33. L'Institut

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J’ouvre les yeux. Grise, terne, tout juste éclairée par la fragile lueur de l’aube à travers les stores vénitiens, ma chambre n’a pas changé. Bureau rapiécé, peinture écaillée, linges mal lavés, sol t…

- J’ai soif.

La phrase m’a échappé. C’était plus fort que moi, il fallait que ça sorte. Après les images du clin, confuses, colorées et pleines de bruit, ma raison a dû s’exprimer de vive voix pour me remettre les idées en place.

Deuxième fois en une semaine qu’une telle chose se produit. À la place des ténèbres, longues et silencieuses, figurent ce défilé d’événements abscons, bruyants, où l’on s’en met sur la caboche et toutes sortes de choses rondes. La fois passée, des melons, ici, des agrumes.

Et putain, j’ai soif, maintenant !

Je rejette ma couette étrangement humide, puis me jette hors de la chambre. Direction, la cuisine ! Gabriel, mon colocataire, est justement en train de se presser un jus. J’en ai des frissons déplacés.

- Presse-m’en un pour moi aussi, déclaré-je en m’asseyant dignement à la table. J’ai soif comme tu ne peux pas l’imaginer.

- Hein, hein… marmonne Gabriel. Déjà debout ? Un dimanche, matin ? Pas commun…

- Ça a recommencé.

- Condoléances. Du coup, c’était quoi ce coup-ci ? Un prince exotique sur fond de reggaeton norvégien ?

- Tu veux pas savoir…

- Non, effectivement. D’ailleurs, t’as du courrier.

Il pointe une épaisse enveloppe kraft, posé sur la console d’entrée. Elle est signée d’un Institut chelou, mais bel et bien adressé à mon nom. Je la décachette et me perds dans ses lignes, tant et si bien qu’après cinq minutes à relire les mêmes phrases, Gabriel me tapote les épaules.

- Eh bien ? C’est quoi ?

- Une invitation pour… un genre d’expérimentation… rémunéré, mais…

- Cool. Vas-y.

- Comme ça ? Sans même savoir de quoi il est question ?

- On a besoin de thunes, mec. Et… je préfère que ça vienne d'un institut des… rêves, drôle de nom… que d’une prostituée du verger. Alors accepte et files-y.

Je hausse les épaules. Après tout, dix mille brouzoufs ne se refusent pas. Et puis, au fond, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

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