Chapitre 20 –
Les cris résonnaient. Les bruits d’explosion déchiraient la nuit. Les hurlements emplissaient l’air. Les murs tremblaient. Le sol vibrait. Le feu dévorait tout. La pluie frappait le sol, battant d’une violence inouïe. L’angoisse, la terreur, la fatalité se mêlaient. Tout cela décrivait ce qui se passait aux abords de la ville, en pleine nuit. Les gens fuyaient, courant dans toutes les directions. Ils chutaient, criaient, mouraient. Les tirs d’armes à feu éclataient, les pas lourds des forces de police résonnaient. Le grésillement des lignes à haute tension ajoutait sa tension à l’atmosphère. Une scène apocalyptique se déroulait dans l’ombre, indifférente au reste de la ville. Les rebelles se faisaient abattre un à un, chassés comme des animaux, tués comme de la vermine. Les tentes s’effondraient sous les pieds des soldats, les bâtisses en ruines s’enflammaient. Des murs s’effondraient, le sol se creusait. Les corps s’amassaient, étouffant toute résistance. La mort pesait lourd sur l’endroit.
Le vent soufflait doucement à travers les vastes étendues désertiques qui entouraient le camp, emportant avec lui des grains de sable. Des poussières légères tourbillonnaient dans l’air. Les toiles des tentes, usées par le temps, se tendaient sous l’effet de la brise, créant un ballet silencieux, presque hypnotique. Quelques flammes vacillaient autour du foyer central, projetant des ombres dansantes sur les objets laissés en désordre. Leur éclat faiblissait lentement, comme si l’énergie du camp s’étiolait. L’horizon, lointain et flou, se perdait dans une brume subtile, une légère brume qui s’élevait du sol tandis que la terre, encore chaude de la journée, se refroidissait. La lueur du crépuscule se faisait timide, recouvrant tout d’une teinte grise et apaisante. Les étoiles commençaient à percer, une à une, leur lumière étant noyée dans l’immensité du ciel. Le vent, toujours présent, s’insinuait dans les petites ouvertures des tentes, apportant avec lui l’odeur de la terre battue et des herbes sèches, qui se mêlaient au parfum de l’air nocturne.
Les traces laissées par ceux qui avaient traversé ce camp n’étaient plus fraîches. Les sentiers de sable, légèrement creusés par les pas répétés, étaient désormais effacés par le souffle du vent. Le camp, bien qu’encore habité, semblait suspendu dans le temps. Quelques objets personnels abandonnés témoignaient des vies passées : un morceau de tissu, une vieille botte, une couverture roulée dans un coin. Les feux éteints depuis longtemps ne laissaient qu’une lueur pâle sur les pierres qui les entouraient. Autour du camp, la vaste étendue de terre s’étendait à perte de vue, parsemée de buissons clairsemés et de rochers. Aucun bruit ne venait troubler la quiétude de cet espace déserté. Parfois, un cri lointain d’un oiseau nocturne perçait l’immensité avant de disparaître, effacé par la solitude qui régnait. L’air frais comme une brise marine semblait parcourir l’immensité. Autour, il n’y avait rien d’autre que la terre battue et les traces oubliées du jour.
Le sable, poussé par le vent, se déplaçait lentement, recouvrant graduellement ce qui restait des campements abandonnés. Des fragments d’histoire non racontée flottaient dans l’air, effleurant les objets laissés derrière. Le silence devenait plus profond à mesure que la nuit s’installait, enveloppant le camp comme un manteau lourd et silencieux. Il n’y avait ni bruit de pas, ni murmures. Tout était calme. Le vent faisait une pause. La nuit débordait de promesses non tenues. Le camp, dans cette vaste étendue, se fondait graduellement dans le paysage, une partie du tout, aussi tranquille qu’oubliée.
Le lendemain, dans les rues de la ville à peine éveillée, l’annonce se faisait par des affiches, des slogans, des flyers. Rapidement, les premières rumeurs s’élevaient parmi la foule. Des rebelles débusqués. Un camp démantelé par les forces de police. Des titres comme : Camp de rebelles : la ville en sécurité grâce à nos gardiens de la paix, ou encore : Protection de nos concitoyens par le contrôle des camps rebelles. était visible sur certains journaux. Une nouvelle ambiance se faisait ressentir dans les rues. Certains citadins se sentaient rassurés par ces nouvelles, d’autres, conscients de ce que cela impliquait, se demandaient quand viendrait leur tour.
Aaron et Aelis s’étaient assoupis sur le canapé de Burgundy. Le trac les avait laissés dormir, observant l’agitation de la ville sous ses fenêtres. Il ignorait pourquoi. De toute évidence, la nouvelle génération des Sorel avait éveillé quelque chose. Une rage, une haine, une peur. Cela ressemblait à la Grande Guerre. Burgundy, les observants, murmura avec un sourire tendre :
— Un peu de douceur dans ce monde de brutes.
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