Chapitre un cri dans le silence

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Le crépuscule semblait s'étendre à l'infini lorsque je m'allongeai sur le matelas taciturne qui hantait ma chambre. Vêtue d’un short rouge éclaboussé de rayures noires et d’un débardeur usé, les taches de peinture blanche évoquaient le souvenir de mes anciens loisirs créatifs. En ce moment précis, une ombre pesante se dessinait à l'horizon, présage d'un cauchemar imminent.

Son approche pour un soi-disant bisou de bonne nuit cachait mal ses véritables intentions. Ses yeux brillaient d’une lueur inquiétante. Lorsque ses mains devinrent intrusives, une angoisse viscérale prit racine en moi. « Non, je n'ai pas envie », murmurai-je, mais mes mots paraissaient se dissoudre dans le néant devant son indifférence et son envie présente. Sa main s’insinua sous mes vêtements, telle une rébellion silencieuse face à mes refus.

Je me souviens de la terreur paralysante au toucher de son doigt, un mélange de gêne, de colère et de douleur innommable. Chaque supplication que je prononçai paraissait se heurter à un mur invisible, comme s'il était devenu une sculpture, et je sombrais dans le désespoir, des larmes silencieuses roulant sur mes joues, ma respiration se couper, j'avais beaucoup de mal à respirer, pourtant cela ne l'a pas arrêter. La conscience s’éveilla brutalement : j’étais sur le point de devenir une victime de sa violence. Cette reconnaissance me lacéra de l’intérieur. Quand il passa à l’acte, la souffrance se confondit avec mes cris muets, tandis que ma tentative ultime de le repousser échouait. De longues minutes de torture déchirèrent la nuit, et bien plus tard, je comprenais, impuissante, que ce geste ignoble portait le nom de viol.

Dans toute relation, le consentement est une clé inviolable. Même en pleine vulnérabilité, notre voix importe. Si vous ressentez de l’inconfort, vos sentiments sont légitimes. Soyez assuré(e) que votre voix compte et que vous méritez d’être entendu(e).

Si jamais vous, ou quelqu'un que vous connaissez, êtes confronté(e) à une agression sexuelle ou à un viol, rappelez-vous que vous n’êtes pas seul(e). Tournez-vous vers des professionnels ou des services d’assistance pour obtenir le soutien nécessaire. Vous méritez aide et compréhension ; des ressources sont à votre disposition.

Alors que le monde de mes rêves était impitoyablement assailli par leurs ombres, ma perception changea. Ces cauchemars que je n’avais pas anticipés devinrent mon fardeau, s’enroulant autour de moi tel un serpent.

Yuna contemplait son reflet dans le miroir, chacun de ses traits résonnants comme une vérité qu'elle peinait à accepter. Les cernes creusés sous ses yeux révélaient des nuits blanches habitées par les paroles indélicates de ceux qui l'entouraient. Pourquoi étais-je différente ? Pourquoi étais-je cette personne jugée ? Pourquoi suis-je née ? Ces questions s’inscrivaient dans son esprit comme un courant de doutes incessants. Elle passa une main tremblante dans ses cheveux, là où la lumière du jour semblait refuser de s’accrocher. Elle se sentait si éloignée, comme bannie des rayons bienveillants du soleil, attirée inéluctablement par la pénombre.

Ma vie, pourtant ordinaire, portait un poids invisible. Chaque jour consistait en un perpétuel automatisme : me lever, assister aux cours, replonger dans le sommeil. Lorsque je devenais une silhouette anonyme, ignorée de tous, j'avais cette sensation troublante d’être captive de mon existence. Fuir ce foyer, ces individus prompts à me rappeler que je n’appartenais pas, tant s'y retrouvait l’écho douloureux de mots tels que « différente », résonnant tel un ostinato cruel. J’endurai en silence, alourdie, chaque remarque acerbe imprégnant mon esprit : « tu es grosse », « tu ne sais pas t’habiller », « tu manques de goût », “ Tu es une pute “ Chaque phrase me reléguait davantage dans un abîme solitaire. Je me revois, cet instant où, pour échapper à la critique paternelle, je m’efforçais de manger seule aux toilettes.

Puis, il y a eut Thomas, un jeune homme de 22 ans. De plus, je ne pourrais prétendre que son apparence m’enchantait. Ses paroles exerçaient un charme particulier, une promesse d’évasion loin de l'étau familial.

Yuna se tenait devant la porte, pleine d’appréhension. Alors, elle s’apprêtait à laisser derrière elle une vie devenue insoutenable, l’incertitude tourbillonnant dans son ventre au milieu de la joie timorée. La journée s’annonçait comme celle d’un nouvel ADN.

Loin de tout, nous créâmes un sanctuaire, un modeste appartement aux rideaux orange saumon, presque chocs à l’œil, mais peu importait. La nouvelle liberté était douce, même si vite, je compris qu’elle s’avèrerait éphémère.

Thomas se révéla tel qu’il était vraiment : une âme insatisfaite, prompte à me rendre coupable de ses échecs. Ses mots me poignardèrent, marquant leur passage dans ma mémoire.

« Tu es inutile. »

« Un obstacle social. »

« Je ne te mérite pas. »

« Je vais partir. »

« Je vais sauter. »

Il distillait chacune de ses phrases envenimées, accroissant mon supplice. Je me débattis, noyée sous le poids de ses jugements, jusqu’au jour où un sursaut de survie m'incita à fuir, lors d'une altercation effroyable.

Tandis que Yuna s'éloignait de son passé, le paysage familier se transformait en oubli. Elle savait que l’avenir s’écrivait à chaque pas, une trame tissée d’incertitude et d’espoir immense.Yuna éclata de rire, imaginant leur sort. « Si je devais enfermer Haya, nous aurions droit à une chambre double, un vrai palace ! »

Haya continua, le regard malicieux. « Non, je veux carrément une suite avec douche et baignoire balnéo, parce que, tu sais, on mérite le luxe même dans l'asile ! »

Yuna haussait les sourcils, captivée par l'idée de leur propre rébellion imaginaire. « Tu as raison, Haya ! Imagine les soirées animées, des banquets de folie avec des sirènes et des fées, le tout agrémenté de cocktails magiques ! »

« Exactement ! Et nos voisins de chambre, alors ? Ce pourrait être des vampires ténébreux, des sorcières rieuses, ou même un loup-garou qui nous raconterait des histoires fascinantes ! » répliqua Haya, ses yeux pétillants d’excitation. « Chaque jour serait une nouvelle aventure, un doux tourbillon de potions à concocter et de sorts mystérieux à apprendre. Qui aurait véritablement besoin de la réalité ?! »

Yuna, de plus en plus prise dans leur fantasme, se mit à rêver, son esprit vagabondant comme un oiseau en plein ciel. « Et quand nous serions fatiguées de tant d’exploits, on pourrait s’y plonger dans notre baignoire balnéo, entourées de bougies scintillantes qui dansent à la lumière, bercées par une musique envoûtante. Que c’est beau d’y penser, quelle évasion ça serait ! »

« Parfait ! » s’exclama Haya avec une éclatante sincérité. « Et pendant que nous détendrions, tous les autres pourraient se battre pour nous apporter des chocolats enivrants et des fleurs fantastiques aux couleurs chatoyantes, le tout en chantant des ballades épiques qui feraient trembler les murs du palais ! »

Leurs rires résonnèrent à nouveau, éclatants et sincères, se réjouissant de cet imaginaire farfelu qui les enveloppait comme une douce couverture.

Mais soudain, avec une conviction soudaine, Haya ajouta, le visage sérieux : « Tu sais, Yuna, je pense vraiment qu'ils sont différents des autres. On ne peut pas ignorer que nous savons très bien qu'il existe des êtres surnaturels, après tout. Il faut croire qu'ils vivent quelque part, juste au-delà de notre poursuite quotidienne, attendant d’être découverts par des âmes comme nous. »

Yuna, intriguée par cette pensée, plongea dans une contemplation profonde. « Oui, tu as raison. Peut-être qu'ils se cachent dans les ombres, jaugeant le monde des mortels, prêts à se révéler à ceux qui osent rêver au-delà de l'ordinaire. »

Les deux amies échangèrent un regard complice, leurs rires s’éteignant doucement pour laisser place à un doux sérieux. L’idée de plonger ensemble dans un monde fantastique, où la magie et l’inconnu se mêleraient à leur quotidien, restait gravée en elles. Elles étaient prêtes à se lancer dans cette aventure réelle ou irréelle.

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