Chapitre 11 : Une union difficile
Après cette rencontre nocturne, je ne rencontrai plus Mora qu'en compagnie de mon frère. Nous ne rediscutâmes pas du complot des anges ou du lien qu'il entretenait avec mon frère. Il faut dire que mon mentor m'avait également assuré que mon foutu instinct ne pouvait être influencé par quiconque, y comprit des anges ou démons. Ce qui me permit d'être plus détendu devant mon amitié avec l'ange. Ainsi, je pus voir qu'il entretenait une très bonne et sincère amitié avec mon frère et je me surpris à commencer à l'apprécier sincèrement. Et finalement, il tint sa promesse, puisque je pouvais remarquer que la haine de mon frère envers les démons, si elle n'avait pas disparu, avait grandement diminué.
Par contre, je n'arrivai pas à découvrir d'où mon maître tenait toutes ces connaissances sur un don angélique. Il refusa directement et fermement de se confier et comme mon instinct me pousser à croire que mon ignorance à ce propos n'était pas dangereuse, je respectais son secret. Toutefois, la gène que cela avait créé m'empêcha de retourner le voir aussi souvent qu'à l’accoutumée.
Le temps se mit à passer plus lentement pour moi, sans les visites à mon mentor, je n'étais plus guère occupée. Avec l'excuse de ma faiblesse, l'on m'avait écarté de la préparation de mon propre mariage. La réalité, c'était que de plus en plus de lettre de menace à mon encontre arrivé. Je ne pouvais savoir si cela était lié au complot des anges pour empêcher la paix ou juste du fait de fanatique isolé, mais la menace semblait réelle. Bien que tout le monde paraissait s'être mis d'accord pour m'en dire le moins, sûrement pour ne pas m'effrayer, je savais qu'il y avait eu plusieurs arrestations et quelqu'un avait réussi à verser du poison dans mon plat. Par chance, depuis les premières menaces, un mage de la cour est chargé de vérifier tout ce qui pourrait être utilisé contre moi. La nourriture bien évidemment, mais également mes habits, mes bains, mon lit et j'en oublie... Bien évidemment, je me cachai bien de leur dire que mon instinct était tout aussi efficace voir plus efficace que les mages. Il m'était même arrivé de changer mon trajet ou ma destination leur de mes promenades dans le palais, poussé par mon instinct, ne sachant pas quel danger je fuyais.
Bien évidemment, j'eus le droit à un sermon de mon maître, m'expliquant que mon don était loin d'être tout-puissant et que si les anges le découvraient, ils auraient de nombreux moyens de le contourner. Et pour une fois, il tomba d'accord avec Aliéna, je devrais me montrer plus prudente.
Si je ne montrais aucune inquiétude, ce n'était qu'une façade. En effet, plus mon entourage me cachait des choses, plus je craignais qu'une grande partie plus peuple soit d'accord avec les fanatiques qui tentait par tous les moyens d'empêcher le mariage. Après tout, je pensais que tout le monde espérait la paix, pour ne plus souffrir de cette famine, pour ne plus voir partir, un frère ou un fils sans espoir de le revoir, pour ne plus revoir revenir de cercueil. Mais pourtant, les seuls retours qui me parvenaient du monde extérieur, c'étaient les tentatives d'attentat et d'assassinat.
Bien plus tard, j'appris qu'en réalité ma vision du peuple voulant la paix était en vérité la bonne, que l'annonce du traité de paix renforcé par mon mariage avait déclenché bien plus de fête que de colère. Mais enfermée dans ma tour d'ivoire, ignorante des véritables humeurs du peuple, je me morfondais de plus en plus. Et n'étant pas capable de partager ma douleur avec quelqu'un, je m'enfonçais dans la crainte que la guerre reparte de plus belle, malgré mon mariage.
Cependant, malgré mes états d'âme, le temps passa et arriva le jour qui verrait apparaître mon futur époux. Le palais était plus beau que jamais, les rues de la capitale étaient richement décorées et la foule en liesse s'attroupait déjà sur le parcours de la délégation démoniaque.
L'armée présente sur la capitale avait totalement mobiliser pour contrer toute tentative d'attentat et d'assassinat.
De par mon statut de fiancée, j'accompagnais l'empereur, l'impératrice et le dauphin pour accueillir la délégation. Mon cœur balancé entre la joie de revoir le roi Zalvathar et la crainte de voir enfin l'homme que l'on m'imposait comme mari. Il faut dire que plus l'heure de cette rencontre s'approchait, plus mon envie de prendre la fuite grandissait. Mes sens du devoir et du sacrifice diminuaient pour laisser place à une seule pensée : pourquoi je devais être celle qui sacrifiait sa vie pour la paix ? Même mon cher époux ne sacrifiait pas grand-chose puisqu'à ma mort, il aura encore une belle vie devant lui. J'étais également consciente que ce mariage était bien plus symbolique, puisque même sans un traité magique ne pouvais être rompu sans en payer le prix. Cependant, pour les gens du peuple, peu entouré par la magie, rien ne pouvait mieux les rassurer que ce mariage qui lui était concret. Même si je l'avais accepté, je continuais de trouver cela injuste et ridicule. Et plus ce fichu mariage se rapprochait, plus ce sentiment grandissait.
Mais il était trop tard pour fuir, la délégation de mon futur mari était à portée de vue. Je tentais vainement de me vider l'esprit et de me détendre.
Devant nous et sous les acclamations, la délégation mis pieds à terre pour venir nous saluer. Le roi démon était toujours fidèle à lui-même et quand il posa son regard sur moi, je me détendis enfin. J'étais sincèrement heureuse de le revoir bien qu'il me sembla plus mélancolique qu'à l’accoutumée. Derrière lui se tenait un démon qui ressemblait en tout bien à un jeune homme. Et à un jeune homme à la beauté renversante, à en faire tomber en pâmoison toutes les dames de la cour. Il n'avait pourtant rien du canon de beauté de l'empire avec sa chevelure corbeau et sa peau mâte. Et malgré son physique loin des normes impériales, je pouvais entendre de ma place les gloussements insupportables des jeunes filles en admiration. Néanmoins, la première chose que je remarquais de mon côté était sa ressemblance frappante avec son père, ce qui me donna un peu d'espoir. Espoir qui disparut sitôt que je croisais son regard. Dans ses yeux d'un vert profond, je pouvais lire une immense colère se rapprochant dangereusement de la haine. Je ne pus que détourner le regard, comprenant que même ma bonne volonté ne suffirait pas pour que notre vie commune soit un minimum agréable.
Après un discours long et ennuyeux de la part de l'empereur, puis un discours de remerciement à peine moins long et ennuyeux de la part du roi démon, la délégation fut invitée à prendre ses quartiers pour pouvoir être prêt pour le banquet d'accueil.
Ce soir-là, je fus installée à côté de mon fiancé, ce qui rendit mon repas encore plus long qu'à l’accoutumée. J'essayais bien d'entamer une conversation avec ce charmant démon, mais je n'eus pas le droit à un seul regard. Heureusement pour moi, mon autre voisin était bien plus agréable. Exceptionnellement et pour le consoler, Alistair avait eu le droit de s'installer à mes côtés. À vrai dire, à son âge, il n'aurait pas dû être présent sur la table d'un banquet publique. Mais devant l'attachement du garçon pour ma personne, l'impératrice avait pris la décision de le laisser participer. Je me doutais que c'était là une manœuvre politique pour montrer la solliciter des liens de la famille impériale ou une autre raison semblable. Pourtant, j'étais heureuse de passer mon repas en discutant avec lui.
Bien évidemment, le garçon tomba de fatigue me donnant par là même une occasion pour me retirer. Je prétextais devoir l'accompagner pour m'assurer que sa grande tristesse ne le rende pas malade et également pour me reposer en vue des évènements futurs. Je remerciais encore toute la salle pour leur présence et m'en allais avec mon frère dans les bras.
Il m'avait fallu une très longue et éreintante matinée pour me préparer. Toute une armée de serviteur s'était occupés de moi avec bien plus de joie que moi. Si le résultat final était sans nul doute éblouissant, je n'avais rarement ressentis d'aussi grand inconfort. Une fois prête, je demandais à tout de sortir, seule Aliéna resta.
Je remarquais alors son regard fuyant et triste.
– Tu vas bien, demandai-je doucement ?
Les yeux de la jeune femme devinrent humides. Je ne l'avais jamais vu aussi bouleversé, elle semblait toujours si calme et détachée. J'en avais conclu qu'elle ne voulait pas s'attacher à moi par devoir. Pourtant, la voir ainsi me fit douter.
– Madame, je veux savoir. Vous me détestez ? Me questionna-t-elle soudain.
Je fus totalement prise au dépourvu :
– Non, non bien sûr que non. Qu'est-ce qui te fais penser cela ?
– Vous avez refusé que je vous accompagne après votre mariage, déclara-t-elle la tête baissée, un peu honteuse.
– Je ne l'ai pas fait par ce que je ne t'apprécie pas, au contraire. Je ne peux pas demander à quelqu'un de me suivre dans une autre dimension. D'autant plus quand je connais cette personne. Je ne pouvais pas te demander de quitter tes amis et ta famille pour moi avec peu de retours d'un voyage retour. Je sais que ta mère tombe de plus en plus souvent malade. Et j'ai cru entendre parler d'un certain Chris, je serais triste de te priver de ta vie actuelle.
Le regard que me porta Aliéna me toucha. J'y vu de l'attachement, de la reconnaissance et un soupçon de culpabilité.
– Pourtant, ces dernières semaines, j'ai l'impression que vous vous éloignez.
Mon cœur se serra car elle avait raison. Les dernières semaines, je les avais consacrées à Zalvathar puis à Alistair. Et j'avais également inconsciemment repoussé Aliéna...
– Je suis désolée, admis-je tristement. Ce n'était pas volontaire, mais j'ai toujours cherché à me rapprocher de toi. Je ne t'ai jamais considéré comme ma servante. Tu dois maintenant savoir que je déteste être servi. Mais pour autant, jamais je ne t'ai détesté. J'étais consciente de toutes les choses que tu as faites pour moi. Mais j'avais l'impression que tu ne le faisais juste par devoir. J'ai toujours essayé de me rapprocher de toi, plus que cette relation contractuelle que je ne souhaitais pas. Pourtant, ces dernières semaines, je crois que j'ai abandonné. Entre le fait qu'il ne me restait peu de temps et que j'ai consacrée en grande partie à mon frère qui semblait souffrir de mon départ et le fait qu'il fut égoïste que tu t'attaches réellement à moi alors que j'allais de toute façon disparaître, il était sûrement temps de te laisser.
Sans que je ne m'y attende, Aliéna fondit en larmes. Autant que possible, malgré mon harnachement, je la pris dans mes bras.
– Je suis désolée, pleura-t-elle doucement. Je sais que j'ai été distante avec vous. Mais je l'ai fait pour ne pas dépasser les limites comme je le fais en ce moment. Mais je veux que vous sachiez que si au début, j'étais en effet avec vous par devoir. Je pense en effet, que je vous en voulais de prendre la place de ma maîtresse venant juste de mourir. Mais je savais également que j'étais injuste. Vous êtes une brillante et indépendante femme. Je vous ai rapidement prêté main forte non par devoir mais par attachement. J'ai d'abord compati, comprenant que vous n'étiez là juste pour être sacrifié. J'ai pris rapidement conscience que j'aurais pu être à votre place. Puis j'ai remarqué que malgré le triste destin qui vous attendez, vous ne vous laissiez pas abattre, bien au contraire. Vous vous êtes servi de votre nouveau statut pour apprendre et vous préparez sans jamais en profitais pour imposé votre nouveau pouvoir pour vous servir de vos servante. Vous êtes resté modeste et sage. Vous m'avez toujours traité avec respect et gentillesse. Malgré tout mes efforts, j'ai fini par vous apprécier plus que je n'aurait du. Je suis si triste que vous deviez partir ainsi. Vous ne le méritez pas.
Touchée par ses paroles pleines d'émotion, je dut faire un grand effort pour ne pas la rejoindre dans les larmes et gâcher tout le travaille de celles qui m'avaient maquillée. J'étais touchée, je savais déjà qu'elle m'aimait plus qu'elle ne le prétendait, mais pas au point d'être autant attristé de mon départ.
– Ne soyez pas si triste pour mon futur. Moi-même, je ne le crains pas. J'aurais voulu qu'il en soit autrement, certes, mais je l'ai accepté. Il faut que vous en fassiez de même.
Après cet échange plein d'émotions, il fut temps pour moi de me diriger vers la salle dans laquelle mon destin sera scellé. Je ne me pressais pas, avançant dignement suivis d'une petite troupe de jeune fille me servant de demoiselle d'honneur pour l'occasion. Je m'en connaissais aucune et seule la présence d'Aliéna me donnait du courage pour avancer. Enfin arrivé devant la porte de la salle de banquet redécorer en salle de cérémonie pour l'occasion, j'attendais que l'on me fasse entrer.
Attendant patiemment devant la porte pour faire notre entrée, des éclats de voix nous parvînmes. D'abord trop ténu pour être compréhensible, ils se firent plus violant et distinct.
– Vous nous insultez !
Si la réponse fut incompréhensible, l'exclamation de l'empereur me mit la pousse à l'oreille. Il n'y avait pas beaucoup de raison pour l'empire de chercher querelle malgré son envie d'une paix durable. Et cette raison, c'était moi.
– Ce qui est insultant, c'est d'oser prétendre que la première princesse puisse être une impostrice !
– Et parce que votre honneur est blessé, vous refusez que l'on vérifie.
Cette fois-ci, la voix forte du prince des démons résonna dans le couloir faisant pâlir toutes mes accompagnatrices. Sans plus attendre, j'ouvris avec force les portes de la salle, rétablissant le silence. Si le public se tourna vers moi et que le regard inquiet de l'empereur se posa sur moi, les démons continuèrent de fixer le représentant des humains. La réaction de mon cher géniteur avait fait naître le doute dans le cœur de tout le monde. Même le regard du roi Zalvathar était plus triste qu'à son habitude quand il se porta sur ma personne. Ne me départissant pas de mon sourire calme, je traversais la salle laissant mes demoiselles d'honneur trop apeurée derrière moi.
Ce ne fut que quand j'arrivai à son niveau que mon fiancé daigna me lancer un regard. Un regard qui n'avait rien de bon, un regard plein de froideur et de mépris. Un regard qui ne me fit rien, la froideur et le mépris, je connaissais bien.
– Votre Altesse, mon père, si je peux me permettre, laissais-je d'une voix forte et claire, votre comportement ne fait qu'agrandir leur méfiance sans plus de raison. Il n'est nul besoin de me protéger. Je ne suis plus la faible princesse alitée, je suis la première princesse de cet empire et la fière fiancée du prince des démons. S'il faut pour conserver la paix que je me plie à trouver mon identité, aussi déshonorant que cela puisse vous paraître, qu'il en soit ainsi.
Ma déclaration laissa mes chers parents cois. Ils ne devaient pas comprendre mon comportement. De leur point de vous, un test révèlerait probablement la tromperie et il en serait fini de la paix tant espérée.
C'était assez jouissif, je dois bien l'admettre, de les voir dans une telle détresse. C'était sûrement immature de ma part, mais je voyais en cela une forme de vengeance. Il avait été pour eux mieux de choisir une pauvre servante inconnue pour le sacrifice que leur précieuse enfant. Il était temps pour eux d'en sentir pour un court instant les lourdes conséquences qu'aurait pu avoir ce choix égoïste.
De leur côté, dans le camp des démons, m'a réponse avait aussi fait de l'effet. Si après les protestations de l'empereur la plupart était convaincue que je n'étais qu'une imposture, ma réponse leur donna à réfléchir. Après tout, il serait idiot pour moi accepter de participer à faire tomber ma couverture.
Toujours digne, je me tournais vers mon futur époux qui pour la première fois me regardait avec intérêt :
– Toutefois, comment comptez vous y prendre pour démontrer ma parenté avec mon père ?
– Rien de plus simple, je pense qu'un de vos mages pourra confirmer que verser une goutte de sang sur cette pierre permet de montrer la parentalité. La pierre changera de couleur en fonction du lien de sang qui vous relie, plus la pierre devient sombre plus le lien de parenté et fort. Pour un lien filial, la couleur devra être proche du noir.
Après un instant d'hésitation, l'empereur demanda confirmation auprès de son mage. Ce dernier après une longue analyse qui lui fit briller les yeux tant ce qu'il avait devant lui était rare et intrigant, déclara simplement :
– Je ne peux que confirmer ses dires, il n'y a pas de doute quant à son utilité. Je suis honoré d'avoir pu observer une telle rareté.
Sa remarque fit grincer des dents l'empereur qui resta cependant digne. Il n'était plus temps de protester. Il lui fallait trouver une solution pour s'en sortir. L'impératrice prit cependant la parole inquiète :
– Que la première princesse doive verser de son sang me préoccupe. Après tout, il n'y a pas si longtemps elle était alité. De plus dans nos coutumes, verser une goutte de sang impériale et un crime grave.
– Je comprends votre dilemme, rétorqua le roi à la place de son fils. Je peux cependant vous assurer qu'une petite goutte suffira, cela ne compromettra pas la santé de la princesse. Pour ce qui est de verser du sang impérial que diriez vous de le faire à l'écart de tout publique avec seulement le nombre suffisant de témoin ? Ainsi, personne ne verra votre précieux sang coulais et vous pourrez tranquillement le faire par vous-même.
Je fus alors impressionné par la sagesse du roi. Derrière cette proposition intelligente, je comprenais aisément qu'en prévision d'un résultat négatif, il voulait le faire loin de tout regard. Ainsi mes parents factices seront plus à l'aise et je ne me ferais pas ridiculiser devant tout le monde. Peut-être espérait-il ainsi m'éviter la peine de mort. Son attention me toucha.
Bien évidemment, le couple impérial rassuré par cette proposition l'accepta avec joie. Je voyais l'esprit calculateur de l'impératrice à la recherche de porte de sortie. Et je pus voir dans le regard qu'elle me porta, qu'elle m'avait déjà sacrifié. Je lui fis alors un regard plein d'assurance qui la laissa perplexe.
Je savais que j'étais la seule ici à prendre plaisir, sûrement parce que j'étais la seule à savoir l'issue de ce test. Pas une fois, je ne doutais de ce que ma mère m'avait avoué.
Nous nous rendîmes, dans une petite pièce non loin de la salle de cérémonie. Nous n'étions que dix. Il y avait mon géniteur dont le regard qu'il me portait était coupable, pourtant, je ne doutais pas qu'il n'allait pas hésiter pour me faire porter toute la responsabilité s'il l'on découvrait que je n'étais pas sa fille. À ses côtés, fiers et dignes, se tenait l'impératrice dont le regard avait retrouvé toute son assurance. Je me tenais également au côté de mon géniteur, en face de mon futur mari, toujours emplie d'une haine qui m'effrayait de plus en plus. Au côté de mon fiancé, se tenait mon futur beau-père, le seul qui semblait sincèrement attristé par ce qui se déroulait, son regard sur moi n'avait jamais été aussi doux. S'il est une chose que je trouverais sans nul doute dans ce mariage c'était un véritable père. Se tenait derrière eux un démon qui semblait être leur garde et deux autres qui me semblait être des conseillers. Nous avions de notre côté un garde également et la mage impériale qui nous servirait de témoin.
Nous restâmes à nous toiser ainsi durant de longues minutes. Les voulant retarder le plus possible le moment fatidique, les autres étudiants, les premiers, je fus donc celle qui lança les hostilités :
– Il faudrait s'y mettre un mariage nous attends.
Ma phrase n'eut pas l'air de plaire à grand monde et j'eus le droit à de nombreux regards noirs. Seul Zalvathar me regardait avec compassion, ce qui m'agaçait étrangement. Cependant, un autre que moi semblais souhaitait que tout cela prenne fin, mon cher fiancé :
– Vous avez raison, déclara-t-il avant de sourire. Je propose pour montrer notre bonne fois que nous commencions le teste.
– Vous avez plusieurs de ses pierres ? Demandai-je surprise et sincèrement curieuse.
– Non, mais la pierre reprend sa couleur d'origine après en quelques minutes. Cela vous laissera le temps de vous préparer.
L'ironie de ses propos me fit sourire, mais ce ne fut pas le cas pour le couple impérial. Le temps qu'il nous donnait allait être une torture pour eux. Et j'ai la certitude encore maintenant que mon cher fiancé le savait parfaitement.
Les deux démons déposèrent chacun une goutte de sang et la pierre prit une couleur noirâtre. Je trouvais ce phénomène aussi beau que curieux. La couleur se diffusa doucement prenant une teinte de plus en plus sombre. Cela ressemblait plus à deux liquides se mélangeant qu'à une roche changeant du couleur. Quand la couleur fut stabiliser, il ne fit aucun doute que les deux était bien père et fils. Le fils nous lança par ailleurs un air de vainqueur, déjà persuadé d'avoir remporté la bataille.
Le temps que la pierre retrouve sa couleur me parut long, je n'ose imaginer ce que cela a été pour l'empereur et sa femme. Durant tout ce temps mon futur mari semblait se délecter de la détresse pourtant bien cachée du couple. Puis vint enfin l'heure du test. Sans un mot, dès que l'on me tendit la fine aiguille, je la planter sans ménagement dans mon index pour en faire sortir une belle goutte. Mon geste sans aucune hésitation sembla surprendre tout le monde. Puis vint le tour de l'empereur. Sa main trembla légèrement quand la goutte tomba. Pourtant, le changement de couleur ne se fit pas attendre. Il me sembla même plus rapide que pour les deux démons et bientôt la pierre devint totalement noir sous le regard éberlué de tous. Ce résultat imprévisible pour tous fit même perdre l'air digne de l'impératrice, et la surprise prononcé dans le regard nouveau que me porta l'empereur aurait du avertir tout le monde qu'ils avaient effectivement cherché à les tromper. Mais les démons regardaient avec étonnement la pierre qui commençait déjà à perdre sa couleur sombre.
– Eh bien, voilà qui doit vous rassurer, déclarai-je guillerette. Il est grand temps de poursuivre cette cérémonie pour qu'enfin la paix soit durable. Il me semble que nous sommes attendus.
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