L'Arrestation

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(PDV de Patrick)

Mais le sort en décida autrement. En sortant de l’aéroport pour chercher un taxi, nous nous sommes soudain retrouvés encerclés par un groupe de militaires lourdement armés qui nous ont brutalement ceinturé en nous éloignant de nos bagages.

Et les militaires au Brésil, mieux vaut ne pas faire le mariole et exécuter à la lettre ce qu’ils vous disent de faire. N’ayant vraiment rien à nous reprocher, je pensai tout de suite que ça devait être une erreur, qu’ils allaient faire quelques vérifications et tout en s’excusant, nous permettre de repartir rapidement. Je gardai donc mon calme, malgré mon cœur qui battait la chamade, mais Alain ne prenait pas chose aussi sereinement. Il s’était mis à hurler et à se débattre, ce qui au milieu de la foule de l’aéroport énervait visiblement les militaires qui nous avaient pris en charge.

Et voilà Alain, maintenant qui, non content de hurler, cherchait à se débattre et balançait des coups des pieds à tout va. C’est lorsqu’un des militaires prit un coup de pied dans les couilles, que les choses ont commencé à mal tourner.

J’essayai de calmer Alain en lui parlant, lui expliquant qu’il s’agissait surement d’une erreur et qu’il ne fallait surtout pas s’énerver au risque d’envenimer les choses.
Mais il ne voulait rien savoir et continuait à se débattre avec une brutalité que je ne lui connaissais pas.
Dans la violence de la bagarre, le tee-shirt d’Alain qu’empoignait un des militaires se déchira brutalement laissant Alain torse nu alors que les militaires le plaquait au sol et lui passait sans ménagement des menottes avec les mains dans le dos.

Alain n’avait plus trop le choix. Il sembla enfin se calmer, mais il nous avait bien énervé les militaires qui, sans ménagement, nous entrainèrent vers la sortie et nous firent monter avec une certaine brutalité dans un fourgon aux vitres grillagées.

Nous étions abasourdis et choqués. Alain dans la bousculade avait le visage légèrement tuméfié et semblait maintenant prostré. Son tee-shirt en lambeau avait disparu et il se retrouvait ainsi torse nu, les bras menottés derrière le dos, ce qui devait être une position plutôt inconfortable.

Nous n’avions quasiment pas pu parler avec les militaires, aucun ne semblait parler anglais. Le mieux était de patienter sagement, certain que nous allions pouvoir très rapidement parler avec un gradé et sortir de ce cauchemar.

Après une bonne demi-heure de route, nous sommes arrivés dans ce qui ressemblait à une caserne, avec des gardes fortement armés à l’entrée.

(PDV d'Alain)

Nous avions facilement récupéré nos bagages et passé le contrôle des passeports et nous dirigions vers une station de taxi quand subitement surgit de nulle part et sautant d’un énorme 4x4, une bande d’individus cagoulés, habillés de noir et lourdement armé nous encerclèrent sans un mot et nous arrachèrent nos bagages. Je croisais le regard de Patrick qu’un des gars tenait fermement en lui faisant une clé au bras. Je vis dans ses yeux un moment de détresse et d’impuissance, lui aussi se demandant ce qu’il était en train de nous arriver.

Contrairement à Patrick, ils ne m’avaient pas encore chopé, et là, que s’est-il passé dans ma tête, j’ai complètement buggé et tentai de m’échapper, persuadé qu’il s’agissait d’un gang qui voulait, au mieux nous piquer nos valises, ou au pire nous enlever.

C’est vrai qu’avant de partir, j’avais lu pas mal de trucs qui se passaient à Sao Paulo, qui avait quand même la réputation d'être une ville d’une grande insécurité.
Malheureusement, un des gars qui devait être deux fois plus large que moi me plaqua brutalement au sol. Mais je ne me laissais pas faire en débattant comme un beau diable et tentant de me défendre avec mes petits poings.


J’entendais Patrick qui gueulait « mais arrête, arrête, ce sont des flics !! ». Mais je n’écoutais plus rien, un voile rouge devant les yeux, je tentai une nouvelle fois de m’échapper, mais un gars me rattrapa par mon tee-shirt qui se déchira complètement me laissant torse nu. Un dernier plaquage encore plus brutal me fit valser par terre et je me cognais méchamment l’arcade sourcilière sur le bitume. Je gueulais comme un âne et un attroupement commençait à se former autour de nous.
Rapidement je me retrouvai menotté les mains dans le dos, un genou dans les omoplates qui ne me laissait maintenant plus guère de choix.

Avec une certaine brutalité, ils nous ont alors poussé dans un fourgon aux vitres grillagées qui venait d’arriver en trombe. Merde, et si c’était vraiment des flics, j’avais peut-être fait une grosse connerie en me débattant comme un diable, d’autant que j’avais quand même balancé quelques baffes au passage vu l’état de mes mains.

Patrick ne disait rien et me regardait avec un regard lourd de reproches, imaginant sans doute la suite des évènements avec une certaine appréhension. Il est vrai que les prisons brésiliennes n’avaient pas forcément une bonne réputation.
Je le vis essayer de parlementer en anglais avec ce qui finalement semblait bien être des militaires, mais aucun d’eux ne semblait comprendre ou peut-être n’avaient-ils pas du tout envie de nous donner des explications.

Patrick faisait carrément la tronche, visiblement super contrarié par mon comportement qui risquait de nous mettre dans une sale situation. Il ne m’avait pas adressé la parole depuis notre arrestation mais je voyais son regard, lourd de reproches.

Au bout d’un bon moment, nous sommes arrivés devant un immense bâtiment gris, sans doute une caserne, ou peut être pire, une prison. Je commençais à réaliser la merde dans laquelle nous étions.

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