Chapitre XXII. Bain du matin chagrin, de midi soucis, du soir espoir .

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Lundi 05/12/22, sur l'île de Ré

E.Y

Le doux soleil décembre brillait sur les roses trémières. L'hiver ici n'était pas encore arrivé, les oiseaux dans un arbre pépiaient. Des insectes voletaient, et à quelques mètres de là, l'eau clapotait. Reeve, nue, rose, les cheveux en broussaille et le sourire aux lèvres venait juste de se lever. Dans le lit, Etienne paraissait. Elle le rejoignit et coquine caressât ses fesses de ses mains fraiches, posa ses pieds glacés sur ses cuisses. Etienne se réveillât dans un grognement d'ours, il avait un peu trop aimé le petit blanc de Romain, hier au soir, il allait sûrement avoir mal à la tête... Sans vraiment ouvrir les yeux le paresseux attira la belle dans ses bras, il aurait voulu la garder bien au chaud, prisonnière. Cette dernière s'insurgea, se débattit gentiment et en sortant du lit arracha les draps et fanfaronna :

  • Oh ! C'est le matin, l'heure sonne, hop dès le matin lève-toi gaiment.
  • Tu n'es pas obligée de crier tu sais, je vais me lever.
  • Allez debout, paresseux. Un bon café, des tartines et on enfourche les vélos...Romain et Ophélie nous attendent en bas !
  • Mais c'est quelle heure ?
  • Huit heure mon lapin, je prends une douche, dans dix minutes on est en bas
  • Si tu prends une douche, j’arrive.
  • C'est quoi que tu comprends pas dans dix minutes on est en bas ? Tu crois que je te vois pas venir avec tes gros sabots ! Allez, cesse de faire l'enfant, une belle journée nous attend.

*A.R*

Etienne et Reeve rejoignirent leurs nouveaux amis qui les attendaient dans la petite allée qui jouxtait le garage où était entreposé tout un tas de vélo, du tricycle pour les moins intrépides au VTT pour les plus sportifs. Etienne bien peu courageux postulait pour le vélo à assistance sous le regard moqueur de sa belle.

  • Tu pousses. Un peu d’exercice après la soirée d’hier te ferait le plus grand bien.
  • Oui Etienne, allez prend l’autre. Promis, j’ai pris un rosé qui ira parfaitement avec le pique-nique, ajouta Romain. Tu verras tes efforts seront récompensés.

Face à l’insistance de tous, il craqua et prit l’objet qui allait torturer son postérieur pour la journée. Il se maudissait de s’être aussi facilement laisser berner. Mais comment pourrait-il seulement dire non quand il la découvrit enfourchant sa bicyclette bleue avec un panier d’osier accroché au guidon.

  • Allez suis moi Etienne, ça va être une formidable journée.
  • Ouais si tu le dis, tu sais bien que je te suivrais au bout du monde.

À peine eut-il fini sa phrase, que la petite équipe partait à une allure qui finalement était convenable. Reeve était heureuse, ses cheveux volaient au vent sous son bonnet, ses joues rosies par la fraicheur du matin. En cette période de l’année, l’île retrouvait sa beauté naturelle, isolée de tout. L’air vivifiant s’engouffrait dans les narines de nos parisiens. Ces bouffées d’oxygène les dopaient. Ils se sentaient libres et prêts à soulever des montagnes. Même si l’effort coutait à Etienne, il se sentait heureux et léger.

E.Y

Ils traversèrent des marais salants, des vignobles et des pinèdes... Etienne avait les fesses des deux filles dans le viseur, il se délectait des paysages féminins et insulaire. Dans une petite côte alors qu'il bavait sur le déhanchement d'Ophélie en danseuse, Romain le rabroua gentiment :

  • Tu veux des jumelles, Etienne ! C'est vrai, il vaut mieux voir ça qu'être aveugle...mais regarde donc le paysage, on dirait que tu n'as jamais vu la lune !

Etienne vexé, rougit abondamment et s'excusa... Romain éclata de rire et rajouta pour détendre l'atmosphère :

  • Mais non Etienne, ne te prive pas de ça. Reeve aussi a un paysage de rêve, les douces collines de Lutèce et la Seine qui coule au milieu.

Ophélie qui avait l'oreille fine, répondit alors à son tour, en posant pied à terre et tirant sur sa jupe vichy pour couvrir le haut de ses cuisses.

  • Ho les garçons, pour tendre le bras le soir après deux verres de vins vous n'y arrivez pas, mais pour avoir la bouche ouverte, là, vous êtes les meilleurs !

Reeve goguenarde rajouta :

  • Quel est le sexe le plus paresseux, vous le savez les garçons, le féminin ou le masculin ? C'est le masculin, il dort toute la journée sur ses deux oreilles et quand il se lève... c'est pour tirer au flanc !

Le petit groupe traversa ainsi l'ile et arriva riant et soufflant sur la Plage des Prises, déserte en cette saison.

Reeve qui était apparemment la plus téméraire du groupe jeta son vélo contre un pin et courut en se débarrassant de sa fine robe pour se jeter dans l'océan.

  • Elle est bonne, dit-elle, en claquant des dents.
  • Si elle est si bonne, pourquoi tu n'avances pas plus loin ? Tu ne sais pas nager... la railla Ophélie.

Les deux garçons facétieux, s'emparèrent alors, l'un d'une jambe et l'autre d'un bras de la rouquine et l'entrainèrent dans les flots où ils finirent également !

Un pêcheur qui passait dans le coin se moqua d'eux et les engueula !

  • Les jeunes, c'est pas malin ça ! L'eau est à cinq degrés et l'air à dix à peine. Vous allez attraper la mort, sortez de l'eau. Je vais vous faire un bon feu de bois pour sécher devant !

*A.R*

Le brave Louis vivait dans une petite maison au bord de l’océan dans laquelle il était le roi de son bastion. Fier de nous accueillir dans son humble demeure, il offrit au quatre jeunes fous un logis des plus acceptable. Assis autour d’une grande table en bois, il s’empressa de leur servir un verre pour les réchauffer à ce qu’il disait. Le tord-boyau incendia le palais de Reeve. Elle ne put se retenir et recrachât l’ensemble du breuvage dans son verre tout en s’excusant de ne pas rendre hommage à ce nectar transmis de génération en génération. Ophélie but d’un trait sans broncher sous le regard admiratif de Romain qui s’inquiétait pour sa dulciné.

Les deux hommes trinquèrent à leur tour avec le pêcheur. La cheminée prenait consistance, offrant une belle flambée douce et réconfortante. Pour les remercier de leur compagnie, le vieil homme leur proposa de partager son repas. Ce qu’ils acceptèrent sans hésiter. Derrière sa barbe blanchie par les années et ses cheveux tressés se cachaient un homme heureux. Il leur raconta qu’il était veuf depuis une dizaine d’année, qu’il avait vécu pleinement plus de trente ans de bonheur avec sa femme et qu’aujourd’hui sa seule compagne était la mer. Reeve devant ce personnage si attachant ne put se contenter de l’écouter, elle s’approcha de lui pour le serrer dans ses bras. Le pêcheur accepta cette marque d’affection avec une grand sourire.

Après cette parenthèse, il était temps de rentrer, l’obscurité allait bientôt tapisser la nature environnante. Le soleil terminerait sa course au creux de l’océan engloutit à son tour. Le temps calme de la matinée c’était peu à peu dégradé, les nuages glissaient dans leur direction et le vent commençait à s’inviter à la fête. Romain hésita un instant avant de se lever et dire :

  • Bon, les amis, si nous voulons être rentrés avant la tempête, il faut lever le camp.

Chacun à sa façon salua une dernière fois Louis, cet homme entier avait su les charmer.

  • Au revoir Louis, tu es un mec formidable, cria Reeve une dernière fois avant d’enfourcher son vélo et d’appuyer fort sur les pédales pour rejoindre le petit peloton qu’ils constituaient.

Derrière elle, le brouillard avalait la maison de pêcheur.

E.Y

La mer dansante et joueuse l'instant d'avant était devenue agressive et colérique. Un fort vent d'ouest soufflait en longues rafales bruyantes, Romain hurla pour ce faire entendre des autres :

  • On prend à gauche, c'est plus long mais moins risqué. La route de droite traverse des petits bois de pins, je n'ai pas envie de me prendre une branche sur la tête.

Ophélie criait aussi en montrant du doigt une barque à la dérive

  • Tu imagines Romain, tu pourrais être en mer à cette heure et le souci que je me ferais.
  • Je ne comprends pas. J’ai pris la météo ce matin, ce grain n'était pas annoncé ! De plus le vent est plutôt chaud, c'est inhabituel pour la saison.

Heureusement, ils pédalaient à bonne vitesse, Saint Martin de Ré n'était pas si éloigné. De grosses gouttes commencèrent à tomber alors qu'ils entraient dans l'agglomération. Ils n'avaient pas prévu de K Ways. Trempés, ils arrivèrent dans leur appartement.

Reeve s'exclama en posant le vélo dans le hangar qui jouxtait la petite maison de son grand-père.

  • C'est le deuxième bain de la journée qu'on prend !
  • Oui, nous sommes arrivés à temps, Le vent était vraiment fort pour un épisode non prévu, ce réchauffement climatique est vraiment préoccupant ! rajouta Etienne.
  • Mon chéri, minauda Reeve en se frottant contre son torse. Je mets en route la chaudière électrique que mon grand-père a eu la sagesse de faire installer. Je prends un bon bain bouillant. Pendant ce temps tu nous prépares une bonne tisane, il y a tout ce qu'il faut dans le placard. Pendant que le tilleul la menthe la mélisse et le gingembre infusent, tu me rejoins sous la douche, j'ai besoin que tu me savonnes et me frictionnes le dos.
  • Ah vos ordres chef. Qui me frottera mon dos à moi ?
  • Arrête de faire le pitre, obéit aux ordres, tu auras une récompense, vaurien !
  • File dans ta douche, deux minutes d'eau chaude, pas plus, il faut penser à la planète !
  • La planète, je vais vite te la faire oublier moi, deux sucres pour moi...dit-elle en jetant sa petite robe trempée sur la tête de son homme.
  • File, vite ! J'expédie la tisane et je te rejoins, file, tu vas attraper froid !
  • Eh bien, tu me réchaufferas mon petit Etienne !

*A.R*

Le vent au dehors secouait les volets qui claquaient. Reeve s’empressa d’aller les fermer pour ne pas réveiller son cher et tendre qui dormait profondément. Après l’avoir retrouvé sous la douche dans laquelle chacun avait su satisfaire l’autre agrémentant l’instant de caresses tendres. Ils avaient terminé au chaud sous la couette, collés l’un à l’autre. Reeve, le nez dans son livre, ne trouvait pas le sommeil, son homme épuisé par l’escapade à vélo avait sombré d’un coup d’un seul. Le week-end allait se terminer, tous les sens de la jeune femme étaient éveillés. De la folie de se retrouver dans les bras d’Ophélie, petite escapade qu’elle ne souhaitait pas renouveler à la déclaration de l’homme qui partageait sa vie, elle redoutait de retrouver la capitale. Elle n’avait qu’une envie, franchir le cap et dire un grand oui, prendre le risque même si Sarah se trouvait dans sa valise. Les questions défilaient, les peurs se succédaient et les doutes s'accumulaient. À l'extérieur le crachin bousculait l'île, à l'intérieur c'était son âme qui s'agitait. Ne voulant pas sombrer, elle vint se caler dans le dos de son chéri, l'entourant de ses bras. Demain serait un autre jour

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