32. Eau de boudin

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Ma joue est en feu. Surplombé par mon coloc’, entré en catastrophe semble-t-il, j’éructe une pluie de jurons.

- Non, mais ça va pas, gros cochon !? m’exclamé-je en conclusion. Pourquoi tu m’as giflé, grande saucisse ?! Et qui t’as donné l’autorisation d’entrer dans ma chambre, pourceau !?

- Tu braillais comme un fou ! S’en était flippant, rétorque Gabriel. Quand je suis entré, tu t’escrimais dans tes bras, en gueulant “mort aux nains !”. Ça va ?

- Évidemment que ça va, tête de lard ! Je dormais, c’est tout !

- Tu fumais plutôt ! Qui s’escrime sous la couette pendant le clin… Attends… ne me dit pas que ça l’a refait ?

Je m’immobilise pensif. Un citron, une chute, un barman lubrique, la fille de joie du verger, celle de la moto, mon coloc’ et des chips, enfin cette histoire de bourses… A vu de pif, je n’ai certainement pas vécu ça la veille. Alors quoi ? J’ai halluciné dans les draps ?

La semaine dernière, j’ai eu aussi droit à un truc du genre. Une ombreuse valse à mille temps, sous les tropiques de Gilbert à trinquer avec Serge. Je n’avais pas compris alors, pas plus que je ne comprends maintenant.

- Ouais, dis-je enfin. Ça l’a refait, je crois. Ces trucs, là… Pendant le clin… c’était ça. Fais pas gaffe, porcelet.

- Sérieusement, mec. Tu devrais aller consulter quelqu’un pour ces conneries.

- J’essaie de faire gaffe à ce que je dis, mon boudin, mais tiens ! Là encore, je l’ai ref…

- Je ne parle pas de ton sevrage charcutier, mais de tes visions. T’es le premier que je connais qui a ça, bien que…

Gabriel s’interrompt. Je le regarde, mais il ne bouge pas la couenne. Alors, par dépit, j’insiste.

- Bien que… ?

- J’ai cru lire un pamphlet sur ces visions nocturnes. Quand certaines personnes vivent pareille chose au cours des longues ténèbres, il y a un mot pour ça…

- Enténébré ?

- Non… rave ou un truc du genre.

- Bah ! C’est sûrement un truc chronique. Sur ce ! Bouge tes jarrets, j’ai pas fini ma nuit moi.

- Tâche de te contrôler pour ce qu’il en reste.

- Pas de soucis, mon cochon.

- Et arrête avec ça !

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