Premier jour d'une AESH
de
MaximedeStrasbourg

Elle me tend un sourire de prof cinquantenaire névrosée, Madame Figuier.
« - On peut aller directement en classe. Antoine et Antony sont en train de revoir leurs subordonnées, m’explique-t-elle.
- Toutes mes excuses, une référente PIAL devait s’entretenir avec moi en salle de profs juste avant. Pour les dossiers précis à suivre.
- Elle est en arrêt, annonce l’enseignante en retroussant ses dents.
- Je n’étais pas du tout au courant, comment vais-je bosser sans planning ?
- Je suis votre planning Madame.
- Je ne peux pas travailler seule ?
- Non ? »
Devant la salle 401 il y a deux zouaves qui jouent avec, vous savez quoi ? Une patate ! Vous avez bien compris, un turbercule volé au SELF ! Et pourquoi devrais-je m’entretenir avec ces élèves si Figuier affirme qu’ils sont les meilleurs éléments de la classe ? Jamais vu ça.
La salle affiche une déco digne des plus grands architectes brejneviens.. Antoine révise ses relatives à voix haute avec Antony, qui répète plusieurs fois les mêmes phrases de suite (?). « Voili voilou, Antony est nouvellement inscrit en 4ème ici depuis octobre, il a... quelques soucis en dyslexie par ci, et Antoine quelques symptômes TDAH par là… mais vos compétences en la matière sont à jour je suis confiante. », cuisine d’une voix de miel l’enseignante qui a de la bouteille. Je proteste, sur ma faim :
« A vrai dire, nos travaux effectués sur les troubles du neurodéveloppement furent assez sommaires en formation. Des dossiers bibliographiques, des prises de contact avec des professionnels, des mises en situation sur papier, mais de pratique je ne retiens que quelques vrais élèves. Mais j’imagine que vous avez une vue plus structurée des profils de vos élèves.
- Que l’on soit quitte, j’ai quatre classes à gérer, et très peu de temps pour développer mes compétences sur ces sujets. Mais enfin, différencier un collégien ayant des troubles autistiques d’un autre à symptômes TDAH, c’est à la portée de tout le monde ! Le premier cogite au fond de la salle, le second lance des avions en papier sur le tableau, voilà voilà, fin de l’histoire.
- Je doute que le contenu de mon travail soit aussi simple Madame…
- Je vous fais confiance d’accord ? 800 euros pour ça, oh quand même.. Oh, et si vraiment ça ne prend pas, faites un service civique, payé deux fois moins pour deux fois moins de difficultés, et si ça ne prend encore pas, donnez des prospectus Schweppes Mojito chez des vieillards pour 200 euros par mois. »
Mais pour qui elle se prend la Mère Poularde ? Elle qui a jamais levé ses miches de ses ateliers de coéducation en collège huppé dans les Landes ? « Ce sont mes collègues du SNU qui referont la déco de votre casier Madame ! Vos propos je ne les digère pas. Laissez-moi gérer les gamins en paix, et retournez faire des courbettes au Ministère ».
« Monsieur le Proviseur sera ravi de connaître cette histoire de SNU ! Votre salaire augmentera tous les ans je vous le promets… »
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