La Prison

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(PDV de Patrick)

Sans ménagement, nous sommes extraits du fourgon et littéralement poussé vers l’entrée d’un bâtiment sombre. Après avoir traversé des couloirs lugubres faiblement éclairés, les gardes nous font rentrer dans une pièce fortement éclairée avec un néon et qui contrastait fortement avec le reste du bâtiment.

C’était une pièce, pas très grande, mais plus spacieuse quand même que les traditionnelles cellules de prisonnier, entièrement carrelée de blanc. Un endroit bien flippant en quelque sorte.

Après nous avoir poussé brutalement dans la pièce, la porte se referma avec un grand bruit suivi du cliquetis des verrous actionnés depuis l’extérieur.

Alain, gêné par ses mains entravées dans son dos avait chuté en entrant, mais en bon sportif qu’il était, il avait roulé sur le sol sans visiblement se faire trop de mal.
Je l’aidai à se remettre debout et regardait son arcade sourcilière légèrement tuméfiée et pensant qu’un peu d’eau fraiche lui ferait du bien, je l’entrainai vers le lavabo qui équipait le fond de la pièce.

Bizarrement, il y avait même un peu de linge de toilette posé à côté du lavabo, un peu bizarre pour une prison.
J’humectai légèrement un gant de toilette et entrepris de nettoyer l’arcade sourcilière d’Alain qui eut un petit grognement au contact de l’eau fraiche. Il était juste un peu écorché, rien de bien méchant.
J’en profitais pour lui laver le visage, car il avait quand même bien mordu la poussière. Son torse était également légèrement maculé et j’en profitais aussi pour le nettoyer un peu en passant le gant sur ses pectoraux et sur ses flancs.

Oups, d’un coup, je sentis une certaine chaleur m’envahir, un petit début d’érection s’agiter dans mon boxer. La proximité de ce torse nu dont je sentais la chaleur en était certainement la cause. Et voir mon petit Alain, ainsi, menotté, si vulnérable, me procurait une certaine excitation…
Bon, ce n’était pas vraiment le moment propice pour avoir ce genre de pensée, mais le corps a des raisons…

L’endroit était étrangement propre, et me faisait plus penser à un hôpital qu’à une prison, ce qui n’était pas pour me rassurer. Outre le lavabo, il y avait aussi une cabine de douche et une cuvette de WC, sans cloison, le tout aligné cote à cote.

Le long d’un mur, un bat-flanc recouvert d’un matelas sur lequel était posé une petite couverture.

Nous n’avions pratiquement pas échangé un seul mot avec Alain depuis notre arrestation musclée à l’aéroport. J’essayai de le rassurer, lui disant que ça devait être une erreur, que tout allait rapidement s’arranger. Je voyais bien qu’il n’était pas très convaincu, n’étant pas non plus très convaincu moi-même, par ce que je lui racontais.

Et puis soudainement il fondit en larmes, sans doute le contrecoup du choc émotionnel que nous venions de vivre. Je ne savais pas trop quoi faire, un peu gêné de le voir ainsi en pleurs.

Je m’approchai de lui et le pris doucement dans mes bras. Il se laissa faire et posa sa tête sur mon épaule, le corps encore secoué de spasmes. Le corps d’Alain, torse nu, serré ainsi contre moi, fît monter en moi un désir un peu incongru compte tenu des circonstances.
Il se calma rapidement et prenant conscience de la situation un peu gênante, il s’éloigna de moi avec un sourire qui rapidement se transforme en grimace à cause de son arcade sourcilière sans doute un peu douloureuse.

« Viens, je vais te repasser un peu d’eau fraiche » lui dis-je en l’entrainant vers le lavabo.

Attrapant un gant de toilette, je lui tamponnai doucement la joue avec de l’eau fraiche. Rien de bien grave, il avait dû recevoir une baffe un peu appuyée, demain il n’y paraitra plus.

Après une ou deux heures à discuter, assis sur le bat-flanc, le dos appuyé sur le mur, nous entendons que quelqu’un actionnait les serrures.

Entra un garde en uniforme avec un chariot roulant portant ce qui semblait être notre repas.
Evidemment nous tentons de communiquer avec le garde en l’assaillant de question, mais visiblement, lui non plus ne comprenait pas l’anglais et il nous fît signe de nous calmer et de manger.

Sur ce, il tourna les talons et referma brutalement la porte. La nourriture qu’il avait apportée semblait plutôt bonne. Deux assiettes pleines de ce qui ressemblait à de la Feijoada, une sorte de cassoulet brésilien avec des haricots rouges.
Me sentant un petit creux dans l’estomac, je m’apprêtai à plonger ma fourchette dans l’assiette quand je réalisai qu’Alain était toujours menotté avec les mains dans le dos.

Dans notre excitation à poser des questions à notre garde, ça ne nous était même pas venu à l’esprit de lui demander de libérer Alain. Je me précipitai à la porte et tambourinai en espérant que quelqu’un vienne voir ce qui se passait. Mais seul le silence répondit à mon ramdam et il fallut bien se rendre à l’évidence, personne ne reviendrait de sitôt.

Je regardai Alain, qui prenait un peu un air de chien battu devant l’assiette de Feijoada encore fumante.

« Bon, mon vieux, il n’y pas 36 solutions…Je vais te faire manger », lui dis-je avec un petit sourire narquois. Et me voilà en train de donner la becquée à ce grand gaillard de 25 ans, toujours torse nu et assis au bord du lit.

Alain se laissa docilement nourrir, mais le plus compliqué était de lui donner à boire sans en mettre partout. Le repas terminé, je lui essuyai délicatement les lèvres et je vis dans son regard une petite lueur d’amusement. Il semblait enfin se détendre et prendre cette situation plutôt du bon côté.

Finalement, nous n’avions rien à nous reprocher, et même si notre arrestation avait été un peu musclée, nous n’avions pas été maltraité et nos conditions de « détention » n’étaient somme toute pas si mauvaises que ça.

Après le repas, je vis Alain se renfermer, perdu dans ses pensées, il n’avait l’air de ne plus avoir envie de parler. Nous sommes restés un bon moment comme ça, assis sur le bat-flanc, le dos au mur.

(PDV d'alain)

Après avoir traversé d’interminables couloirs gris et sombres, nos gardes nous firent entrer dans une pièce plutôt bien éclairée qui contrastait avec le reste du bâtiment. C’était bizarre, cela ne ressemblait pas à une cellule de prison, mais plutôt à un genre d’infirmerie. Dans un coin, il y avait des toilettes et même une cabine de douche.

Comme j’hésitais à rentrer, un garde envoya une grosse bourrade dans le dos, qui compte tenu de mes mains attachées dans mon dos ne me laissa pas choix que de rouler par terre. Mais cette fois, ayant fait du judo dans ma jeunesse, je me réceptionnai dans me faire mal.
J’entendis la porte se refermer brutalement derrière nous, tandis que Patrick essayait maladroitement de me remettre debout.
« Ah ben dis donc, ils ne t’ont pas loupé, mais qu’est-ce qui t’a pris de te débattre » dit-il en examinant mon arcade sourcilière où un peu de sang avant séché.

« Viens, je vais te passer un peu d’eau fraiche et te nettoyer, ça n’a pas l’air trop méchant » me dit-il avec un petit sourire timide en m’entrainant vers le lavabo du fond de la pièce.

Avec des gestes très doux, Patrick me passa un peu d’eau sur mon arcade sourcilière, ce qui me fit échapper un petit gémissement. Ça me piquait un peu, mais je n’avais pas vraiment mal, ce ne devait être qu’une simple égratignure. Il me nettoya aussi le visage à l’eau fraiche, ce qui me fit un bien fou, puis tranquillement il continua à me passer le gant sur le torse et sur les flancs.

La situation devenait de plus étrange, j’étais en train de faire laver par mon Chef, torse nu et menotté, comme si j’étais un peu à sa merci. J’étais un peu troublé de cette situation, mais je sentis que Patrick l’était aussi, je vis une certaine gêne dans son regard, mais aussi une petite lueur amusée de cette situation.
Il m’essuya précautionneusement avec une serviette et me gratifia virilement d’un « Allez t’es tout beau et tout propre ! »

Après avoir inspecté rapidement notre environnement, qui, outre les toilettes, le lavabo et la douche, était constitué d’un simple bat-flanc avec une mince couverture et une table en bois.

Nous n’avions pratiquement pas parlé depuis notre arrestation musclée et je m’attendais à des reproches de sa part sur mon comportement débile. Mais non, rien, au contraire, Patrick essaya de me rassurer en me disant qu’il devait s’agir d’une erreur, que tout allait s’arranger. Il y avait de la gentillesse et de la bienveillance dans ses paroles et soudain, je fondis en larmes. Le choc émotionnel sans doute. Patrick me regardait, un peu gêné sans doute par les larmes d’un grand garçon comme moi. Il s’approcha alors de moi en m’entourant de ses bras. Je trouvais ce geste tendre et charmant et posai ma tête sur son épaule.

Mais ça devenait un peu n’importe quoi, j’étais là, torse nu, les mains menottées dans le dos, dans les bras d’un garçon, secoué de sanglots au fin fond d’une prison brésilienne. Je me serais cru dans une de ces séries devant lesquelles j’adorai passer des heures.

Je me ressaisis et m’écarta de lui avec un petit sourire de remerciement mais qui me fit grimacer, mon arcade sourcilière se rappelant à mon bon souvenir.

« Viens, je vais te repasser un peu d’eau fraiche » me dit-il en m’entrainant de nouveau vers le lavabo. Ma joue me chauffait aussi un peu. J’avais sans doute dû recevoir une baffe un peu sévère…
L’eau fraiche me fît un bien fou et calma la douleur.

N’ayant rien d’autre à faire on s’assit tous les deux sur bat-flanc en discutant de chose et d’autre, mais à aucun moment Patrick ne me reprocha quoique ce soit sur mon comportement.
Je lui racontais un peu ma vie, mon enfance, ma mère malade qui faisait de longs séjours à l’hôpital, mon père, gentil, mais peu présent, se réfugiant à corps perdu dans son travail. Mon adolescence dans une cité de banlieue. Oh, pas une cité de racailles, mais où il fallait quand même savoir faire sa place et aussi de temps en temps jouer des poings. C’est peut-être pour ça que j’avais réagi aussi brutalement à notre arrestation, une sorte d’instinct de survie…

Nous n’avions plus de montre, aussi il était difficile de dire au bout de combien de temps la porte s’ouvrit de nouveau laissant passer un garde en uniforme avec un chariot roulant sur lequel était disposé deux gamelles. Sans doute notre repas.

Patrick tenta en anglais de parlementer avec notre gardien, mais celui-ci ne comprenait pas, ou faisait semblant de ne pas comprendre. Il partit en refermant brutalement la porte derrière lui.

Une bonne odeur montait des gamelles qui avaient l’air copieusement remplies d’une espèce de pâtée avec ce qui semblait ressembler à des haricots sur lesquels étaient réparti quelques morceaux de viande. Patrick m’expliqua que c’était de la Feijoada, un plat typiquement brésilien.

J’avais super faim et l’odeur des plats m’avait carrément mis en appétit, quand je réalisais que j’avais toujours les mains menottées dans le dos. Et merde… On n’avait même pas pensé à demander au gardien de me détacher.

Patrick tambourina à la porte dans l’espoir de voir revenir notre gardien, mais seul le silence répondit à son tapage.

Je devais regarder mon assiette avec une mine dépitée quand Patrick me dit avec un petit sourire en coin « Bon, mon vieux, il n’y pas 36 solutions…Je vais te faire manger ».
Cette situation devenait complètement ubuesque.

Gentiment et avec des gestes attentionnés, il me fit manger patiemment cette Feijoada, qui était par ailleurs tout à fait excellente. Je faillis néanmoins m’étouffer quand il tenta de me faire boire et en mis un peu partout. Il n’aurait pas fait un bon aide-soignant.
Ayant terminé le repas, il m’essuya les lèvres avec un geste dans lequel je crus percevoir une sorte de tendresse. Cette attitude, qui contrastait avec l’image que j’avais de Patrick, m’amusa finalement.
Je me détendis un peu et de toute façon, nous n’avions rien d’autre à faire que d’accepter cette situation.

Assis sur le bat-flanc dans une position pas très confortable compte tenu des menottes dans mon dos, je laissais divaguer ma pensée. Patrick était assis à côté de moi, lui aussi visiblement perdu dans ses pensées.
Finalement, je ne savais pas grand-chose de ce jeune mec aux beaux yeux bleus. Lors de notre discussion avant le diner, j’avais surtout parlé de moi, de ma vie. Mais lui n’avait pas dit grand-chose sur la sienne. Je ne lui connaissais pas de nana, en tout cas, lors des soirées « boulot », il ne venait jamais accompagné, contrairement aux autres collègues. Une part de mystère l’entourait, ce qui encourageait les porteuses de ragots de la boite à se rependre à loisir. Il y en avait un en particulier, Sébastien, qui s’était fait la spécialité de colporter des rumeurs plus ou moins fondées. Il avait fait courir il n’y a pas longtemps le fait que Patrick était gay. Il l’avait soi-disant vu sortir de chez un coiffeur réputé dans le milieu homo… Pourtant, rien ne laissait penser dans son comportement ni dans son attitude qu’il pouvait préférer les garçons. Rien d’efféminé chez lui, sans être non plus une carricature de gros macho.
Je savais qu’il plaisait aux nanas, certaines dans la boite ne se gênaient d’ailleurs pas pour le draguer ouvertement, mais il s’en sortait toujours avec un petit sourire enjôleur et charmant qui les faisait encore plus craquer.

D’un autre côté, son comportement avec moi pouvait parfois être ambigu. Je me souviens d’une fois, j’étais appuyé sur le devant de son bureau et j’avais carrément posé mon paquet sur le plateau tout en lui parlant. Je voyais ses yeux aller et venir de haut en bas, de mon visage jusqu’à mon entre-jambe. Au bout d’un moment, je pris conscience de l’inconvenance de ma position et du trouble que j’avais provoqué chez lui, mais par la suite aucun indice ne put me laisser penser qu’il aimait les garçons.

Malgré tout, sa gentillesse et son attention pour moi depuis le début de notre (mauvaise) aventure insinuait quelques doutes dans mon esprit. Est-ce qu’un gros macho se serait comporté comme ça avec moi… J’avoue que j’étais un peu troublé, mais cela était plutôt agréable et Patrick avait plutôt un côté rassurant et protecteur. Je me sens bien avec lui pensais-je en sombrant dans un demi-sommeil pas très confortable compte tenu de ma position.

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