Chapitre 03.1

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06 janvier .... du calendrier grégorien. Désert du Nevada, États-Unis, Terre.

Frissonnante, Esmelia Danatess Evihelia ajusta son bonnet et le col de sa veste sur sa nuque.

Dans ce désert du Nevada, les nuits étaient fraîches, comme presque partout sur la planète.

Elle ne s’était toujours pas habituée à ce climat, au vent chargé de silice et d’odeurs qu’elle ne parvenait pas à identifier, à l’air trop sec, au soleil brûlant de la journée, à la lumière intense.

Le Nevada qu’elle avait connu, il n’y avait pas si longtemps que cela était luxuriant de végétation. En lieu et place de ce désert, il y avait eu une jungle à laquelle les pluies polluées avaient jeté leurs propres couleurs. L’air y sentait la pourriture que la chaleur humide amplifiait en milieu de journée. À ce moment- là, la lumière était d’une intensité à vous écorcher les yeux.

Rien à voir avec ce qui l’entourait ou ce qu’elle avait sous ses yeux.

En contrebas de son promontoire, elle pouvait voir une trentaine de hangars de tailles différentes s’alignant les uns à côtés des autres. Ils formaient des colonnes régulières. Beaucoup d’entre eux étaient plus grands que celui sur lequel portait leur attention. Le plus petit aurait pu contenir deux vieux Airbus A380. Il y avait peu d’activité autour.

Tous les bâtiments étaient en tôle, peints du même blanc jaunâtre virant à la couleur rouille, notamment sur les toits. Elle pouvait deviner la peinture écaillée sous les effets conjugués du soleil et de sa chaleur. Ils se fondaient dans ce désert au sable compact, parcouru de touffes d’herbe sèche et de maigres buissons.

En dehors des charognards, les rares animaux à y vivre étaient des reptiles. Il fallait aussi compter avec des insectes dont la principale occupation était de trouver quelque chose de suffisamment vivant pour y pomper leur nourriture.

Will n’arrêtait pas de pester contre eux. Ils avaient réussi à le piquer à plusieurs reprises, et au moins deux fois au travers de sa barbe naissante.

Elle ne détestait pas sa nouvelle apparence.

Comme elle, il portait une tenue sombre, et un bonnet qui ne laissait voir que son visage aux yeux d’un bleu azur.

Son compagnon et elle s’étaient installés à moins d’un kilomètre de la zone qu’ils surveillaient depuis quatre jours.

Le hangar qu'ils surveillaient à tour de rôle était de taille moyenne, excentré sans être totalement à l’écart des autres. Il était cerné par une clôture électrique qui comptait onze fils barbelés distants les uns des autres de quinze centimètres.

Ce qui, à moins de ressembler à une allumette, et même si elle n’en était pas loin, ne lui permettait pas de se glisser entre deux.

Encore moins à son compagnon.

De plus, la clôture devait être électrifiée en permanence.

Chaque bâtiment était surveillé, et celui-ci l’était particulièrement. Des caméras couvraient tous les angles. Elles fonctionnaient de jour comme de nuit. Dès que le soleil disparaissait de l’horizon, des spots s’allumaient et éclairaient le site comme une vitrine de Noël.

Il y en avait de différentes sortes pour couvrir tous les types de spectres ou de radiations existants, et de toutes les couleurs. Vu du ciel, et de l’espace, cela devait donner l’impression d’une fiesta à tout casser.

Ceux qui racontaient encore que cette zone était secrète devaient essuyer leurs lunettes avec de la peau de saucisson.

Cela dit, ces mesures de sécurité n’étaient plus un problème pour elle. Mais celui qu’ils étaient venus chercher dans cet endroit ne serait sûrement pas facile à en faire sortir, du moins pour quelqu’un d’autre qu’elle.

Les Terriens ne laisseraient pas filer leur prise du siècle sans réagir.

Ce système solaire n’avait pas connu d’invasion extraterrestre depuis des lustres. Mais contrairement à ce que le commun des mortels sur la Terre pensait, le premier contact avait été établi depuis des siècles. Ici, la nouvelle n'avait été officialisée que depuis quelques décennies, avec toutes les répercussions que cela avait pu avoir. Et pas à l’avantage des visiteurs, surtout s’ils avaient tenté de se conduire comme des conquérants. Pourtant, tous les extraterrestres n’étaient pas des guerriers.

Lorsqu’ils en découvraient un, ou ce qu’ils pensaient être un visiteur de l’espace, les Terriens avaient un objectif très simple : en retirer le maximum d’informations destinées aux recherches militaires et scientifiques.

Sur ce point, ce monde ne différait pas de celui que Will et elle avaient connu.

Pour ce qui était de leur cible, sachant qu’elle pouvait se montrer pour le moins belliqueuse, il y avait fort à parier que ses geôliers avaient dû prendre un soin tout particulier à la neutraliser, à la rendre inoffensive.

L’individu qu’elle devait retrouver était considéré, dans de nombreuses galaxies, comme appartenant à une espèce conquérante. Par bien des aspects, à lui seul, il confirmait cette réputation. Le CENKT comme l'AMSEVE devaient le savoir.

Toutefois, les Terriens n’avaient rien à craindre de lui.

Au contraire, avec ce qui arrivait droit sur leur planète, ils découvriraient qu'il y avait pire que lui, et qu'ils allaient devoir composer avec lui, car il était sûrement le seul à pouvoir sauver ceux qui pouvaient l’être. Mais à l’heure actuelle, ils l’ignoraient. Pas que qu'un danger les menaçait, mais le reste...

Il n’avait pas été facile à retrouver. Et encore, elle n’était pas certaine de sa présence dans cette base. En l’absence d’autres pistes, elle se devait de vérifier. Même Grama avait fini par l’admettre.

Elle ne put s’empêcher de se demander quelles étaient leurs connaissances actuelles de l’univers dans lequel ils vivaient. Avaient-ils une petite idée du nombre d’espèces dites intelligentes, et surtout de celles bien plus évoluées que l’humanité ?

L’existence d'extraterrestres sur la Terre n'était plus passée sous silence, certes. De même que tout ce qui pouvait sortir de l’exploration interstellaire officielle. Cela ne signifiait pas que la presse ou l'opinion publique en savait tout. Pour cela, les différents gouvernements s’étaient plutôt bien entendus pour garder les découvertes sur la vie extraterrestre, sur la Terre ou ailleurs, sous une épaisse chape de silence.

Bien avant ces derniers mois, elle avait eu vent de ces secrets inter États. Tout était très différent de ce qu'elle connaissait alors.

Elle ne l’avait pas pris au sérieux au premier abord. Pas sur l’existence d’autres vies dans l’univers. Cela, elle en était certaine. Mais que cette vie ait choisi la Terre comme bouée de sauvetage, elle ne l’aurait jamais imaginé.

Jusqu’à ce que son instructeur, Kolya, tombe sur des signaux suffisamment importants pour y prêter attention. Quelques informations échangées sous le manteau entre les États-Unis et la Russie. Cela avait un rapport avec l’écologie et les espèces invasives.

Des espèces inconnues avaient fait leur apparition de manière exponentielle au cours des trente dernières années.

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