RUE DES VOLEURS de Mathias ENARD.

L'auteur raconte la jeunesse de Lakhdar, Marocain de Tanger.

L'ennuyeuse et paisible vie de Lakhdar bascule, le jour où il se fait surprendre nu, dans un lit, avec sa cousine Meryem.

Sa cousine est alors envoyée dans un village lointain où elle mourra et Lakhdar est chassé du nid familial.

A partir de là, notre héros ne connaît qu'une vie faite d'errances : errances à Tanger, à Algésiras puis à Barcelone et une vie d'emprisonnements : emprisonnements, non pas en prison, mais un emprisonnement du à son statut de clandestin ou de celui de sans papier, emprisonnement provoqué par la dépendance à la bonne volonté des uns et des autres de lui donner un travail, un logement, ....

L'histoire est déroulée de manière progressive et vivante jusqu'au crescendo final que je ne révélerai pas afin de maintenir la surprise.

Il y a une montée en puissance dans le destin de ce jeune homme, destin composé de drames et de quelques joies.

L'écriture est belle et la vie de ce jeune Marocain, où dominent les interdits : alcool, fumette, lectures de polars, ainsi que le poids de la religion et une frustration sexuelle qui est un gouffre sans fin, sur fond de "printemps" arabe et de radicalisation, est décrite avec beaucoup de réalisme et de finesse.

L'histoire fonctionne parfaitement bien, et l'auteur décrit à quel point il est compliqué d'être jeune au Maroc dans les années 2000 et douloureux de composer avec une société où la liberté d'exister et de penser ne sont pas de mise.