Refleurir

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Liz ne savait pas ce qui lui arrivait. Elle comprenait facilement la colère qui montait en elle. Le viol. Elle en avait connu, des nanas qui s’étaient faites agressées par des gros lourds, bien trop insistants. Mais aucune n’avait subi ça. Déjà qu’une simple agression sans trop de violence était capable de la mettre carrément hors d’elle... Il était arrivé plusieurs fois qu’on la retienne d’aller tenter de refaire le portrait d’un de ces gars. Lorsque Liz avait l’occasion d’exprimer sa colère contre la vie sur quelqu’un, elle ne se faisait pas prier. Et lorsque Nina lui dit avoir été violée, elle ressentit une colère jamais connue jusque-là. Seulement, il n’y avait personne. Personne contre qui retourner cette animosité. Elle ne comprit pas elle-même son geste, et Nina aussi en fut bouleversée.

Liz ouvrit grand ses bras et serra la bourgeoise pas si bourgeoise contre elle, en déposant des baisers dans son cou. Alors que Nina tentait de retenir ses larmes, Liz commença elle aussi à pleurer. La surprise passée, Nina se laissa aller à cette étreinte. Liz sentait la sueur mais quelque part, ça la rassurait, ça lui donnait un côté masculin qui la mettait à l’aise malgré la promiscuité de leurs corps. Et pour la deuxième fois de la soirée, elle pleura sur son épaule. Elle pleura avec parcimonie. Elle sentait que ces larmes-là étaient les dernières qui couleraient à cause de cette pourriture. Grâce à Liz.

De son côté, après un long moment l’une contre l’autre, Liz se rendit compte que le désir montait en elle. Elle stoppa ses baisers, se sentit enivrée par l’odeur légèrement épicée de la peau de Nina, puis desserra son étreinte, jusqu’à sentir Nina faire de même. Elles reprirent un peu de distance l’une par rapport à l’autre et sa nouvelle amie lui dit, la voix grelottante et un peu gênée :

— Merci... T’es la première à qui je réussis à en parler.

— Ouais... J’imagine que c’est plus facile de le dire à une incon­nue, lui répondit Liz en séchant discrètement ses larmes avant de prendre la bouteille des mains de Nina.

— J’imagine, oui. Il n’y a que mon frère qui soit au courant. C’est lui qui m’a conseillé de garder le secret...

— Il est pas vraiment de bon conseil, si tu veux mon avis, lança Liz en lui tendant à nouveau la bouteille.

Nina but une bonne gorgée qui la fit grimacer, et dans l’obscu­rité du parc, elle dévisagea Liz. Tout en elle n’était que tension, surtout à cet instant. Malgré ses traits fins, elle transpirait une colère énergique. Elle commençait à être de plus en plus curieuse de ce qu’elle avait au fond d’elle, derrière cette carapace. Mais ce qui prédominait à ce moment-là, c’était l’admiration. Elle admirait cette femme qui savait se défendre, se démerder toute seule, et prendre quelqu’un dans ses bras quand il en avait besoin.

Elle ne sut dire exactement si c’était dû à l’alcool, aux émotions de la soirée, ou au fait d’avoir trouvé quelqu’un pour en parler, même si ce n’était qu’une phrase. Mais lorsque ses yeux tombèrent sur sa bouche fine, elle eut envie de l’embrasser. Jamais elle n’avait été attirée par une femme. Les seuls gestes un peu sensuels qu’elle avait pu avoir envers une autre femme n’avaient pour seul but que d’exciter un homme, le plus souvent sur la piste de danse d’une boîte de nuit. Mais là, elle sentait un désir nouveau monter en elle. Le lieu, les circonstances aidant, elle ne rejeta pas ses pensées. Elle restait fixer cette bouche et s’imaginait oser venir contre elle et goûter à ses lignes roses. Ses lèvres généreuses contre celles presque pincées de la punkette. Son cœur se mit à bondir dans sa poitrine. Était-ce possible de ressentir cela à l’endroit même où sa vie avait basculé quelques mois plus tôt ? Était-ce dans le but de conjurer le sort qui lui était tombé dessus ce soir-là ? Ou un signe de folie ?

Dans le silence, elle fut aveuglée par la lumière du briquet de Liz qui finit par remarquer le regard de Nina posé sur elle. Elle tira sur sa clope et lui sourit en recrachant sa fumée. Voyant que Nina ne semblait plus vouloir bouger, elle lui agrippa la manche pour partir de cet endroit :

— Viens... Allons ailleurs... lui souffla-t-elle en la tirant.

Et Nina fit ce qui deviendrait non seulement la plus grande folie de sa vie, mais en plus ce qui marquerait un tournant dans son histoire. Elle comptait bien laisser ce violeur derrière elle, l’oublier, l’effacer, l’anéantir... encore et toujours grâce à Liz. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle était sûre que ce geste la sauverait.

Nous avons tous une sorte de sixième sens. Il est des moments où l’on peut percevoir l’avenir, le temps d’un dixième de seconde, ce qui fait qu’on l’oublie presque aussitôt. Ne nous reste que la certitude que c’est le choix à faire. Impossible d’expliquer, mais on sait que ce choix-là aura des conséquences heureuses. Peut-être pas éternellement, mais le bonheur ne se juge pas sur la durée. Le bonheur est cet état de plénitude où nos actions sont en parfaite harmonie avec nos aspirations les plus profondes. Et c’est pour cela qu’un rien peut nous rendre parfaitement heureux. Et c’est pour cela que Nina retint Liz, qui se retourna vers elle pour lui demander ce qu’il y avait, et que Nina plaqua ses lèvres charnues sur celles de Liz.

La punk en fut surprise. Agréablement surprise. Si elle s’était imaginée l’attirer chez elle pour baiser et oublier ensemble, elle n’aurait jamais cru que le premier geste viendrait d’elle. Surtout pas elle. Surtout pas ici. Mais elle s’était apparemment trompée sur cette faible Nina. Agréablement trompée. Avant que la belle bourgeoise à la peau sombre ne regrette son geste, Liz répondit à ce baiser avec fougue. Elle laissa tomber sa cigarette encore allumée et lui prit le visage des deux mains, se plaqua contre elle.

Liz se mit à lui dévorer les lèvres, Nina répondit sur le même ton, les ouvrant légèrement, glissant sa langue à la recherche du contact de celle de Liz. Nina ne pensait plus. Si elle l’avait fait, elle aurait écouté son éducation de bourgeoise bien élevée, catholique mais non pratiquante, à peine croyante, plus soucieuse de la façon dont les autres la voient que de la façon dont elle se voit elle-même, puisqu’une femme de son âge qui se respecte ne se voit qu’à travers les yeux des autres, elle n’est que ce que les autres voient, pas plus pas moins. Si elle s’était mise à réfléchir, elle se serait barrée en courant, laissant une Liz déconcertée mais qui s’en remettrait sûrement. Mais elle ne réfléchissait pas. Pour la première fois depuis tellement longtemps – depuis toujours, peut-être bien – elle ne pensait qu’à elle. Et elle avait envie de Liz, envie d’elle physiquement, envie d’elle dans sa vie. Était-ce de l’amour, un genre coup de foudre ? Peut-être, ou pas, peu importe. Quand on désire quelque chose et qu’on l’obtient, on se fout bien des raisons, on en jouit.

Leurs langues se mirent à danser ensemble. Nina sentit les mains de Liz glisser sur elle, dans son cou, sur son torse. Elle pouvait percevoir ses tremblements, lorsque qu’elle frôla sa poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration saccadée. Elle frissonna d’envie, de désir. Un désir qu’elle ne pensait plus jamais retrouver. Sentir son corps se liquéfier sous les caresses de plus en plus appuyées d’un être profondément désiré. Et c’est exactement ce qui se passa lorsqu’elle sentit les mains froides de Liz soulever son haut et se plaquer sur ses hanches rondes. Tous ses muscles se relâchèrent, une onde de plaisir partit des mains de Liz pour se propager dans tout son corps. Comme il était bon de se sentir à nouveau vivante, à nouveau capable de ressentir cela sans aucun frein.

De son côté, Liz sombrait dans l’ivresse la plus totale. Les litres de bière refirent surface avec une violence qui n’avait d’égal que le besoin de s’abandonner dans ce baiser. Quelque chose en elle donnait au moment une sorte d’urgence. Elle tremblait comme une feuille, se retenait de déchirer chaque bout de tissu porté par Nina. Et en même temps, elle voulait que cet instant, chaque seconde, reste gravée en elle. Des images de Cécilia traversaient son esprit, comme à chaque fois qu’elle embrassait une autre femme. Souvent, il lui suffisait d’un geste pour balayer ces pensées. Un sein pressé dans sa main, un lobe d’oreille mordillé, une main plongée dans la culotte. Puis elle vivait l’instant présent à fond, jusqu’à jouir, attendant que Cécilia revienne dans ses pensées. Mais cette fois, elle ne fut pas à l’origine du phénomène. Alors qu’elle remontait ses mains sur les flancs de Nina, celle-ci se recula légèrement, séparant leurs bouches.

— J’ai besoin de toi, lui souffla-t-elle.

Et Liz fut soufflée. Elle ouvrit de grands yeux ahuris, ne sachant que répondre. Qui pouvait avoir besoin d’une fille comme elle ? Qu’est-ce qu’une femme qui vit hantée par son passé, incapable d’exprimer le moindre sentiment, obsédée par le suicide de son amie, le seul être aimé, pouvait bien apporter à une autre, assez solide pour l’emmener sur le lieu de son viol, s’ouvrir à elle à cet endroit... et lui sortir ça ! Il y avait forcément un truc qui clochait, et Liz hésita un petit instant. Mais Nina ne lui laissa pas le choix. Car Nina avait vu leur avenir ensemble. Elle savait jusqu’au plus profond de son âme que c’était avec Liz qu’elle se relèverait, que c’était Liz qui, comme devant le bar, la sauverait de ce que lui avait fait cet homme... de ce que lui avait fait la vie.

— Viens, lui dit-elle en lui prenant la main.

Nina marchait rapidement, tirant Liz par la main.

— Tu veux aller où ? lui demanda-t-elle.

— Chez moi.

— Chez toi ?

— Dans ma chambre, dans mon lit.

— Dans ton lit ?

— Viens, s’il te plaît. J’en ai besoin.

Liz ne dit plus rien. Nina non plus. Liz l’avait désirée avant que Nina ne s’en rende compte. Mais la petite black avait tout bouleversé ses plans. Elle était sensée l’attirer chez elle, la dorloter, la rassurer. Elle était sensée être celle qui prenait les devants. Elle était toujours celle qui prenait les devants. On ne draguait pas Liz, on n’attirait pas Liz, c’était Liz qui vous choisissait. Un type ou une nana lambda aurait tenté de mettre le grappin sur elle, et elle les aurait déçus volontiers. C’était toujours elle qui choisissait. Elle laissait volontiers un homme faire son paon devant elle, faisant semblant de lui résister, de n’en avoir rien à foutre. Mais si vous vous pavaniez devant elle, c’est qu’elle l’avait bien voulu. Cette Liz-là n’était plus, à ce moment-là. C’était Nina qui la tirait jusque chez elle, Nina qui lui fit un « chuuuuuut » lorsqu’elles entrèrent dans la grande maison, Nina qui lui caressait ses doigts fins alors qu’elles montaient les marches jusqu’à la chambre, et Nina qui la rassura sur le fait que celle de ses parents étaient à l’autre bout du bâtiment et que son frère ne rentrait que le lendemain de leur chalet à la montagne. Nina, Nina, Nina... Elle allait péter un plomb, si elle ne réagissait pas, si elle ne se reconnaissait pas dans les cinq secondes. Où était cette foutue guerrière de Liz ?

Nina referma doucement la porte derrière elles. La chambre était aussi grande que l’appartement de Liz. Baignée dans une douce lumière, Liz pouvait voir les draps, sans un pli, le coin bureau, l’armoire. Tout dans cette pièce était décoré. Les murs tapissés de toiles, le bois ciselé à la perfection, tout puait le fric, dans cette mai­son. Et c’est peut-être ça qui réveilla la Liz qu’elle avait construite depuis tant d’années et que Nina avait bien failli réduire à néant. Elle ne laissa pas le temps à la petite bourgeoise de se retourner. Elle la plaqua contre la porte et entreprit de la déshabiller. Sa bouche goûtait à la peau de son cou, inspirant ses effluves à plein nez, alors que la veste du tailleur de Nina tombait à terre. Celle-ci se laissa faire, les yeux fermés, lui offrant son cou en penchant sa tête, la joue écrasée contre la porte. Liz retrouvait l’assurance qui lui avait tant plu, qui l’avait subjuguée, même. Ses mains passèrent sous son t-shirt et attrapèrent ses généreux monts.

Nina crut défaillir. Elle se rendit compte pendant un instant qu’elle avait invité une femme chez elle, que ses parents n’étaient pas très loin, et qu’elles allaient faire l’amour, baiser, dans son lit. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Et depuis quand elle était attirée par une femme ? Était-elle en train de tourner lesbienne ? Mais toutes ses pensées, tous ses doutes, furent balayés au moment où elle sentit ses seins pressés dans les mains de Liz. Tout son corps en frissonna. Elle pouvait se sentir mouiller. Un simple geste de Liz et sa vulve s’était ouverte d’elle-même, laissant couler un filet de cyprine. Elle lâcha un gémissement lascif, ses tétons se bandèrent subitement à lui faire mal et elle s’en mordit la lèvre inférieure. Elle devinait l’impatience de Liz, quand elle se mit à lui enlever son t-shirt et défaire son soutien-gorge. Elle leva les bras pour l’y aider et profita de ce moment de flottement pour se retourner et lui faire face.

Le visage de Liz était magnifiquement rempli de contradictions. Son sourire était espiègle, sa peau douce, mais ses yeux fixés sur Nina trahissaient une assurance de dominatrice. Le cœur de la belle noire rata un battement. Elle avait le sentiment que la punk allait littéralement la dévorer, ou la rouer de coups. Elle ne le comprit pas dans l’instant, mais déjà, une part d’elle savait que dans un cas comme dans l’autre, elle serait restée. Liz la regarda un instant. Ses yeux coururent sur son corps à demi nu. Nina rougit légèrement à l’expression de satisfaction de la punk. Elle qui aimait les seins fermes et ronds, elle était servie. Ses tétons et ses mamelons étaient encore plus sombres que sa peau. Ils pointaient fièrement vers elle et en les voyant, Liz eut ses lèvres qui tremblèrent d’envie de les sucer. Mais elle lui prit la main et se jeta sur sa bouche. Leurs langues se retrouvèrent, dans une danse sensuelle. La punk lui fit faire un demi-tour et sans quitter ses lèvres, elle la fit reculer jusqu’au lit en quittant sa veste qui tomba lourdement au sol.

Bloquée par le matelas, Nina s’écroula sur le lit. Debout devant elle, Liz retirait ses vêtements, un à un, sans quitter Nina des yeux. Elles ne se parlèrent pas, mais elle comprit, à cet instant. Elle n’était pas attirée par les femmes. Liz était un aimant, une extra-terrestre. Les dissonances qu’elle avait repérées en elle étaient présentes dans tout son corps. Il était musclé, sportif, nerveux, et pourtant si féminin, si sensuel. Même ses petits seins gonflés de désir exprimaient une certaine virilité toute féminine. Nina se mordit la lèvre. Elle savait depuis cet instant où elle l’avait embrassée dans le parc qu’elle faisait le bon choix. Et maintenant, chaque geste, chaque regard, chaque contact physique ou non, lui confirmait le bien-fondé de cette décision.

Déjà, Liz s’était débarrassée de son pantalon. En string devant son amante, elle se caressa les seins en lui souriant.

— Première fois ? lui demanda-t-elle un brin provocatrice.

— Première fois, lui confirma Nina.

Alors Liz se pencha sur elle. Elle posa ses lèvres sur son ventre et prit tout son temps pour la déguster. Sa langue participait de cette exploration. Elle sentit les mains fébriles de Nina se poser dans ses cheveux, la caresser en gémissant et en ondulant sous ses baisers. Il n’y avait plus de question à se poser, plus de doute à avoir, plus de raison à chercher. Elles allaient succomber à l’envie qui les consumait toutes les deux, et elles emmerdaient le monde entier.

Les mains de Liz vinrent se coller à sa peau, ses baisers se firent plus fiévreux, plus insistants. Elle se mettait à onduler le corps en rythme avec son amante d’ébène. Elle grimpa jusqu’à ses seins et les suça enfin. La pression de ses lèvres sur ses tétons les fit se tendre encore plus. Ils reluisaient de sa salive, brillaient dans cette ambiance feutrée. Nina osa enfin poser les mains sur elle, sur sa peau. D’abord en la frôlant, comme si elle avait peur d’être brûlée. Et une fois assurée que ce ne serait pas le cas, elle la serra contre elle, enfouit son visage dans ses seins et lui massa le dos avec passion.

Alors que la bouche de Liz parcourait sa poitrine en la projetant dans le monde cotonneux du plaisir et de la sensualité, Nina la sentit commencer à se frotter l’entre-jambe contre sa cuisse. La sensation fut aussi agréable que surprenante. D’habitude, c’était elle qui avait ce genre de comportement. Les hommes adorent que l’on se frotte le sexe contre eux. Malgré le plaisir qu’elle en retirait, elle avait tout de même toujours comparé ça à une sorte de soumission au mâle viril. Avec Liz, toutes ses idées se bousculaient. Elle avait fait ce geste tout en étant la plus virile des deux. Mais la pensée la plus persistante du moment fut d’être un peu déçue de porter encore son pantalon et ne pas sentir l’humidité de la belle Liz sur sa cuisse. Ce qui ne l’empêcha pas de relever la cuisse, la plaquer contre le sexe de Liz qui ne se priva pas pour s’astiquer de plus belle contre elle.

Nina était aux anges. Elle ne pensait qu’à l’instant présent, au plaisir qui envahissait à nouveau son corps sans entrave. Liz commençait tout juste à monter dans les tours. Elle se mit à fixer Nina d’un regard endiablé, et petit à petit, sa bouche redescendit le long de son ventre, sans la quitter des yeux. Nina fut à nouveau sub­juguée par son attitude. Liz passait de la femme virile à la coquine sensuelle en un rien de temps, et c’est sûrement pour ça que l’envie qui lui rongeait le bas-ventre devint véritable brûlure lorsque les lèvres de Liz flirtèrent avec le tissu de son pantalon. À genoux aux pieds du lit, la punk entreprit de lui retirer son pantalon. Nina la trouva tellement sexy, lorsqu’elle se mordait la lèvre en tirant fermement sur le bouton, dézippant sa braguette et découvrant la douce dentelle de sa culotte. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le pantalon de Nina vola dans la pièce. Allongée sur le lit, elle rit de bon cœur, sans trop faire de bruit, puis lâcha un soupir de satisfaction. Liz regardait son entre-jambe comme s’il s’agissait d’un trésor. Et elle se sentit comme tel. Les doigts fins de la punk se posèrent sur sa culotte, au niveau du pubis. Et alors que Nina s’attendait à les sentir glisser sur le tissu, ou même tirer dessus pour la lui retirer, c’est un pouce ferme posé sur son clitoris bandé qui lui envoya une décharge de surprise dans tout le corps. Elle s’en accrocha aux draps, serrant les dents pour ne pas que le cri sorte de sa bouche.

Liz lui souriait avec une forme de sadisme dans le regard. Elle faisait rouler son doigt sur son bouton sans faiblir. Nina se crispa de tous ses muscles, la bouche en un O qui ne franchissait pourtant pas le pas de ses lèvres. Leurs regards se fixèrent l’un l’autre. Liz ne faillit pas, elle lui branlait son clitoris à travers le tissu alors que Nina la suppliait du regard de continuer. Nina savait qu’en la présence d’un homme, elle l’aurait incité, enjoint, à venir en elle. C’était le moment où elle aimait sentir son vagin être écarté par un pieu de chair, être remplie, secouée, culbutée. Mais là, elle ne savait simplement pas quoi faire. Elle s’en remettait simplement à Liz. Et cette Liz la faisait monter dans les tours avec une aisance déconcertante. Nina fut prise de tremblements délicieux, son corps sembla se réduire à ce bouton érectile branlé par ce pouce magique. Elle jouissait en se tortillant sur le lit dont elle triturait les draps sans pitié, les mordait pour ne pas crier.

Et c’est à peine si elle se rendit compte que Liz ne la caressait plus, qu’elle avait retiré son string et qu’elle s’attaquait à sa culotte. Elle retint un petit rire nerveux en voyant la punk renifler sa culotte. Elle rougit encore plus qu’elle ne l’était déjà et vit le regard de la punk sur son sexe. Une part d’elle aurait resserré les jambes, de honte, il fut un temps. Mais ce temps-là était révolu, cette Nina-là elle n’en voulait plus, et elle les écarta. Elle pouvait sentir l’haleine chaude chargée d’alcool de Liz sur sa vulve dégoulinante et encore frétillante de la jouissance qui l’avait transportée.

— Qu’est-ce que t’es belle, souffla Liz comme si elle s’adressait à la chatte de Nina et non à elle directement. Je crois que j’ai jamais vu une aussi belle chatte.

Nina était loin d’être une habituée à ce genre de mots directs pendant l’acte. Mais elle adora. Elle fut même à deux doigts d’en jouir. Elle se lança à son tour, se sentant obligée de lui répondre pour ne pas briser la magie du moment. Elle releva les jambes et les écarta le plus possible, offrant à Liz une vue imprenable sur sa croupe entière :

— Elle est tout à toi, Liz... Viens...

Elle prit tout son temps. Nina tressaillit d’envie mais Liz resta fixer cette vulve. Elle se rasait intégralement, mais son dernier rasage datait de quelques jours, laissant apparaître de petits poils un peu partout. Liz se décida à s’approcher, et posa sa langue sur ses lèvres en inspirant fort. Sa langue fit gémir Nina qui se crispa pendant que Liz venait la goûter, la pénétrait et lui léchait ses parois internes d’où coulait une cyprine abondante. Nina ne pouvait plus se retenir. Elle se mit à remuer sa croupe sur cette langue. Elle jouissait déjà une seconde fois, se branlant sur cette langue tendue.

Puis Liz reprit les choses en main, décrétant qu’elle jouirait fort et longtemps. À peine Nina commença-t-elle à ralentir ses mouvements de bassin qu’elle entreprit de déposer sa bave sur sa croupe entière. Une main posée sur chaque cuisse relevée, elle ouvrit grand les cuisses de sa belle amante, et la léchait avec frénésie. Lorsque sa langue se posa sur la rondelle de Nina, celle-ci se cambra malgré elle, lâcha un cri de surprise.

— Qu’est-ce que... oh putain...

Liz ne lui laissait pas le temps de choisir. Sa langue remontait aussitôt le long de son périnée pour laper sa vulve et sucer son clitoris. Au bout de plusieurs allers-retours, Nina s’était habituée, découvrait ce nouveau plaisir. Liz pouvait sentir son orifice se décontracter. Elle appuyait encore un peu plus dessus, s’apercevant qu’elle pourrait y glisser sa langue à tout moment, si elle le désirait. Mais la punk était une habituée des dépucelages lesbiens et elle savait qu’il ne fallait pas forcer les choses. Elle regardait sa belle nouvelle amie prendre son pied. Elle voyait son doux visage par-dessus ses seins, se tordre de plaisir, se relâcher, puis se crisper à nouveau. La punk pouvait ressentir, vivre avec elle chaque spasme de jouissance, les plus puissants lui faisant ressentir une douleur au cuir chevelu que Nina avait attrapé des deux mains. Elle ne pouvait pas savoir si c’était la première fois qu’elle expérimentait ça, mais une chose était certaine : l’orgasme en continu n’était pas une torture pour elle.

Elle lâcha brutalement ses cuisses et remonta sa bouche sur son pubis, sur son ventre. Ses doigts ne mirent pas longtemps à se substituer à sa langue. En plus virils, plus tendus, plus profonds. Elle la pénétra d’un trait, de deux doigts fins, en faisant claquer sa paume sur sa vulve sensible. Nina ne put retenir un autre cri, aigu, à la limite du strident. Son corps entier était moite de sueur, son sexe dégoulinait littéralement, et Liz aimait ça. Elle aimait les femmes qui mouillaient autant qu’elle. Et Nina était en train de tacher les draps de son lit. Elle dévora ses seins en faisant clapoter sa chatte. Nina était remuée comme d’un spasme sans fin. Elle sentit ses ongles s’enfoncer dans ses omoplates, comme une manière de s’empêcher de hurler et réveiller tout le quartier.

Liz adorait ça. Sa propre croupe relevée comme pour une levrette, au-dessus du ventre de Nina était reluisante de cyprine. Elle sentit un filet retomber sur son bras tendu vers le sexe de sa belle black. Et elle voulut jouir avec elle. Avec des gestes maladroits, Nina tentait de trouver sa vulve, l’atteindre de ses doigts tremblants. Mais dans un geste d’une souplesse qui émerveilla Nina, Liz lui offrit son con ruisselant d’une liqueur odorante. Mais tellement délicieuse. Nina n’était plus vraiment là. Ou plutôt si, mais une Nina bien différente. Alors que pendant son acrobatie, les doigts de Liz n’avaient pas quitté son puits de plaisir, Nina se jeta sur cette chatte offerte. Elle n’était pas une fan des pubis rasés en triangle, elle trouvait ça has-been. Mais le simple fait que ce soit le pubis de Liz le rendait beau.

Elle ne savait pas comment s’y prendre. Elle se rendit compte qu’elle était à deux doigts de mordre ses lèvres, qu’elle avait un mal fou à garder son clitoris en bouche pour le sucer. Mais les gémis­sements rauques de la punk la transportaient, l’inspiraient. Ses mains claquèrent sur les petites fesses musclées de Liz et elle se mit à la dévorer, à se bâfrer de cette chatte au goût puissamment sensuel. Si Liz ondulait jusque-là au-dessus de son visage en continuant de la doigter, il en fut tout autrement à partir de ce moment-là. Aussi désordonné que pouvait être le broutement de Nina, il semblait plaire au plus haut point à Liz.

Celle-ci se crispa entièrement. Les doigts encore plantés en Nina, cambrée sur sa bouche, elle se retenait en s’accrochant de sa main libre à sa tignasse. Nina s’en retrouva plaquée contre sa vulve qui lui inondait le visage, les cheveux tirés comme jamais. Les doigts de Liz appuyaient avec une vigueur jamais ressentie sur son point G. Elle crut mourir. Elle perdit la raison à défaut de perdre conscience. Ses ongles s’enfoncèrent de plus belle dans les fesses de Liz qui grimaça de douleur, mais ne fit aucun geste pour l’arrêter. Au contraire, elle remuait sur la bouche de Nina comme si elle était assise sur une queue. Et Nina fut assaillie par une brûlure d’intense plaisir. Quelque chose qu’elle n’avait jamais même osé imaginer jusque-là. Un long cri aigu sortit de sa bouche, étouffé par l’entre-jambe de Liz qui la maintenait dans cette position délicieusement douloureuse.

Alors que Nina ne savait plus où elle était, qui elle était, elle se raccrocha à la seule chose qui l’empêcherait de s’évanouir de bonheur. Les yeux de Liz, braqués sur elle. Elle lui souriait, son regard brillait de mille feux. Elle n’aurait jamais cru voir des traits aussi radieux sur cette face de guerrière. Mais c’était le cas. Liz jouissait tout son saoul. Sur elle. Dans sa bouche grande ouverte qui récoltait son nectar sans en perdre une goutte.

Elle ne sut dire combien de temps cela avait duré. Quelques secondes, quelques minutes. Tout était flou, maintenant qu’elles étaient allongées l’une contre l’autre, haletantes, leurs peaux relui­santes de sueur. Chacune regardait le plafond les yeux grands ouverts. Nina se tourna vers Liz. Elle voulut lui dire combien elle avait aimé, elle voulait la remercier pour tout. Pour l’intervention au bar, pour l’avoir raccompagnée, l’avoir écoutée, l’avoir suivie jusqu’ici, d’être restée, d’avoir été si parfaite, de l’avoir aidée à revivre. À cet instant, elle était à nouveau prête à affronter le monde. Elle sentait une nouvelle force être née en elle. Mais Liz ne souriait plus. Elle avait retrouvé ce côté sombre qui caractérisait ses expressions et tranchait tant avec la finesse de son visage. Mais qui la rendait si attirante, aussi.

Alors Nina se tut. Elle avait compris que Liz avait quelque chose en elle qui devait sortir. Mais qui était-elle pour tenter de faire sortir ça ? Certes, Liz avait réussi – allez savoir par quel miracle ! – à lui faire dire ce viol, le nommer enfin. Elle pouvait à présent avoir espoir de dépasser cet acte horrible. Mais Liz ne semblait pas prête à parler de son secret et elle respecta ce choix. Elle fut simplement déçue de ne pas avoir réussi à lui faire oublier ça plus longtemps. Alors Nina se tut et ne bougea pas.

C’est Liz qui bougea la première. Elle prit une clope dans sa veste et son briquet dans son pantalon. Nina n’osa pas lui interdire de fumer dans la chambre, mais Liz se dirigea d’elle-même jusqu’à la fenêtre, qu’elle ouvrit en grand malgré qu’elle soit encore entière­ment nue et que la vue donnait sur la rue et les autres habitations. Nina attendit un peu et vint finalement la rejoindre, enveloppée dans une couverture. Elle ne sut quoi dire, alors elle ne dit rien, restant juste derrière Liz, le menton posé sur son épaule solide.

Liz finit par balancer son mégot avec dextérité jusque dans la rue et se tourna vers Nina, qui ne savait pas si elle devait lui sourire, mais le fit quand même, un peu gênée par ce long silence qui avait suivi leurs ébats. Liz posa une main douce sur sa joue et Nina s’y lova sans se faire prier. Liz remarqua ce regard, et son cœur rata un battement. Nina tombait amoureuse d’elle. Elle ne pouvait le permettre, elle ne voulait pas. Et le désirait tant. Elle posa ses lèvres contre les siennes dans un doux baiser, puis recula vivement, pour aller chercher ses vêtements.

— J’ai du taf, demain, je vais devoir y aller si je veux pas arriver la gueule dans le cul.

— Liz, je... commença Nina.

— Ouais ? demanda Liz sans la regarder.

— Non, rien. Ou si. Merci. Pour tout.

Liz s’arrêta dans son geste de remonter son pantalon. Juste une seconde. Puis reprit. Ne pas la regarder. Une fois qu’elle avait remis sa veste elle offrit un sourire légèrement crispé à Nina, assise nue sur le lit, qui ne la quittait pas des yeux. Elle tenait un papier dans la main, qu’elle tendit à Liz.

— Appelle-moi, s’il te plaît.

Liz s’avança et le prit. Contrairement à Nina qui avait une peau si sombre, la rougeur de Liz était flagrante, mais Nina ne le fit pas remarquer. La punk rangea le bout de papier dans son porte-feuilles et se pencha sur elle, goûta encore à ses lèvres avec une douceur qui fit frémir la nymphe noire.

— C’était vraiment génial, Nina, lui dit Liz en se relevant. Mais je suis pas faite pour...

Elle tiqua, puis se reprit :

— Je suis pas prête pour tout le reste.

Cette phrase scotcha Nina sur place. Elle regarda Liz sortir de la chambre discrètement en mode bug système. Mais lorsqu’elle se lova, de longues minutes plus tard, sous sa couette, elle souriait. Car elle savait que ce qu’elle ressentait pour Liz, aussi problématique serait-ce le lendemain dans sa vie sociale, ces sentiments étaient partagés. Certes, Liz lui avait dit cette phrase un peu banale, lorsqu’on ne veut pas revoir quelqu’un. Mais ses yeux avaient parlé pour elle, son baiser avait été une confirmation de ce qu’espérait Nina. Elle n’était pas prête à accepter d’être amoureuse, mais elle l’était, c’était certain.

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