Précisions

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J'éclate alors de rire durant quelques secondes jusqu'à ce que je m'aperçois des deux sourires gênés de mes amies. Le plissement de mes lèvres disparaît brutalement, mes yeux ne savent plus où se diriger, sur Mathilde ? Sur Gabi ? J'inspire profondément et je demande :

  • " Vous êtes sérieuses ? "

Gabi semble la seule capable de répondre à ma question. Leurs regards semblent affectés par ma toute récente manifestation, la honte me submerge.

  • " Oui. "

Il ne fait aucun doute que ce n'est pas une blague, je leur dis :

  • " Mais, il existe des donneurs de spermes non ? "

Gabi me répond instantanément :

  • " Oui, mais ça nous gêne beaucoup de nous dire qu'une moitié de notre enfant sera issue d'une personne dont on ne sait rien, que ce sperme puisse provenir d'un vieux pervers narcissique ou d'un alcoolique violent. "

Je suis perdu, elle poursuit :

  • " Mathilde et moi, nous avons alors réfléchi à qui nous souhaiterions que notre enfant ressemble et immédiatement, c'est à toi qu'on a pensé. "

Toujours aussi perdu, je demande confirmation :

  • " À moi ? "
  • " Oui Martin, à toi, on a beau aimer les filles, on te trouve super mignon, t'es le mec le plus gentil du monde, t'es intelligent et drôle, on a vraiment eu du mal à te trouver un défaut, alors qui de mieux pour être le père de notre enfant ? "

Les dernières phrases prononcées me bouleversent, je réfléchis quelques secondes puis je réponds :

  • " Tout ce que vous êtes en train de me dire, ça me touche vraiment beaucoup, je suis même en train d'essayer de retenir mes larmes là, ça en dit tellement sur l'image que vous avez de moi mais, tout est en train de se bousculer dans ma tête, je suis complètement paumé. "
  • " C'est normal, on te demande pas de nous donner ta réponse immédiatement, on te demande juste d'y réfléchir. "

Mathilde prend la parole pour la première fois depuis le début de la discussion :

  • " Et quelle que soit ta réponse Martin, on la comprendra et elle ne changera strictement rien à notre amitié, on te le promet. "

Même si mon esprit reste confus, une certaine pression semble s'évacuer grâce à l'intervention de Mathilde. J'ai par contre besoin de réponses à toutes mes questions :

  • " Mais il serait qui pour moi cet enfant ? "

Gabi comprend le sens de ma question et me répond honnêtement :

  • " Tu ne seras que son père biologique, et on ne compte pas le lui cacher quand il sera en âge de comprendre. Par contre, sur les papiers, officiellement, ses deux parents, ce sera Mathilde et moi. "

Je ferme les yeux, je me pose un nombre incroyable d'autres questions, je pose l'une d'entre elles :

  • " Et comment il m'appellerait ? Je suis désolé pour cet interrogatoire mais il me faut des réponses. "

Mathilde s'approche de moi et me prend la main avant de répondre :

  • " Si tu tiens à ce qu'il t'appelle papa et si tu tiens à tenir ce rôle de père, on le comprendra très bien. Au contraire, si tu préfères rester en retrait, on le comprendra aussi. Ça resterait ton enfant quoi qu'il en soit et je pense que t'as suffisamment confiance en nous pour savoir que jamais on ne te jugera sur la place que tu décideras de prendre dans sa vie. "

Il y a ensuite un long silence durant lequel j'essaie d'assimiler toutes ces informations puis, j'essaie de résumer de façon plus concrète :

  • " Donc, si j'ai envie de l'emmener faire du sport et qu'il m'appelle papa, vous l'autoriserez ? Et si je préfère rester un peu plus en retrait et de plutôt jouer le rôle d'un tonton distant, vous comprendrez aussi ? "

Gabi me répond :

  • " C'est exactement ça. Prends ton temps pour réfléchir Martin. "

Je ris nerveusement puis je lui réponds :

  • " C'est ce que je vais faire oui... et pour Lou ? "

Gabi répond :

  • " Tu te rappelles de notre soirée entre filles la semaine dernière ? On a décidé de lui en parler avant de te faire la demande. Il n'était pas question de te demander quoi que ce soit avant d'avoir son accord. Elle a réagi un peu comme toi au départ, elle croyait qu'on blaguait, on en a parlé de longues heures et finalement elle nous a dit qu'elle nous comprenait et que si elle avait été dans notre situation, elle ne voudrait pas d'autre père que toi pour ses enfants. Finalement, elle nous a dit qu'elle n'y voyait aucune objection tant que tu lui promets de lui donner, à elle aussi, des enfants. "

Lou et moi avions évidemment déjà parlé de fonder une famille, c'était une évidence pour nous. Nous n'attendions que le bon moment.

J'expire fortement puis je réponds :

  • " C'était une bonne idée de votre part de lui en parler. Elle a dû énormément cogiter là dessus et je ne m'en suis même pas aperçu. Écoutez, je peux vraiment rien vous promettre, j'ai besoin de réfléchir à tout ça, j'ai besoin d'en parler avec Lou aussi. J'ai un délai à respecter pour donner ma réponse ? "

Gabi me sourit avant de me répondre :

  • " Bien sûr que non, Math et moi, on est déjà très émues que tu te donnes la peine d'y réfléchir. On sait que c'est quelque chose d'un peu fou et on avait imaginé plus que probable que tu nous donnes un "non" catégorique dès ce soir. "

Je ris, puis je réponds :

  • " Maintenant que j'ai tout assimilé ou presque, je veux vous dire une nouvelle fois que ça me touche beaucoup que vous souhaitiez que votre futur enfant puisse tenir de moi… vraiment… J'ai une dernière question et ça ne viendra en aucun cas modifier ma décision, c'est juste par curiosité. "

Mathilde me répond :

  • " On t'écoute. "
  • " Laquelle de vous deux le porterait ? "

Après qu'elles aient échangé un regard, mathilde se charge de me répondre :

  • " Gabi et moi, on a toutes les deux cette envie très forte d'avoir un enfant mais pour être honnête, je ne me suis jamais vue avec un bébé dans le ventre, c'est Gaby qui le portera. "

Bizarrement je me doutais de la réponse. Gabi m'avait déjà avoué dans le passé que c'était un rêve pour elle de pouvoir porter un enfant un jour. Apparemment mes deux amies s'étaient bien trouvées. Cette décision me semblait pourtant très lourde de sens car celle des deux qui ne porterait pas ce bébé ne lui transmettrait alors aucun gêne et pourrait se sentir, par la suite, un peu exclue lorsque certains diront : " Qu'est-ce qu'il ressemble à Gabi ou à son père ! "

Je sors de ma réflexion pour répondre en riant en me tournant vers Gabi :

  • " C'est donc toi qui veut devenir grosse ! "

En riant, elle me confirme :

  • " Oui, mais après, on ne sait pas de quoi sera fait le futur, peut-être qu'un jour Mathilde ressentira le désir à son tour de porter un hypothétique deuxième enfant. "

Je regarde alors Mathilde qui grimace en souriant. Apparemment, ce jour est encore très très loin...

Nous discutons encore quelques minutes, nous abordons finalement d'autres sujets comme le stage de Lou et de la difficulté que nous avons, elle et moi, à être séparés. Même si cela s'est produit plusieurs fois durant nos études, nous n'avons jamais réussi à nous y habituer. Mathilde me réconforte en me rappelant que finalement, c'était la dernière fois que nous avions à supporter cela.

Après ces longues discussions, je quitte mes deux amies en leur promettant que j'allais réfléchir sérieusement à leur proposition et si possible, le plus rapidement possible. Elles insistent sur le fait que je peux prendre tout mon temps mais j'ai conscience qu'elles doivent mourir d'impatience de connaître ma décision.

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