux répercussions de son acte. Il songea à la difficulté qu’il allait rencontrer quand il lui avouerait son fliquage. Il dit tout haut :

— Je te demande pardon de l'avoir fait malgré notre accord mutuel, de respecter nos libertés.

Mais, pour le moment, Georges ne la quittait pas des yeux. Il se dirigea vers elle, il sentit même son parfum de patchouli, puis il laissa un peu de marge. Le garçon marchait comme un somnambule. Il heurtait les gens qui venaient en sens contraire. Jessica passa devant les cafés Cardinal et le Blendy, mais ne stoppa pas. Elle se mouvait dans des odeurs de café fraîchement moulu émanant des pubs qu’elle longeait, mêlées à l'effluve sucré des pâtisseries. Elle s'arrêta face au Bibent, les musiciens jouaient des airs qui étaient teintés de nostalgie. Elle trouva une place libre sur un banc et s'y installa. Elle tourna et leva la tête vers le ciel, comme si elle l’admirait. Son fiancé la fixait. Tandis que celui-ci était absorbé par la jolie rousse, un bruit fracassant retentit soudainement derrière lui. Surpris, il se retourna brusquement pour découvrir la source du son. Un groupe de fêtards mimaient une rixe, ponctuée de rires et de discussions animées, brisant ainsi l'atmosphère silencieuse et tendue qui régnait. Cette interruption le tira de sa concentration, le ramenant à la réalité bruyante de la ville.

À cet instant, Jessica consultait sa montre. Avait-elle un rendez-vous ? Puis, elle partit pour atteindre le quai des Lombards. La fille freina un moment pour examiner la Garonne qui coulait dans le bas. Des vagues perpétuelles remuaient et mélangeaient les eaux de ses deux rives. Soudain, elle se retourna. Georges se cacha derrière un arbre. Elle ne le vit pas et poursuivit sa déambulation. Le garçon estima que ce n'était pas l’heure de bouger et attendit encore un peu avant de se décider à la suivre. La jeune fille fit son entrée à la place Jeanne d'Arc, telle une actrice sur le plateau d’un drame, se tenant au pied de la représentation majestueuse de la Pucelle d’Orléans. Celle-ci était immobile. C’est la moindre des choses que l’on pouvait demander à une statue. Puis, la jolie rousse obliqua à droite, prit une rue sale et bloqua devant un porche tout noir. Le scénario se déroulait comme un acte de théâtre. Pareil à un rideau qui se levait, Jessica frappa et une vieille femme apparut dans l’encadrement. Georges, en retrait, observait le spectacle, à la manière d’un spectateur curieux, mais pas assez près pour entendre leurs voix. Sa fiancée entra par la porte entrebâillée, laissant planer le mystère dans l’air.

Alors que la fille pénétrait dans un bâtiment, le garçon se tenait à l'écart, scrutant la scène avec une fascination teintée d'appréhension. Il scrutait Jessica avec l'intensité d'un faucon survolant sa proie. Ses émotions étaient une suite de notes tumultueuses où se mêlaient le désir de comprendre et la crainte des révélations à venir. C'était le moment où il devait décider s'il continuait sa filature risquée ou s'il retournait sur ses pas. Cette résolution allait non seulement influencer leur relation, mais aussi l'issue de l'affaire mystérieuse qui les entourait. Tandis qu’il fixait la porte de l’immeuble, un gamin s’approcha du jeune homme.

L’enfant dévisagea Georges de haut en bas. Son regard était tel un ascenseur curieux. Il a commencé au rez-de-chaussée, scrutant chaque détail de ses chaussures, puis a lentement grimpé étage par étage, explorant son visage, son allure et son aura. Finalement, il est arrivé au sommet, où il a trouvé un mélange fascinant de tourment et d’attrition.

Le marmot avec un air de gavroche dit avec un sourire narquois et un vocabulaire évolué pour son âge :

— Hé, monsieur, qui épiez-vous comme cela ? Vous êtes pareil à un immeuble vivant ! J’ai pris l’ascenseur de votre esprit et laissez-moi vous dire, le dernier niveau est un vrai bazar. Des remords ? Vous devriez peut-être faire un peu de ménage là-haut !

— Ah, si seulement il y avait un bouton spécial pour éliminer les emmerdeurs. Laisse-moi tranquille.

— Êtes-vous un policier ?

Georges, surpris par cette question inattendue, répondit avec un léger sourire :

— Oui, en effet, j’en suis un. Mais, chut !

La petite canaille, sans se démonter, répliqua :

— Dites-moi, pourquoi traînez-vous ici à espionner les gens à la manière d’un détective privé ? Vous cherchez des indices pour une enquête ?

Le jeune homme, amusé par l'espièglerie du bambin, joua le jeu :

— Probablement. Mais, n'oublie pas que même les shérifs ont besoin de pauses pour scruter le monde qui les entoure.

Le môme frondeur, dans un éclat de malice, conclut :

— Eh bien, continuez votre observation, cher inspecteur. Peut-être que vous trouverez quelque chose de passionnant.

Et l’enfant poursuivit son chemin. Après cet échange inattendu avec le garçonnet, Georges laissa vagabonder ses pensées pendant un instant. Finalement, une heure plus tard, Jessica sortit de l'immeuble, révélant sa silhouette avec une grâce théâtrale digne d'une actrice accomplie d'un film à suspense.

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