À une rupture sans rime ni raison.

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L’été est maussade, la pluie s’est invitée plus que de raison et nous n’avons pas pu partir pour un grand voyage en famille, ma mère ne pouvant poser de vacances du fait d’une surcharge de travail. Nathalie est partie un mois avec ses parents en Grèce, injoignable. À son retour, elle semble plus distante, plus triste aussi. Je ne vois pourtant rien venir.

« Sébastien, on peut se voir aujourd’hui ? Disons dans une heure, devant le lycée ?

– Tu sais que la rentrée ce n’est que demain ?

– Il faut que je te parle. Et cela ne peut pas attendre demain.

– … Ok. Je vois qui peut m’amener. »

Une heure plus tard, mon père me dépose devant le lycée. Nathalie est debout, elle m’attend, les bras croisés, la mine renfrognée : sa tête des mauvais jours.

Dix minutes après, un océan de glace se déverse sur ma tête, je suis totalement sonné. Elle vient de m’annoncer qu’elle me quitte. Aucune larme, juste une colère froide qui monte lentement.

« Seb, je suis désolée. Tu es quelqu’un de gentil, je t’aime bien, mais tu savais que cela ne pouvait durer. Il vaut mieux arrêter maintenant.

– Alors, juste comme ça, six ans que l’on traine ensemble, six ans que nous partageons une expérience unique, six ans bordel, cela ne signifie rien pour toi ?

– Tu savais très bien à quoi t’en tenir.

– JE M’EN FOUS ! JE NE VEUX PAS TE PERDRE !

– Je ne veux pas te perdre non plus, c’est pour cela qu’il vaut mieux que l’on arrête maintenant. Avant qu’il ne soit trop tard…

– Trop tard !? Tu t’accroches à une chimère ! Tu ne retrouveras jamais tes enfants ! Nous avons presque cinquante ans, le monde que nous connaissions n’est plus, tout change autour de nous sans que nous ne puissions rien faire. OUVRE LES YEUX ! Tu vas faire quoi ? Draguer un gamin de vingt ans ? Vous n’aurez rien à partager ! Rien en commun ! On ne revit pas deux fois le même moment. Jamais. Tu seras juste seule.

– Je te laisse décharger ta bile dans ton coin. Là tu es juste méchant. Je préfère garder une image positive de toi. Tu as mon numéro de téléphone, recontacte moi lorsque tu te seras calmé. »

Alors qu’elle est déjà loin, je fracasse mon poing sur un mur innocent. La douleur est presque immédiate mais elle ne dépasse pas celle à l’intérieur de ma poitrine. Je tombe à genoux, j’ai du mal à respirer, je suffoque. Rapidement des passants s’arrêtent. Je perds connaissance.

Quand je me réveille, je suis sur un brancard. J’ai le bras droit en attelle. La médecin qui m’ausculte m’annonce que je ne pourrai plus écrire pendant trois semaines, et qu’il ne faut pas compter faire du handball ou du tennis ces trois prochains mois. Mon évanouissement a surtout été provoqué par une crise d’angoisse. Je repars une heure plus tard avec mon père, et une ordonnance : des antidouleurs et tranquillisants. Je refuse de prendre ces derniers. Nous prenons la direction de la voiture, et alors que mon père commence à m’assaillir de questions, je dis juste :

« Nath et moi ne sommes plus ensemble. »

Il me prend à cet instant dans ses bras, en silence. Ce n’est qu’à ce moment que le chagrin prend le dessus et que je commence à me vider de toute l’eau de mon corps.

Pendant une semaine, je n’adresse la parole à personne. Ni mes parents, ni ma sœur, ni mon frère. Dans ma classe, je passe rapidement pour un cas social imbu de sa personne. À la maison, je reste la majeure partie du temps dans ma chambre, assis par terre les genoux repliés sur mon corps, mon téléphone portable neuf posé à proximité, dans l’attente d’un illusoire message m’indiquant qu’elle a changé d’avis. Bien que nous soyons dans le même lycée, je ne l’ai pas revue depuis, ni cherché à la voir. Je ne pense pas qu’elle m’évite, mais pour elle, c’est à moi de faire le premier pas. Elle a raison bien sûr.

Ce n’est que le dimanche soir que je lui envoie un message :

« Je suis désolé. Je ne pensais pas ce que je t’ai dit. »

La réponse arrive trente secondes plus tard :

« Tu le pensais. J’espère que tu vas mieux. Tu veux en parler ?

– J’ai besoin de temps, d’être seul un moment encore.

– Je comprends. Je serai toujours là pour toi. Ps : soigne bien ton bras. »

Elle est donc au courant pour ma mésaventure. Cela m’arrache mon premier sourire en une semaine.

Progressivement je recommence à adresser la parole aux humains qui m’entourent. Je retrouve lentement l’appétit et je parviens même à rire une fois ou deux dans la semaine. J’ai toujours du mal à suivre les cours, mais le problème est davantage physique, écrire de la main gauche est une épreuve. Pour paraphraser un petit phoque en Alaska, ça ne vaut pas la peine de se mettre dans un état pareil. Même pour une fille.

Il aura finalement fallu un mois pour que l’on me retire l’attelle et que je puisse utiliser ma main droite. Je n’ai toujours pas reparlé à Nathalie depuis ; je ne sais pas quoi lui dire. J’aurais de nombreuses questions à lui poser pourtant, comprendre ce que je représente pour elle, mais à quoi bon me faire du mal.

Mon cercle de fréquentations s’est de facto réduit, je suis moins invité à des fêtes. Je ne suis plus invité du tout en fait, vu mon attitude et mon humeur ces derniers jours, cela reste compréhensible. J’ai toutefois repris mes parties de coinche et d’échecs, le reste du temps, je travaille, sur mon bac et sur mes futurs cours de classe préparatoire. Mes souvenirs d’étudiant sont flous et les points que je n’ai jamais étudiés sont nombreux. Je me noie de nouveau dans le travail pour oublier à quel point je suis seul. Alors que j’essaie de comprendre ce que peut être un espace préhilbertien réel, je reçois un message de Nathalie :

« Nous jouons la finale du championnat départemental dimanche. Tu voudrais venir ? »

Un match de volleyball, c’est tout ce qu’elle a trouvé pour briser la glace ? Je la laisse patienter deux bonnes minutes avant de répondre :

« Je ne pourrai pas vous donner de coup de main. Ok j’y serai. »

Mes parents sont surpris quand je leur demande de m’amener voir le match de mon ex. Mais vu que je semble enfin sortir de mon état dépressif, ils se plient à l’exercice sans poser de questions. Ils pensent sans doute que je me berce d’illusions. Je suis suffisamment âgé pour ne pas avoir la naïveté de penser que tout redeviendra comme avant, mais il n’y a aucune raison de rester fâchés. Nous sommes des adultes responsables et nos destins sont intimement liés, que nous le voulions ou non.

Malgré la défaite lors d’un très beau match, elle vient me voir avec le sourire. Nos parents ne sont pas encore venus nous récupérer, nous nous asseyons à une table pour boire un soda. Pendant une bonne heure nous discutons, faisons le point, nous rions, nous pleurons aussi. Je sais que je perds une personne avec d’immenses qualités. Si nous nous étions rencontrés avant, dans notre ancienne vie, si je lui avais parlé, si je lui avais plu, si… Avec des si… J’essaie de me convaincre qu’une amitié peut être encore plus forte, ou au moins un joli lot de compensation. Je ne parviens pas à y croire, mais je devrai m’en contenter. Ainsi va la vie, aimer quelqu’un, c’est aussi respecter ses choix.

Au moment de partir, je ne sais comment lui dire au revoir. C’est finalement elle qui prend les devants et me fait la bise, comme deux amis, tout simplement. Nos parents se saluent, l’air de dire qu’avoir des adolescents ce n’est pas facile tous les jours. Nous nous donnons rendez-vous au lycée pour travailler ensemble. Peut-être pourra-t-elle m’expliquer cette histoire de physique quantique et de chat mort-vivant.

Mon année de terminale se résume à une longue mélancolie, ponctuée de quelques séances de révision en commun trop rares. Le plus difficile fut le réveillon, le premier de ma nouvelle vie sans Nathalie. Je l’ai fait avec des copains du lycée, dans une maison sans adulte, isolée dans la campagne avec pour seul voisinage un chien et deux chats. La musique à fond, l’alcool à volonté malgré notre jeune âge. Je ne suis guère d’humeur à la fête, mais mes parents ont très fortement insisté pour que je quitte le foyer familial le temps d’une soirée. Le lendemain matin, quand je me réveille, je suis dans les bras d’Aude, une jolie jeune fille de ma classe. Elle dort toujours. Je m’écarte doucement pour ne pas la réveiller. Ses cheveux châtains cachent le grain de beauté sur sa joue gauche, elle respire la bouche ouverte, un bras replié sur son ventre.

J’ai un gros mal de tête. J’essaie de me remémorer les derniers évènements de la soirée. Je me souviens avoir dansé avec elle. Mais après ? Je jette un coup d’œil dans sa direction, nous sommes habillés tous les deux, ce qui tend à me rassurer. Je descends doucement dans le salon, deux lève-tôt sont déjà debout, trois fêtards ne sont pas encore couchés. Pendant que mon café se prépare, j’avale deux grands verres d’eau dans le mince espoir de faire disparaitre ce mal de crâne. Je tente d’interroger mes comparses éveillés sur les évènements de la soirée. Je dois m’y reprendre à trois fois avant qu’ils ne parviennent à comprendre mes borborygmes. Apparemment, j’aurais partagé mes talents vocaux lors d’une interprétation à capella de Puisque tu pars de Goldman, j’aurais ensuite déclaré mon amour à toute l’assemblée présente. C’est là qu’Aude m’aurait rejoint sur la scène pour m’embrasser « goulument ». Ensuite, nous sommes monté tous les deux dans la chambre, mais vu mon état, je me suis immédiatement endormi.

À la rentrée, j’évite Aude, dans la mesure du possible vu que nous fréquentons la même classe et le même groupe d’amis. La tâche est facilitée par le fait qu’elle ne semble pas vouloir me croiser non plus. Je range cet incident dans les évènements à oublier. Le reste de l’année est d’un calme absolu, pas de sortie au ski cette année, pas de voyage scolaire, et un groupe d’élèves qui prend lentement conscience que le baccalauréat approche.

J’ai reçu les résultats de mes candidatures en classes préparatoires. Sans surprise au vu de mes résultats, j’ai été accepté à Louis-Legrand, à Paris. La seule condition désormais est d’obtenir au moins une mention bien au baccalauréat. Loin du soulagement, être pris dans cet établissement a ajouté du stress à mon spleen. Mes parents s’inquiètent également, Paris est loin et les loyers y sont déjà indécents. Travailler à côté n’est pas envisageable, il me faudra donc contracter un prêt à la banque pour payer mes années d’études. Si jeune et déjà endetté, les remboursements mensuels me rappelleront ma vie d’avant.

C’est à deux semaines de la grande épreuve que Nathalie appelle chez moi. Elle aurait pu me joindre sur mon téléphone portable, mais vraisemblablement elle espérait plutôt parler à mes parents. Me voilà embarqué contre mon grès à un weekend complet de révisions chez elle. J’ai une impression de déjà-vu, je ne sais vraiment pas à quoi elle joue. Nous ne nous étions plus parlé depuis un mois, et là, elle m’invite chez elle deux jours, ce qui inclut donc une nuit.

Je me rends chez la famille Guéron en voiture. Cela fait maintenant un mois que j’ai décroché mon permis de conduire et que je profite de ma liberté de mouvement retrouvée. Christine m’accueille à l’entrée de la maison. Elle me serre la main, alors qu’il y a un an à peine nous nous faisions la bise. En entrant, je sens comme un malaise. Rien n’a changé, le piano est toujours à la même place mais l’ambiance est plus froide. M’entendant entrer, Nathalie descend les escaliers en courant. Elle est rayonnante, je sens une douleur au cœur en la voyant. Elle me fait la bise puis m’entraine vers la cuisine où classeurs, livres et polycopiés s’étalent.

« Tu as vraiment prévu que l’on travaille ?

– Tu t’attendais à quoi ? »

Elle n’a vraiment pas changé. Elle serait parfaite si son cœur n’était pris par son passé. Nous passons cette première journée à réviser les différentes épreuves qui nous attendent au bac. Réviser est un bien grand mot, confirmer que nous sommes au point serait plus exact. L’enjeu est tout de même de taille, si obtenir la moyenne devrait être une formalité, nous devons absolument obtenir de bonnes mentions pour confirmer nos vœux de classes préparatoires. Si tout va bien, l’année prochaine je serai à Paris, elle sera à Toulouse, au lycée Fermat.

« Tu joues à quoi Nath ?

– Que veux-tu dire ?

– Tu me fatigues… Tu sais très bien où je veux en venir. Tu n’as pas besoin de moi pour réviser le bac, je n’ai pas non plus besoin de toi. Nous sommes largement au point. Alors pourquoi ?

– Pourquoi quoi ?

– Pourquoi tu me fais venir ? Nous ne sommes plus ensemble, c’est toi qui l’as voulu. Cela fait des mois que l’on se croise à peine, que nos discussions se limitent à un problème d’intégrale indéfinie, de moment cinétique ou à l’analyse du sens de « L’œil et l’esprit » de Merleau-Ponty.

– Tu n’es pas content d’être avec moi ?

– Arrête ! S’il te plait arrête. Réponds-moi juste. Tu me le dois bien. »

Elle prend son temps pour me répondre.

« Dans deux semaines nous finissons le lycée. Et après ? Nous allons rapidement partir chercher un appartement. Nous partons dans deux directions opposées, et nous ne nous reverrons plus d’un moment. Je n’ai pas envie que l’on se quitte sur un malentendu.

– Quel malentendu ? La situation me parait pourtant claire. Nous sommes de simples amis, et nous allons chacun construire notre vie…

– Reconstruire ! Nous ne sommes pas de simples amis, nous sommes liés par le destin, ou par un phénomène physique inconnu, peu importe.

– Cela ne change pas grand-chose. Tu ne peux pas décider de vivre ta vie comme tu l’entends et exiger de moi que je t’attende, dans un hypothétique changement d’avis.

– Je te demande juste que nous restions amis, que tu m’appelles régulièrement, que tu me répondes quand j’ai le blues, même à deux heures du matin. »

Je souris.

« Je ne peux te garantir que je répondrai en pleine nuit, j’ai le sommeil lourd. Pour le reste, je te l’ai déjà dit, je ne t’abandonnerai jamais. »

La suite du weekend se passe dans une ambiance beaucoup plus détendue. Comme si un abcès avait été percé. Lors du diner, j’ai l’impression que les parents de Nathalie sont plus détendus. Peut-être ai-je simplement projeté mon malaise et mal interprété leur attitude. Le dimanche, nous continuons les révisions, mais nous les entrecoupons d’une promenade dans la chaleur d’une fin de printemps. Les cerisiers ont changé leurs fleurs pour de jolis et délicieux fruits rouges, les roses affichent leurs plus beaux atours et la vie bourgeonne tout autour de nous. Les abeilles s’affairent près des plants de lavande, un rouge-gorge chante au-dessus de nos têtes, nous marchons en silence, côte à côte, je ferme les yeux pour sentir les rayons de soleil sur mon visage.

Un mois et demi plus tard les résultats tombent. Je fête avec mes parents ma mention très bien, obtenue avec un peu de marge. Le soir j’ai rendez-vous avec d’autres heureux bacheliers pour faire la fête et profiter de ce dernier moment ensemble. Dans deux mois, nous aurons presque tous pris les voiles vers d’autres horizons. Nous sommes une cinquantaine, de notre lycée ou du lycée voisin. Jean est là, accompagné de Samia. Nathalie est venue avec Virginie. Un fond musical accompagne les discussions animées. L’alcool coule à flot et certains sont rapidement éméchés. Je passe de nombreuses minutes à discuter avec Raphaël, un élève de ma classe que je connais assez peu. Nous n’avons pas les même amis, pas les même centres d’intérêts et durant cette année de terminale, nous nous sommes assez peu côtoyés en dehors des cours.

« Salut Raphaël. Alors ces résultats ? »

Il est étonné que je vienne le voir.

« Bah je suis soulagé. Ça ne s’est pas joué à grand-chose, mais le principal c’est que je l’ai eu.

– C’est clair. Tu vas faire quoi l’année prochaine ?

– Là je pars sur Montpellier en fac de droit. Et toi ?

– À moi la vie parisienne et la joie de rester enfermé dans un minuscule studio pour réviser de longues heures mes cours. Je vais en prépa.

– Ah ouais bon courage…

– Bah, à toi aussi, je ne connais pas les études de droit mais je suppose que c’est beaucoup de par cœur ?

– Oui, sans doute. Mais bon, tant qu’il n’y a plus de Physique-Chimie.

– Comme je te comprends ! Si seulement je pouvais aussi m’en passer.

– … Je te laisse, j’ai mes potes qui m’attendent.

– Attends, juste une dernière chose.

– Quoi ?

– Ça va te paraitre bizarre, mais ce soir, ne prends pas ta voiture.

– T’as toujours été bizarre toi. Et je rentre comment ?

– Prends un taxi, demande à quelqu’un, je ne sais pas.

– Tu m’as pris pour Bill Gates ? J’ai pas les moyens de me payer un taxi.

Je sors mon téléphone de ma poche.

– Je t’en réserve un, dis-moi pour quelle heure. Je paierai.

– T’es vraiment bizarre comme mec. Tu te prends pour ma mère ?

Nathalie a observé la scène de loin, elle me rejoint.

– Seb ? Que se passe-t-il ? »

Je lui glisse à l’oreille : « j’essaie de lui sauver la vie. »

J’aperçois dans son regard un moment de panique et une larme vite essuyée, exprimant la dualité de ses sentiments. Puis elle regarde Raphaël et son verre de whisky-coca à la main.

« Laisse-moi faire ! répond Nathalie. »

Dix minutes plus tard, tout est réglé. Je réserve un taxi pour 2h du matin. J’avais préalablement enregistré le numéro du taxi et réglé la course depuis deux jours déjà. Je viens de changer le temps, volontairement. Et malgré tout ce que cela implique, Nathalie m’a donné un coup de main. Elle m’attrape le bras et m’entraine au milieu de la piste pour danser avec elle.

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