Samedi 24 Juillet

- Kaitlyn ! cria ma mère depuis le bas de l’escalier. J’ai besoin de ton aide pour préparer l’apéritif de demain midi.

 Je descendis les marches quatre à quatre, réfléchissant déjà au menu. Roulés au jambon ? Champignons farcis au thon ? Feuilletés au fromage ? Rien que l’idée de ces trois plats me mit l’eau à la bouche. D’autant plus que mon frère, Gabriel, aimait ça lui aussi ! Je me lavai les mains, enfilai un tablier et pris place à la table où étaient déjà disposés pleins d’ingrédients.

- J’ai pensé que tu pourrais nous faire aussi tes verrines courgette-parmesan lança ma mère depuis la gazinière.

- Oui ! Bonne idée. lui répondis-je en souriant.

 Je commençai à m’activer, virevoltant dans la cuisine pour prendre ce dont j’avais besoin. J’étais excitée par les deux jours à venir. Le lendemain, mes sœurs arriveraient à la maison pour fêter l’anniversaire de mon frère ainsi que le mien. Chose étrange, nous étions nés exactement le même jour mais avec 4 ans d’écart. « Joli coup les parents !» pensai-je avec amusement chaque année. Et lundi, j’allais me faire « enlever » par mon copain qui m’avait prévu une journée entière dans un endroit que seul lui et l’un de ses amis connaissaient. À cette pensée, je ne pus retenir un sourire. Même si c’était mon anniversaire, je lui avais acheté un petit truc (selon moi) qui, j’espérai, lui ferait plaisir.

- Bon sang ! m’exclamai-je en réalisant que je n’avais rien pris pour mon frère. Maman ? demandai-je timidement. Ça te gênerait de nous emmener faire des courses… J’ai oublié d’acheter le cadeau de Gab…

 Je ris nerveusement et me passai une main dans les cheveux. Heureusement, elle accepta et parti chercher mon frère tandis que je récupérai mon sac à main et enfilai mes chaussures. Nous partîmes aux alentours de 14:00 et écumâmes les boutiques du centre-ville.

 Pendant plus de deux heures, nous cherchâmes, fouillâmes pour trouver le cadeau parfait. Enfin, vers 16:00, Gabriel aperçu exactement ce qu'il voulait : des jeux de 3DS et de Xbox 360. Alors que je sortais mon portefeuille pour payer, un homme me bouscula, le faisant tomber. En grognant, je me baissai pour le ramasser, me cognant au passage avec l’inconnu qui se penchait pour m'aider. Une chose me frappa chez lui, ses yeux. Cet homme avait les yeux verrons, et il est vrai que ça lui allait bien. Avec un sourire gêné, je le remerciai puis me relevai en rougissant.

 Ma mère et mon frère se moquaient de moi à l'entrée du magasin. Honteuse, je m'empressai de prendre le sac que me tendait le vendeur et me précipitai vers la sortie. Durant tout le chemin du retour, ma mère et Gabriel n'arrêtèrent pas de faire des commentaires sur l'incident. J'essayai de les faire taire en détournant le fil de la conversation … Mais rien à faire. Ils étaient dans leur délire et impossible de les en sortir. Vaincue, je m’enfonçai dans mon siège, mes écouteurs enfoncés dans les oreilles, le son réglé au maximum pour ne plus les entendre.

 De retour à la maison, je me précipitai dans ma chambre pour pouvoir appeler tranquillement Alex sur mon portable. Bien qu'encore nerveuse, je lui parlai de ce qui s'était  passé dans le magasin. Malheureusement, j'aurais dû m'en douter d'ailleurs, il ne me réconforta pas, bien au contraire. Il rigola de mon inattention, mais gentiment, comme pour me dire que ce n'était pas si grave.

 Après avoir raccroché, j'allais dehors. Il ne faisait pas trop chaud. C'est pourquoi je décidai de prendre mon vélo pour aller dans mon endroit préféré, une petite clairière en plein milieu d'une gigantesque et superbe forêt. J'abandonnai mon vélo à l'entrée du chemin qui menait à mon repaire, l'attachant à un arbre pour éviter qu'on ne me le vol. Quand je me sentais oppresser, c'est là que je venais me réfugier, soit pour réfléchir et prendre de la distance quant aux événements qui me tourmentaient, soit simplement pour écrire en toute liberté le livre que j’inventais.

 Souvent, dans cette clairière, j'apercevais un lièvre qui avait élu domicile non loin du lieu où j'avais l'habitude de m’asseoir. Une fois, un chevreuil broutait au moment où j'arrivais. J'avais réussi à m'installer sur une souche en forme de fauteuil sans trop lui faire peur mais au bout d'un moment, il partit, sûrement gêné par ma présence. Je n'avais parlé de cet endroit à personne. Mais peut-être, un jour informerais-je Alex, ou alors, je le conduirais ici lors de son anniversaire ou pour une autre occasion, je ne savais pas ...

 Si je venais là aujourd'hui, c'était parce que dans ma tête, je ne me sentais vraiment pas à l'aise, j'étais complètement perdue. Je m’assis alors sur une souche dont un des côtés remontait à la verticale pour former un drôle de siège naturel. J’avais découvert cet endroit longtemps avant, un jour que je m’étais perdue dans la forêt. J’avais échoué sur ce petit bout de paradis par hasard et j’en étais tout de suite tombée amoureuse.

 Je sortis de mon petit sac, orné de motif indien, un carnet de notes rouge et jaune, un stylo plume et écrivis tout ce qui me passait par la tête. Je décrivais pour la énième fois la petite clairière quand mon téléphone vibra. Je voulais, pendant au moins une heure, me déconnecter du monde, alors j’éteignis mon portable pour ne pas être de nouveau dérangée et me replongeai dans mon « récit ». Il était 17:00 lorsque je décidai de rentrer.

 Sur le chemin, je rallumai mon portable et découvris une vingtaine de messages inquiets laissés par Alex et ma mère. Super ! Je leur répondis rapidement que « j’allais bien » et que je rentrais. De retour à la maison, je me détendis en appelant ma meilleure amie, Emma. On s'était connues le jour où j'avais absolument voulu monter à cheval, à l'âge de 5 ans. Elle participait déjà à la vie au centre équestre, ses parents étant les gérants du club. Mes parents avaient été réticents mais elle les avait convaincus des bienfaits du cheval et depuis, nous ne nous étions plus séparés. Avec Alex, c’était l’un des soleils de ma vie, aussi lui racontai-je ce qui me tourmentait en ce moment. Certes, le week-end allait être génial mais le lundi, lorsqu’Alex viendrait me chercher, je savais pertinemment qu’il ne se contenterait pas d’une soirée film...

Dimanche 25 Juillet

 Je me réveillai ce matin-là avec un léger mal à la tête. Encore un peu groggy, je me levai et enfilai ma robe de chambre bleu ciel. Je descendis l’escalier en bois sombre, traversai le bureau de mon père et le couloir avant d’arriver dans la cuisine où s'affairait déjà ma mère. Je lui dis bonjour, fit rentrer le chat qui grattait à la fenêtre puis l'accompagnai dans la salle de bain afin de lui donner à manger. J'allais ensuite aider ma mère à dresser la table du petit-déjeuner. Elle avait fait des pancakes et acheté du sirop d'érable. Je voulais que tout soit parfait aujourd'hui, étant donné que j'avais officiellement 18 ans. Ce début de journée commença aussi bien que mal. Gabriel cassa une assiette mais on ne lui en tint pas rigueur, l'atmosphère étant à la fête. On mourrait de rire pendant qu'il nettoyait sa bêtise. Peu après, il fit de nouveau tomber un plat, heureusement vide. C'était une journée vraiment hors du commun.

 Enfin, vint le moment tant attendu ! La distribution des cadeaux. Au total, je reçus une vingtaine de livres, des bijoux et quelques DVD.

 Le soir, Alex m'appela :

- Bonsoir mon cœur, comment vas-tu ? demanda-t-il d’entrée de jeu.

- Oh ! C'est impossible à décrire… ou presque ! Je suis une vraie pile électrique ! Mais j'ai un peu peur pour demain… avouai-je à mi-voix.

- Faut pas ! Ça va bien se passer, ne t'inquiète pas !

- Je n’en sais rien… Tu as fait quoi aujourd'hui ?

- Rien de spécial, on a fait la fête avec la famille et des amis…

- Ça ? Rien de spécial ? Tu rigoles, j'espère !

- Je crois que tu me connais assez pour savoir que je ne suis pas particulièrement expressif de mes émotions.

- « Expressif de tes émotions » ??? C'est une nouvelle expression ?? demandai-je en éclatant de rire

- Euh … oui ! Je viens de l'inventer, ça ne se voit pas ?

J’entendis dans sa voix qu’il souriait. Nous continuâmes à rire pendant 5 bonnes minutes, de tout et de rien, puis, il fallut raccrocher.

- Je t'aime mon cœur.

- Je t'aime, bisous.

- Bisous, à demain.

- A demain.

- N'oublie pas que je t'aime, mon ange ! insista-t-il.

 Je raccrochai en souriant. C'était tout Alex, ça ! Je montai dans ma chambre préparer mes affaires du lendemain. Chemise de nuit (on ne sait jamais), brosse à dent (au cas où), lampe de poche (ça peut toujours servir), livre (évidemment), MP3 (c'est la base), et enfin, mon petit cadeau. J'avais hâte de lui offrir ! Je m'installai ensuite sur le lit et commençai à lire Éternels, de Alyson Noël. J'adorais ce livre, ça devait bien faire la troisième ou quatrième fois que je le lisais. Ceux reçus aujourd'hui pourraient bien attendre un peu plus longtemps.

 Il était 21:30 quand je décidai qu'il était temps que je me couche. Je me mis en pyjama et allai me brosser les dents. Puis, je me glissai sous la couverture et fermai les yeux. Je m’endormis presque aussitôt.

Voilà, le premier chapitre est publié, j'espère qu'il vous plaira comme son écriture date un peu maintenant xD

N'hésitez pas à commenter pour me donner des pistes d'améliorations et aimer l'histoire, ça me ferait super plaisir :D