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Le jour se levait tout juste lorsque Stella, Dewi, Sinta et Andrew quittèrent Pagar Alam en direction de Tandjungsakti, au sud-ouest du mont Sempo. De là, ils remontèrent vers le nord pour atteindre Bukit Bongkok. La fin du trajet se ferait à pied, en suivant des sentiers de randonnée, puis en traversant la forêt. Arrivés au sommet du relief, ils pourraient apercevoir la face ouest du mont Dempo, et il ne leur resterait plus qu’à descendre dans la vallée pour localiser l’abri de Numéro 1. Ils disposaient du matériel nécessaire pour localiser la balise, ce qui simplifiait considérablement la mission.

Le trajet en voiture leur prit environ deux heures — soit trente minutes de plus que prévu — car un puissant orage les obligea à rouler au pas, puis même à s’arrêter pendant quelques minutes.

Ils entrèrent dans le parc national vers neuf heures du matin et prirent un quart d’heure pour manger un morceau avant de commencer leur randonnée. Le ciel s’était dégagé, et le grain n’était plus qu’un souvenir. Les oiseaux faisaient un vacarme extraordinaire, créant un contraste saisissant avec le silence des marcheurs, absorbés par leur mission.

Ils avaient décidé de rester sur les sentiers balisés le plus longtemps possible et de bifurquer vers l’abri une fois parvenus au sommet. Ainsi, ils ressembleraient à de simples randonneurs jusqu’au dernier moment. Puis ils fileraient vers la balise, avec en tête l’angoissante surprise de découvrir l’endroit où Numéro 1 avait vécu ces derniers jours. Trouveraient-ils une installation élaborée, faite de peaux tannées protégeant l’entrée d’une grotte ? Y avait-il seulement une vraie grotte ? Ou bien le groupe s’était-il contenté d’un simple aplomb rocheux, comme nos ancêtres Cro-Magnon le faisaient parfois faute de mieux ? Tant de questions demeuraient sans réponse...

Ils quittèrent le sentier balisé le plus discrètement possible. Le risque de se faire remarquer était quasi nul : ils n’avaient croisé qu’un seul groupe de randonneurs depuis le début de leur ascension. À partir de là, ils durent progresser dans la végétation naturelle, ce qui n’était pas chose aisée. Ils avançaient lentement, contournant les zones impénétrables à cause de végétaux épineux ou trop denses. Après une demi-heure de marche, ils s’étaient suffisamment éloignés de la piste pour que le bruit de leurs pas ne soit plus perceptible. Dewi sortit alors sa machette et n’hésita plus à ouvrir la voie à travers la jungle.

La pluie fit son retour, les forçant à faire une pause pour enfiler leurs capes. Les gouttes d’eau se mêlaient à la sueur, inondant leurs visages fatigués. Un jeune python glissa paresseusement devant Stella, qui sursauta en poussant un cri aigu.

— Je n’aime pas ces bêtes… souffla-t-elle. Je sais qu’il est trop petit pour être dangereux, mais c’est plus fort que moi.

La marche reprit. Dewi suivait la position de la balise et tentait de repérer le chemin le plus direct. Les nombreux détours les avaient ralentis, et la fatigue se faisait sentir. Andrew proposa une pause, aussitôt acceptée avec soulagement.

— Nous approchons, expliqua-t-il en mordant dans une barre chocolatée. Mais j’ai du mal à évaluer le temps qu’il nous reste pour atteindre la balise.

— Ça va, on a tout notre temps. Si seulement la pluie voulait bien s’arrêter… pensa Stella.

Elle détestait cette pluie, qui compliquait tout, les ralentissait, et surtout saturait l’air d’humidité. Respirer devenait difficile, et la marche, épuisante.

Dewi se leva comme pour relancer le mouvement.

— On y va ? Allez, courage pour la dernière partie du chemin ! Et surtout, essayons de ne plus faire de bruit. On se rapproche du but.

— Pourquoi éviter de faire du bruit si Numéro 1 et son groupe sont partis ? demanda Sinta.

— On ne sait jamais. Peut-être sont-ils encore dans les parages, et ils pourraient prendre peur en nous entendant…

En disant cela, Dewi savait bien que son raisonnement tenait peu la route. Pourquoi les hommes de Florès seraient-ils restés à proximité de l’abri s’ils avaient choisi de le quitter ? S’ils étaient partis, c’était sans doute pour rejoindre une zone plus riche en gibier ou en fruits.

Ils atteignirent la zone où la balise émettait environ une heure plus tard. Dewi s’arrêta et expliqua :

— Nous sommes sur la pente qui descend vers la vallée, entre le mont Dempo et le relief sur lequel nous nous trouvons.

Les autres hochèrent la tête.

— D’après mes calculs, la balise se trouve en contrebas. Peut-être dans cette zone où la roche affleure et où la végétation est moins dense qu’ailleurs.

Il sortit ses jumelles et examina la pente avec attention. Les autres s’empressèrent d’en faire autant.

L’affleurement rocheux était partiellement masqué par quelques arbustes. Stella crut distinguer une cavité derrière ce rideau de végétation. Elle annonça sa découverte d’un ton excité :

— J’ai l’impression qu’il y a une grotte… ou au moins un renfoncement… là, derrière les arbres. C’est peut-être l’abri de Numéro 1 !

Tous les regards convergèrent vers la petite zone d’ombre qui semblait indiquer la présence d’une cavité.

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