43. Saturnia

2 minutes de lecture

J’ouvre les yeux. Grise, terne, tout juste éclairée par la fragile lueur de l’aube à travers les stores vénitiens, ma chambre n’a pas changé. Un truc cependant virevolte entre les toiles d’araignées et là, tout juste, vient de percuter mon front humide.

C’est quand même pas un…

- AAAAAAAAAH !

Pas précipités dans le couloir, fracas du bois. Mon colocataire, un grand gars nommé Jean-Luc, déboule dans ma chambre, t-shirt, caleçon, une batte à la main.

- Quoi ? Qu’est-ce qui passe ? Qu’est-ce qu’il y a ?

- Enlève… moi… çaaaaa !

- Le papillon ?

- Vire-moi cette merde !

Jean-Luc reste un instant immobile, inconscient de mon tourment. Enfin, il se décide à remuer son derrière. Sans se presser, il rouvre la fenêtre qu’un coup de vent a fermé durant la nuit, et de ses mains, poussent le grand paon hors de ma chambre.

La fenêtre refermée, je respire à nouveau. Tout du moins plus calmement, rouge comme un coquelicot, que l’immonde insecte a sans doute pris pour un vrai. Sourire en coin, Jean-Luc s’assoit au bord de mon lit.

- C’était quoi, ça ? demande-t-il goguenard.

- Je suis… je suis lépidophobe.

- Ça existe, ça ?

- Tu viens de le voir… Merci en tout cas… et merci de ne pas l’ébruiter, j’ai suffisamment honte comme ça.

- Pas de problème. Tu… Je retourne me coucher ou tu veux que je te chante une berceuse ?

- Va chier !

Sans aller jusqu’à dire qu’il obtempère, le colocataire quitte la chambre en gloussant. Seul, je m’extirpe de la literie. Pas question de rester là-dedans, sans être sûr que cette… chose n’a pas pondu d’oeuf ou abandonner un conjoint entre les draps.

Je retourne le tout, mais il n’y a rien. J’en soupire d’aise et de honte mêlées. Il parait que ça se soigne cette merde, mais assumer pareille phobie est trop d’opprobre pour moi. Le pire étant sans doute que dans les songes, je m’imaginais quoi ? En être un ? Ou tout du moins une chimère douée de leur conscience ?

Sauf cas "autolépidophobique", je ne vois guère comment un tel cauchemar puisse être réalité.

Les rêves… c’est vraiment n’importe quoi !

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