Chapitre 14 –
Aelis était allongé sur la table d’examen de l’infirmerie. Nate avait tenu sa promesse et avait organisé tous les examens pour lui permettre de reprendre les chasses dès le soir même. Il lui avait même appris que sa cible Christobal Meye était mort dans l’attaque du bar et que la récompense avait été récupéré par un autre Trac. Aelis n’avait pas été surprise au-delà de ça. Elle s’en était doutée et elle ne l’avait pas recherché.
Des électrodes avaient été déposées sur ses tempes et un peu partout sur son corps. Elle regardait le plafond en essayant de faire abstraction du néon. À son doigt, un moniteur cardiaque. Nate faisait rouler sa chaise de gauche à droite pour laisser son regard glisser sur les écrans. Il était concentré et montrait un intérêt. Depuis qu’il avait ramassé Aelis dans le bar, il n’avait cessé d’être intrigué par elle. D’abord, sa capacité de régénération évidente, ensuite ses capacités surhumaines lors de sa convalescence, et puis, il avait assisté à quelques entrainements. Plus il amassait des informations, plus il l’observait, et plus il était convaincu de voir quelque chose en elle. Initialement, il avait fait le choix de la contacter et de l’aider dans ses traques, car elle était la fille Sorel et qu’il était intrigué par cette famille qui siège aux grands conseils. La fille de deux scientifiques de génie qui devient une vulgaire Trac, il y avait de quoi s’interroger. Aussi avait-il été encore plus soupçonneux lorsque Aelis avait expliqué recherchait sa sœur. Dans toutes les informations qu’il avait trouvées sur les Sorel, ils n’avaient qu’un seul enfant. Une seule fille.
Les Sorel étaient très mystérieux. Nate adore les énigmes.
— Tu es réellement médecin ?
— Non. Pouffa-t-il. Moi, mon truc, c'est la recherche. Mais ma sœur est médecin.
— Tu as une sœur ?! s’insurgea-t-elle.
Aelis avait tourné la tête vers lui, visiblement intéressée. Elle connaissait à peine Nate. Avant leur rencontre physique, il n’était qu’un contact dans son GSM, un informateur anonyme. De plus, il avait plus de facilité à parler des autres que de lui-même. Il se leva de sa chaise, replaça le visage d’Aelis dans l’axe, et appuya sur l’électrode pour être sûr qu’elle ne s’était pas décollée.
— Évite de bouger, conseilla-t-il.
— Elle est décédée pour que tu sois aussi secret ? reprit-elle, curieuse.
— Non, soupire-t-il. Elle a fait médecine et elle a décidé de mettre ses compétences au profit d'une cause. Je ne la vois plus trop depuis, expliqua-t-il.
— Quelle cause ?
— Les rebelles, lança-t-il nonchalamment.
Aelis fronça les sourcils. Elle avait l’impression de découvrir sa ville seulement depuis qu’elle était une trac. Ses parents l’avaient isolé de toute cette vie-là. Elle ignorait qu’il y avait des camps de réfugiés, des rebelles, ou encore des organisations secrètes pour abolir le gouvernement. Pour elle, le grand conseil était parfait. Ses parents lui avaient toujours vanté les mérites des grandes personnes qui font des choix pour le bien de la ville. Elle n’aurait pas pu imaginer que tant de personne étaient en colère de ces choix.
— C’est une avancée ? finit-elle par demander d’une petite voix.
— Pas à ma connaissance, répondit Nate, neutre.
— Alors pourquoi a-t-elle fait le choix d’aider ces gens ? questionna-t-elle innocemment.
Nate quitta le moniteur du regard pour confronter le regard de sa patiente. Il avait remarqué que depuis son séjour parmi les réfugiés, elle était devenue plus curieuse. Il voyait le doute qui l’habitait et une forme de peur qu’elle réprime.
— Surement parce qu’elle a toujours su voir l’humanité des personnes qu’elle rencontre, supposa-t-il.
Aelis resta bouche-bée. Nate en profita pour tirer un chariot en métal jusqu’à lui. Il retira les électrodes et les restes du matériel qui permettaient de faire différents relevés. Il passa une main dans ses cheveux, les mettant encore plus en pagaille qu’ils ne l’étaient déjà. Aelis se redressa, ses jambes se balançant au bord de la table d’examen.
— Je peux reprendre les recherches, Doc ? quémanda-t-elle avec intérêt.
— Oui. Mais mon avis n’a pas changé. Les chasses ne t’avanceront à rien.
— Je sais. J’ai demandé de l’aide à un réfugié, l’informa-t-elle.
La phrase était sortie d’un naturel consternant. Nate fixa la trac enfilé sa veste par-dessus son débardeur, dégageant ses cheveux pour les remonter en une queue de cheval au sommet de sa tête. Sur le bout des lèvres, il sentit les dizaines de questions qu’il retenait. Aelis avait irrémédiablement changé. Elle s’apprête à quitter l’infirmerie quand Nate s’empresse de lui attraper le bras. Ses yeux trahissaient une peur lourde.
— N’en parle pas à Kat, supplia-t-il.
Aelis étira un sourire, libérant son bras avec une douceur contrôlé. Elle se mise sur la pointe des pieds, entourant la nuque de Nate d’un bras, le serrant contre elle dans une étreinte familière. Elle murmura contre son oreille :
— Je n'en avais pas l’intention, le rassura-t-elle. Ne t’inquiète pas, je sais à qui je peux faire confiance maintenant.
Nate avait quitté l’infirmerie et été retourné derrière son bureau en métal où il y avait son ordinateur installé avec trois écrans. Il avait remis son casque pour pouvoir se concentrer. Pour autant, ses pensées vaguaient d’une chose à l’autre sans réussir à être pleinement plongé dans un seul sujet. À cause ou grâce à la conversation qu’il avait eue avec la fille des Sorel, il avait fait le choix d’envoyer un message à sa sœur. Il n’avait pas osé envoyer le message. Les résultats des examens d’Aelis le laissaient également perdu. Il voyait bien qu’il y avait quelque chose, cependant, il était incapable de dire quoi. De plus, la phrase qu’elle avait lancée avant de quitter l’infirmerie avait le don d’éveillé sa curiosité. Le réfugié qui l’aidait avait forcément un rôle important dans les changements qu’il observait chez elle, et l’envie de creuser sur cet individu le démangeait.
Il soupira longuement, passant une main sur son visage. Il fit le tour de son bureau pour dégourdir ses jambes, puis appuya sur la touche « entrée » de son PC juste avant de sortir de la salle un peu trop précipitamment.
Une tasse de café à la main, il se laissa tomber sur sa chaise de bureau. Il regarda le message pour Vivienne désormais dans la boite d'envoi, ensuite, il pianota sur son clavier pour rechercher le réfugié dont Aelis s’était rapproché.
— Il doit bien y avoir un truc sur lui, murmura-t-il pour lui-même.
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