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La nuit paraissait aussi sombre que le jour. Deux satellites naturels à la lueur blême et aux proportions étonnantes se disputaient un ciel dénué d’étoile. Tout était paisible. Le bois artificiel embrasé fournissaient une chaleur physique et un réconfort moral d’apparence inaltérable, rapprochant des personnes qui, bien qu’ayant été en narcose dans le Safina, étaient lucides d’avoir habitées un quasi-sarcophage assez longtemps pour savourer chaque instant en pleine conscience. Dès le début de l’installation, Samra participait au montage du camp. Elle prenait plaisir à respecter le plan des tentes, les emplacements des foyers, considérer la quantité de mobiliers rudimentaires -mais néanmoins solides- en fonctions du nombre de personnes. Tout ça sans donner un ordre. Une épreuve pour elle qui commandaient rigoureusement à des façonniers habiles l’œuvre la plus emblèmatique de l’humanité. L’ingénieure Samra était respectée pour ses compétences ainsi que pour son caractère humble. Elle s’empressait de converser avec le détachement, autour des flammes blondes, et cela lui apportait plaisir et satisfaction. Elle se devait d’être proche de ses semblables, pour la cohésion des membres d’équipage, pour la construction d’un nouveau tunnel plieur d’espace, pour la réussite de la mission… Ça ne lui demandait pas d’effort. Elle pensait déjà à ces moments lors du long réveil poisseux, en orbite. Une chose la rebutait : la vision des armes, qualifiées de défensives, que portaient les Auxiliaires de Paix en permanence, même si elle avait complété sa formation quant à leurs fonctionnements et leur utilisation.
La soixantaines d’âmes installées là retrouvaient les choses simples de la vie humaine : un repas accompagnés de boissons et des discussions banales. L’Administratrice Donchadn, bien que vigilante malgré elle, parvenait à profiter des bons moments avec les AP qu’elle commande, avec les façonniers et Samra. Il n’y avait pas de véritable hiérarchie entre les soldats et les constructeurs même si Samra dirigeait l’opération au sol. Elle attaque le chantier demain calculait l’Administratrice, et dans trois mois standards, je me pose. Samra et Donchadn n’en étaient pas à leur première collaboration. La réussite rapide et brillante de plusieurs colonisations par le passé rendait leur lien simple et confortable. Une confiance avait posément germé entre elles, chose peu fréquente dans leur domaine respectif, au point d’instaurer un petit rituel : Samra s’amusait à laisser traîner des billes de verre et Donchadn, une fois les billes retrouvées, à les cacher dans les poches de Samra à son insu. Probablement une conséquence de l’absence de jeux d’enfant pour chacune.

Brusquement, le sol se mit à trembler, faisant s’évanouir ce moment fraternel. Plusieurs animaux dépassant deux mètres au garrot foncèrent vers le camp depuis le rivage sombre. La rapidité de ces bêtes défiait les lois apparentes de la physique. La pesanteur légèrement inférieure à la Primaterre n’était plus si insignifiante à cet instant. Cela leur procurait une agilité et une taille impressionnante. Les créatures étaient tactiquement coordonnées, comme une escouade de Marines entraînés. Le premier impact fût aussi soudain que violent. Des hommes et des femmes, majoritairement des Auxiliaire de Paix, rebondirent sur leur carapace rose pâle comme des quilles au bowling. Les AP armés, après avoir pris conscience de l’attaque, pressèrent la queue de détente de leur rifle électrique mais sans effet, à part un feu d’artifice d’un blanc de foudre et à l’écho orageux. Donchadn hurlaient des ordres pour disperser ses soldats tandis que ces derniers agissaient sans panique mais promptement à ce qu’ils savaient faire le mieux  : défendre et tirer. Samra restait médusée. Figée par l’impétueuse surprise, son cerveau s’interrogeait pourtant sur la procédure à appliquer . Comment les sondages préliminaires ont pu manquer ces mastodontes si près d’ici ?! En quelques secondes, elle comprit que ces animaux massif, à mi-chemin entre la taupe et le pangolin, vivaient profondément sous terre, ce qui expliquait leur invisibilité aux radars. Ils devaient être à l’aise sur l’eau ou dans l’eau également, vue l’origine de l’attaque en concluait-elle. Les PA étaient débordés, espacés comme pour éviter des explosions, ils avaient l’impression que leurs munitions n’avaient pour effet que d'illuminer leurs cibles. Les créatures se dispersaient, se regroupaient, fonçaient au point faible de la formation et auraient continué ainsi jusqu’à ce que plus rien ne bouge. Des tirs en rafale vinrent changer le cours du combat quand ils atteignirent la peau caleuse d’un monstre : il fut immobilisé, tétanisé par les impulsions électriques des projectiles une fois fichées dans la chair. La chute de ce colosse provoqua un arrêt bref des autres ; et un déchaînement de rage, comme si on avait atteint le point névralgique d’une créature unique. Leur célérité se décupla, le désir de blesser ou tuer paru sans limite tant la frénésie les étreignaient. Donchadn était visiblement dépassée lorsqu’une surface large comme deux conteneurs implosèrent sous les pieds des derniers colons armés. Cette ultime attaque poussa Samra à courir vers une tente mais un choc terrible lui fît perdre connaissance avant d'atteindre sa cachette.

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