Chapitre 12 : Le mariage

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Finalement, je n'ai que très peu de souvenir de ce mariage. Et je ne pense pas qu'il soit vraiment utile de vous le raconter. C'était juste une grande cérémonie qui pour moi signifier la fin de ma vie comme je l'avais vécut jusqu'alors. Et puis j'imagine qu'une union où aucun des deux protagonistes ne semble heureux ne doit pas être la plus belle des unions.

Il ne me reste plus qu'une seule chose de ce moment : sa longueur. Je me sentais spectatrice impuissante. Mon moment d'euphorie devant le stress de mes soi-disant parents fut vite dissipé par mon envie de fuir.

Bien sûr, après la cérémonie et notre apparition en public, il y eut un grand banquet. Tout aussi long et pénible. Je ne me souviens que j'étais plongé dans un brouhaha constant et sourd. Je parlais très peu et gardais, je l'espère en tout cas un sourire de convenance.

Je ne pouvais alors ressentir le soulagement commun dans ma propre détresse. Plus le temps passé plus je me rendais compte que je ne savais pas de quoi serait fait mon futur. Et le comportement haineux de mon compagnon ne m'aidait sûrement pas. Bien sûr, je ne m'étais à aucun moment imaginé une vie amoureuse avec lui. Mais j'avais de l'espoir d'instaurer une cohabitation pas trop houleuse.

J'ai bien un souvenir de ce banquet. Je ne sais plus vraiment comment, mais durant la soirée je me suis retrouvé seule en tête à tête avec mon géniteur. Nous étions en train de nous promener dans les jardin impériaux et je ne l'avais jamais vu aussi stressé.

– Saviez-vous que vous étiez ma fille ?

La question directe me surprit. Il faut dire qu'à ce jour, je n'avais guère eu l'occasion d'avoir une discussion en privé avec mon géniteur. Je répondis juste par un hochement de tête. Cela devait bien enfreindre un on nombre de règles d'étiquette, mais je ne pense pas qu'il s'en souciait alors. Son regard pénétrant resta sur moi, m'étudiant bien plus qu'il ne l'avait jamais fais.

– Vous êtes l'enfant de Sely ?

Je fus surprise qu'il trouve le nom de ma mère. J'avais entendu les rumeurs comme quoi l'empereur n'avait jamais découcher après son mariage, mais j'étais la preuve vivante que les rumeurs n'étaient pas toutes vraies. Bien sûr, je n'avais pas était conçu lors d'un mariage, mais justement la légende voulait que le deuil prolongé qu'il avait eu entre ses deux épouses, aurait empêché l'empereur de courtiser la moindre dame. Ce qui m'étonna d'autant plus c'est qu'il se souvienne du monde de son amante, même si elle était la seule. J'avais toujours pensé que ma mère avait été pour lui qu'une distraction. Car c'est souvent ainsi que les nobles considèrent leur conquête parmi les servantes du bas peuple.

– Vous vous souvenez de ma mère ? Ne pus-je m'empêcher de demander.

Le regard de mon père me quitta pour se poser sur un patère de fleur parfaitement entretenue et d'une beauté artistique. Il ne m'avait jamais tant semblé nostalgique.

– Peut-être qu'elle était la seule femme qui m'a fait ressentir quelque chose qui ressemble à de l'amour. Sely me libérait des devoirs qui m'incombait. Pourquoi ne m'a-t-elle jamais annoncé que j'avais une enfant ?

Je ne fus pas vraiment étonné de sa naïveté à ce propos. Bien souvent les aristocrates même les plus sincères, avait une ignorance sur la vie de ce qui n'appartienne pas à leur classe. L'empereur ne faisait pas exception.

– Si cela s'était su même vous n'aurez pu protéger ma mère et moi-même. La loi de l'empire permet la mis à mort de n'importe quel enfant qui ne soit pas légitime. D'autant plus qu'en c'est le bâtard d'un empereur avec une simple servante. Pour notre sécurité, moins de personnes n'étaient au courant sur l'origine de celui qui avait engrossé ma mère, mieux s'était.

– Mais j'aurais pu vous protéger et vous offrir une vie meilleure.

– Non sans mettre nos vies en jeu. Je ne croyais pas ma mère quand elle disait que si vous étiez au courant, vous n'aurez pu vous empêchez de venir me rendre visite. Maintenant, je sais qu'elle avait raison. Avoir trop de contact avec nous aurait mener à notre mort.

Mes propos eurent l'air de le blesser. Je ne m'en souciais guère. Même maintenant qu'il me regardait avec un regard différent, je ne le voyais pas comme un père. J'étais bien reconnaissante qu'il ne cherche pas à me rejeter, mais ses remords ne me touchait pas d'avantage.

– Vous auriez pu au moins m'avertir quand l'impératrice a fait de vous la remplaçante de la première princesse.

– Et si j'avais fait cela, qu'auriez pu vous faire Votre Altesse. Vous n'auriez pu contrer les plans de l'impératrice sans lui avouer que j'étais votre véritable fille. Et je doute que cela lui aurait fait changer ses plans, au contraire, cela aurait fait de moi une encore meilleure candidate. Nous savons tous les deux, qu'elle souhaite seulement protéger ses filles.

La dure vérité attrista l'homme qui n'essayait même plus de garder la dignité d'un empereur. Je voyais enfin la fragilité de l'homme, mais cela ne m'émouvait pas. Au fond, même si je ne le cachais pas en reportant mes reproches sur la société en générale, j'en voulait grandement à cet homme. Si mon géniteur avait été autre, j'aurais eu une vie bien différente. Je n'aurais pas eu à cacher ma chevelure, ni à baisser les yeux dans l'espoir que l'on ne remarque pas leur clarté. J'aurais pu me défendre devant quand ma supérieure cherchait à m'humilier. Et surtout, je n'aurais pas eu à craindre pour ma vie.

Et même pour ce mariage, je ne pouvais m'empêcher de leur rendre responsable. S'il n'était pas véritablement mon géniteur, je ne me serais pas senti si responsable vis-à-vis de cette union. Puisque le traité de paix demandé la première fille de l'empereur, cela s'adressait directement à moi. Je ne savais pas vraiment ce qui serait passé si c'était ma sœur qui s'était mariée. Le traité étant magique, il aurait très bien pu se rompre puisqu'elle n'était pas vraiment la première fille de l'empereur vivante.

– Je jure de me rattraper, déclara soudainement l'empereur. Si jamais tu as besoin de mon aide, je jure sur l'honneur et mon titre que je ferais tout pour t'apporter mon aide.

Alors que j'allais protester, l'empereur me saisit la main et y déposa un baisé.

– Je te souhaite une vie meilleure et j'espère que tu n'auras plus à souffrir. Il est temps pour nous de rejoindre les convives.

Et la dessus, il me laissa seule.

Rien d'autre ne vint égayer ma triste soirée et je me rendis dans l'appartement destinée à mon couple nouvellement croisée espérant que si j'y croisais mon nouveau mari, notre rencontre serait plus agréable.

C'est avec appréhension que je rentrais dans la suite. Elle me mit en quelques sorte mal à l'aise. Tout était fait pour donner une ambiance chaude et propice à une nuit de noces. Pourtant, il n'était pas question de faire une réelle nuit de noces. Je ne le souhaitais pas et je me doutais que mon cher nouveau mari n'en avait guère plus envie que moi. Étant la première arrivée, je me servais un bon verre de liqueur, et m'installais confortablement sur le fauteuil près de la cheminée. Le temps n'était pas si froid, et à vrai dire le stress me donner plutôt des poussé de chaleur. Pourtant, observer le crépitement du feu me détendait.

Le temps passa. Un temps si long que je finis par me demander si le démon n'avait pas pris la fuite. Cela n'aurait pas été très diplomatique, cependant, je ne peux nier que durant tout ce temps, j'ai dû y penser plus d'une dizaine de fois. Quel confort serait été de rejoindre la sécurité de mes appartements. Et à quoi bon rester dans cette suite si ce n'était pour faire ce pourquoi elle avait était préparée.

Pourtant, avant que je ne puisse me résoudre à fuir, la porte s'ouvrit dans un grand fracas. Sans prendre la peine de fermer derrière lui, le démon vint se placer devant moi.

– Dis-moi comme tu as pu tromper la pierre ?

Sa colère fit vaciller les flammes. Au vu de la puissance qu'il dégageait, je ne doutais pas de son grand pouvoir. Je le regardais restant assise, même si je me sentais bien petite face à lui, il n'était pas question de lui montrer qu'il m'impressionnait. De plus, mon instinct me poussait à croire que jamais il ne me fera du mal. Du moins, si je ne commence pas les hostilités. C'est donc après une gorgée de mon alcool que je lui répondis dans un calme parfait :

– Tu ne penses pas qu'il serait impossible pour moi de tromper une technologie qui n'était pas inconnue jusqu'alors ?

– Tes congénères semblent ignorer que tu pratiques de la magie, alors pourquoi pas.

Son ton était si sec et cassant que je doutais que je puisse réussir à le raisonner. Pourtant, je gardais mon sourire poli :

– Si tu sais que je pratique la magie, tu dois également savoir que je suis une novice. Il me serait impossible de lancer un sortilège, alors tromper une pierre, dont je ne connaissais pas l'existence jusqu'à aujourd'hui... Mais tu ne me sembles pas vouloir m'écouter, pourtant, tu ne sembles pas à homme ... Pardon démon à réfuter l'explication la plus logique quand elle est devant les yeux.

– Car pour toi, il te paraît logique qu'un père ne sache pas qui est sa fille.

Je soupirais. Moi qui espérais que l'on puisse trouver un terrain d'entente, ce n'est pas ce soir qu'on le trouverait. Et j'espérais surtout qu'il n'ai remarqué la surprise de l'empereur, la encore j'avais eu tord.

– Et s'il ne savait pas que j'étais sa fille, répliquai-je en gardant le sourire.

J'avais parfaitement conscience de ce qu'impliquait cette révélation, mais il était sûrement grand temps de dire la vérité. Le démon n'avait pas l'air de s'attendre à ses propos et il resta silencieux sembla plus calme et pensif, j'en profitais pour poursuivre :

– Il ne fait aucun doute que l'empire et plus particulièrement l'impératrice à cherché à vous berner. Cela est sûrement, mal et vous pourriez le leur reprocher. Mais à cela, j'opposerais deux choses. La première, c'est que malgré tout le résultat est là et tu es malheureusement bien marié à l'ainé de fille de l'empereur. Mais surtout, vous ne pouvez me le reprocher. Je suis bien l'ainée, et s'ils ignoraient mon existence, moi, je savais parfaitement qui était mon géniteur. Cela fait que ceux que j'ai trompés ce n'est ni vous ni votre père, mais bien mon propre géniteur.

Le démon resta encore silencieux devant moi avant de s'installer sur le fauteuil en face de moi. Il m'étudia attentivement et je suis surprise de ne plus percevoir de haine. Je pouvais en ressentir sa colère, mais elle n'était plus tournée vers moi.

– Pourtant, reprit-il soudainement, ne dit-on pas que c'est l'attention qui compte. Peut-être que vous avez été sincère avec les mon peuple, mais ce n'ai pas le cas de l'empereur et l'impératrice. Or comment pouvons nous faire confiance en un peuple dont les dirigeants cherchent à nous tromper sitôt l'accord de paix signé. Je veux dire, c'est votre peuple qui nous a déclaré la guerre en premier. Sans raison, les humains se sont mis à tuer des démons tous innocents. Ils ont tué et torturé des vieillards, des femmes et des enfants sur le seul critère que nous sommes différents et sûrement plus effrayants que ses sales volatiles. Vous avez déclenché les hostilités, nous poussant à prendre les armes pour défendre notre peuple, mais quand vous comprenez que c'est une guerre que vous ne pouvez gagner, vous demandez un accord de paix. Et sans rancune, nous exceptons. Alors, le premier acte que fait l'humanité pour essayer de conclure la paix, c'est de nous tromper. Que toi en question aies été sincère n'a pas d'importance. L'empereur et l'impératrice n'ont réussi qu'à démontrer que nous ne pouvons leur faire confiance, et ce, alors qu'ils se sont déclarés représentant des humains.

Tout son monologue avait été fait sur un ton calme, appelant à la discussion plus qu'à la dispute. À sa nouvelle attitude, je voyais en lui le fils de son père, je pouvais presque lire de la sagesse dans ses yeux calmes. J'avais l'impression qu'il m'invitait à poursuivre, comme s'il voulait que je lui donne une bonne raison pour qu'il garde réellement son calme. Je répondis alors sur le même ton :

– À cela, j'ai plusieurs choses à répondre. Tout d'abord, l'empire n'est qu'un peuple humain parmi tant d'autre, il n'est sûrement pas le meilleur. Pas plus qu'il ne doit être le pire. Nous sommes juste des humains comme les autres avec des failles, mais cela ne fait pas de nous les représentants du reste de l'humanité. L'empereur peut essayer de parler pour l'empire, mais même là cela ne veux pas dire grand-chose. Sur un territoire aussi grand, il serait étonnant que tous les humains se range derrière son avis. Par conséquence, ne pas pouvoir faire confiance un humain, peu importe son rang ne peut impliquer l'humanité dans sa globalité. Mais surtout, pensez-vous qu'il est vraiment question de confiance ? La paix est établie par un traité magique, peu importe si les humains choisissent de le rompre. Nous savons que s'ils tentent quoi que ce soit, ils recevront une lourde malédiction. Vous pleurez encore vos morts et vous voulez que cela cesse. Contentez-vous de moi, peu importe s'ils ont cherché à vous tromper. Je ne souhaitais pas plus que vous être sacrifié dans ce mariage. Pourtant, maintenant que c'est fait, essayons au moins de garder et minimum de bonne entente.

Le démon sembla réfléchir à mes paroles. Il avait sur moi le regard d'un juge en train de délibérer. Cependant, je lui faisais étrangement confiance, il n'avait plus de colère et semblait avoir mis de côté sa haine. Soudain, il me sourit, faisant battre mon cœur. Je maudis mon corps pour réagir ainsi.

– Je m'excuse pour mon comportement, déclara-t-il avec sincérité. Je n'aurais pas dû vous attaquer ainsi. Je peux vous assurer que vous n'avez pas à vous inquiéter. Même si cela avait été une tromperie, je vous aurais traité avec respect. Malgré ma colère sûrement disproportionnée, il n'est pas question que vous soyez mal traitée. Et ne vous inquiétez pas nous risquons de bien peu nous voir à l'avenir. Vous êtes libre de faire ce qu'il vous plait tout comme si nous n'étions pas mariés. Je vous respecterez tant que vous avez ce respect pour nous.

Un profond soulagement parcourut mon corps. Si cet homme semblait indifférent à mon égard, il venait de me libérer d'un lourd poids. Nous ne serions marié que sur papier, en dehors, je pourrais avoir la vie que je souhaite. Maintenant, que la tension était partie, je remarquais la grande fatigue qui m'assaillait. Me levant, je fis une révérence :

– Je suis heureuse que nous soyons en accord sur notre relation, Votre Altesse. Je vous propose que l'on aille se reposer, notre journée de demain risque d'être tout aussi fatigante. Cela ne vous dérange pas de dormir dans le même lit. Nous sommes deux adultes matures, je vous fais confiance pour ne pas me toucher comme je m'assurais de ne pas perturbé votre intimité.

Le démon ayant repris son air sévère se leva à son tour :

– Nul besoin de toute cette politesse. Si vous avez besoin de m'appeler, appelez-moi juste Myrktar. Sinon, cela me convient très bien. Je vous souhaite bon repos.

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