Chapitre 9 : rencontre avec un ange

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Il ne me fallut pas longtemps avant de prendre la décision de rencontrer l'ange qui côtoyait mon frère, bien décidé à comprendre les raisons de sa présence. Mais pour prendre quelques précautions avant cette rencontre, je cherchai conseil auprès de mon maître. Je le trouvais toujours au même endroit avant d'aller nous enfermer dans la salle de travail.

– Moi qui pensais penser moins te voir sachant ton prochain mariage, déclara sans préambule mon mentor d'un ton taquin.

– Ne croyez pas vous débarrasser si facilement de moi, répliquais-je avant de reprendre un ton sérieux. Mora est un ange.

Le regard surprit de l'homme m'aurait presque fait rire si la situation n'était pas grave. Lui, qui avait tendance à rester d'un calme à toute épreuve, ne semblait pas réussir à digérer la nouvelle.

– Tu es sûr de toi.

– En-tout-cas mon frère en est persuadé. Et mon instinct me pousse à le croire également.

– Que veut-il à ton frère ?

– Je ne sais pas, je compte bien aller lui demander. Avez-vous des conseils pour confronter un ange ?

Le regard que me porta Marius balancé entre admiration et exaspération :

– Je suis un mage, certes réputer et professeur à l'académie, mais juste un mage. Je n'ai jamais rencontré un ange. Tu aurais mieux fait de t'adresser à un prêtre.

– Je me suis adressé au plus grand savant que je connaisse.

J'appuyais ma remarque d'un regard suppliant. Mon maître soupira :

– J'entends dire partout que la grande première princesse est si sage et modeste. D'une tenue parfaite. Je vais venir à un croire que tu n'es pas véritablement elle.

Je ne me serais jamais abaissé à lui avouer qu'il était sûrement le seul à connaître cette facette de moi. Je me contentais de prendre un air boudeur :

– Vous n'avez juré que cela ne changerait rien entre nous. Je commence à en douter, depuis que je vous ai parlé ouvertement vous n'avez que mon titre à la bouche.

Ma réplique n'eut pas l'effet escompté. Je voulais juste le taquiner en échange, mais je vis son visage s'assombrir. Il l'avait pris bien trop au sérieux :

– C'est vrai, tu as raison, je ne devrais pas.

Avant même que je puisse lui faire remarquer que ce n'était qu'une boutade, il reprit avec sérieux :

– Tu veux donc confronter un ange. Peu importe ses intentions cela ne sera pas tâche aisé de le faire se confier. Et il est surtout dangereux d'y aller sans y être préparée s'il souhaite te manipuler.

– Vous pensez qu'il s'est rapproché de mon frère pour m'approcher ?

– Pas toi ? Ce n'est pas pour cela que tu semble si inquiète ?

– Vous avez raison. Je ne peux m'empêcher de penser que ce serait une drôle de coïncidence. Je vais me marier avec un démon pour que la paix entre nos deux peuples soit stable et un ange arrive dans mon entourage. Je sais parfaitement que ce n'est pas le grand amour entre démon et ange. Mais quel serait l'avantage à un ange d'empêcher le mariage ? Les humains ne pourront jamais gagner une guerre contre les démons.

– Il pourrait être seulement là pour voir de plus près ta relation avec les démons. Nous ne pouvons pas savoir. Mais malheureusement, je suis d'accord avec toi. Il y a plus de chance qu'il soit là pour empêcher la réconciliation que pour nous encourager. Il faut cependant que cette guerre prenne fin...

Il se tut soudainement, me regardant avec une grande peine :

– Bien qu'il soit injuste que tu es à te sacrifier.

– Arrêtez ça, tout de suite, coupai-je. Je n'ai pas besoin de pleurer sur mon sort. Je peux vous assurer que je le fais très bien seule. Une fois que la paix sera établie, je montrerais tout mon égoïsme. Pour l'instant, assurons-nous que la paix arrive vraiment.

– Très bien, déclara-t-il au reprenant un air plus sérieux. Si tu veux rencontrer cet ange, il te faut te préparer. Tu te souviens de tes entrainements pour protéger ton esprit ?

– Oui.

– Mais toi une barrière avant même de le voir. Les anges sont connus pour leur don de persuasion. Et surtout, reste à l'écoute de ton instinct. Comme je te l'ai déjà dit, tu possèdes un don très spécial. Il permettra sans aucun doute de te faire savoir si jamais il a réussi à franchir tes barrières. Si c'est le cas, par immédiatement. Tu n'es pas de taille devant un ange et reviens me voir.

Soudain, il se tut m'observant attentivement. Je ne brisai pas ce silence. Je pouvais voir dans ses yeux la grande réflexion dans laquelle il s'était plongé. Cela avait un côté angoissant de le voir ainsi sans savoir où le menait ses pensées. j'avais cependant conscience qu'affronter un ange était quelque chose de dangereux. Et que malgré tout l'intelligence de son mentor, si celui-ci décider de me manipuler, il y aurait peu de chance que je réussisse à me défendre.

Plus le silence, s'éternisait plus je devenais pessimiste. Des scénarios de moins en moins positif prirent naissance dans mon esprit. Je savais finalement bien peu de chose sur les anges. Mes recherches, c'était concentré sur la sphère démoniaque, et une semaine avec un véritable démon m'avait fait comprendre au moins une chose. Les connaissances humaines sur les autres dimensions, leur coutume et leurs peuples étaient très limités et très influencés par des croyances.

– J'hésitais à te préparer un talisman de protection, finis par déclarer Marius. Cependant, je crains fort qu'il le remarque bien trop rapidement. Les anges ont tout comme toi un instinct très développé. Le problème, c'est qu'une fois le talisman découvert, il perd une grande partie de son efficacité. Et cela risque d'augmenter la défiance qu'il aura à ton égard. Nous ne savons pas ses intentions. Ce n'est pas très diplomatique d'arrivé en sous-entendant qu'on s'attend à une attaque de sa part.

Cette phrase me fit réfléchir. Au vu de mon inquiétude, un talisman n'aurait pas été de trop. Cependant, je ne voulais que discuter, et comme il le disait si bien, nous ne savons rien de ses intentions.

– Très bien pas de talisman. Tu n'a pas d'autre conseil.

– Pas de conseil, mais une demande.

Je hochais la tête.

– Une fois, t'as entrevu réalisé reviens me voir. Je t'attends ce soir ou demain matin au plus tard. Si tu ne viens pas, je risque fort d'être suffisamment inquiet pour me présenter devant tes appartements malgré mon aversion au luxe.

– Je reviens te voir au plus tard demain matin, promis, dis-je en l'embrassant sur la joue.

Je filais, le laissant derrière moi surpris par mon geste affectif.

Je tournais en rond non loin des écuries. Personne ne m'avait encore remarqué, mais je ne pouvais m'empêchait d'être inquiète. Après une grande respiration, je me décidais à approcher. Arrivant dans la cours des écuries, un palefrenier me remarqua et accourut. Il me fit une révérence avant de me demander quel service il pouvait me rendre. Je demandais à voir Mora.

Le garçon arriva rapidement ne cachant pas la surprise de me voir. En l'observant de nouveau avec les nouvelles informations à ma disposition, j'avais l'impression de percevoir une aura brillante autour de lui. Il me paraissait plus vieux et bien plus charismatique. Ses yeux étaient d'une étrange couleur doré scintillante. Même ses cheveux me semblaient plus brillants.

Arrivant à mes côtés, un étrange sourire naquit sur ses fines lèvres :

– Vous l'a-t-il dit ou l'avez vous devinée belle princesse ?

Si la question me déstabilisa, je n'en montrai rien restant droite avec un sourire le plus chaleureux que je pouvais. Je me doutais qu'il pouvait ressentir mes inquiétudes malgré le puissant bouclier que j'avais placé sur mon esprit.

– L'on ne peut rien vous cacher, répliquai-je calmement. M'accompagneriez-vous en balade ?

– Ce serait un honneur, me répondit-il en me proposant sa main comme un serviteur le fait auprès d'une grande dame.

Maintenant, que je savais ce qu'il était, son geste me perturba quelque peu. Mais j'acceptais sa politesse avec un sourire. Il n'était pas question de le laisser prendre le dessus sur moi. Nous partîmes en direction d'une petite balade réservée à la famille royale. On y trouverait tranquillité et discrétions, à cette heure, il n'y aurait sûrement personne.

– J'espère que je ne vous mets pas en retard sur vos tâches, ne pus-je me retenir de m'inquiéter.

Je n'oubliais pas l'agacement profond que j'avais ressenti à plusieurs occasions alors qu'une dame avait quémandé de l'aide auprès de moi, me retardant inévitablement sur mes tâches. Bien qu'il soit un ange, s'il voulait rester infiltrer, il devra finir ses tâches une fois notre rencontre terminée. En tant qu'ancienne lavandière, je ne pouvais m'empêcher de compatir.

– C'est très gentil de votre part de vous inquiéter, mais comme vous savez ce que je suis, vous devriez vous douter que je puisse finir aisément mes tâches à l'aide de ma magie. Ce qui est intéressant en revanche, c'est votre inquiétude à ce sujet. Je ne connais pas de nobles capables de se rendre compte de ce que représente d'interrompre un serviteur dans ses missions. Alors s'imaginer que la première princesse impériale puisse le faire... Comme c'est intéressant.

Et voilà, une phrase et il était si près de me démasquer. Mais étrangement cela ne me faisait pas peur. Au lieu d'être gênée, je repris confiance en moi et gardais le sourire hypocrite lié à mon rang :

– Je crois ne pas avoir eu la même enfance qu'aucun membre de ma famille ni aucun autre noble. Je ne doute pas que certains autres points de ma personnalité vous intrigue, mais je dois vous avouer que vous m'intriguez tout autant.

– Vous vous inquiétez de la raison pour laquelle je me suis approché de votre frère. Vous doutez de ma sincérité.

Au moins, je n'aurais pas à prendre des pincettes. Mora semblait ne pas vouloir parler des moyens détournés.

– Comment ne pas douter ? Un ange sans aucun doute bien plus âgé que lui s'approche de mon frère pour lui mettre dans la tête que je suis en danger. J'ai tout pour ne pas vous faire confiance.

– Vous n'avez pas tort. L'on m'a demandé de l'approcher dans le but d'empêcher votre mariage. Le prince Alistair est la personne qui semble être la plus proche de vous. Il n'a vraiment pas était si compliqué que cela de m'approcher de lui. Cet enfant si seul et si triste...

– Pourquoi me dire tout cela ? Le coupai-je avec colère.

Je cherchai alors à me dégager la main, mais sa poigne se fit plus insistante.

– Car vous protégez bien trop votre esprit pour que je tente de vous mentir. Pourtant, si vous m'écoutez jusqu'au bout, alors vous comprendrez sûrement mieux.

– Je ne suis pas sûr de le vouloir.

– Mais moi, je le souhaite, et vous allez m'accorder ce souhait. Ce serait regrettable que j'use de ma magie pour vous immobiliser...

Sa voix avait changé avec son regard. Un frisson parcourut mon échine. De la peur. Durant le temps d'une respiration, il provoqua en moi une immense terreur. Elle me quitta quand il me sourit avec une grande gentillesse. Je ne savais plus comment réagir. Il était bien trop lunatique. Je n'eus pas d'autre choix de l'écouter, mais ma méfiance venait de grimper d'un coup.

– Je suis désolé, chuchota presque l'ange. Je ne voulais pas vous faire perdre le peu de confiance que vous aviez en moi. Cependant, pour notre bien à tous les deux, il va falloir que vous écoutiez. Essayons-nous sur ce banc. La vue y est magnifique.

Il sembla tout d'un coup d'un plus enfantin en s'installant joyeusement avec son sourire éclatant. Il me regarda hésiter à le suivre sans s'impatienter. Puis, ses yeux se posèrent sur la fontaine représentant un cheval sortant des flots. Il n'avait pas tort, c'était une vraie merveille, une œuvre d'art des plus parfaite. L'on pouvait voir l'effort dans les muscles parfaitement sculpté de la bête, sa crinière volant au vent.

Je finis par m'asseoir, plus calme mais toujours méfiante.

– Je savais que votre frère était passionné de ses magnifiques créatures, cela lui faisait un point commun avec moi et surtout un moyen de rentrer en contact sans attirer l'attention. Ce ne fut pas si simple, je suis arrivé pour son anniversaire, quand il a reçu Tempétoile. Cela ne fait que quelques semaines que j'arrive à lui parler. J'ai même crus que c'était grâce à vous.

Je lui fis un sourire mauvais, mais ne répondis rien.

– Durant les mois que j'ai passés à ses côtés sans pouvoir me rapprocher, je l'ai observé. Je dois avouer que je méprise la plupart des humains, déclara-t-il son regard s'assombrissant avant de reprendre son éclat. Pourtant, votre frère n'était pas comme les autres humains que j'ai pu côtoyer...

L'ange resta étrangement rêveur. Puis son regard se porta sur moi :

– Étrangement, je dirais que vous aussi.

– Vous n'avez pas dû rencontrer beaucoup d'humains. La plupart sont bons et ne cherchent qu'à survivre.

Mora me sourit de plus belle, s'amusant visiblement de moi à mes dépens.

– Vous n'avez pas tort, depuis que je prétends être humain et pauvre de surplus, votre espèce me parait bien plus sympathique. J'imagine que je ne peux juger votre espèce qu'à ce qui cherche l'attention des nôtres. Mais votre frère m'a... Comment le dire m'a beaucoup plus. Je ne me suis jamais senti aussi bien qu'avec lui à mes côtés. Même parmi mes semblables...

– Vous prétendez tenir à mon frère. Mais qu'est-ce qui me prouve la sincérité de vos sentiments ?

– Vous possédez à don fort intéressent que même sans vos barrières, je ne pourrais tromper. Beaucoup ignorent la puissance d'un instinct magique. Pouvoir d'autant plus étonnant entre les mains d'une humaine. Je ne pensais même pas que ce fût possible.

– De quoi tu parles ?

– Tu ne savais donc pas, s'émerveilla-t-il souriant à en devenir agaçant. Pourtant, très clairement, je sens que vous l'avez exercé. Je pense d'ailleurs que vous n'avez pas eu le choix, ma présence n'a pas dû être agréable...

Je fronçais les sourcils à l'évocation des profondes douleurs. Mais ne dis rien. Je commençais à trouver cette conversation bien trop désagréable. Cela faisait trop longtemps qu'il avait le dessus, mais je ne voyais pas comment échanger les rôles. J'étais, sans aucun doute, intéressée par son histoire.

– Pour vous répondre, l'instinct est un pouvoir que seul les anges peuvent apprendre. Enfin jusqu'à présent. Il parait en plus que pour les êtres qui l'ont naturellement, ne pas le contrôler cela peut devenir un enfer... Je me demande qui a bien pu réussir à te former pour le dompter...

Aussitôt, mon esprit se dirigea vers mon mentor, mais je n'empêchais d'y penser plus, des fois que l'ange et réussit à passer mes frontières. Je me concentrais sur la stupeur de l'annonce. Ce qu'il venait de me dire ne semblait fort improbable. Pourtant, une partie de moi hors de mon contrôle sautilla me signalant la véracité de ses propos.

– Et si maintenant que nous sommes d'accord, vous me disiez que vous dit votre instinct quand j'affirme que pour moi votre frère est l'être qui m'est le plus cher ?

À l'écoute de mes émotions, je compris que mon don considérait que l'ange ne me mentait pas. Mais le doute resta en moi. Il y avait la possibilité que Mora m'a menti et qu'il puisse contrôler cette drôle d'instinct. Aussitôt que cette pensée naquit dans mon esprit, une douleur prit naissance dans la poitrine. Je fus prise d'une grande frustration. Marius ne m'avait dit-il pas assuré que je pouvais toujours douter tant que j'étais à l'écoute de ce don de malheur. Ma rébellion ne fit que renforcer ma douleur et je ne pus m'empêcher de grimacer en tenant ma poitrine.

Le regard de l'ange se fit tout de suite inquiet.

– Ne remettez pas en comptes votre don, cela vous fera souffrir.

– On ... On m'a dit que tant que j'étais... J'étais à l'écoute... Essayai-je d'articuler ? Je ne souffrirai plus...

Une douce main me caressa les cheveux apaisa un instant, la douleur et ma frustration.

– Et l'on vous a pas menti. Toutefois, cela ne marche que si vous ne remettez pas la base même de votre don en cause. Si je devais deviner, vous vous êtes inquiété de la véracité de mes propos. Vous avez décidé qu'il n'était peut-être pas vrai que je ne puisse l'influencer.

Ma seule réponse fut un regard noir. La douleur augmentait rapidement dès que l'ange cessait tout contact. Je me sentais faible et inférieur. Des larmes de rage autant que de douleur coulait à présent sur mes joues. Comment pouvait-il me comprendre à ce point ?

– À ton regard, je devine que j'ai vu juste. L'acceptation du don est une chose compliquée pour son détenteur. J'ai entendu dire que pour ce dernier, le don se manifeste comme une entité extérieure et non un instinct personnel. L'une de mes connaissances ayant votre don, ce plein régulièrement du mauvais caractère de ce dernier. Je vous avoue ne pas tout comprendre, mais je sais que le seul moyen pour les douleurs disparaître, c'est d'arrêter de douter du don en lui-même. Vous avez le droit de remettre en question ce que l'instinct vous pousse à croire, mais pas l'instinct lui-même. Acceptez-le pour l'instant. SI vous avez encore des doutes, oubliez les juste le temps de notre conversation. Après cela retournez voir celui qui vous enseigne sa maîtrise.

– Avez-vous... Conscience que ... cela n'est ... Pas simple...

– Bien sûr, mais vous êtes forte.

Après un dernier regard noir, je fermais les yeux et me concentrais. J'étais parfaitement d'accord avec la connaissance de l'ange, ce don avait vraiment mauvais caractère. Ce n'est pas vraiment une preuve de sagesse de torturer son hôte pour le forcer à lui faire confiance. Mais la douleur était trop force, mon cœur semblait vouloir lâcher d'un instant à l'autre. Chaque inspiration me brulait la poitrine sans m'apporter l'oxygène dont j'avais besoin. Le moindre petit bruit était devenu assourdissant, et le souffle du vent suffisait pour me faire souffrir.

Je n'avais d'autre choix que de mettre les conseils de l'ange en application. Pour me convaincre, mon esprit s'accrocha aux paroles de mon mentor qui avait lui aussi suggérait que mon don était fiable, mais devant un ange. Je me forçais à vider mon esprit, me focalisant sur ces paroles et le touché réconfortant de l'ange. J'acceptais de faire confiance cette chose qui me poussait à croire aux paroles de l'ange contre ma propre volonté. Il viendrait un temps où je les remettrais en doute, mais pour l'instant autant faire confiance à ce don de malheurs.

La douleur commença doucement à se retirer. Je pus enfin rouvrir les yeux et me redresser. Mon regard tomba sur celui compatissant de Mora qui cessa enfin de prodiguer son touché apaisant.

– Merci pour votre aide, marmonnai-je avant de passer à autre chose. Donc, si je comprends bien, votre amitié avec mon frère est réelle, pourtant, vous devez être bien plus vieux que lui. Quel âge avez-vous ?

Ma remarque fit rire Mora. Mon comportement venait de passer de ma méfiance envers ses attentions, à la surprotection d'une grande sœur.

– Si mon âge en année est, en effet, bien supérieur à celui de votre frère ou du vôtre, il faut plutôt voir l'âge que j'ai pour mon espèce. Pour les autres anges, je suis encore un enfant juste un peu plus âgé que votre frère. Si je devais remettre mon âge en âge humain, j'aurais environ treize ans.

– Ce n'ai guère l'impression que vous donnez.

En effet, si physiquement, il avait tout d'un jeune adolescent de tout juste treize ou quatorze ans, son comportement lui correspondait bien plus à un adulte.

– Si je vous parais adulte, c'est sûrement, car je le suis peut-être. Mais avouez que votre frère l'est également.

Mon regard plein de méfiance revint sur lui :

– Mais si ton âge angélique est celui que tu dis, cela signifie que tu vieillis bien plus lentement ?

– En effet, répondit-il avec un sourire toujours plus grand.

Il savait où je voulais en venir et il avait vraisemblablement déjà sa réponse. Ce qui ne m'empêcha pas de poursuivre :

– Dans ce cas, mon frère va vite te dépasser en âge.

– Pas vraiment, je suis sûr que votre grand ami le démon vous as expliquer que nous les êtres des autres dimensions appartenons soit à la race des démons soit à celle des anges, mais que nous naissions avec des caractéristiques liées à notre magie.

– En effet, c'est exact.

– Je suis un cupidon. Pour vous humain, nous les cupidons pouvons créer des liens entre deux êtres. Cela est faux, nous pouvons juste les renforcer ou les détruire. Mais pour la plupart d'entre nous, nous ne pouvons interagir qu'avec les liens qui nous relie aux autres êtres. Pour être plus claire, je ne peux agir que sur mes propres relations et pour vous rassurer, je ne peux en créer. Et je vous jure sur ma lumière que je n'ai usée de ce pouvoir pour augmenter l'amour que me porte mon frère.

Je le regardais sous un nouveau jour, son pouvoir avait quelque chose d'effrayant. Pourtant, au lieu d'avoir peur, je ne pouvais que me sentir triste pour lui. Son besoin de me jurer ne pas d'en être servi semblait presque une supplique ou un mantra qu'il répétait. Il est vrai qu'il serait facile pour son entourage de douter de leur sentiment à l'égard d'un être avec de tel pouvoir. Mon instinct me poussait à croire qu'il n'était pas le genre d'être à se servir de son pouvoir par égoïsme.

– Cela doit être dur pour vous, ne pus-je m'empêcher de chuchoter, avant de me reprendre. Mais pourquoi me dire tout cela ? Quel est le rapport avec votre âge.

– Peu le savent, mais notre pouvoir nous permet également de modifier un lien en particulier d'une façon bien spécifique. Nous pouvons modifier un lien pour qu'il nous soit vital, ce nouveau lien est souvent nommé le lien d'âme-sœur. Cela ne change ni la nature du lien ni l'intensité. Celui avec qui nous partageons ce lien n'en ressent aucune différence. La différence est juste pour nous, notre énergie vitale est liée à lui et notre croissance et nos besoins se synchronise aux siens et nous pouvons ressentir s'il est en danger. Ce qui signifie que dès à présent, je vieillirais au même rythme que votre frère.

– Et mon frère est au courant ? Demandai-je pas encore décidé sur ce que je devais ressentir.

Son regard se détourna légèrement honteux. Cela me donnait la réponse :

– Non mais cela ne fais aucune différence pour lui, se justifia-t-il.

Si jusqu'à présent, je ne voyais pas en lui un adolescent, cela venait de changer devant son air mi-honteux mi agacé. Il n'appréciait pas le jugement de ma question tout en sachant au fond de lui que j'avais raison.

– Quand bien même, tu viens de mettre une partie de ta vie en jeu pour lui, il aimerait sûrement avoir son mot à dire.

– Peut importe, je fais cela pour son bien !

Sa colère éclata soudainement provoquant en moins un élan de frayeur me ramenant dans les appartements de mon frère. Sous la force de sa magie, je me sentis petite, faible et peu de chose face à lui. Remarquant mes tremblements, il se calma suffisamment pour rendre sa magie supportable. Cependant, j'étais également très agacé :

– Peu importe que ce soit pour sa propre sécurité ou pour votre bonheur personnelle, Alistair est un garçon intelligent. Il a le droit d'être au courant !

– Mais qu'est-ce que tu en sais ? Tu sais rien de ce que ressent ton frère !

La remarque me blessa au plus profond de mon cœur. Je ne répondis rien fixant l'ange dont les trait déformé par la colère reprenait leur forme angélique. Dans son regard, je pouvais lire qu'il regrettait ses mots. Pourtant, cela ne soulagea pas la douleur. Un doute monta en moi. Je ne connaissais mon petit frère depuis moins d'un an, à peine plus que l'ange. Est-ce que j'étais bien placé pour parler à sa place ?

Je me levais :

– Bien qu'il reste beaucoup à nous dire, je propose que l'on remette cela à plus tard sûrement demain.

– Votre Altesse...

Sans plus un regard, je retournais dans mes appartements ayant conscience d'avoir échoué.

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