Chapitre 3 : apprendre à devenir une princesse

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Le lendemain, Aliéna vient me lever et m'aida à me préparer. Étonnamment, depuis que j'avais réagi à sa haine contre moi, elle restait parfaitement professionnelle. Et son aide fut bienvenue. Pour la première fois, je devais être vêtu d'une vraie tenue aristocratique. Je ne m'étais jamais imaginé que c'était une tel torture. Et encore, j'avais su négocier pour que l'on ne me serre pas mon corset, faisant remarquer mon rétablissement récent ne me le permettait pas. Mais je ne pus échapper au multiple jupon, ni aux parures ou à la coiffure exubérante. L'on me grima d'une épaisse couche d'une poudre blanche. Quand ce fut fini, les servantes qui m'avaient préparé étaient toute exister :

– Vous êtes splendide Votre Altesse. Votre ascendance impériale ne fait aucun doute. L'on croirait un ange venu nous rendre visite.

Je ne trouvai rien à répondre, mon regard se portant sur ma servante personnelle. Elle tiqua légèrement, mais ne put pas plus réagir que moi. Je ne pouvais pas dire que me faire vouvoyé me plaisait. Après les avoir remerciées, je l'ai chassé pour avoir un peu de calme avant mon premier cours d'étiquette.

– Vous ne devez pas les remercier. Vous devez être bien au-dessus d'elles.

– Et pourquoi ? Sans elle, je ne pourrais clairement pas m'habiller ou être présentable. Il n'est pas question que je les méprise, pas plus que vous.

– Vous devez au moins arrêté de nous vouvoyer.

Je l'observais, essayant de retrouver sa haine. Malheureusement, elle restait indéchiffrable. Je savais que je devais me fier à ses conseils. Mais il était hors de question que je me mette à mépriser ses pauvres femmes. Je soupirais :

– J'accepte de vous tutoyer tous, mais je continuerais à les remercier pour leur service. Je ne veux cependant pas t'attirer de problème.

J'eus juste le temps d'apercevoir un regard dubitatif avant qu'elle ne me sourît et me propose de m'amener dans le salon où je devais rencontrer l'une de mes préceptrices. Je me levais essayant de mon mieux de ne pas paraître gênée par mon attirail. En sortant de la chambre, je fis plus attention à ce qui m'entourait. Le manoir dans lequel je me prouvais était richement décoré. Les murs recouverts de belles et riches tapisseries ainsi que de grands tableaux. Tous présentant des scènes de mythologie, ou mettan en avant soit la famille impériale, soit les êtres divins. C'était assez ironique, la maison accueillant la fiancée du prince des démons décorée à la gloire d'être divin. En espérant, que mon futur mari ne mette pas les pieds ici.

Hormis la riche décoration, les couloirs semblaient tristement vides. Peu de serviteurs, pas de visiteurs ou d'inviter. Juste une soit disant princesse et quelques autres pantins pour donner le change. Les rares personnes que je croisais me saluaient avec ferveur. Dame Orella et Aliéna n'avait pas tort personne ne semblais se douter de l'imposture.

Nous arrivâmes enfin devant les portes du salon. Prenant une grande inspiration, je regardais ma guide et soufflai :

– À quel point je donne le change ?

– Vous vous en sortiez à merveille, répondit-elle.

À son ton, elle ne semblait guère contente que je m'en sorte si bien. Mais je ne lui en tins pas rigueur et fis ouvrir les portes.

–Son Altesse, la première princesse Elayne ! Annonça le garde nous laissant entrer dans le grand salon.

À l'intérieur, se trouvait une dame d'un certain âge, à l'air sévère qui se leva pour me saluer avec grâce. Respectant de ce que je savais du protocole, je répondis à son salut d'un geste de la tête, l'invitant à se relever. Je l'invitais ensuite à s'asseoir en ma compagnie, Aliéna restant derrière moi. Finalement, malgré son animosité, sa présence était rassurante.

– C'est un honneur de vous rencontrer, dame Béatrix. Je vous remercie de vos lumières.

– L'honneur est tout pour moi Votre Altesse. J'ai entendu que vous sortez juste d'un long rétablissement. Je vous propose de commencer par un enseignement théorique.

Bien sûr, j'acceptais, et pour la première, j'appris comment bien me comporter comme une fille de bonne naissance en société. Ce que j'appris m'exaspéra, mais je n'eus aucun mal à le cacher. Elle m'apprit sans me surprendre que la société de l'aristocratie était hypocrite et remplie de comédien emprisonné dans des règles centenaire sans queue ni tête. Bien que jamais elle ne me le présenta comme ça. Elle me le présenta comme de la politesse. Je compris que c'était plutôt un champ de bataille ou les mots étaient des armes à double tranchant.

Finalement, je fus heureuse de sortir de ce cours, attendant ceux de l'après-midi avec impatience. L'après-midi était consacrée à ma culture et à mes connaissances. J'étais heureuse qu'ils ne veuillent pas faire de moi une de ces princesses stupides. Cependant, même si cela m'inquiétait, il était rare qu'une femme de la royauté ne reçoive pas une bonne éducation. Elle devait souvent épauler dans l'ombre leur mari, on leur demandé d'être aussi stratège que diplomate. Ce fait était cependant bien trop méconnue que même moi, je l'ignorais. Je n'ai pas honte d'avouer que j'avais une vision des nobles dames très caricaturale et suivant les stéréotypes avec lesquels on n'avait éduqué.

Les deux mois qui suivirent furent semblables au premier jour. Le matin, après une longue toilette toujours plus longue, l'on me mener vers dame Béatrix, chargée de m'apprendre les bonnes manières et l'étiquette. J'y appris à marcher avec grâce et noblesse, à prendre le thé, à discuter et à débattre. Pour moi, ce cours ressemblait plus à un bourrage de crâne. L'on apprenait à la princesse que j'étais censée être, qu'elle était au-dessus de tous hormis ses parents. Que pour cette raison, je ne devais pas m'abaisser à parler à n'importe qui. Elle me reprocha ma complaisance envers les servantes.

Puis venait le repas du midi. Très vite, je fus assez présentable pour le passer dans la salle à manger toute aussi exubérante et gigantesque que les autres pièces de ce fichu manoir. Si j'avais, depuis la mort de ma mère, pris l'habitude de manger seule ; je ne supportais pas de la faire sur une si grande table. Ma solitude me revenait en pleine face à chaque repas. Bien que je m'étais rapprochée d'Aliéna, l'on ne pouvait pas vraiment dire qu'elle était mon amie. Et si dame Orella prenait régulièrement des nouvelles de moi, je ne pouvais même pas la considérer comme une proche. Même quand je jouais un rôle de timide lavandière, j'avais bien plus de proche.

L'après-midi, me remontait le moral. J'apprenais sur plein de sujets différents. L'histoire, la politique, la gestion de territoire, les mathématiques... J'avais également des cours pratiques sur l'art sous toutes ses formes. Mes après-midis passaient toujours rapidement. Sous tous mes noms, j'ai toujours eu une grande soif de savoir et de connaissance. Cette curiosité était difficilement rassasiée, et j'étais bien conscience que ce que l'histoire que l'on me contait n'était qu'une histoire. L'Histoire seule et unique n'a jamais existé. Selon qui la conte, qui la vie elle diffère. Comme la vérité n'était pas unique, l'histoire est multiple. Et pourtant, quelles que soit les époques et le peuple, quand l'on cherche à t'apprendre le passé, on oublie de te rappeler cette réalité.

Pour contrer cela, je me rendais aussi souvent que possible à la bibliothèque. Mes principales recherches concernées l'histoire entre l'empire et les démons. Cependant, il était difficile de trouver des recueils qui semblent objectifs. Au début, je ne trouvais qu'une seule histoire, celle que j'avais toujours entendu, celle que les temples rapportaient.

Il existait trois mondes, trois univers. Celui des être céleste et celui des êtres démoniaques. Et entre les deux, le monde dans lequel nous vivons. Si les deux mondes mystiques n'étaient pas reliés entre eux, le monde terrestre lui était relié aux deux. Les êtres mystiques étant apparus bien avant les humains, ils se partagèrent le monde terrestre jusqu'à la naissance de ses derniers. À ce moment les êtres célestes choisir de rester pour apporter leurs aides et leur grandeur à l'humanité. Ils étaient tels des parents pour les humains encore innocents et inconscients. Tandis que les êtres démoniaques soit quittèrent ce monde primitif ou choisirent que ce monde leur appartenait, et tentèrent de faire disparaître l'humanité. Par chance, en ces temps reculés, les humains ne pouvant se défendre, les anges protégèrent le monde terrestre et l'humanité. Quand cette guerre prit fin, les démons se replièrent dans leur monde. Mais après de millénaires restant discret, ils finirent par revenir espérant que les anges ait baissé leur garde. Par chance, ce n'était pas le cas, et l'un d'eux descendit prévenir l'empereur d'Imatall de leur nouvelle tentative de conquête. L'humanité étant maintenant bien plus puissante, elle avait immédiatement lancer une contre-offensive, tuant tout les démons vivant dans l'empire et commençant la longue guerre qui prendrait fin avec mon mariage avec le prince démon.

Cette version ne me convaincu guère. Tout d'abord, visiblement sans l'attaque de l'empereur, rien ne semblait laisser présager la guerre. Du moins, d'après les vieux ouvrages datant d'avant cette guerre. J'avais bien trouvé un livre vieux de deux siècles qui racontait en effet la même histoire sur le début de l'humanité. Mais le livre avait était écrit par un prêtre du temple angélique. Ce qui faisait me méfier. Et puis même si cette histoire était réelle, pouvait-on réellement en vouloir à un peuple pour une tentative d'invasion datant de plusieurs millénaires ? L'empire avait bien envahi le duché de Lambajour et pourtant maintenant le duché se considérait comme faisant partie de l'empire sans haine ni ressentiment. Et de ma connaissance, cette guerre avait pourtant entrainé la mort de nombre de Lambajourois.

En quête, de plus d'explication, j'avais passé tout mon temps libre à la bibliothèque m'enfonçant toujours plus loin dans les archives. Ayant très vite estimé que tout récit d'après le début de la guerre était sûrement faussé, je me concentrais sur des ouvrages vieux de plusieurs siècles. Je cherchais toute information utile pour me donner une idée de ce que sera mon mari. J'appris vite que le mariage avait déjà existé, bien que la pratique soit rare et pour moi des fois bien discutables. Ces mariages étaient en plus grande partie entre les êtres céleste et les humains. L'une des histoires qui m'a le plus révolté était l'un de ces couples. Un ange avait un jour désigné une simple roturière comme une sainte qui devait se marier avec lui pour qu'un petit royaume puisse gagner les faveurs du monde céleste. Bien évidemment, la fille avait été livrée à l'ange. Ce qui était révoltant, c'était le sous-entendu que la femme n'était en rien consentante. La situation me rappelait malheureusement la mienne.

Je trouvais également des récits d'autre royaume ou plus anciens qui conte d'autres histoires. Notamment, que si effectivement les êtres célestes était venue en aide à l'humanité ; ils l'avaient fait en se pensant supérieur et en le montrant. Les êtres célestes appréciaient d'être vénérés et faisaient en sorte que l'humanité grandisse en les voyants tels des dieux. À l'inverse, les êtres démoniaques restant sur le plan terrestre apprécier se mêlaient à l'humanité, sans se placer au-dessus. Ils vivaient dans les mêmes villages, aidant naturellement comme un voisin en aide un autre. Certain même dissimulé leur présence pour vivre tranquillement. C'était la raison pour laquelle il n'existait que très peu de temple ou de religion en leur honneur. Elle trouva même un texte expliquant que c'était la raison pour laquelle les anges avaient réussi si facilement à retourner l'humanité contre les démons.

Juste avec ses textes, je ne savais pas quoi penser. Il ne me plaisait guère devoir croire que des créatures soit supérieur à d'autres. Comme je ne me pensais guère supérieur à n'importe quels animaux. Parmi les êtres terrestres, il y avait d'autres créatures pensantes, les animas, êtres humanoïdes possédant des caractéristiques animales ou encore les korrigans. Certains humains se pensent supérieur à eux, ce qui est tout aussi idiot de les penser supérieur. Je n'aimais donc pas l'image que se donner les créatures célestes. Cependant, rien ne me disait que les créatures démoniaques soient meilleures.

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