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La pesée faite, ils replacèrent Numéro 1 au sol, et Andrew le recouvrit d’une couverture de survie. Stella ne connaissait pas vraiment l’anthropologie physique, mais Sinta avait suivi une formation dans le cadre de sa thèse et maîtrisait cette approche. À elles deux, elles avaient réalisé une série de mesures anthropologiques pour documenter la taille et la forme du corps.

Dewi décrocha la musette de son havresac et en sortit différents appareils qu’il posa soigneusement sur la petite table pliante.

— Nous arrivons à la dernière partie de notre mission d’aujourd’hui : équiper Numéro 1 avec la balise Argos.

Les autres se regroupèrent autour de lui pour l’observer.

— Le boîtier que vous voyez est le cœur du système. Il enregistre la position du sujet et la communique directement au satellite. Nous saurons donc où vit Numéro 1 lorsqu’il ne se promène pas aux abords du mont Dempo.

Le modèle utilisé par Dewi était récent et ne pesait que 40 g. Il ne voulait pas gêner les mouvements de Numéro 1 et espérait que celui-ci ne serait pas trop inquiet en se réveillant avec la balise autour du cou. Pour éviter tout stress trop aigu, le collier élastique fixant la balise comportait une partie plus fragile qui devait céder si Numéro 1 tirait très fort sur le dispositif en voulant s’en débarrasser à tout prix.

— J’ai activé la balise lorsque nous l’avons reçue, il y a quelques jours, et elle fonctionne parfaitement. Il y a également ce petit module supplémentaire.

Il montra une petite unité fixée sur le côté du boîtier principal.

— C’est là que se trouvent le biocapteur médical, qui nous transmettra des données physiologiques comme la température corporelle et la fréquence cardiaque. Mais le plus impressionnant, c’est que nous avons aussi un micro intégré qui nous renseignera sur les sons ambiants, et surtout sur les vocalisations du sujet. Nous allons enregistrer les discussions entre Numéro 1 et le reste de sa famille. Ce sera bien plus clair que les courts enregistrements audio pris par les caméras.

— J’ignorais qu’on pouvait également enregistrer les sons émis par le sujet équipé ! lança Andrew, l’air contrarié. C’est impressionnant, mais je dois vous dire que je n’aime pas idée de cette balise. Je ne pense pas qu’équiper Numéro 1 d’une balise comme s’il s’agissait d’un éléphant ou je ne sais quel animal soit une bonne chose. Nous savons maintenant que c’est un être pensant, et vous ne pouvez absolument pas dire le contraire !

Malgré la fatigue qu’il ressentait, Andrew tenait à faire entendre son désaccord, même s’il savait qu’il n’arriverait pas à faire changer d’avis les autres.

— Nous comprenons tes réserves, Andrew, mais dans la situation actuelle, je ne vois pas comment faire autrement si l’on veut suivre notre ami dans la forêt. N’oublions pas que l’idée est de mieux le connaître, et, avant tout, de le protéger, dit Stella avec beaucoup de douceur.

Andrew, épuisé et à court d’arguments, n’avait pas la force d’insister davantage.

— Je connais vos intentions, et je voulais simplement vous dire qu’en tant qu’anthropologue, la manière de faire me pose problème. C’est tout ! Après tout, vous m’avez fait venir pour avoir mon avis, et maintenant vous l’avez !

Dewi fixa la petite balise autour du cou de Numéro 1, qui dormait toujours. Son rythme cardiaque était constant, et il semblait bien supporter les sédatifs. C’est à ce moment qu’une fine pluie se mit à tomber.

— Et vous dites qu’on est en saison sèche ? plaisanta Andrew pour détendre l’atmosphère. Heureusement qu’on a terminé.

— Pas tout à fait, Andrew. Il faut maintenant injecter l’antagoniste de l’hypnoryn, répondit Stella en tournant son regard vers Dewi, qui ajustait la dose du produit en fonction du véritable poids de Numéro 1.

L’injection ne prit qu’un instant. Les quatre scientifiques remballèrent ensuite le matériel tout en gardant un œil sur Numéro 1. Le petit homme se mit à bouger légèrement dans son sommeil. Il semblait commencer à émerger des brumes chimiques. Ils le placèrent ensuite sur le petit brancard ultraléger qu’ils avaient emporté et retournèrent le déposer devant la caméra 41. Non sans émotion, ils y laissèrent également une dizaine de bananes en guise d’offrande.

Dewi, qui avait endossé le rôle de leader depuis qu’ils avaient trouvé Numéro 1, donna le signal du départ.

— Je propose qu’on laisse la couverture de survie sur Numéro 1. On file le plus vite possible à la voiture et on commence à suivre ses mouvements avec notre modem satellite Iridium et sa passerelle Argos, qui nous connectera directement au satellite. En espérant que tout ira bien pour Numéro 1, car en cas de problème, la distance entre la voiture et la caméra est trop importante pour qu’on puisse intervenir.

— De quels problèmes parles-tu ? demanda Andrew.

— Si Numéro 1 métabolise mal les sédatifs, il pourrait rester perturbé et incapable de se défendre pendant un certain temps. S’il reste ici, à moitié endormi, il fera une proie facile pour un tigre ou un python réticulé. Je ne crois pas trop à l’hypothèse du tigre, car cette espèce est quasiment éteinte, mais les pythons sont bel et bien présents dans le secteur.

— C’est simple, lança Sinta. Il suffit de faire deux équipes. L’une se dirige vers la voiture et l’autre s’éloigne de Numéro 1 pour ne pas l’effrayer à son réveil, mais reste suffisamment proche pour pouvoir intervenir en cas de problème. Et pour communiquer, on utilise les deux téléphones satellites qu’on transporte toujours avec nous au cas où nous aurions un accident et devrions appeler les secours.

La jeune étudiante avait eu une idée brillante, et surtout, elle avait osé la proposer au groupe, chose que sa timidité rendait très difficile. Consciente de cela, Stella insista sur l’intérêt de sa proposition.

— Je trouve cette idée tout simplement excellente ! Bien vu, Sinta !

Les autres acceptèrent rapidement ce plan. Dewi et Sinta rejoignirent le sentier conduisant à l’endroit où ils avaient laissé leur voiture. Dewi était l’expert en connexion satellite du groupe, et c’est naturellement qu’il avait choisi de rejoindre le véhicule pour connecter la tablette au satellite. Sinta l’accompagnerait, tandis que Stella, et un Andrew passablement épuisé, se dirigeaient vers une colline relativement proche, depuis laquelle ils espéraient pouvoir suivre le réveil de Numéro 1 grâce à la caméra, et se tenir prêts à intervenir en cas de problème. Ils allaient installer un relais Wi-Fi entre la caméra et leur poste d’observation afin de capter les images du réveil du petit homme.

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