Partie 01 Acte 00

21 minutes de lecture

- Les hommes sont-ils vraiment libres ? Cette question m’a énormément hanté durant ma longue vie, pensa un jeune homme qui agonisait dans un canapé.

Il essaya de bouger son bras, mais n’avait pas assez de force pour le faire. Son corps avait été criblé de balles et il saignait abondamment. Sa vision était floue et il avait de plus en plus froid. Il n’en avait plus pour très longtemps.

- Alors, c’est ainsi que je vais mourir ? Si seulement j’avais eu plus de temps.

Le jeune homme esquissa un léger sourire amer comme pour se moquer de ce qu’il venait de dire. Cela en disait également long sur tous les regrets qu’il éprouvait à cet instant précis. Tandis qu’il était aux portes de la mort, les moments les plus précieux de sa vie défilèrent devant ses yeux. Parmi eux, l’image de deux jeunes femmes et d’un autre jeune homme se manifesta à plusieurs reprises.

- Désolé, je ne pourrai plus être avec vous, pensa-t-il.

Peu de temps après, le canon d’une arme à feu noir fut pointé dans sa direction. Il s’agissait surement de la personne qui l’avait mis dans cet état.

- Une dernière volonté ? rétorqua soudainement un autre individu en face de lui.

- Va te…

Avant qu’il ne puisse terminer sa phrase, la détente fut pressée et le coup de feu partit, mettant ainsi un terme à sa vie.

Mercredi 17 martius 2017

Banque Nationale Arter, par une belle matinée. La plus grande institution bancaire de A City ; la plus grande ville de la zone Arizona des Nations-Unies d’Amérique ; connaissait son flux quotidien de clients. Certains d’entre eux y étaient présents pour effectuer des retraits d’argent, d’autres pour en déposer, et il y avait également ceux qui étaient venus consulter leur banquier afin de régler divers problèmes concernant leurs comptes.

Une petite dame ayant des cheveux gris et mesurant pas plus d’un mètre soixante-dix entra dans le bâtiment après qu’une personne lui ait gentiment ouvert la porte. Elle portait une robe à motifs carrelés, des ballerines noires, et un collier de perles blanches autour du cou.

La petite dame se dirigea lentement, mais surement vers une des réceptionnistes avec qui elle eut une conversation quelques instants plus tard.

- Bonjour ! Que puis-je faire pour vous être utile ? lui demanda l’employée de la banque avec un sourire aimable sur son visage.

- Bonjour, mademoiselle. J’ai rendez-vous avec mon banquier, lui répondit-elle.

La vieille dame lui donna ensuite le nom du gestionnaire financier qu’elle devait rencontrer, ce qui permit à la jeune réceptionniste de la conduire au bureau de ce dernier.

L’homme qui était vêtu de manière très formelle avec un costume noir assorti d’une cravate bleue se leva de son siège lorsqu’il aperçut sa cliente. Après un échange de formalités entre les deux, il l’invita à prendre place sur un des sièges.

Après s’être confortablement installée, la vieille dame expliqua à son gestionnaire qu’elle avait relevé des activités suspectes sur un de ses comptes bancaires et voulait donc procéder à un changement de carte de crédit.

- Madame Saddle, vous savez que vous pouvez faire ce genre de procédures à travers notre application bancaire, n’est-ce pas ? questionna le banquier.

- Je n’ai absolument pas confiance en ce genre de technologie. Je préfère prendre rendez-vous et venir vous voir directement à la banque, répondit-elle.

L’homme esquissa un léger sourire devant les préférences quelque peu démodées de cette vieille dame assise devant lui.

- OK, je comprends. Je vous fais ça tout de suite. Mais vérifions d’abord ces fameuses activités suspectes dont vous venez de me faire part, déclara-t-il.

Le banquier se mit à pianoter sur les touches de son clavier d’ordinateur et, quelques dizaines de secondes plus tard, eut un accès complet au compte de sa cliente. Il lui dit alors que, selon ce qu’il avait sous les yeux, elle avait effectué de nombreuses transactions ces derniers jours dont certains montants étaient assez élevés. Bien évidemment, la vieille dame ne reconnut aucun des transferts bancaires que lui présenta l’homme en costume noir.

- Y a-t-il un moyen de récupérer l’argent qui m’a été dérobé ?

- Je crains bien que cela s’avère compliqué, voire impossible. Vous auriez dû faire opposition dès l’instant où vous aviez remarqué le premier prélèvement et faire une demande pour une nouvelle carte, répondit-il.

Face à la réponse de son banquier, madame Saddle ne put s’empêcher d’afficher une triste mine. L’homme, devant la réaction de sa cliente, réfléchit quelques instants avant de finalement lui dire de patienter, qu’il allait discuter de la question avec un de ses supérieurs. Cependant, au moment où le banquier se leva de son siège, il fut soudainement pris d’une atroce migraine et de vertiges. Alors qu’il avait ses mains posées sur sa tête, sa vision commença elle aussi à se troubler.

En voyant l’étrange comportement de son banquier qui marchait de travers dans le bureau, madame Saddle lui demanda si tout allait bien. Elle se leva de son siège et s’avança vers lui dans l’optique de lui offrir son aide, mais remarqua à ce moment qu’il n’était pas le seul à agir de la sorte. Toutes les personnes présentes dans la banque étaient atteintes des mêmes maux.

Madame Saddle commença à s’inquiéter et son rythme cardiaque s’accéléra fortement. Ne sachant pas exactement quoi faire, elle décida tout simplement de contacter les autorités. Toutefois, au moment où elle s’apprêtait à composer le numéro sur son téléphone, non seulement celui-ci se mit à avoir des problèmes de fonctionnement et elle fut ensuite touchée par le phénomène qui se produisait dans la banque.

-----*-----

Plusieurs dizaines de minutes avant que toutes les personnes à l’intérieur de l’institution soient frappées par des migraines et des vertiges, trois voitures de marque différente vinrent se garer en face du bâtiment. Il s’agissait entre autres d’une Chevrolet Camaro SS grise de 1969 ayant des vitres teintées en noir, d’une Toyota supra bleue avec des rayures blanches de 2002, et d’une Nissan R34 Skyline GTR complètement noire. Ces véhicules avaient visiblement été modifiés, car leur intérieur était équipé avec des accessoires beaucoup trop récents pour les modèles conduits.

À l’intérieur de ces véhicules se trouvaient trois individus ; deux hommes et une femme ; tous vêtus d’un très élégant costume gris. Seuls les conducteurs de la Skyline et de la Camaro avaient de drôles de puces circulaires de quelques millimètres de diamètre collées de part et d’autre de leur tempe. Toutefois, tous les membres de ce groupe disposaient d’une oreillette afin de communiquer entre eux.

Une musique assez forte fut soudainement émise du cockpit de la Nissan Skyline, ce qui attirait malencontreusement l’attention de certains passants vers le véhicule, dont une jeune fille noire aux cheveux verts.

- Accelerated ! Ne trouves-tu pas que le volume de ta musique est un peu trop fort ? dit le conducteur de la Camaro.

- Come on Wolff ! C’est un son de Scandroid. Et tu sais à quel point j’aime les sons de Scandroid.

La personne qui venait d’interpeler son camarade était un jeune homme possédant des cheveux blancs et des yeux bleu-cyan, un trait de caractère que les deux autres membres du groupe ainsi que tout le monde trouvaient très spécial. En dehors de cela, il mesurait plus d’un mètre quatre-vingt et avait une mâchoire carrée peu proéminente. Son interlocuteur, quant à lui, était un jeune homme noir avec des cheveux coupés court, mesurait un mètre soixante-quinze, et avait des yeux marrons.

- Tu n’es pas obligé de le diffuser avec une telle intensité, rétorqua à nouveau Wolff.

- We’re made of flesh, circuit, and bone. The only world we’ve known, these empty streets we walk alone…, chanta joyeusement Accelerated.

- Accelerated, si tu ne baisses pas immédiatement le volume de ta musique, je me verrai dans l’obligation d’agir. Et je ne pense pas que tu apprécierais ce que je ferai.

- Comme si tu étais en mesure de t’en prendre à moi, murmura-t-il.

Devant la menace de Wolff et bien qu’il fut très curieux de savoir ce qu’il serait en mesure de lui faire, Accelerated baissa le volume de volume de sa musique. Leur petite dispute amusa leur camarade qui ne put s’empêcher de rire à l'intérieur de sa supra.

- Qu’est-ce qui te fait rire, Stevie ? questionna Accelerated, légèrement vexé par sa réaction.

- Ton comportement. Tu as 21 ans et tu agis toujours comme un enfant, rétorqua la jeune femme.

- Moi ? Un enfant ? Écoute, ce n’est pas parce que tu as deux ans de plus que moi que ça te donne le droit de me traiter de gamin, répliqua le pilote de la GTR en haussant la voix.

- Qu’est-ce que je disais ? Un véritable gamin.

- Pourquoi ne descendrais-tu pas de ta voiture pour qu’on vérifie qui de nous deux est vraiment un gamin ?

- Ça suffit, tous les deux ! Nous ne sommes pas là pour ça. Aussi, Accelerated, tu ferais mieux de la mettre en veilleuse après ce qui s’est passé avec ta dernière voiture. Quant à toi, Stevie, nous nous passerons bien de tes commentaires, intervint fermement Wolff.

Les deux jeunes gens n’ayant rien à redire face à leur leadeur qui n’était visiblement pas d’humeur, un lourd silence s’installa parmi les membres du groupe. Quelques instants plus tard, le conducteur de la Chevrolet retroussa légèrement sa manche droite afin d’avoir une idée de l’heure qu’il faisait.

- Ce sera bientôt à nous de rentrer en scène. Vous savez ce que vous avez à faire, n’est-ce pas ? demanda-t-il à ses acolytes.

- Dès que tu nous donnes le signal, je m’occupe de tous les témoins qui sont à l’intérieur. Une fois cela fait…, répondit la jeune femme japonaise.

- Je me charge de tous les gardes et autres nuisances que l’on pourrait rencontrer, poursuivit Accelerated en coupant brusquement sa partenaire la parole.

- Excellent ! Réussissons cette opération sans encombre afin que le Patriarche soit fier de nous, déclara le conducteur de la Camaro.

Les trois individus s’étant mis d’accord sur la marche à suivre, il ne leur restait plus qu’à attendre le signal de leur leadeur.

Aux alentours de 9h30, alors que cela faisait près d’une demi-heure qu’ils attendaient que madame Saddle fût rentrée dans la banque quelques minutes auparavant, Wolff leur donna finalement le signal.

- À toi de jouer, Stevie, dit-il.

Les yeux brun clair de la jeune femme s’illuminèrent avant de changer soudainement de couleur pour devenir bleus. Quelques instants après, tous les appareils électroniques des passants eurent divers problèmes de fonctionnement. Juste après cela, tout le monde, que soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la banque, se mit à marcher de travers et à avoir de migraine.

Wolf, Stevie, et Accelerated descendirent tous les trois de leur voiture et se dirigèrent vers le bâtiment. Chacun d’entre eux possédait avec lui un grand sac noir. Ils franchirent les portes d’entrée et se retrouvèrent devant une foule de gens désorientés et apeurés.

- Mesdames et messieurs, plus personne ne bouge ! Ceci est un holdup ! s’écria brusquement le jeune homme noir.

Ses deux acolytes se retournèrent vers lui, le regardant avec une expression faciale témoignant à la fois de leur étonnement et de leur fatigue vis-à-vis de ses interventions enfantines.

- Quoi ?! J’ai toujours voulu dire ça, rajouta-t-il lorsqu’il remarqua les regards de ses collègues.

Wolf n’en pouvait plus des conneries de son partenaire de crime. Toutefois, ce n’était ni le lieu ni le moment de le réprimander pour cela.

- Parfois, j’en viens à regretter Beckley. Quoi qu’il en soit, mesdames et messieurs, comme l’a si bien dit mon camarade ici présent, ceci est un holdup. Veuillez donc, s’il vous plait, faire tout ce que l’on vous dit et personne ne sera blessé, dit Wolff en sortant une arme à feu toute noire de sa veste.

Cette dernière avait d’étranges gravures dorées inscrites à certains endroits. Vu l’expression faciale qu’Accelerated fit au moment où il la vit, c’était surement la première fois qu’il observait une telle chose se produire durant l’une de leurs opérations. Généralement, tout se déroulait sans ce genre d’outils de pression. Des gens comme Wolff, Stevie, et lui n’avaient pas besoin de ce genre d’objets pour obtenir ce qu’ils voulaient.

Le jeune homme n’eut cependant pas le luxe de rester fixé sur ce détail. En effet, malgré les charmants conseils de Wolff, certains individus avaient toujours l’intention de jouer aux héros. C’était donc à son tour d’intervenir. Comme avec Stevie, les yeux marrons du jeune homme s’illuminèrent avant de prendre soudainement une couleur grise. Cependant, contrairement à sa collègue, on pouvait alors distinguer plusieurs traits tout autour de ses iris.

L’environnement autour d’Accelerated perdit ses couleurs pour ne laisser place qu’à des nuances de noir et blanc. De plus, toutes les personnes présentes dans la pièce se mirent à bouger lentement, si lentement que les mouvements des agents de la sécurité qui s’apprêtaient à saisir leurs armes à feu semblaient prendre tout une éternité pour le jeune homme.

Tout se déroula plus vite qu’un clignement d’œil. Au moment où les gardes, qui étaient toujours sous les effets des mystérieuses capacités de Stevie, étaient sur le point d’attraper leurs armes, ceux-ci se rendirent compte que ces dernières ne se trouvaient plus dans leur étui.

- C’est ça que vous cherchez ? demanda Accelerated en tenant dans ses mains ce qu’ils convoitaient.

Les membres de la sécurité n’eurent pas vraiment le temps d’être étonnés par la prouesse du jeune homme. En effet, Wolff menaça une fois de plus tout le monde avec son arme à feu pour qu’ils aillent tous se mettre bien sagement dans un coin. Pendant ce temps, Accelerated et la jeune Japonaise prirent la direction de la salle des coffres en embarquant avec eux un des banquiers.

- Ne me faites pas de mal s’il vous plait. Je suis marié et j’ai des enfants, rétorqua l’employé en tremblant.

- Tant que tu ne fais rien de stupide, tu pourras rentrer chez toi sain et sauf, dit Stevie.

Sur le trajet, le conducteur de la Nissan Skyline sortit de sa poche une montre à gousset en argent qu’il consulta immédiatement après. Contrairement aux autres montres de ce genre, cette dernière comportait six aiguilles et semblait compter à rebours.

- Tu la consultes beaucoup ces derniers temps. Tu commences à être à court de temps ou quoi ? questionna Stevie, curieuse.

- Non, même pas. C’est juste une habitude de ma part. Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça, répondit-il en affichant un faux sourire.

Il remit l’objet dans sa poche et continua sa route avec sa partenaire et leur otage. Arrivés devant la salle des coffres, deux autres gardes y étaient présents. Parce qu’aucune alarme ni cri n’avait retenti, les deux hommes n’avaient aucune idée de ce qui se passait à l’intérieur de la banque. Ils pensèrent alors que l’employé accompagnait deux clients qui voulaient soit faire un dépôt, soit effectuer un retrait. Cependant, un des gardes remarqua que son comportement était quelque peu suspect. En effet, ce dernier transpirait énormément et tremblait également. De plus, il y avait les deux gros sacs que Stevie et Accelerated transportaient. Cela le mit immédiatement en alerte.

- Monsieur, est-ce que tout va bien ? demanda-t-il au banquier.

Celui-ci ne répondit pas oralement et se contenta de faire des signes des yeux. Le garde comprit immédiatement ce qui se passait et agit en conséquence. Cependant, avant qu’il ne puisse saisir son arme, Accelerated activa de nouveau son étrange faculté pour désarmer et assommer les deux avant qu’ils n’aient le temps de réagir.

- Impressionnée ? demanda-t-il à la jeune femme.

- Pas le moins du monde. Maintenant, si tu veux bien te pousser, j’ai un travail à faire, lui répondit-elle.

La jeune Japonaise attrapa violemment l’employé de la banque et lui ordonna d’ouvrir le coffre. Craignant pour sa vie, ce dernier n’hésita point et s’exécuta. Il entra donc la combinaison sur le digicode qu’il valida quelques instants plus tard avec sa carte. Le bruit de l’énorme porte en acier se déverrouillant retentit, ce qui fit comprendre aux deux compères qu’ils n’avaient plus besoin des services de leur hôte. Stevie plaça donc sa main au niveau de son cou et ce dernier se mit à convulser violemment avant de perdre soudainement connaissance et de tomber à même le sol.

- Excellent travail ! dit le jeune homme en applaudissant.

- Cesse tes enfantillages. On a encore du boulot à faire, rétorqua Stevie.

- Oui, madame ! exclama une fois de plus Accelerated en exécutant un salut militaire.

La jeune femme commençait vraiment à en avoir marre du comportement de son collègue. Toutefois, comme elle l’avait si bien dit, il avait encore du travail à accomplir. Dès lors, elle mit de côté ses ressentiments du moment et entra avec lui dans la pièce.

Comme on pouvait s’y attendre du coffre-fort d’une grande banque, il était rempli de plusieurs centaines de petits compartiments numérotés. Accelerated s’éloigna un tout petit peu de la demoiselle dont les yeux avaient toujours leur couleur bleue. Les poils des bras du jeune homme commencèrent à se dresser tandis que des arcs électriques apparaissaient à divers endroits de la salle. Stevie tendit par la suite ses bras de part et d’autre de son corps et, dans un bruit assez strident, attira vers elle tous les verrous des coffres. Ceux-ci s’arrêtèrent à quelques centimètres d’elle avant de tomber soudainement sur le sol.

- Je suis toujours aussi impressionné par tes facultés. T’es vraiment un aimant vivant ou une batterie. Ça dépend des occasions, rétorqua le jeune homme.

- Au lieu de parler, tu ferais mieux de t’occuper des autres coffres. Je me charge de celui qui contient l’artéfact, dit froidement Stevie.

- Oui, madame ! s’exclama une fois de plus Accelerated avec un ton plaisantin.

La demoiselle se dirigea alors vers la boite de dépôt portant le numéro 305 et l’ouvrit. À l’intérieur se trouvait la moitié d’un disque rocheux qui avait visiblement été brisé lors d’un choc et sur lequel étaient gravées des inscriptions similaires à celles présentes sur l’arme de Wolff.

Stevie attrapa l’objet avec la plus grande des précautions et le plaça délicatement dans son sac. Pendant son temps, son camarade qui venait encore d’utiliser ses pouvoirs terminait à peine de remplir le sien.

- C’est bon, j’ai l’artéfact, dit-elle à Wolff par l’intermédiaire de son oreillette.

- Excellent ! Maintenant, sortez de là pour qu’Accelerated puisse déboucher la bouteille de champagne, répondit-il.

- La bouteille de champagne ?! Dit, il sait que je ne bois pas d’alcool, n’est-ce pas ? rétorqua le concerné qui avait été surpris par le commentaire de leur leadeur.

Lorsque le jeune homme se retourna vers sa camarade, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que celle-ci pointait une arme à feu similaire à celle de Wolff dans sa direction.

- Stevie… ! s’exclama-t-il.

Avant même qu’il ne puisse terminer sa phrase, Stevie appuya sur la détente, ce qui déclencha le tir. Accelerated activa instantanément ses pouvoirs. Alors que les couleurs tout autour lui disparaissaient pour ne laisser place qu’à des nuances de blanc et de noir, le jeune homme se dit alors qu’il avait suffisamment de temps pour éviter le projectile. Cependant, quelque chose n’allait pas. Non seulement il ne voyait pas la balle, ce qui devrait être impossible vu la vitesse à laquelle il se déplaçait et l’endroit dans lequel il se trouvait, mais il sentit également des picotements au niveau de son abdomen. Lorsqu’il abaissait son regard vers l’origine de cette gêne, il fut horrifié quand il découvrit de quoi il en retournait.

- C…comment est-ce possible ?! demanda-t-il en s’effondrant au sol.

Le jeune homme se tordait de douleur, ce qui le fit perdre sa concentration. Par conséquent, ses pouvoirs se désactivèrent et le monde autour de lui revint à la normale. Stevie s’approcha ensuite de lui, son arme toujours tendue vers lui.

- P…pourquoi ? questionna-t-il difficilement.

- Désolé. Ça n’a rien de personnel, répondit-elle.

Alors que la jeune femme s’apprêtait à lui tirer de nouveau dessus, elle hésita un bref moment, ce qui permit à Accelerated de lui asséner un coup de pied qui la déstabilisa momentanément. Profitant de ce court laps de temps qu’il venait de créer et faisant de son mieux pour ignorer l’atroce douleur qui le parcourait, il se redressa, activa une fois de plus ses pouvoirs, et disparut du champ de vision de Stevie.

-----*-----

Dans le hall de la banque, Wolff détenait toujours les clients et employés en otage en les menaçant de son arme. Le calme régnait, mais la tension était palpable. Aucun d’entre eux ne savait exactement quand cette mauvaise situation allait se terminer. Tout ce qu’il espérait était que cela soit le plus vite possible.

Chose assez curieuse chez les otages, personne ne voyait le jeune homme devant eux de la même manière. Pour certains, il était blanc tandis que pour d’autres, il était noir ou latino. Ses traits physiques avaient été altérés. Cela venait sans aucun doute des facultés toujours actives de la jeune Japonaise.

Alors que tout le groupe se tenait tranquille, un des employés de la banque qui se trouvait un peu à l’écart eut également la brillante idée de jouer aux héros. Il voulut alors activer l’alarme silencieuse de l’institution en appuyant sur un bouton se situant sous un des bureaux proches de lui.

- Si tu ne veux pas que la prochaine fois que tes proches te voient soit dans un sac mortuaire, je te conseille de te tenir tranquille, rétorqua Wolff qui avait vu ce qu’il manigançait.

Devant la menace, l’employé abandonna son idée, ne voulant pas se faire tuer. Ce fut exactement à ce moment que les yeux bleu-cyan de Wolff s’illuminèrent. L'environnement autour de lui perdit alors ses couleurs pour ne laisser place qu’à des nuances de noir et de blanc. Le jeune homme se retrouva dans le même monde qu’Accelerated qui venait tout juste de rejoindre le hall.

- Où comptes-tu aller comme ça, Accelerated ? demanda-t-il.

Le regard de Wolff était à cet instant beaucoup plus froid et intimidant que d’habitude. Il n’avait plus rien à voir avec celui qu’il était quelques minutes auparavant. De son côté, Accelerated était abasourdi de voir son ancien collègue dans ce lieu. Néanmoins, son visage livide ne pouvait l’exprimer à ce moment.

- Aujourd’hui, c’est décidément le jour des surprises. Des armes capables de m’atteindre dans cet endroit et qui m’empêchent de me régénérer, et maintenant toi ici, rétorqua-t-il d’un air épuisé.

- Malgré ton état et ton désavantage certain, tu arrives encore à plaisanter. Admirable ! Nous ne pouvons malheureusement pas te laisser t’échapper. Pas après ce que tu as fait, déclara-t-il.

- Alors, le Patriarche l’a finalement découvert, répondit Accelerated en esquissant un léger sourire.

Comme s’il était possédé par un démon, le jeune homme se mit à rire douloureusement tandis qu’une arme était pointée sur lui.

- Une dernière volonté avant de mourir ? questionna Wolff.

- Une volonté ? Non, un seul mot suffira. Accelerated ! rétorqua-t-il en s’arrêtant brusquement de rire.

Après avoir prononcé son surnom, le jeune serra les dents avant de disparaitre soudainement devant les yeux de son adversaire. Moins d’une seconde plus tard, celui-ci reçut un violent coup au visage, ce qui le fit reculer de plusieurs pas. Wolff était visiblement surpris par ce qui était en train de produire. Il ignorait complètement qu’Accelerated était capable de faire ce genre de chose. Cependant, il se ressaisit très vite, beaucoup trop vite même.

- Je ne sais pas comment quelqu’un comme toi a réussi à rentrer dans mon domaine ni comment tu es en mesure de t’y déplacer à ta guise, mais sache que je reste et demeure le maitre de ces lieux. Tu ne peux pas gagner, pas ici, rétorqua le jeune homme sur un ton sérieux qui ne lui ressemblait pas et en apparaissant à quelques mètres de son adversaire.

Dès que ce dernier le vit, il lui tira dessus immédiatement. Malheureusement pour lui, la balle traversa le jeune homme et se planta dans le mur sans lui faire le moindre dégât.

- Une image différée ! Impressionnant, s’exclama le jeune homme aux yeux bleu-cyan.

Quelques instants plus tard, il encaissa de nouveaux coups de poing de la part d’Accelerated. Cependant, ceux-ci étaient moins forts à chaque fois, ce qui fait comprendre à Wolff que son adversaire faiblissait à grande vitesse.

- Les vertiges et les engourdissements doivent commencer à se faire sentir, sans oublier les petites douleurs au bras et à l’abdomen. Je me demande pendant combien de temps tu seras encore en mesure de te déplacer de la sorte.

Accelerated avait très mal. Non seulement il avait une balle logée dans son ventre, mais son bras était également douloureux. À chaque fois qu’il donnait un coup de poing à Wolff, c’était comme s’il frappait directement un mur. La peau de ce type beaucoup trop dure. Tous ces facteurs combinés faisaient donc en sorte qu’il ralentisse. Et lorsque c’était le cas, il apparaissait devant Wolff qui n’hésitait pas à lui tirer dessus dès qu’il l’apercevait.

Dans une telle situation, le jeune homme n’avait nul autre choix que d’éliminer son adversaire. S’il venait à désactiver son pouvoir ne serait-ce que durant une seconde ou à ralentir beaucoup trop, cela signerait à coup sûr sa mort.

Accelerated apparut une fois de plus devant le jeune homme et, comme précédemment, ce dernier tira sans hésiter, ce qui eut le même résultat que sa dernière tentative. Devant ce nouvel échec, une idée émergea dans la tête de Wolff.

Encaissant de nouveau une rafale de coups, le jeune homme se dirigea vers une des réceptionnistes et l’attrapa par le bras. Sans qu’il ne sache comment cela était possible, Accelerated vit Wolff intégrer la demoiselle dans son domaine. Bien évidemment, cette dernière fut très étonnée, ne comprenant pas ce qui se passa. Ce nouvel exploit renforça l’idée du jeune homme selon laquelle il devait à tout prix se débarrasser de son adversaire. Il avait beaucoup trop de facultés mystérieuses capables de créer des problèmes à des gens comme lui.

- Voyons voir comment tu gères ça ? déclara le détenteur de l’arme à feu.

D’un simple geste, Wolff projeta la jeune femme à plusieurs mètres dans les airs comme s’il s’agissait d’un simple bout de papier qu’il jetait. Alors que cette dernière touchait violemment le sol et se faisait de nouveau affecter par le domaine, il pointa son arme vers elle et tira. Accelerated vit la balle sortir du canon et se déplacer très lentement, se déplacer à une vitesse à laquelle elle était censée bouger dans ce domaine qui était le sien. Il se dit alors qu’il pouvait sauver cette femme, qu’il lui suffisait de la déplacer légèrement afin que le projectile passe à côté. Tout allait bien se passer, tout devait bien se passer.

Le jeune homme noir fonça donc vers la réceptionniste afin de la sauver. Malgré la douleur et la perte abondante de sang, il le fit. Cependant, au moment même où il se retrouva sur la trajectoire de la balle, celle-ci accéléra brusquement et le blessa à l’épaule droite. Accelerated perdit alors l’équilibre et s’effondra sur le sol. Il avait mal, il avait froid, il avait du mal à ressentir ses extrémités, et sa vision était trouble.

- Quelle déception ! L’autre n’aurait jamais risqué sa vie pour la sauver. Quoi qu’il en soit, il semblerait que ton heure soit arrivée, Accelerated, déclara Wolff.

Wolff s’approcha de lui et lui dire qu’il allait lui montrer la cause de sa perte. Il attrapa à nouveau la jeune femme et la réintégra dans le domaine d’Accelerated. Celle-ci le vit alors étendu dans une mare de sang à quelques centimètres d’elle. Sans surprise, la réceptionniste qui ne comprenait rien à ce qui se passait se mit immédiatement à hurler.

- Ne…ne vous…en…en faites pas. Tout i…ira bien, dit le blessé à la jeune femme pour essayer de la rassurer.

- Tu vois Accelerated, à cause de cette femme, tu te retrouves avec une seconde balle dans le corps. À cause de cette femme, tu es étendu dans cette mare de sang. À cause de cette femme, tu vas perdre la vie de façon pathétique. Si seulement tu n’avais pas voulu jouer aux héros.

Tandis que les yeux d’Accelerated viraient successivement du gris au marron et vice versa, Wolff relâcha la demoiselle, ce qui l’éjecta immédiatement du domaine dans lequel les deux hommes se trouvaient.

À bout de force, il n’eut d’autre choix que de désactiver ses pouvoirs, ce qui fit disparaitre l’entièreté son domaine. Tout autour d’eux revint à la normale et les otages assistèrent au terrible spectacle. De son côté, Stevie arriva quelques dizaines de secondes plus tard avec le sac contenant l’artéfact. Lorsqu’elle vit son ancien ami et collègue se trainer désespérément vers la sortie, elle ne put le supporter et détourna le regard.

- Tu avais dit que ce serait vite fait, rétorqua-t-elle.

- Ça l’aurait été si tu avais correctement accompli ta tâche, répondit le jeune homme.

- Je…je suis…désolé. P…pardonne…moi, dit une dernière fois Accelerated en tendant sa main vers la réceptionniste qui se trouvait juste devant la porte de la banque.

Wolff regarda vers la sortie et leva un de ses sourcils comme pour s’interroger sur quelque chose. Ne sachant pas vraiment de quoi il en retournait, il se focalisa de nouveau vers Accelerated et tendit son arme une dernière fois vers lui. Quelques instants plus tard, un coup de feu ainsi que des cris retentirent dans le hall de Banque Nationale Arter. Le meurtrier rangea son arme, souhaita ensuite à tout le monde de passer une excellente journée, puis franchit les portes du bâtiment en compagnie de son acolyte. Ce jour du mercredi 17 martius 2017 fut alors marqué par une tragédie qui hanterait bon nombre de personnes à tout jamais.

A suivre !!!

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