Chapitre VI
Eve n'avait reçu de nouvelles de Alice depuis qu'elle était arrivée à Paris. Elle lui avait seulement envoyé une simple lettre pour la rassurer du bon déroulement de son voyage.
Deux semaines étaient passées lorsque Eve reçut un pli venant de Paris. Elle se hâta de décacheter la cire. Il s'agissait bien de Mademoiselle Perrault, les nouvelles n'étaient pas très bonnes.
Ma chère amie,
Je te prie de m'excuser de ne pas t'avoir envoyé de lettre avant. Ces jours-ci ont été éprouvants, heureusement ma tante est d'une grande aide. Elle m'accompagne toujours, où que je me rende, elle vient pour me soutenir. La semaine dernière, nous avons parcouru la moitié de la ville, en vain, nous n'avons pas retrouvé Monsieur Gaudoit. C'est en fin de semaine que ma tante et mon oncle furent invités à une réception. Je m'y suis rendue avec eux. A ma grande surprise Monsieur Gaudoit était présent. Il avait l'air agité lorsqu'il m'aperçut mais il retrouva son calme et quand nous vînmes le saluer, il a été d'une extrême froideur. Je te laisse imaginer la stupeur de ma tante. Mon oncle fut indigné, quant à moi, la tristesse me gagna davantage. Monsieur Gaudoit partit avant la fin de la réception sans nous dire au revoir. Mon oncle et ma tante essayèrent de me résonner pour que je rentre dans le sud, car cet homme à leurs yeux, n'est aucunement digne d'intérêt.
Tu connais mon caractère, j'ai réussi à savoir où il logeait. Il habite dans le septième arrondissement, chez sa sœur, le temps de régler ses affaires à Paris. Je vais rester jusqu'à ce que je puisse avoir une entrevue. Je veux vraiment comprendre pourquoi il est parti sans vouloir me revoir. Je t'enverrai une prochaine lettre pour te conter mes mésaventures !
Avec toute mon amitié, etc...
Eve reconnu bien l'entêtement de son amie. Elle souhaita qu'elle réussisse sa quête. En attendant, il fallait être patiente...
La semaine suivante elle reçut de nouveau une lettre venant de Paris. Cette fois elle était beaucoup plus longue, l'écriture manifestait une certaine agitation de la part de son amie.
Ma chère Eve,
Après t'avoir envoyée ma précédente lettre, je me suis rendue dans le septième arrondissement. Monsieur Gaudoit était absent mais sa sœur m'accueillit. Elle était froide au premier abord puis elle accepta de m'écouter. Je lui ai tout dévoilé, sans cérémonie. Elle parut surprise au début et j'ai senti qu'au fur et à mesure de mon discours, qu'elle se détendait. C'est alors qu'elle prit la parole. Son frère et elle sont très liés depuis l'enfance, ainsi ils se confient tout. Elle connaît donc toute l'histoire. Monsieur Gaudoit, lorsqu'il est arrivé dans le sud avec Monsieur Langlais et Monsieur Defontenay a été charmé par la réception de l'assemblée de Revel. C'est alors qui se prie d'affection pour moi comme je me prie d'affection pour lui. Mais il eut peur car il faut que tu saches ma chère amie, qu'à ma grande surprise, Monsieur Gaudoit est promis à sa cousine de Lyon depuis l'enfance. Il ne souhaitait donc pas me faire de peine en me le dévoilant et a préféré quitter Revel. Lorsqu'il apprit que je me trouvais à Paris, il prit peur de me rencontrer de nouveau et de confirmer son attachement. A la réception, il avait cherché à m'éviter et s'était montré froid car son affection lui parut toujours aussi forte, ainsi il préféra partir sans me saluer. Sa sœur me confia qu'il était, depuis, dans une extrême agitation. Il lui fit part de toutes ses craintes et elle essaya de le rassurer, en vain. Elle constatât qu'il était vraiment épris et entreprit d'en faire part à sa mère. Avant qu'elle ne put s'y rendre je me suis présentée et elle m'avoua par la suite qu'elle souhaitait le bonheur de son frère plus que tout autre personne. Elle décida alors de nous soutenir, mais il ne fallait qu'à aucun moment je ne cherche à le rencontrer. « Attendez que les choses se fassent, me dit-elle, je me charge de tout. Vous recevrez un pli dès que possible ».
Ma chère amie, je continue cette lettre commencée hier pour t'annoncer l'heureuse nouvelle. Je suis fiancée à Monsieur Gaudoit !
Par quel miracle me diras-tu ? Il y a eu beaucoup d'intervenants dans l'histoire, aussi je t'en ferais un bref résumer. Si je dois remercier quelqu'un c'est bien sa sœur ! Comme je te l'avais dit plus haut, elle avait entreprit d'aller relater l'histoire à sa mère à Nantes, ce qu'elle fit. Sa mère en fit part à son père, ils décidèrent alors de nous inviter un soir, mon oncle, ma tante et moi à dîner. Nous nous y rendîmes, la sœur de Monsieur Gaudoit était présente. Tout ce passa bien, c'est alors que Monsieur Gaudoit fils rentra chez ses parents. Il fut tellement choqué de nous voir là qu'il faillit faire un malaise. Ses parents lui demandèrent une entrevue. Ils partirent un bon moment après le café. Ils revinrent tous très souriants. Ils acceptaient notre union, car la cousine de Monsieur Gaudoit ne voulait pas de lui depuis toujours et inversement. J'étais au comble de la joie, tu dois t'en douter, je le suis toujours ! La soirée s'est prolongée agréablement, ils nous ont proposé de rester la nuit et nous ont même logé plusieurs jours.
Je te convie donc, en temps que demoiselle d'honneur, à mon mariage à Nantes, qui se déroulera dans quatre mois, en attendant, je vais rester chez ma tante à Paris.
Avec toute mon affection, etc.
Eve laissa éclater sa joie. Elle annonça la nouvelle à toute sa famille.
Le mariage arriva à grands pas. Il se déroula dans une immense église du centre ville. La cérémonie émue beaucoup Eve, son amie était au comble du bonheur, ce qui la rendit très heureuse. Monsieur Gaudoit avait pour témoin Monsieur Langlais, il avait aussi invité Monsieur Defontenay. Celui-ci resta le plus loin possible de Mademoiselle Montaigu.
Alice proposa à Eve et Emma de séjourner sur Nantes tout le mois d'août. Elles pourraient ainsi visiter la ville et profiter de leur amie avant de rentrer. Son mari avait aussi convié Messieurs Langlais et Defontenay à rester. Ils ne restèrent qu'une semaine car ils devaient se rendre à Paris pourvoir la sœur de Monsieur Defontenay. Celui-ci projetait en suite de monter à Lille avec Mademoiselle Defontenay pour voir leur parents. Monsieur Langlais se montrait toujours aussi empressé auprès de Mademoiselle Moncomble, ce qui ravie Eve. En revanche, il était visible que Monsieur Defontenay se forçait à converser car il était très agité lorsqu'il parlait avec elle. Elle fut soulagée lorsqu'elle apprit qu'il ne resterait qu'une semaine.
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